Voilà l’atelier les yeux grands ouverts


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Voilà l’atelier les yeux grands ouverts

 

Derrière les montées de l’harmonica, le fer à cheval balance sur son sabot. A la une des journées pas de gros titre sur le dernier souffle de l’éolienne qui tirait l’eau à la ferme. La marque laissée par les roues, aube d’un sentiment autour des piles du pont. Sans doute restera-t-il un goût d’écrevisse au-delà de l’enfant que je suis. Le caillou qui bat dans ma poche se blottit contre ma cuisse sans que Jupiter la ramène. Quel goût a-t-elle ? Le mystérieux assemblage d’une aisselle qui se serait descendu la colonne jusqu’au mont de Vénus. Mystère olfactif qui retourne sans cesse au premier cri. Les murs de l’atelier tendent le clou pour se faire accrocher, retour d’expo, dans l’atelier le regard des visiteurs a suivi.

Niala-Loisobleu – 7 Novembre 2017

CE MOMENT LA VENU


CE MOMENT LA VENU

C’est à ce moment là que je me sépare pour me doubler. Rond-point bretellé d’étoiles, avenue du cosmos, boulevard des rimes, voie d’ô. Provence, fifre et tambourins, j’ail ici  mieux qu’en endroit recommandé

A-pic abyssal, le Minotaure sort ses crocs aux vitrines du Dédale. Rougeoiement des rétines, point fixe de la cécité, un zèbre de feu vient de déchirer le ciel. A mes genoux les rotules des locomotives traversent la Crau, ormeaux hérissés vers les éclairs ouvrant l’invisible chemin à suivre. Entre deux rives je me lève Pont Langlois de haut en bas.

Comme ailes j’ai trouvé qu’à tout prendre un fou ne peut avoir d’autre asile que celui de son poitrail dégrafé. Les iris à Vincent dresseront nos cris hors de la culotte des ronces

Dans l’angle de deux murs une fenêtre bat aux tempes de mes délires. Dressés au départ du lointain Les Alyscamps alignent les repères de mes nécropoles, pierres qui parlent du cimetière de Trinquetaille.

J’ai trempé de semence les toiles de mon lit. Renversé les meules de ma chaise de paille. Retourné le miroir de mes attentes. Damé les coquelicots de mes tomettes. Et toujours ce soleil qui brûle mes nuits. Sillonne mes godillots au pavé d’Arles. J’ai mis tant d’appareillages aux barques des Saintes-Maries, que je roulotte aux lignes de mes paumes ouvertes sur les guitares des gitans.

C’est à ce moment là, qu’en campagne sur la Promesse, j’accouche de mon 3°.

Niala-Loisobleu – 29 Avril 2017

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LA SUEUR DU RÊVE


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LA SUEUR DU RÊVE

 Noël scintille dans l’arbre aux rêves

Un enfant regarde le monde

Et le monde le regarde fixement

Sans ciller

Sans honte

Les malheureux sont plus nombreux que les guirlandes

Et il est des vies qui ne sont pas des cadeaux

Alors l’enfant ferme les yeux du monde

Il voit

Un autre monde derrière les dunes du rêve

Il s’imagine que les hommes sont humains

Il s’imagine que la terre est une toupie

Il s’imagine que la guerre est en déroute

Que la paix a mis son manteau d’amour

Il s’imagine

Un monde qui sourit au bonheur

Il s’imagine

Que le rêve pond d’autres rêves

Il faut y croire

Il faut rêver avec lui

Le rêve est la plainte du bonheur

Et le vrai métier des consciences qui montent la garde

Dans la plus belle des utopies

La sueur du rêve efface la crasse du monde

Ernest Pepin  (Faugas/Lamentin – 24 décembre 2011)

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ENCORE, L’ARBRE QUI PARLE..DU SOIR AU MATIN


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ENCORE, L’ARBRE QUI PARLE..DU SOIR AU MATIN

 

La nuit les arbres ne dorment que d’une branche, ils laissent au vent les envies de sommeil, aux étoiles de la veillée les phantasmes du laissez danser s’allument; c’est pas une valse, la lune c’est le tango qu’elle met en mouvance le long des troncs, où elle laisse serpenter le reflet de ses cuisses souples. Les gourmandises de la sensualité s’emparent des tubes de couleur, ils connaissent les tons de terre, les ocres, la pulpe des jaunes vénitiens, carminés d’envies charnelles, ils dégueulent des rouges où les jaunes verdissent à devenir violets comme une histoire de Parme qui  s’enlace tout autre. L’écorce est dans un coin de tapis, sur la paille d’une chaise, tenant compagnie au pantalon défait du boxer qui a bouffé la chemise et ses carreaux. On ne peut se sentir, l’arbre et moi que totalement nus. Qui peint l’autre, chacun son tour, ou en même temps, quelle importance la question n’est pas plus de mise que les vêtements.

Sur ton épaule je t’avale à respirer ma Muse

Partout où j’ai pu résider, le temps d’un passage, où dans une station prolongée, j’ai toujours eu un arbre que la lune mettait en marche pour me sortir et m’emmener ailleurs. Au pays où on les plante et où jamais on ne les scie. La relation est aussi forte qu’au début, elle me fascine. Jamais la question de sa normalité ne s’est posée à mon esprit. Tout ce qui est affaire de coeur, est coupé de la tête. La poésie repousse l’encre cérébrale.

 

Niala-Loisobleu
28 Janvier 2016