LA BOÎTE AU L’ÊTRE 7


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LA BOÎTE AU L’ÊTRE 7

CHEMINANT

A l’angle des bornes de la porte cochère, que tu ailles à droite ou à gauche, à partir de l’instant où tu ne vois plus que les limites, je crois qu’il vaut mieux en rester là. Le risque au demeurant, se tenant tout entier, dans la marche en arrière. Combien de fois « L’Espagnol » m’est apparu, son passé devant lui, pris de la tentation de remarcher dans ses pas d’hier. Pour en arriver à cette triste fin, le précipice soudain inévitable

Force m’est une fois de plus donnée de la puissance morale des guerres. Pas les p’tites guéguerres du quotidien, où ne s’affrontent que des humeurs intestines à l’intérieur du cercle environnemental, de l’enfant qui ne veut pas comprendre ce que c’est dur d’élever, de l’indifférence généralisée, de l’abandon des valeurs fondamentales bouffées par un laxisme endémique, de cette acception lâche qui ne développe qu’un refus verbal.

La vie n’est qu’une transmission à plusieurs courroies. Aucune d’elles ne conduit au long fleuve tranquille. La béatitude c’est pas sain, comme le prétendent les foutus horoscopes de la déi cité. C’est du soporifique pour rendre l’action malfaisante pérenne. Dans son aquarium plongé, l’homme baille alors comme un cornichon aux parois de son bocal de fort mol. Quelques brins d’estragon en couronne, le roitelet pérore a régner, prisonnier de sa toile.

J’suis triste de voir qu’au seuil des maisons, il y plus de godasses nues de pieds, que de traces de passages réussis sur les zoos. C’est pourtant pas faute d’avoir eu l’alène à savoir tailler des semelles au vent, qu’on hâlait l’ch’val att’lé à la charrue.

Le parfum puisé au nectar des fleurs sauvages fait de si beaux balcons aux fenêtres, et toutes ces couleurs que le mal de vivre aiguisent d’un éclat incomparable, la vivacité de l’eau rebondissant aux blessures des déserts, le son du frisson d’un simple mouvement de ramure ouvrant la passe au sillage vers le large par le franchissement des bancs de sable disséminés entre les récifs….tout ceci réuni, n’est-ce pas la seule porte dont nous sommes l’huisserie, le vantail, les gonds et le pêne pour emprunter notre rue jusqu’au bout ?

Avoir eu un père dans tous les actes du quotidien, ça vous reste vivant dans le son mieux qu’un donneur de sans  contaminé.

Niala-Loisobleu – 14 Août 2013

1.08.2016 - 1 (1)

 

 

Parce ce que tout ce qui tombe n’est pas à rejeter…


Alexandra Eldridge  (U.S.A.1948)

 

Parce ce que tout ce qui tombe n’est pas à rejeter…

 

Les marches montent le ton, tiens c’est vrai cette nuit du bleu m’est revenu d’un vieux rock in chair.

Je m’en souviens comme si c’était hier de la voix de mon Père, chantant au-dessus de la veine qui gonflait le sein de ma Mère, où je buvais mes premiers pas vers un univers qui, j’y ai toujours cru, saurait se faire autre.

Combien de temps faut-il pour que le fût du canon se froidisse ?

Elle semblait venir de loin la voix off. Pourtant rien de plus près que le voisin de palier, un échantillon pris au hasard dans le collectif ambiant d’une indifférence épaisse

Haussement des pôles.

Un machiniste entre côté court et emporte le quidam et sa question, tous les deux habillés en costume de maréchal-des-logis, autrement dit le concierge.

A l’époque où nous avions pas encore 6 ans, mon Père, ma Mère et moi, on n’aurait jamais eu l’outrecuidance de prétendre à la majorité, surtout qu’à nous trois ç’aurait bien fait 18, mais pas 21 comme exigé alors.Il parait que pour le 21 c’est 4 fois qui faut.

Mais ai-je besoin d’un retour en arrière, et pour quoi faire ? D’abord j’ai toujours 6 ans. J’ai pas à regretter ça ou ci. Je suis pas interdit d’être fou, innocent, m’aime plus pur, plus puceau. Vous saurez jamais, j’peux pas expliquer, il n’y a que mon Amour qui sache, sans besoin de mots. Tout seul il comprend le silence avant que mes lèvres remuent, moi j’marche dans ses yeux comme quand on est pas à la place du mort. On a pas envie d’se cacher, et c’est plus que dur, ce monde il accepte pas ce qui sort de ses normes de catastrophes. Le grand jour, c’est pas convenable. Tiens imagines un fondé d’pouvoirs qui en abuserait devant les autres, et qui harcèlerait l’employée sur le bureau sans attendre la fermeture. Non c’est intolérable.Il faut une morale, d’ailleurs on pense à la réintroduire, c’est drôle ce mot il résonne un peu comme viol à la tire.

Je parle tout seul à nous deux. Que je peigne ou que j’claviote, faut pas faire attention, sans prévenir, j’la sors oiseau, arbre à faines, petites maisons blotties, roulottes sur le cheval d’une guitare. J’voyage toujours, parce que j’ai vu trop de gens vieillir de jamais être sortis de leur sédentarité fixe. Quelle drôle d’idée. J’en ai les bras qui tombent. Comme des seins déchus de reconnaissance. Parce que tout ce qui tombe n’est pas à rejeter. Au contraire, tiens à voir toutes les taches de couleurs qui sont par terre au pied du chevalet, j’pourrai jamais nier qu’elles sont mon ciel à ailes toutes seules.

J’suis un petit bateau  qui nage d’avoir appris de mon Père à respecter par libre choix, agir contre le béni oui-ouisme, tenir la tête droite en aimant ce qui est digne et mordre ce qui charogne.

Niala-Loisobleu – 21 Juin 2016

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