
L’atelier te transforme
à l’instant où tu t’y glisses
Parle-moi couleur, dis leur forme quand elles t’entrent au ventre
Ici les murs sont une seule et grande ouverture. Je te laisse le dire. Je me tais, ta voix disant dans ses différentes polices de caractères, ses intonations, ses apparitions multiples, furtive, insidieuse, un râpé de velours aux soies positionnées du derme, concise, en tirade, un herbier sans que jamais tu épingles les papillons au liège de tes conjugaisons. Intime refuge, c’est une sensation d’absence de danger, que la peur qui te monte parfois aux cordes vocales finit par rasséréner.
Comme si ta joue se voulait fleur au vase, ton visage penche d’un côté sur la tige du cou, un Modigliani qui ovalise le carré de ton caractère.
Et tout autour, passé nos limites, l’obscurantisme ne laisse aucune illusion à se faire. Il se complaît dans son expression opaque. Pesant au point d’interrompre la respiration, trop lourd, pesant, comme le laid qui croit utile de se vanter.
L’atelier te transforme à l’instant où tu t’y glisses.
Ce qu’il faut dire pour faire semblant se jette à la poubelle. Volubile, tu ne peux plus cacher ce qui te tord les tripes. Et pourtant tu es assise sur ton tapis, « ta niche », silencieuse et gardienne, l’oeil sur son axe pivotant.Tu propulses, irradie, le blanc court aux villages à flanc de montagne, le rose d’un lierre-géranium à l’assaut des cheveux de la sévillane arrivant sur son cheval andalou. Tu grattes du sabot, les cornes frappant pour que s’ouvre la porte du torril, devançant la sonnerie de la trompette de l’arène. Tu es ce soir de lune où la plage s’allume de plusieurs feux, gitans rassemblés autour des roulottes ayant détaché leur chevaux, les chiens sont endormis, le monde s’est isolé là où tout est possible. On a le corps à demi dans la mer et on marche enlacés, le long d’un flamenco qui perce l’indifférence.
Continues, dis du corps, du buste, des seins castagnettes, des vertèbres fébriles, des fesses tempo, des jambes et des cuisses vierges en procession. Aux étoiles qui font l’univers habitable, joins ton irrépressible besoin d’aimer, donne le ton, avoue, confie, jette, lance, demande, donne il a y a du poil aux pinceaux et du fil au couteau, la pâte est souple, charnelle elle volute de tes odeurs, tout autour les fleurs se pulpent, les branches se feuillent d’oiseaux, l’herbe absorbe la douleur des jours sans, l’utopie enfin trouve droit de cité, dis-leur tout !!!
Niala-Loisobleu – 09/11/18
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