PROMESSE 6


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PROMESSE 6

Tirée des carrières du plateau d’Avron, la première craie champignonnière, traça la passerelle rue de la Garenne

au 13 bis

un père et passe, les jeux sont faits.

Ta pierre a mon épaule cogne à extraire, ne m’embrasse pas , juste ta bouche, tu poseras mes demains dans ta palette, la clef dans la serrure de ton enseignement

la montée pour plus tard à les Ecoles.

Je tiens de ta volonté, Papa, d’avoir été là où tu savais. On paye ça hors de prix, pleurant jusqu’au sans, dans le dénuement d’enfants.

La couleur ne saurait être la couleur en l’absence de douleur. L’éclat de sa nature tient debout au terme des mises à taire d’une société hourdie d’indifférence. Être artiste c’est devoir passer au ban de la société en refusant d’être lapidé par son rejet. L’oeil au-devant tu marches toujours en avant dans son recul.

M’aime en avance.

Les murs de la distance dépassent la hauteur des atteintes. Seul tu seras, promets-toi d’en nourrir ton amour à donner.

Je suis où tu m’as voulu Papa.

Plus seul que jamais dans ce qui s’entête à reculer

mais si contre à toucher l’Homme Authentique qui n’a qu’à faire et rien attendre sans jamais désespérer.

Aimer c’est folie de vivre au coeur de la haine. Mon cheval a tiré le jeune peintre de ses certitudes. La Foi Bleue a fait pousser du sillon l’Artiste ignorant, voulant entendre par refus de succomber à la destinée de  l’outre-noir.

Niala-Loisobleu- 16 Juin 2017

 

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Promesse 6 – 2017 – Niala – Acrylique s/contrecollé, encadré s/verre 40×50

(Dernière oeuvre de la série Promesse)

FEMME, JE N’AI QUE DE TOI


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FEMME, JE N’AI QUE DE TOI

Que reste-t-il du matelas associé aux vertèbres lorsqu’il retenait en corps la douceur des pieds, qui avaient mis la veille dans un réveil où les routes ne se suivent qu’en allant du m’aime pas.

La carte d’yeux, dépliée sur les genoux, me montrait d’instinct le chemin à se faire par la fenêtre de demain. Le gris du ciel allait mieux au quotidien, qu’à notre univers, où neige, vent, verglas restaient étrangers aux rayons traçant la voie, telles des aiguilles de miel soufflées par la ruche.

Ecoutes tes pieds te dire comme je les sens, noués autour de moi, pareil à ce que tes cuisses voulaient cette nuit à leur façon de me tenir à toi. Chaudes, surtout là, où le moelleux du coussin est gonflé d’un accueil enveloppant. Je les sentais bien tes bras, pousser ton bas-ventre en cache-nez, tu avais comme une peur, que j’attrape froid, que tes seins s’en sont mêlés. En commençant par dilater, pour que leurs bouts s’allongent. Ton front en me donnant de ton nez jusqu’aux glissades de ta langue qui me courait d’un bord à l’autre. Quoi d’autre, aurais-tu pu vouloir être puisque de ton aveu tu m’as dit: « Je suis Femme ».

L’élastique de ton en vie démentant la peur du vide, nous n’étions plus que cette cavité où le torrent chante. Toi Femme et moi l’homme et l’enfant, les deux piles et le tablier du pont sur l’infini. Une autre pudeur ? Certes car peu ont compris que nos audaces corporelles n’étaient que la pureté d’un fort sentiment. La fonte des genres en un seul. Ajoutée aux autres, mais différente. Mais si ressemblante à ta manière de te cacher à mes yeux tout en me tirant au fond de ton secret pour que je te vois toute ouverte.Fendue entre les poils épais où émerge la fleur roulée sur son bourgeon. Gluante de suc.

Femme, ne me repousse plus jamais de ce lieu sacré, entends-tu ? Me surpris-je à prononcer par le premier tour de clef donné à l’heur du tant. Rien hormis ce qui se fait naturellement ne porte la vie plus loin. Le monde va a sa perte en poussant ses manifestations du paraître sans qu’elles portent l’accent intime de la conviction personnelle. Il n’y a pa besoin de chapelle pour avoir la dévotion d’aimer.Le compas de tes jambes, sur ma planche a tracé les arcs des pas rapprochant, dont la première empreinte se posa il y a des années. Je te vois païen au choeur d’une autre église, aurorée de cette lumière montée cherchée à la pente abrupte. Ton visage chéri est si beau, si épanoui que mes doigts ne cessent d’en peigner la lumière.

Je t’aime Femme, creuset du seul air respirable à la pérennité de la race humaine. Redonne force à l’homme.

Niala-Loisobleu – 6 Juin 2017

 

CHEVAL DE PENNE


CHEVAL DE PENNE

Ce qui tremble à tenir en éveil les rideaux

des champs de mon ciel

pend aux treilles le grain qui ne gonflera pas en vain

Je vais me disant, vas et buttes l’oeuf du grain blotti tout au fond de ta vision . Tu vas au ventre des deux mains, amphores plaines en cales. Quand du fond noir rugit ta colère, tes sabots dressent le buste hors du sable mouvant. Tu n’as pas le cuir sec de l’armure sur le coeur.

Est-ce un défaut que celui de vouloir aimer ?

La réponse ne vient jamais de là où la question s’est adressée…

Erreur elle est partie de Toi, puis te reviens après avoir fait ton tour

Nul ne peux te dire le chemin qu’il faut prendre en dehors de tes jambes motrices.

Lorsqu’au bord de la feuille blanche la toile s’arque au châssis, tu ne retiens déjà plus le bond de tes reins en la voyant plus ouverte que l’estuaire de ta libido génitrice. Ne retiens rien. Donnes au limon le cri de ta couleur sans penser peindre autre pensée que celle qu est toi m’aime en totalité.

Ton cheval la portera nue sur le courant de votre croisade.

Niala-Loisobleu – 9 Mai 2017

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PROMESSE 1


PROMESSE 1

Les machinations du Sable (extrait)

 Tu n’es pas en colère
Mais tu n’es pas un homme sans colères

Qui va au milieu de ses sables
Perdu au cœur de sa propre sciure –  sont-ce les copeaux de ta vie qui s’émiettent sous tes pas en grains incandescents pour te rappeler les bruits oubliés de tes brisures ou les graines de vie qui ruinent l’espoir d’une mort certaine

*

Ancré dans le duvet de tes propres cendres
tes pieds s’enfoncent dans le sable des certitudes diluées d’où tu renaîtras droit blanc comme un squelette de phosphore illusoire sémaphore comme une amphore perdue au milieu des ruines d’une incertaine aurore
parfois la pensée a la blancheur d’un squelette et les mots l’épaisseur de la chair

Dans les sables noirs de ta vie
il est une aube qui ne dira peut-être jamais son nom d’étoile
si tu n’étends les mensurations de ton esprit étriqué
pour entrer dans la grâce de l’inconnu

*

Cet homme qui écrit de ses pas un nom évanescent sur l’ardoise des sables reviendra-t-il un jour de pluie ou de grêle brûlante
Se souviendra-t-il de ses voies plurielles et entrecroisées
Se reconnaîtra-t-il dans cette immensité sans souvenirs
L’homme des sables feuillette sa vie sur la table rase et jamais pleine et toujours nouvelle de la vie

*

Errance
inconstance
turbulence
la cadence de l’impénitence
depuis des siècles astreints au mouvement perpétuel
et cela n’est pas pour finir bientôt
les hommes bleus du désert marchent
le cœur lové dans le délire circulatoire de son désert affectif et dissertant sur l’impossible haine de la vie

*

Le désert qui s’étire devant éveille en toi des souvenirs inguérissables et dessine en silence une nature féérique qui est loin d’être une évidence poétique
Marche
Cette guerre que tu mènes contre la nature accentue la beauté des dunes ondulées sous tes pas trébuchés.

*

VA
ta foulée irrégulière et monotone
absente à force de martèlement
marche sur les sables mouvants de tes souvenirs abîmés
sur cette terre incendiée qui t’appelle sans espoir de retour
Souffrant comme un esclave soupire
après l’ombre ou le forçat après la trêve
l’homme expire et où est-il

*

Comme l’aveugle qui lacère les plis de la nuit ou la barque qui fend les eaux orageuses dans le noir silence l’homme transi et disjoint agrippe les lambeaux d’espoir
Ceux qui ont apprivoisé le désert ont conquis l’éternité
la liberté y a l’ampleur de la lumière
ce qui manque à l’imagination dans l’enclos de la raison

*

L’océan de sable crayonne l’infinie courbe des dunes qui se prélassent avec nonchalance leur dos gondole pour faire des vagues géantes, longues, lisses et lasses à la beauté sulfureuse de cuisses déharnachées
De tes regards éperdus tu saisis toute la distance qu’il te faut encore courir avant la tempête de la nuit
Que nulle part ailleurs les ténèbres sont menaçantes et le jour si fort comme au désert – le danger éclaterait de partout comme une averse impromptue qui tombe promptement en trombes
Mais à quoi bon la peur de mourir quand le vent qui siffle assèche la peau les os

Un vieux grillon aux élytres noires crie son esseulement – le sable chaud se glace tout d’un coup le froid est maître de la nuit comme l’est du jour le soleil

*

Le cactus fier et majestueux
Tend ses multipliés épineux adipeux
Pour implorer du ciel quelle clémence
Le désert est triste et vaste comme un océan de sel
On y est si près des résonnances mythiques et élégiaques de la mer
La vie ralentit son pas fou sur des ombres ratatinées
Tourmentée par un soleil acharné

Et comme on peut se sentir vain
Homme dans la création foisonnée
Le sable des souvenirs moisis s’entasse dans les couloirs noirs de la mémoire où l’amertume entretient ses racines de plante vivace.
Les pas que tu allonges ne t’avancent guère plus loin
D’où vas-tu et où viens-tu

*

Et c’est ici le paradoxe de ta folle randonnée
La foulée propulse toujours plus loin creuse un cheminement vers l’inconnu du monde et engendre derrière le tracé d’un potentiel retour
L’amont appelle l’aval et les deux se tiennent inséparables

*

Espace horizon le désert est fascinant
et par sa raideur terrifiant
une oasis y est un mirage aqueux au milieu d’une réalité de feu
une exception qui survit au creux d’un songe de sable
comme une espérance tremblée au fond de l’âme

*

Il y a pourtant plus aride que le désert rouge d’Australie
c’est l’esprit cuit à point au foyer des préjugements
ou le galet durci d’un cœur chauffé à blanc par la froideur de la haine
ou la raison prise au piège des isthmes idéologiques – les mondialismes fondamentalismes intégrismes
les terrorismes angélismes intégritéismes et autres humanitarismes
tous ces paradigmes de l’infécondité des temps passés et présents

Ce qu’il faut combattre dans chaque religion et qui est en chaque homme c’est justement cette dérivation propre en is(th)mes qui est une dérive hystérique.

*

Les yeux rivés sur l’éternellité de ta rage de vivre d’aimer de vaincre avance vers le goulet ouvert sur le temps sans fond et sache que ces larmes gaspillées n’auront pas séché que d’autres inonderaient déjà les rainures creusées sur tes joues.

*

On l’a dit, mais est-ce vrai, c’est l’espoir scintillé d’une oasis qui dit la beauté du désert. Ce poème de sable sans fin que tu traverses comme une ligne de fuite est un réservoir de promesses fossilisées. L’étendue exquise le tournis – ou est-ce le contraire ?
Quand il fait feu de toutes parts, l’espoir d’une oasis rend le désert plus beau encore. La soif devient un simple compagnon de route. Fidèle d’une inquiétante  loyauté. Mais l’étendue seule rend le vertige doux.

*

Le Sahara le Kalahari le cœur de l’homme échancré par la haine et la peur de l’autre ont certainement les mêmes économies – et la rugosité.

*

Homme ridicule fourni parmi les sables infinis de la vie ombre sans corps temps sans histoire échoué dans ce vide plein de Dieu tes heures heurtées s’écoulent avec monotonie
Mais chaque désert a ses oasis même si tes déserts à toi te semblent sans espoir d’eau sinon celle qui sourd des geysers de ton cœur trahi
Que faire des désirs qui naissent dans la nudité de ce lieu cimetière de vents et de sables qui brouillonnent ton cœur d’insomnies invaincues

*

Homme hombre
Tes pas redoublés s’enfoncent dans les rainures des chemins de dunes
Ta foulée a beau se faire ample
Tes pas sont toujours à l’étroit assurés même de sombrer dans le vide
Tes pas scandent leur litanie et ton rayon de jeu ne passe guère ta conscience
Tu tomberas à coup sûr dans le tourbillon de ta propre tautologie
Ombre qui s’en va à vau sable nulle part (ailleurs) que la tienne te tend un bras ami ou armé
Creuse le sable de ton cœur il est sûrement un chemin inédit

*

Le désert est un lieu-temps où le temps se distend et l’espace dure
le désert est un vaste champ de ruines un chant dévasté en plein vent
où l’homme mène une lutte d’épuisement de poussière et de sable

*

Un vol d’oiseaux déchire le ciel sans fond
Sont-ce les nettoyeurs du désert qui réclament le dépôt immédiat de ton âme sur le matériau fossile de ce lieu horizon
Tu as posé le talon sur ce filet de sable aux mailles béantes et la trappe sur ta route sans chemin se referme sur ta cheville
Elle ne tardera pas à t’ensevelir à moins de quitter le poste de spectateur de ta vie

*

Vas dans ta claudication solitaire
peut-être où se trouve le salut
vois-tu de tes regards affamés quelque lamproie accommodée
quand le soleil dans ses éclats de lampyre dévoile les courbes sereines des lames de sable qui s’étendent à l’infini
la vie qui au loin t’appelle ne te laissera pas le temps d’aimer ces lieux fascinants et terrifiants de féérie

*

Qui es-tu homme des vents galet brûlant errant roulant tes désirs de pierre
ton pas hésité est une prière évaporée dans ce temple aride et sans bout
où vas-tu dans cette intime solitude qui te colle au pas et remplit tes silences crevassés de chants de ruines
tu claudiques preuve que tu ne boîtes pas que tu passes ton chemin comme une étoile va s’étreindre dans les voies lactées et inexpugnables avec les ténèbres sidérales

*

Où vas-tu de ce pas précipité
et d’abord d’où pars-tu pour t’atrophier
dans ces flots de sable où les rêves d’eau d’un coup
se muent en cauchemar de feu de soif de faim
connaîtras-tu en ce lieu immense le bonheur
de boire après avoir eu soif

*

Il faut sonder ta pensée jusqu’à pleine saisie de l’ineffable qui se déploie sous tes yeux mais cette mer salée et immobile ne gardera pas le souvenir de ton pas haletant
Contemple les fenêtres de Dieu et cueilles les pépites du soleil qui fuit à l’horizon
Tu te crois touriste tu es flâneur
Fétu de sable sur la paille dorée des dunes
Un lieu de ruines un lieu aride avide torride à l’horizon strié de cris d’hyènes qui guettent l’heure fatidique où tu poseras fatigué ton bâton de pèlerin vaincu dans tes inassouvissements

la vie aspirée par la lente seringue du temps

*

Un serpent s’efface dans la dune laissant sur le sable une trace qui te tente. Se souvient-il des temps où il allait sur ses pattes avant d’être aplati de tout son long Ce tout premier rhéteur a tracé une voie mentie à une descendance innombrable.

*

Le désert se déploie à perte de voies et les voix mêmes se confondent dans leur propre écho.
Ombres portées sur les sables les pèlerins aux corps tremblants suivent l’appel de l’horizon si proche et intouchable.

*

Tends l’oreille et ouïs le vaste silence de cette immense voyelle sonore
Le désert parle plusieurs langues l’amour la paix la dilatation de l’être La violence qui se greffe sur chaque grain de sable Le chaud le froid la beauté des dunes alanguies au milieu de l’horizon Partout le temps s’involue pris dans son propre vertige Le ciel n’est pas un couvercle lourd c’est un voile bleu tinté de nuages blancs et secs qui ouvre sur l’inédit et l’ineffable

*

La soif qui assèche la langue est la seule évidence qui rappelle les corps perdus dans les riens arides de cette poussière renouvelée Le vent habile manège soulève de vifs espoirs de fraîcheur et s’acharne à effacer toute trace de mémoire de tes pas brûlés sur le sable C’est le poème d’une fin probable et d’un départ prometteur Le désert est une promesse poétique et terrible Une prophétie dont l’épiphanie inquiète plus qu’elle ne rassure.

*

Au fil de la traversée des voix fusent
Si l’on y croit des voies s’ouvrent
Et l’écho l’onde du silence se heurte s’amplifie rebondit sur les formes plurielles des sables ou sur les épaves de navires naufragés qui rappellent que ces lieux furent arrosés
Graviers Alluvions
Débris de chair polis par les vents
La traversée du désert est une équipée terrifiante
Une marche lente où le temps devient éternité

*

Il faut résister aux courants qui noient ou électrocutent et revenir en avant pour faire triompher les bonheurs simples et la fascination des éléments dans leur présence/absence

*

La vie est un itinéraire de sable
Un voyage sans destination initiale
Le désert un naufrage de sables qui dessine sur les délinéations du sol des dunes aux contours de femmes éphémères
La lumière fulgurante omniprésente et brûlante effrite le son et perd le regard

Univers mystérieux où la somptuosité de l’immensité écrase tout autre boniment le désert est plongé dans la lumière éternelle et l’horizon qui de loin en loin s’efface s’écrit dans le même mouvement

Le désert est tout à la fois début et fin vie et mort
Lumière aveuglante jeux d’ombres et de lumière
Les heures se traînent en un cortège infini

*

Toi qui croyais fuir La rumeur Le mécontentement populaire La guerre des mots qui volent comme des balles sifflantes
Te voilà assigné à solitude seule demeure où rien ne croît sauf l’évidence du vide qui se creuse dans ta tête ton cœur troué ton esprit béant

*

Voyageur
Passager
Déambulateur qui troue de ses rêves les volutes de sable
Tu apprends enfin l’art de l’essentiel
À te soustraire à la loi du superficiel à savoir que tous les paradis artificiels ne sont qu’artificiels

Et si ton ombre s’allonge devant ce n’est pas pour dire d’autres dimensions qu’elle n’atteindra pas
tes pas essoufflés déjà viennent se coller à ta silhouette pour te rappeler tes faux départs tes épuisements tes écroulements
tu n’es jamais arrivé n’étant jamais parti
hors de toi

*

Tu échéances la perte
Tu échelonnes le déclin  mais le déclic déjà est déclenché
Tu échancreras encore un cœur ou le duvet soyeux de la vie
Mais tu sais très bien que le sursis est une corde qui craque au-dessus de la fosse qui offre si heureusement ses entrailles au proscrit

*

L’horizon est tombé se lèvera-t-il sur d’autres mondes
tu n’as fait qu’un petit tour du rond-point de ta conscience
et te voilà encore perdu dans les détours d’une histoire
l’amour dont on ne sait s’il existe ou s’il faut l’inventer tient-il de la physique ou dit-il la négation du déterminisme
car à peine commencé tu es maintenant au point de chute l’effroi
la terreur sont plus sûrs compagnons et tu sais les épouvantements des fins de parcours
l’obscurité qui envahit comme une nuée ardente

*

La vie s’exfolie les hommes comme des feuilles
tombent – deuil
de l’arbre de la vie
derrière les plus paisibles nuages s’élèvent de silencieuses tempêtes
Mais le silence ne couvrira pas d’absence le surgissement de la parole qui échappera à l’épuisement du vécu par le mouvement.

Dans ce monde parcouru d’un frisson d’hébétude seule la distension de l’être personnel qui suit l’appel aval (à val) des pentes déclives au-delà des délinéations telluriques offre la possibilité d’une insertion dans le cycle universel. Ton pas se mouvra en une dynamique qui déplace les tracés pour t’arracher à l’entrave charnelle. Mû par les démangeaisons d’itinérance en ce monde de références résiliées tu suis un trajet hypnotisant dans la quête frémie de la plénitude de l’exister.
Tu sais que seul le mouvement parvient au possible.

Jean-Claude Abada Medjo

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Promesse 1 – 2017 – Niala – Acrylique sur canson aquarelle, encadré s/verre 40×50

Et après t’être mordu l’Adam

dans une humanité aux sables mouvants

s’il te reste un grain de cette

« Promesse »

faite dans le secret de toi-m’aime,

sème-le immédiatement

dans le seul sillon fertile  que tu connaisses

avant qu’il ne t’échappe à son tour

Niala-Loisobleu – 21 Avril 2017

FRAGMENTS ET LOUANGES


Fragments et louanges

Partout l’air nous appelle, de l’horizon

aussi bien que de la poitrine. L’avons-nous vivifié

à notre tour, lui apportant une forme lucide

avec des mots comme parmi les arbres ?

Seraient-ils nus et noirs, isolés en hiver,

pour eux le jardin sans clôture, l’océan proche,

la marée haute, ils font mieux que s’ouvrir,

ils livrent un passage. Ces lèvres minces, durcies,

après tant de refus, que craignons-nous de perdre ?

Plutôt murmurer, plutôt balbutier :

quelques syllabes prononcées lorsque nous avançons,

les mots justes, généreux, se découvrent d’eux-mêmes,

ils n’ont pas à parler de nous, ils ne demandent pas

qui habite le seuil.

Pierre Dhainaut

Un bout de chemin s’il s’arrête, cogne du pied, en appel à la racine. Le bandeau d’une murette peut soudain masquer le devant soi. Les mains s’agitent, le corps tourne et nage dans ce premier bassin noir où pourtant jamais ailleurs eau ne sera plus claire. Etrange, nous sommes issus de ténèbres chauds que nous appelons toujours comme la Lumière Originelle à laquelle nous fier. Le mystère de la Mère est plus vaste que le plus grand des ô séant. La corde est à noeuds. Ancestral ombilic, coupé de génération en génération où toute notre vie avance en cordée sur la paroi lisse qui ne cesse de monter. La verticale est l’épreuve la plus noble de notre temporelle traversée, sorte de souffle intime auquel nous sommes raccordés. Les paysages où nous pensions n’avoir jamais posé le pied surgissent au centre des clairières de notre pèlerinage à la fontaine. La marque des chevaux humidifie toujours le sillon de son haleine, soc enfoncé dans la chair qui s’entrouve. Le premier souffle appelle la graine de la perpétuelle récolte..

Niala-Loisobleu – 4 Avril 2017.

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JE REVIENS DE CABANE « LA BAIE DU CIEL »


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JE REVIENS DE CABANE

« LA BAIE DU CIEL »

« Glissant », je dois  te dire, à toi Edouard et à sel qui se reconnaîtra ô combien par tous mes pores, je vous suis intégral nu d’amour. Nous sommes la m’aime chair de cet archipel qu’hier j’ai nommé d’Utopies. Tout simplement par la foi qui prête à croire que la fraternité humaine est l’unique moyen de vivre en complète harmonie avec la nature et les hommes. La Beauté est omniprésente dans l’arbre qui borde une ornière , dans le caillou où l’on trébuche, dans la couleur d’une ondée que le vent retourne en soleil, la couche mousseuse qui couve le champignon, la roche que les reins déplace pour accéder au feu qui brûle à l’intérieur de l’âtre, la main qui tend le verre à trinquer, la guitare qui se fait intestine au pincement du frisson, le coup d’gueule qui demande à l’oeil de ne point fuir, l’étreinte qui froisse les draps sous les soubresauts de deux corps en amour, puis dans l’eau qui détarit le ventre stérile pour jeter le premier cri du nouveau-né…

Et tant de choses encore, si simples, qui devraient annihiler la complexité des plans d’investissements douteux, des échafaudages branlants, chevaux de Troie louches, diarrhées verbales des marchands du temple en quête de pouvoir, fins prêts à abjurer la plus avérée des impossibilités pour être élus…

LA BAIE DU CIEL
Elle, miroir, et si gardée
Que les herbes atroces fuient
Où vont l’attente la torture.
Un arbre ne tient dans la main creuse du chemin
Qui de vieillesse devient route.

Elle a gemmé, femme sur l’eau
Immobile à la surface, goémon
Nue, aveu de l’air qui de plaisir devient orage.

(Édouard Glissant, La terre inquiète, 1954)

Je reviens de cabane, transfusé une fois encore, sang neuf pour dire aimez-vous c’est ce qu’il y a de plus chair au prix le moins élevé.

Niala-Loisobleu – 3 Avril 2017

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LE JARDIN MAGIQUE


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LE JARDIN MAGIQUE

Puis ces mouches, cette sorte de mouches, et le dernier étage du jardin… On appelle. J’irai… Je parle dans l’estime.

Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?

Plaines ! Pentes ! Il y

avait plus d’ordre ! Et tout n’était que règnes et confins de lueurs. Et l’ombre et la lumière alors étaient plus près d’être une même chose… Je parle d’une estime… Aux lisières le fruit

pouvait choir

sans que la joie pourrît au rebord de nos lèvres.

Et les hommes remuaient plus d’ombre avec une bouche plus grave, les femmes plus de songe avec des bras plus lents.

Croissent mes membres, et pèsent, nourris d’âge ! Je ne connaîtrai plus qu’aucun lieu de moulins et de cannes, pour le songe des enfants, fût en eaux vives et chantantes ainsi distribué… À droite

on rentrait le café, à gauche le manioc

(ô toiles que l’on plie, ô choses élogieuses !)

Et par ici étaient les chevaux bien marqués, les mulets au poil ras, et par là-bas les bœufs ;

ici les fouets, et là le cri de l’oiseau AnnaôHapax, mot qu’on ne rencontre qu’une seule fois dans la langue. – et là encore la blessure des cannes au moulin.

Et un nuage

violet et jaune, couleur d’icaque

Une prune (fruit de l’icaquier)., s’il s’arrêtait soudain à couronner le volcan d’or,

appelait-par-leur-nom, du fond des cases,

les servantes !

Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?… »

Saint-John Perse

(Extrait d’Éloges 1911)

Ah mon Jardin, tu me tires en corps du mal extérieur ! Tes arbres aromatiques sur les pierres à réchauffer les espoirs fous, me sauvent d’un moment de torture. Mais il faut bien rentrer de tant à autres au « vrai monde » comme ils disent, pour jouir de l’Absolu.

Mais le choc de tous ces glapissements, le faux-bois des vrais cercueils et le faux-marbre des journaleux, dur dur. M’aime blindé, j’succombe pas à cette manière d’utiliser tout et son contraire pour faire passer la pilule. En touchant l’arbre d’amour, de la langue qui le boit, des couleurs sont montées au grenier et sortant le cerf-volant de la malle à rias, m’ont emmené remonter l’estuaire. D’en haut, cette vulve ouverte sur la mer m’a donné envie de faire un enfant. J’ai peint, libre de moi.

Estuaire, naissance du monde où l’algue se laisse bercer par le flus et le reflux qui huile et oint tout à la fois. Vertige qui depuis la nuit des temps nous traverse sans commandements.

Je ne suis qu’amour de vivre, ouvert et combatif, de négation déclarée à l’impossible. Et alors, oui Môssieur, j’assume mon rêve en entretenant mon jardin magique.

Je rentre de cabane, séchant la larme d’un retroussé de manches pour la remettre debout sur ses jambes.

Niala-Loisobleu – 25 Février 2017

Billet d’adieu aux lignes perdues


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Billet d’adieu aux lignes perdues

Ramper des las le long du carreau
sentir de rouille cet ocre aux rouges
qu’un fond de bleu
a mis en écailles
dans une image du ciel
venue s’arrêter là
peut-être simplement pour saluer les mouettes
Sentir aussi bien des montées marines
chargées d’iodes sépias
par voie nasale
qu’au profond du derme refermé aux manches des vieux outils de bois
la sentir cette vie sans autre pourquoi avancés

 Ici le tant est suspendu à t’attendre

l’érode en rien ne fabule mon Amour

Les rives de Brouage ont appareillées
encablures lointaines
sans que le sel ait fondu d’un grain, la planète n’est plus ronde, ce ciel à plat se fait parallèle à la mer. Infini vertical ouvert luisant tantôt boue vert d’âtre
tantôt argent sans fric
pointillé de plumes blanches aux cris d’abordage
avides de labours proches
aussi bien d’étraves que de socs

On dirait que je cabane
l’atelier me marine, peindre me lance.

Surtout ce frisson venu de ton aine où le varech mouillé sable mon chant pagne par le dérapé d’une dune passée entre les boutons du corsage ouvert de la pinède
avant que les huîtres baillent aux claires en se tirant du talon d’Achille

Ô mon coquillage

Je me ciel ô

pour m’abstraire de ces formes ordinaires où tout se confond
pour mieux goûter à cette palette saline
où mon pinceau trempe d’en vie
Au marais le marin
tient sa viole entre les cuisses de la Cayenne
son archet frotte au remous du clapot qui se lève
Un jour en corps à vivre

Je dois appareiller des pièges côtiers, les sirènes ne cessent de chanter coeur d’étocs en chalutant la nasse du miroir aux alouettes. Je vois à portée de brosse les premières touches d’un autre tableau, mes mains n’en tremblent que d’émoi.

La fenêtre est toute à ton guet, en attente de rouvrir ses volets sur l’accent de tes bras. On ne peut vouloir le bonheur des autres sans être soulevé par le sien propre.

Je règle notre erre à ton courant ascendant nos corps hissés tous voiles dehors

Je t’aime couleur de vie d’une autre traversée d’encre jetée

Hâlons hâlons, sortons droit devant, la fleur de celle…

Niala-Loisobleu
23 Février 2017

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A TON BORD


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A TON BORD

A contre-vent l’eau se met en rafale, sur la route l’impression que les marches de l’écluse à poissons sont plus hautes qu’avant, oblige à serrer davantage ses mains sur la godille. Ce rideau d’éclaboussures célestes ne facilite en rien le choix. Mais qui n’avance pas recule, il faut trouver son passage, quitte à creuser un autre chenal. Pilotis en échasses on peut espérer sauter le trou. Les sorcières malmènent les tuiles, mon Toi, je t’entends qui gémis sous les abats torrentueux.

Si la couleur des cabanes résiste au déluge, le risque d’engloutissement des tons chauds, passera la 3° vague, réputée plus dangereuse. A ta poitrine, seins ruisselants d’écume, je resserre l’écoute mon Coeur. Tes flotteurs te rendent insubmersible, je me rassure rien qu’à l’évocation des pouvoirs magiques que tu m’as appris d’eux.

Passent les poids lourds des rails tanker. Là-bas au loin les derricks ne me font pas prendre les alouettes par la tête. Les mires peuvent appeler tant qu’elles veulent à la prière, ma Muse est in, je l’entend par dessus les moulins me coiffer de son chapeau. Passé la peur, aimer rend si différend. Je serais capable de me faire la Manche en traversant le Channel à pied.

L’hippocampe s’est mis en anneau sur l’horizon, il tient bon la voile à la barre. Je te souris vert le fond des yeux, anse qui me protège de la tempête, ton âme est la digue qui fait obstacle aux éperons de l’amer.

 

Niala-Loisobleu – 5 Février 2017

 

 

A SEL QUE J’AIME


A SEL QUE J’AIME

J’ai des patins dans la langue à roulettes

un tricycle branché patinette

Comme une membrane mes tempes battent macadam

un vasistas percé au plafond des nuits noires

Mitres cheminées aux zincs des percolateurs

ça fume du toi à moi

Un panier d’oeufs durs

une odeur viandox

de la cendre froide

sur le tapis d’un disque de der

autour d’une table de bise trot

mes lèvres te courent après la soupe à l’oignon

des forts des halles

aux douves de Pierrefonds

Le paysage sur l’impérial Prosper

plat comme un Mérimée

comme disait le père Hugo

A hauteur démesurée

j’me dis des pensées ramenées à leur juste proportion

Notre-Dame où est le bon son de cloches

Si Viollet-le-Duc avait pas trouvé du gypse sur tes murs

aurait-il redonné un accent autour de Carcassonne

c’est une bonne question

où ce que j’aime dans la pierre c’est la maladie d’amour

avec cette brune heure de ses cheveux blancs

puis l’âge ça embellit par l’authentique resté intact

m’aime agrandi que je crois

bien sûr faut pas laisser mourir la vie

seulement faut pas confondre retendre l’appeau

avec chasser l’âme au profit de l’apparence

Le paraître ça me fait comme un don qui schoote en touche

au lieu de se foutre à poils

porté par une élévation verticale

Un jeune homme préoccupé par l’existence se cogne à tous les carrefours du sacré

d’où viens-je pas facile à vivre

et quand on se prénomme Piscine

j’te dis pas la profondeur du grand bain

surtout quand t’en arrive à t’embarquer avec un tigre du bain gale

Ceux qui savent tout c’est vrai ça n’existe pas

l’Ô dit sait macache rien de bon

Faites pas attention

quand j’parle en faisant semblant d’être tout seuL

c’est que j’suis avec quelqu’un très proche

Comme cette nuit

où j’ai revu enchanté

L’Odyssée de Pi

pas eu peur

et c’était pas du cinéma trop beau pour être vrai.

Niala-Loisobleu – 19 Janvier 2017

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