FORÊT SECONDE


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 FORÊT SECONDE

S’il restait un fleuve à franchir, si la solitude du passeur n’était pas tout à fait la folie, si le brusque étranglement de ma voix ne trahissait que le vertige de ma force
à son midi, tu ne m’échapperais plus, sanglier, en te multipliant, beauté, en éclatant de rire, et la forêt qui suffoque à te détenir sans partage,
accueillerait le vent, s’ouvrirait à la rude et radieuse alchimie de la seconde nuit. Car la liente des rossignols ne jalonne encore qu’un layon où l’enfer peut surgir, mais c’est le
bon chemin. Et c’est le seul indice qui fortifie l’attente de nos lèvres. Scintillante invective et dôme de fraîcheur, le feu qui vient à vous n’est plus
désespéré.
Jacques Dupin
Illustration: Niala – Détail d’oeuvre en cours au 14 Février 2018

La Clairière, dis-moi l’Oiseau


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La Clairière, dis-moi l’Oiseau

Les mots tombent debout et restent façonnés à ta main du ton du jour, un mélange de couleurs chanté de nos gorges au baiser matinal. Du son, l’émoi du rebond de nos mains dans les croisements de doigts que le vent reçu a voulu tendre pour chemin. Nos chemises claquent au soleil, mouchoirs jetés dans la panière des chagrins. Tant qu’à pas pouvoir éviter de se moucher, mieux vaut apprendre à ne pas se méconnaître. La honte des larmes ne nous est pas parente. Du chagrin on ne peut échapper, un instrument à cordes se brise toujours la voix au moment qu’on veut pas. Il faut mettre des étoiles sur nos têtes pour garder le ciel allumé. Combien la mémoire de sa mère porte l’amour plus loin que sa vie. Ces bougeoirs que le regard tient en haleine sont aussi les yeux du père tout au long de son trottoir. Mon Papa, je ne compte pas les heures journalières à causer avec toi de ce qui a les moyens de comprendre. Un tableau c’est comme un arbre qui ne saurait causer que du printemps, des fleurs de fruits dans la bouche, un oiseau niché sur ses voeux pour pêcher de la musique venue d’ailleurs afin d’en  métisser l’essence sur le métier de vivre. Un rond dans le touffu de la forêt, voilà un cercle de lumière qui fait Dimanche dans la semaine. Reste en dehors de l’autour de ce qui se trame dans l’ombre. Les profiteurs ne sauront pas t’amputer de ta capacité naturelle. Ils changent ici, renversent là, bouffent beaucoup, prétendent sans faire, suffisants, fats et tellement menteurs que ta nature simple et honnête fait cordon pour les tenir hors de la fontaine qui chante l’amour dans la clairière.

Niala-Loisobleu – 15 Janvier 2017

 

ENCORE, L’ARBRE QUI PARLE..DU SOIR AU MATIN


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ENCORE, L’ARBRE QUI PARLE..DU SOIR AU MATIN

 

La nuit les arbres ne dorment que d’une branche, ils laissent au vent les envies de sommeil, aux étoiles de la veillée les phantasmes du laissez danser s’allument; c’est pas une valse, la lune c’est le tango qu’elle met en mouvance le long des troncs, où elle laisse serpenter le reflet de ses cuisses souples. Les gourmandises de la sensualité s’emparent des tubes de couleur, ils connaissent les tons de terre, les ocres, la pulpe des jaunes vénitiens, carminés d’envies charnelles, ils dégueulent des rouges où les jaunes verdissent à devenir violets comme une histoire de Parme qui  s’enlace tout autre. L’écorce est dans un coin de tapis, sur la paille d’une chaise, tenant compagnie au pantalon défait du boxer qui a bouffé la chemise et ses carreaux. On ne peut se sentir, l’arbre et moi que totalement nus. Qui peint l’autre, chacun son tour, ou en même temps, quelle importance la question n’est pas plus de mise que les vêtements.

Sur ton épaule je t’avale à respirer ma Muse

Partout où j’ai pu résider, le temps d’un passage, où dans une station prolongée, j’ai toujours eu un arbre que la lune mettait en marche pour me sortir et m’emmener ailleurs. Au pays où on les plante et où jamais on ne les scie. La relation est aussi forte qu’au début, elle me fascine. Jamais la question de sa normalité ne s’est posée à mon esprit. Tout ce qui est affaire de coeur, est coupé de la tête. La poésie repousse l’encre cérébrale.

 

Niala-Loisobleu
28 Janvier 2016

Carnets z’Intimes d’un Pêcheur à Pied 3 / Folie picturale & poétique d’un Hippo campé tout au long de la Coubre


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Carnets z’Intimes d’un Pêcheur à Pied 3 / Folie picturale & poétique d’un Hippo campé tout au long de la Coubre

Ton visage de sein, je le vois toujours en double, que ne m’as-tu acidulé l’agrume, ces longs soirs où trop de cigales énervaient ma guitare, il faisait parfois, tiens comme aujourd’hui une pleine lune à te voir étalée sur les plis de ma chanson. Tes fesses sont la fente du plus grand sourire que cette planète prétend à voir. Ton cul ma Dame  en frottant mon crin de son assise ne m’a jamais traîné dans les bas-quartiers où on fait de la femme de la viande à consommer. Franc, sois, d’assise. Ainsi greffée mon encolure sent comme le croisement de tes poils pubiens à ma crinière est l’iso-selle renversée, égalité côte à côte, tous rochers écartés. Etocs. A dada. Henni soit qui mal y panse.

 

Proverbes et chansons (CXXXVI)

Jamais je n’ai cherché la gloire

Ni voulu dans la mémoire

des hommes

Laisser mes chansons

Mais j’aime les mondes subtils

Aériens et délicats

Comme des bulles de savon.

J’aime les voir s’envoler,

Se colorer de soleil et de pourpre,

Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,

Puis éclater.

…À demander ce que tu sais

Tu ne dois pas perdre ton temps

Et à des questions sans réponse

Qui donc pourrait te répondre ? (VIII)

…Chantez en cœur avec moi :

Savoir ? Nous ne savons rien

Venus d’une mer de mystère

Vers une mer inconnue nous allons

Et entre les deux mystères

Règne la grave énigme

Une clef inconnue ferme les trois coffres

Le savant n’enseigne rien, lumière n’éclaire pas

Que disent les mots ?

Et que dit l’eau du rocher? (XV)

Antonio Machado

Jamais croisés dans un manège, d’école andalouse du pur sang à rab, pas plus et encore moins au Cadre Noir des sauts mûrs. Personne ne nous a vu sur les roulettes de la domestication. D’ailleurs comment cela aurait-il pu se faire puisque nous n’exhibons rien de nos positions sans tabous, dans des réunions partouze-tuperware à domicile ou publiques.

La blancheur de tes côtes sauvages bronze sans que le maillot trace le plus petit maux. Seules les pinèdes que nous prîmes à témoin, peuvent certifier de la beauté de nos cris. A part nos roues a gorge personne n’a monté les éclats de voies plus ô, le phare de la Pointe Espagnole s’étant limité à les localiser, pour interdire aux autos de chercher à s’y garer.

Je n’ai de mots à t’écrire, je t’ai entendu me dire : Encres-moi vite au creux de l’âme sans descendre de cheval.

Niala-Loisobleu

28 Décembre 2015

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