DEPAVEMENT DE BITUME


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DEPAVEMENT DE BITUME

 

Le temps arrêté repart lentement, la lumière refaite à partir de soi pose les petits détails qui comptent, ce geste de main serrée, le battement de la carotide au bord du cou au moment ù on sent venir les langues au baiser, frisson du frôlé quand traversant pour entrer dans la salle-à-manger dos à ventre on se mange à la carte. Il se peut que la couleur des murs devienne de carreau, livrant ainsi un bord de bois qui n’y était pas avant. Le chien sent ce rapprochement, le fouet de sa queue dégage  l’espace. On voit revenir sur le jasmin qui palisse le bas des fenêtres de la véranda, ces couleurs disparues des nombreux oiseaux qui s’y posaient avant qu’une mauvaise culture les oblige à migrer. Une mouvance débloque, l’inerte bouge, extraordinaire soulèvement d’odeurs particulières. L’environnement transpire, ça sent le corps de chaque chose qui se trouve dans le décor. J’ai le tien qui sort en bougeant de la photo. Au moment où tu t’es penché par la porte de ton décolleté j’ai trouvé que la pièce avait agrandi, l’air déplacé par tes bras levés quand tu as remonté tes mèches est devenu porteur de campagne. As-tu plongé tes cheveux dans l’herbe que je n’ai pas coupé, t’ai-je dit en cherchant un bout de ficelle en pensant qu’ils feraient un bouquet comme j’aime voir sur la table. Seul ton rire a répondu. J’en connais bien les paroles. Si tu ris c’est bon signe, signe que tu n’as pas de craintes, tu as la présence qui peint sans sécher, comme tu écris avec ce médium poétique étonnant assise sur ton tapis. Les murs de l’atelier ne nous ferment qu’au monde hostile, ils n’existent pas sur la plage qu’il étale. Espèce de musique de rue tirée de rien, loin, ô loin, si haut, que nos plafonds ont tous des échelles de corde. La rue brûle comme il y avait longtemps, je parle pas des fauteurs de troubles seulement destinés au néant, non je parle de l’esprit d’unité qui sort la tête du trou. Cette nudité à laquelle nous offrons joie de vivre à nos corps. Je dois dire que l’amour sait comment boucher le vide. Je t’offre une absence de fête systématique en gage de dense…

Niala-Loisobleu – 04/12/18

Sur le Fil


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Sur le Fil

 

Le fond du jardin s’est ramassé sur un pot de terre cuite ébréché, il tremble, accroché au temps qui passe entre deux branches de cerisier Est-ce le nichoir qui a fermé ou un changement de propriétaire de cabane ? Quelque chose a changé. Le carreau sale ne peut pas attraper la moindre venue. Trop de glands sur le sol cachent la respiration des feuilles du papier à musique. Une silhouette fait son apparition de temps à autre, entre le petit bois et le brise-bise donnant sur le port. Quelques mots presque éteints sur la coque d’un bateau du chantier, tiennent comme ils peuvent sur le ber. Le calfatage goudronne les parties immergées. « Il était une foi » grince au bout de sa chaîne sur l’enseigne. Le bout de corsage qui dépasse du carton à chaussures tente de rétablir le dialogue. On ne peut pas lui reprocher le reste de fantasme qu’il a gardé dans le décolleté. Chaque entrée de peau nue à son mystère. Partis sans rien dire, ils ont laissé battre le volet pour ne pas accrocher l’hélice dans l’algue ô rythme. Le maçon me dit que les hirondelles ont la mémoire des avancées de Toi. Une sonnette de vélo tend le cou sur le guidon d’un regard qui nettoie la brume  à la pelle. Derrière l’école, deux enfants se disent à lire sans compter. Le sac de billes prêt à éclater de rire, penche du bon côté de la vie. Faut dire qu’il y a des jours où ça descend plus que d’habitude. Mais les canards que j’ai vu ce matin nager sur la Charente semblaient ce foutre du froid.

Niala-Loisobleu – 6 Décembre 2017

 

Feuille de santé


Feuille de santé

Revenu du brouillard de la rue, je regarde  ce que ça sent autour de moi. Pas fort, côté la joie, étouffant à l’inverse. L’automne est au bord de sortir, ça plait pas à l’été qui depuis qu’il a commencé n’a jamais arrêté de se prendre dans le tapis du froid mouillé bouillant. On peut pas dire que la nature triche. Elle expose sans détours la réalité. La société est au coeur de son déclin. Est-ce triste ? Pas vraiment. Voilà un sacré moment que le processus a été engagé. L’homme-autruche qui a le don de se mettre la tête dans le sable est bien au pied du mur qu’il a dressé sans vouloir le reconnaître. Le défi ne tient plus que dans la dissimulation de la vérité. On a connu des périodes similaires dans l’histoire de l’humanité. disent les hâbleurs de la météo. Ah ouais alors c’était au temps d’avant les voitures et la production industrielle, car dans mon vécu qui fait date, rien de comparable n’apparaît. Dans ce cas pourquoi mettre la responsabilité sur le dos des engins à moteur ? Dire le faux en se servant du vrai comme un alibi, si on avait de l’honnêteté de base dans le comportement on aurait fait autrement qu’avec du cinéma.  Les bagnoles c’est le filon en or pour l’état, Entre taxes et contraventions y a pas photo. Le chauffage va devoir être rallumé, ça va rien arranger, parce que quand tout s’éteint il faut compenser en n’ayant que le mal comme moyen. En plus voilà que le beurre va augmenter….là ce sera comme dab, pas dans le porte-monnaie du contribuable.

Niala-Loisobleu – 18 Septembre 2017

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CE QUE JE ME DIS A TOI


CE QUE JE ME DIS A TOI

Je voulais courir dans la bonne humeur sur laquelle personne n’avait posé le pied, tu vois ce que je veux dire. Cette chaleur d’à présent est tout à fait contraire au sens que l’amour donne au mot. Elle t’écrase mais à côté du bien-être. Pourtant c’est de l’homme qu’elle vient, de tout ce qu’il sait abimer. Ses coups de pieds dans la nature foutent le feu à la douceur. J’ai connu un climat tempéré conforme à ce que l’école me disait en géographie. Aujourd’hui, il a foutu son camps avec le Gulf Stream, mon chant qui nous mettait en choeur avec les meules d’un foin aux bonnes odeurs. D’abord où trouve t-on de la luzerne ? C’était la verdure où les filles apprenaient à découvrir pourquoi les garçons font pipi debout et pas elles. Tendreté d’un instant poétique où rien que de l’innocence se manifestait. Le tout au centre d’un vol de papillons. Au bord de la rivière on allait à l’écrevisse en toute pureté. Puis tous nus comme des vers on plongeait telles des grenouilles. Le rire comme garde-barrière contre la tristesse. Je pense n’être jamais sorti de cette volonté de repousser le mal. De le voir rouler sa caisse comme si rien d’autre ne valait, ça me force pas à voir bleu, ça vient tout seul.

Niala-Loisobleu – 21 Juin 2017

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Une tempête et la suite


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Une tempête et la suite


Une tempête
Approchait, et je vis, en relevant la tête,
Un grand nuage obscur posé sur l’horizon ;
Aucun tonnerre encor ne grondait ; le gazon
Frissonnait près de moi ; les branches tremblaient toutes,
Et des passants lointains se hâtaient sur les routes.
Cependant le nuage au flanc vitreux et roux
Grandissait, comme un mont qui marcherait vers nous.
On voyait dans des prés s’effarer les cavales,
Et les troupeaux bêlants fuyaient. Par intervalles,
Terreur des bois profonds, des champs silencieux,
Emplissant tout à coup tout un côté des cieux,
Une lueur sinistre, effrayante, inconnue ;
D’un sourd reflet de cuivre illuminait la nue,
Et passait, comme si, sous le souffle de Dieu,
De grands poissons de flamme aux écailles de feu,
Vastes formes dans l’ombre au hasard remuées,
En ce sombre océan de brume et de nuées
Nageaient, et dans les flots du lourd nuage noir
Se laissaient par instants vaguement entrevoir !

Victor Hugo

La ligne d’horizon passée au-delà du chant de vision sous le glissement d’un plomb qui scelle, entre deux rabats-joie couchant toute tentative d’éclaircie, je ne vois que vents répétés, couvrant la voie. Des morceaux de ce qui fut un tout se déplacent sous les poussées, chapeau de paille des chaumes de ma place, où l’atelier recroquevillé, se rentre la tête dans les épaules. Même les vitres en appellent à la protection des volets, tant tremble la transparence devenue torrent.

Aujourd’hui les contrastes sont plus menaçants qu’hier. Dehors on ne récolte que d’hétéroclites choses venues dont ne sait où, comme de qui. Enorme différence avec l’ordinaire de la majeure partie du temps.J’imagine en voyant passer un bateau fantôme qu’il est ivre, agité seulement par la pensée de la robe qui se soulève que la mariée avait encore ses jarretières pour se retenir au bastingage avant l’ennui de noces. Le bruit s’intensifie autour des cotillons, pendant que l’entrejambe du tango glisse des images pleines de prés verts. Humeur friponne sautant l’élastique qui te ceint le ventre, je tape dans mes mains en regardant la pointe de ma pyramide suivre tes identiques désirs. Le sphinx, gardien fidèle, n’a pas failli, il a préservé le décrochement du soleil  de son zénith. Au lit d’ô ta lagune me fait de grands signes.

Restons solides au bleu du quai.

Niala-Loisobleu – 5 Février 2017