Au puits allé


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Au puits allé

 

Alors que tremblant d’un baiser fortement sorti de mon âme, je regarde le bruit du vol d’un couple d’amoureux n’en faisant en corps qu’un seul.

L’arc d’un ciel se partage entre plusieurs hésitations, décidé j’ouvre côté jardin

Un bond de bras de tiges roides dans leurs bottes me saute

je suis pris

ah

de par tout

j’exulte

secoué

comme à la gaule quand on va au noyer porter secours

L’Atelier rit à gorge déployé, coiffé de la petite-culotte que le vent en la décrochant de l’accorde à linge, lui a bonneté jusque sous les oreilles

quelle traversée

les cathares m’ont ensorcellés

j’ai des visions de feu intérieur

il fallait bien qu’on me brûle, avec des idées pareilles, je subversive les limites du politiquement correct

A-t-on jamais vu un oiseau oser se montrer sans plumes pour prouver qu’il est bien androgyne ?

 

Niala-Loisobleu – 30 Avril 2018

 

Il n’y a plus de saison depuis le jour où le printemps s’est tu / Aujourd’hui mon oreille est toute tendue…


Aeropolitain de Didier Graffet

Il n’y a plus de saison depuis le jour où le printemps s’est tu / Aujourd’hui mon oreille est toute tendue…

Etais-tu sortie pour te promener dans le pas de Camille ? Cette nuit mon ventre s’est soudain mis à taper du pied dans mes mains. Je sais, tu me l’as dit cette fois en tournant ta langue dans ma bouche sous tes paupières closes, frottant ton nez de terre molle et toute humide. Une image très nette.La tournette valsait, entre tes mains. Alors par l’échelle de corde qui nous relie aux autres pièces de nos planètes, tu es descendue , tremper tes pieds dans la rosée.

En faisant quelques pas légers, ton corps, que la transparence de la brume laissait voir, s’est envolé au choeur d’un chant enclos. A peine avais-tu commencé à léviter que le ciseau rentra dans la veine. Une Muse c’est ruche, ça peut faire les mains ouvrières. Elles ont aux phalanges tous les pouls de ses vibrations. Elles savent les bonnes anses des hanches mieux qu’un corps mort adipeux dormant sur un allant jeté au sommeil.

Les métamorphoses des menstrues changent les gabarits. Du ventre gonflé de ma prochaine création sortira la vérité que l’anatomie ne peut soustraire  aux réels canons de la Beauté. Des seins réglés au rythme d’une nature mouvante, bourgeonnante, fleurissante, mûrissante va comme j’te pousse, jutant ou tarissant de la pulpe, sera-ce un vrai ou bien un faux printemps riche ou stérile qui naît ? Combien de paroles ont accompagné la musique du marteau ? Des chansons entières, grattant les guitares des feux gitans, sautant aux gémissements des violons tsiganes à un piano mécanique, s’en sont allés rejoindre les torsions d’un râle simulé dirigé depuis les nacres de l’accordéon. Ce bois qui, pour l’éternité garde, aux niches des églises de l’amour, tes yeux mi-clos sur ton sourire, ce bois, je le peindrai icône au-delà des ténèbres que si tu m’éclaires de l’humble rai de l’inspiration céleste.

Je ne saurai vivre sans travailler de mes mains, parcourant à pieds, l’axe qui nous relie. Avant de signer je dis cage ouverte, je t’aime en corps partout où la fuite n’aurait pas de vue dissimulée en première intention. Bleu c’est que bleu, pas rien.

 

Niala-Loisobleu

20 Mars 2016

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GRAND ANGLE


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GRAND ANGLE

Dans une forte brûlure mon oeil prenant ma main, la posa sur la feuille que tu venais d’inscrire sur le sol. Elle avait pris les fauves traces de l’incendie de saison.Pas des rouges comme les puritaines en portent sur la blancheur des fesses, quand leur culotte s’écarte au repli d’une pensée refoulée. Des rouges venus du feu qu’un soleil rôti au premier verre d’une vendange tardive. Francs comme la flamme de la pierre d’âtre. Comment m’écrirais-tu mieux ton amour qu’avec ces mots que ton langage discrimine de la parole-crécelle. Cette couleur recuite, porte l’ambre du chêne bien avant d’avoir été endormie au tonneau. Toute chaleur cosmique s’alliant pour germer la grossesse au sillon du ventre protecteur.

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Extrait de Nadja de André Breton

Nous tournons par la rue de Seine, Nadja résistant à aller plus loin en ligne droite. Elle est à nouveau très distraite et me dit de suivre sur le ciel un éclair que trace lentement une main. « Toujours cette main. » Elle me la montre réellement sur une affiche, un peu au-delà de la librairie Dorbon. Il y a bien là, très au-dessus de nous, une main rouge à l’index pointé, vantant je ne sais quoi. Il faut absolument qu’elle touche cette main, qu’elle cherche à atteindre en sautant et contre laquelle elle parvient à plaquer la sienne. « La main de feu, c’est à ton sujet, tu sais, c’est toi. » Elle reste quelque temps silencieuse, je crois qu’elle a les larmes aux yeux. Puis, soudain, se plaçant devant moi, m’arrêtant presque, avec cette manière extraordinaire de m’appeler, comme on appelerait quelqu’un, de salle en salle, dans un château vide : « André ? André ? … Tu écriras un roman sur moi. Je t’assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous, il faut que quelque chose reste… Mais cela ne fait rien : tu prendras un autre nom : quel nom veux-tu que je te dise, c’est très important. Il faut que ce soit un peu le nom du feu, puisque c’est toujours le feu qui revient quand il s’agit de toi. La main aussi, mais c’est moins essentiel que le feu. Ce que je vois, c’est une flamme qui part du poignet, comme ceci (avec le geste de faire disparaître une carte) et qui fait qu’aussitôt la main brûle, et qu’elle disparaît en un clin d’oeil. Tu trouveras un pseudonyme, latin ou arabe. Promets. Il le faut. » Elle se sert d’une nouvelle image pour me faire comprendre comment elle vit : c’est comme le matin quand elle se baigne et que son corps s’éloigne tandis qu’elle fixe la surface de l’eau. « Je suis la pensée sur le bain dans la pièce sans glaces. »

Au lavoir de la nouvelle lune, les draps du ciel ont muté leur couleur. Il se peut que plus rien ne soit bon des noms que nous connaissions pour les citer. L’étrange est si fort, que sans pouvoir user d’un ordinaire appris, on sent que les barrages d’une manière de vivre cèdent. Nôtre sensibilité avance sans devoir reculer. Nous ne rougirons plus de ce qu’ils appellent « nôtre hérésie », nous voici dans l’âme de l’automne, ouverts au printemps. Le déni franchi de tout uniforme que la coutume se doit de faire porter, la Poésie se faisant nôtre unique Expression.

Sorte d’architecture ramenant au concept de la cathédrale avant que le dogme le gouverne.

Niala-Loisobleu

8 Novembre 2015

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https://www.youtube.com/watch?v=DkmFgQ9fM94