APRES MA MORT


APRES MA MORT

Henri Michaux

 

Je fus transporté après ma mort, je fus transporté non dans un lieu confiné, mais dans l’immensité du vide éthérique.
Loin de me laisser abattre par cette immense ouverture en tous sens à perte de vue, en ciel étoile, je me rassemblai et rassemblai tout ce que j’avais été, et ce que j’avais
été sur le point d’être, et enfin tout ce que au calendrier secret de moi-même, je m’étais proposé de devenir et serrant le tout, mes qualités aussi, enfin
mes vices, dernier rempart, je m’en fis caparace.

Sur ce noyau, animé de colère, mais d’une colère nette, que le sang n’appuyait plus, froide et intégrale, je me mis à faire le hérisson, dans une suprême
défense, dans un dernier refus.

Alors, le vide, les larves du vide qui déjà poussaient tentaculairement vers moi leurs poches molles, me menaçant de l’abjecte endosmose, les larves étonnées après
quelques vaines tentatives contre la proie qui refusait de se rendre, reculèrent embarrassées, et se dérobèrent à ma vue, abandonnant à la vie celui qui la
méritait tellement.

Désormais libre de ce côté, j’usai de ma puissance du moment, de l’exaltation de la victoire inespérée, pour peser vers la
Terre et repénétrai mon corps immobile, que les draps et la laine avaient heureusement empêché de se refroidir.

Avec surprise, après ce mien effort dépassant celui des géants, avec surprise et joie mêlée de déception je rentrai dans les horizons étroits et fermés
où la vie humaine pour être ce qu’elle est, doit se passer.

Henri Michaux

ILS DISENT


Ils disent je t’aime avec tant de haine à peine cachée que ma voix tremble rien qu’à vouloir panser ces trois mots

C’est pas que dire « je t »aime »
que je murmure en un m’aime cri
à se ronger les ongles à l’indifférence
J’ai dit le tant des fleurs aux carreaux de mes tabliers
quand buissonnant les trains qui se croisent à côté des robinets secs
j’hâlais aux lés aux lés remorquer les chalands du long de la Seine.

A quoi ça m’a servi
à qui ça n’a pas profité ?
Puisque le combat d’un idéal
c’est pas d’être élu mais de voter tel qu’on est soi. J’en ai rien caché de tout ça mettant à poil la condition humaine
ses hauts-fourneaux, colonne vent dôme, terrils de lapin, filatures pieds et nique-les, air tétées front populaire
pose-toi là Petite-Môme,j’ai ma bouée, lancais-je con comme innocent
tu m’fais l’oeil tout humide tant le soleil gîte dans tes fenêtres
au point d’être retourné de sentiments
oh non
pas à cause de tes revenus ni de ton joli minois, j’aime rien des grosses,
non rien qu’à cause de toutes tes gourances du croyant bien faire que t’as accumulée sans lésiner jusqu’avant que ça devienne de l’entêtement

J’ai rien à t’offrir
sauf un épouvantail qui fait pas peur aux oiseaux, Je tremble de plus d’peurs que de certitudes
aimer ça se situe au poil prêt entre scoumoune et mauvais saure
que mon battant gamberge
à c’que mon odeur à te rapprochera où t’étendra sur place ou mieux, te mettra en marche
Un ticket pour l’ailleurs de ce monde en ruines
un aller simple sans retour pour la Poésie. J’en voulais pas plus….mais voilà…c’était trop demander.

Niala-Loisobleu – 16 Mai 2017

Mot à Mot 6


Mot à Mot 6

De l’hermétisme des données

A l’abri de toutes arguties
seul à loisir le génie se transcende

Albert Ayguesparse

Encore fumant le jus de chic concocté dans l’ombre par le déchu, en fin de mandat, miroite de lui m’aime, l’égo bandé à l’extrême par maman qu’il se brosse à reluire faute d’avoir au programme inventé la poudre de riz,  c’te vieille gagneuse des trottoirs de la pénombre. Vise le fauteuil comme une Emmanuelle du tant passé, cherchant l’orgasme à bans coqs, prêt atout rater comme dab. On change plus une équipe qui perd dans l’esprit libéral.

Au moins pour une fois, on aura  jamais eu moins peur de perdre la foi, la réussite est  assurée pour cinq ans

Niala-Loisobleu – 25 Avril 2017.

Henri Julien F_lix Rousseau - Mauvaise surprise

(Mauvaise surprise – Le Douanier  Rousseau)

Ariettes oubliées I


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Ariettes oubliées I

C’est l’extase langoureuse,
C’est la fatigue amoureuse,
C’est tous les frissons des bois
Parmi l’étreinte des brises,
C’est, vers les ramures grises,
Le chœur des petites voix.
Ô le frêle et frais murmure !
Cela gazouille et susurre,
Cela ressemble au cri doux
Que l’herbe agitée expire …
Tu dirais, sous l’eau qui vire,
Le roulis sourd des cailloux.
Cette âme qui se lamente
En cette plainte dormante
C’est la nôtre, n’est-ce pas ?
La mienne, dis, et la tienne,
Dont s’exhale l’humble antienne
Par ce tiède soir, tout bas ?

Paul Verlaine
Romances sans paroles

Mon Arbre de Vie


Mon Arbre de Vie

Alors

qu’au fond de sa terre

mon arbre  enfoui

son plus vif trésor

pour en garder sève

A deux pas du soleil

le jour fuit en plein désert

pour étouffer son cri…

Niala-Loisobleu

24 Février 2016

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