Cicatrisation


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Cicatrisation

De la fatigue kilométrique ressurgira la vapeur des chevaux

Posant l’écume aux dernières courbes mouvantes de la vague

 

Lèvre du large cousue au bord atteint

Un fil conducteur connecté entre les dents

 

Nous n’aurons plus alors la nécessité du temps

Parvenus enfin à la fontaine du courant en une seule et m’aime bouche ouverte

 

Niala-Loisobleu

20/12/17

 

 

L’Etoile qui est et le Noir qui toc à la porte


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L’Etoile qui est et le Noir qui toc à la porte

Quelque part il y a un point qui éclaire. Tu le sens à quelques indices laissés de ci et de là. N’en parle à personne. Ils te diraient que cette étoile est mauvaise, la plus pourrie des étoiles  de merde. Mais toi tu ne repousses rien de ce qui a un peu de lumière qui te paraît venir de l’intérieur. L’à-priori ne te gouverne pas. Le danger vient juste de ce qui brille de dehors comme seul le toc sait faire. C’est vite décelable, parce qu’incapable de tenir.

Fais un tour en toi. Ta poche est rassurante. Elle ne s’est jamais trouée au caillou qui, un jour que le ciel n’avait pas le mauvais plomb, entra dedans, bras ouverts à la Lumière.

Je tiens par ce que j’entends de l’Autre, celui qui se tait. Son silence ne peut me mentir. Dans les pierres qui boivent la couleur naturelle, il n’y pas de place foraine pour réunir les bateleurs. Une chapelle hors du monde inventé, ça te prend par le sacré et ça garde la verdeur du chemin régénéré.

Niala-Loisobleu – 14 Octobre 2017

 

CONJUGAISON


CONJUGAISON

 

Au bord de perdre ses feuilles

l’arbre asséché

s’extrait du ventre une goulée de vers

Comme dit Martin

l’été peut en corps Être

le Verbe usité.

Niala-Loisobleu – 28 Août 2017

 

016

 

Tu m’as trouvé comme un caillou


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Tu m’as trouvé comme un caillou

Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la place
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage
Comme l’algue sur un sextant qu’échoue à terre la marée
Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu’à entrer
Comme le désordre d’une chambre d’hôtel qu’on n’a pas faite
Un lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont prise dans leurs phares
Comme un veilleur de nuit qui s’en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l’ombre noire des prisons
Comme l’affolement d’un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l’amant trahi la marque rouge d’une bague
Une voiture abandonnée au milieu d’un terrain vague
Comme une lettre déchirée éparpillée au vent des rues
Comme le hâle sur les mains qu’a laissé l’été disparu
Comme le regard blessé de l’être qui voit qu’il s’égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat
Le sillon pareil du cœur et de l’arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n’en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d’un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire du couteau
Comme le cheval échappé qui boit l’eau sale d’une mare
Comme un oreiller dévasté par une nuit de cauchemars
Comme une injure au soleil avec de la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rein n’a changé sous les cieux
Tu m’as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s’était couché dans l’étable
Comme un chien qui porte un collier aux initiales d’autrui
Un homme des jours d’autrefois empli de fureur et de bruit.

Louis Aragon, le roman inachevé, 1956

 

C’était avant que l’apporte claque. Voilà trente-six mois et + , que j’arrose l’arbre de vie d’air de sel qui ne peut faire semblant. Toujours naturel comme le cycle des saisons sur lequel mon vélo tisse la toile. La chaleur est trop lourde , il faut que j’aille au creux, à l’endroit où les fougères écartent leurs palmes. Lit d’aiguilles dans la pinède, trouée par où passent les vieilles pierres de l’abbaye. Près des plantes médicinales du jardin de curé. La grande arche fend le ciel. Un saut de vague écume la plage d’un sourire chantilly. J’ai écouté l’oiseau revenu de sa traversée océanique, me dire que les lointains sont bien plus près que des voisins de palier qu’on ne rencontre jamais. Il n’y a pas d’oubli du silence. Seul le bruit ne peut garder de mémoire. On a toujours fait la voile en fonction du vent. Les matériaux changent pas le souffle des poitrines. As-tu vidé le sas de plongée ? L’arbre est en première page à la hune. La mer garde cette odeur de cabane en couleur vive. L’écaille y mouille son fruit. Algue marine couvrant ton front pour ne rien perdre du vert de tes yeux où je vis à te voir. La chanson de ton clapot me roule bord à bord, posée sur mes lèvres comme le caillou pour ne jamais te perdre.

Niala-Loisobleu – 6 Juillet 2017

 

LE MARELLEUR


LE MARELLEUR

L’arbre d’un pas tranquille est sorti. Pas dehors, ni pour prendre l’air, il était déjà sorti et dedans. Mais pas au dedans de lui, au dedans du bois. Vous savez cet endroit où les rendez-vous dans un de leurs coins, ne sont pas ceux qu’on attend. C’est pourquoi, il regarda derrière lui avant de tirer la porte.

-Personne aux aguets, allons y dit -il, en s’enfonçant la casquette de la nuque au front, à la visière de la forêt.Par le moment qui prend ses quartiers d’oranges sanguines, en jetant ses peaux au sol, il fait un peu nu sous les cimes.

Le mois favorable commence par un signe enfoui entre la source et l’océan, au coeur des eaux profondes et silencieuses de la stagnation et de la macération. La vie devient l’enfouisseuse, qui comme l’animal noir pourvu d’un dard empoisonné, vit caché. Au bord des drames et des tourments de la vie, jusqu’au gouffre de l’absurde, du néant, de la mort..Le Scorpion placé sous la maîtrise planétaire de Mars, et de Pluton puissance inexorable des ombres, des ténèbres intérieures, campe une dialectique de destruction et de création, de la mort et de la renaissance, de la damnation et de la rédemption :

Le Centaure aux quatre sabots plantés au sol et qui se dresse devant le ciel, apparaîtra, un arc bandé en mains, orientant sa flêche en direction des étoiles.Par la venue du Sagittaire avant le solstice d’hiver , la vie reprend mouvement.

L’arbre se promène dans le silence de ses pensées, à l’oeil une goutte de résine, pour lui parfumer le lobe. Essence essentielle de l’énergie qui ne le fait dormir que par apparence.Il sarte, met en sommeil, refait les ors du théâtre, change les tentures, affute les ciseaux à couper l’opacité, huile les gonds qui libéreront les passages sans grincer en s’ouvrant.

L’arbre qui est le père de toute une tribu de pinceaux, aime regarder son ami l’Oiso jouer avec sa progéniture, et à faire des histoires en tableaux. Le temps est peut-être sombre, en cette période, mais les gosses rient en couleurs. Ne vous posez pas les mauvaises questions qui tombent à côté du sujet. Il est beaucoup moins nocif de savoir faire le vide que de l’agrandir en laissant l’inutile gagner du terrain.Le Beau ne peut s’encombrer d’artifices. Sa qualité première étant d’être concis.

Il y a quelques semaines je m’écrivais à moi-même, tout à coup, les doigts couverts de bleu, je repense à cette lettre.Si fort qu’il m’apparaît que je ne cesse d’y ajouter d’autres lignes, comme si j’étais né pour faire marelle après marelle..

Niala-Loisobleu – 19 Mai 2017

1203- enfants jouant ˆ la marelle dans la rue - Paris 1960
©Photo BLONCOURT

 

Les yeux dans mon Herbier où la sauvegarde de mon Jardin – 1


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Les yeux dans mon Herbier

où la sauvegarde

de mon Jardin – 1

CE VENDREDI  (N-L – 3 Octobre 2014)

Au tant passé présent, un champ s’aimé de petits cailloux répond
Pierre qui rouille n’a masse que dalle
Naître mousse a du Capitaine dans la voilure
Quand j’ai appris le Bleu
J’ai su que ma vie ne suffirait à le savoir
Rose est fait de blanc au laiteux répandu
Jaune cocu ?
Non c’est le soleil qui baise la lune sur la bouche
A marée basse comme hôte de marque
Après un parcours reste des vers à hâler voir
Rien n’entoure le monde d’un corset de rétention
A preuve
Selon le vent que où tu pisses
Ou t’es à rosée
Ou arrosé
Les grandes formations symphoniques ont besoin de solistes
Le kiosque du théâtre de verdure
n’est pas le clown blanc c’est l’Auguste
Chui là
Qu’à les yeux qui soulèvent les grandes godasses du chapeau qui pleure
Pour les journaux et les grands magazines
Remontez l’impasse de la cover-girl si vous pouvez
Un poète est toujours isolé mais jamais perdu
Sa folie lui tient compagnie
Aujourd’hui n’est qu’un Vendredi ordinaire
On est pas obligé de prendre du poison
On peut manger sein

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AU COING DE CE VENDREDI-CI  ( N-L – 27 Janvier 2017)

Quelques ans après mois, flux et reflux ont rincés la lisière des jours  de leurs écumes,  recousant l’écusson de la greffe. Sans quitter la branche, l’oiseau a du la serrer plus fort  de ses pattes pour garder le désir d’autres récoltes. Il avait été noté sur la feuille précédente que « Les grandes formations symphoniques ont besoin de solistes ». Indubitablement c’est ce qui a fait défaut. Où donc est passé l’aria ? On n’entend que les choeurs des sorciers faire tapage. L’Auguste s’est pris les grandes godasses dans le tapis.

Ce matin à la lecture de ce qui sortait des serres, je n’ai eu qu’une sensation contraire à mon habitude. Pas la plus petite présence d’insecte de ceux qui continuent à oeuvrer en se foutant totalement de l’oisiveté de sentiment d’alentours.

Soudain une question de cadre mise à l’évidence au menu des plats du jour d’hier me saute à la conscience. Voilà, plus besoin de chercher, j’ai trouvé. Il y a de l’étouffant dans mon air. Je le ventile en permanence par un système de vase communicant. Un garrot y fait caillot quelque part. L’air manque de retour. Mon tableau de vie s’est fait encadrer à son insu. L’oeuvre est sous une influence qui tait une partie essentielle du vrai auquel j’adhère. Car des vrais aujourd’hui il y en a des tonnes de versions. Atteinte en son âme par une emprise à ses choix de liberté communicative, mon oeuvre délire en partie toute seule. J’ai une part de mensonge à moi-même dans ma conviction. Cela  débouche  sur une privation créative. Le voilà l’effet cadre. La pensée mise en clôture dans une idée fixe d’amour absolu ? Je sens mal cette idée. Il faut la positiver.

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LA BOÎTE A L’ETRE 10


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LA BOÎTE A L’ETRE 10

MUE

Contretemps, aiguillage à tricoter des déraillements

la preuve par neuf est éculée

quelques crèmes de beauté ridulent aux cerneaux des noyés

L’empêcheur de tourner en rond

forme son dernier carré

Tu sens comme dans le rêve tu m’as bordée la nuit, dis mon Amour ?

Mes reins en courbatures

sont depuis des lignes droites au but que nous ne voyons que mieux

L’automne fait peut-être pas le printemps

mais elle l’aide à pousser le vain hors des vendanges

du sol qui repose et pourri

germe le grain de nos prochains greniers

Je sens le foin

des luzernes de tes alpages, le troupeau va transhumer

en remettant une nouvelle-lune aux marées

Depuis les pierres à feu le volcan couve l’autre matin

dans le déclin du jour fini de Pompéi…

Niala-Loisobleu – 21 Octobre 2014

Déjà 3 ans entamés, que j’ai peint ces mots à la veille des voeux qui allaient naître comme maintenant nous y sommes revenus. L’an tourné un autre s’ouvre. La volonté du passé reste vive. Toute emplie de cette m’aime intention qui l’avait  mise au monde. On ne va, je crois jamais au terme de sa construction, on la porte pierre à pierre, jusqu’à s’en remettre les clefs.

Mon cheval poursuit le chemin de la quête entamée un matin où l’été s’est promis d’être.

L’écharpe demeure du blanc qui va au bleu en s’en approchant davantage.

N-L – 02/01/17

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A ma Muse, Que si je ne l’aimais pas seulement je mourirai


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A ma Muse

Que si je ne l’aimais pas

seulement je mourirai

Niala-Loisobleu – 09/08/16

Yannis Ritsos – La Symphonie du printemps

Symphonie du printemps
Publié en 2012 aux éditions Bruno Doucey un texte de Yannis Ritsos dont c’est la première parution en français, en version bilingue avec une traduction du grec de Anne Personnaz.

Cette Symphonie du printemps date de 1938. Dans le Poète d’aujourd’hui consacré au poète en 1973, Chrysa Prokopaki écrit : « La  découverte de l’amour, l’euphorie de la vie grâce à l’amour s’expriment dans le livre suivant, Symphonie du printemps. La présence d’une femme qui vient effacer les traces d’un passé morne, apportant la vie et la jeunesse, domine tout ce poème. Les jours anciens reviennent dans la mémoire comme une contrée lointaine, au goût de cendre. Aux yeux éblouis du poète, s’ouvre un monde tout frais, tout neuf. »

Je quitterai
le blanc sommet enneigé
qui réchauffait d’un sourire nu
mon infini isolement.

Je secouerai de mes épaules
la cendre dorée des astres
comme les moineaux
secouent la neige
de leurs ailes.

Ainsi un homme, simple et intègre
ainsi tout joyeux et innocent
je passerai
sous les acacias en fleurs
de tes caresses
et j’irai becqueter
la vitre rayonnante du printemps.

Je serai l’enfant doux
qui sourit aux choses
et à lui-même
sans réticence ni réserve.

Comme si je n’avais pas connu
les fronts mornes
des crépuscules de l’hiver
les ampoules des maisons vides
et les passants solitaires
sous la lune
d’Août.

Un enfant.

In Symphonie du printemps, © Bruno Doucey, 2012, p.19

Dans la préface du recueil Bruno Doucey écrit : « Un hymne à l’amour, à la nature, à la vie. Plus encore, un chant de haut vol, dans la pure tradition des chants que nous offre la littérature grecque depuis Homère. La publication de ce texte, enfin traduit dans notre langue, pourrait paraître commune si elle ne répondait à deux exigences majeures de toute grande littérature : Symphonie du printemps est d’abord un antidote à la crise effroyable que traverse Yannis Ritsos dans les trente premières années de sa vie. Ce texte écrit en 1937-1938 prend aussi, dans le contexte actuel, une autre dimension. Comme si le soleil d’hier s’étirait sans se rompre jusqu’à l’horizon d’aujourd’hui. »

Ritsos allie l’art des mots simples au passage du personnel à l’universel. C’est la marque des plus grands dont la parole grandie dans une histoire individuelle, ancrée dans une culture, porte son écho à tous.

Nous tendons nos bras
au soleil
et nous chantons.

La lumière gazouille
dans les veines de l’herbe
et de la pierre.

Les cris de la vie
ont déployé les branches
arcs puissants.

L’écorce des arbres
verte et luisante
brille
– robe rayée déployée
sur de seins naissants de paysanne.

Comme nous aimons
nos corps sensuels.

Ne nous priez pas de partir.
enfermés dans notre corps
nous sommes partout.

Chaque oiseau
qui plonge dans l’azur
chaque petite herbe
qui pousse au bord du chemin
nous apporte le message de Dieu.

Les êtres
passent près de nous
beaux aimés
revêtus
de notre rêve de notre jeunesse
et de notre amour.

Nous aimons
le ciel et la terre
les hommes et les bêtes
les reptiles et les insectes.
Nous sommes nous aussi
tout à la fois
et le ciel et la terre.

Notre corps orgueilleux
par la beauté de la joie.
Notre main toute puissante
par l’ardeur de l’amour.

L’amour dans son poing
contient l’univers.

Ibid, p.77

Dans un numéro de la revue Europe d’octobre 1993, Charles Dobzynski conclue un Pour saluer Ritsos par ces mots : « La poésie de Ritsos est cette exigence tenace : déclencher entre nous et nos mots, entre nos mots et nos actes, entre nos actes et les choses, entre les choses et leur commune désignation, une sorte de transfert d’énergie, un courant inversé qui aurait le pouvoir d’irriguer et d’iriser notre intelligence du monde. Les données de notre existence appartiennent à l’ordre élémentaire, à l’ordre tellurique, à l’ordre complexe et mutable de l’univers. Mais le donné ne nous est jamais offert, ni acquis. C’est lui qu’il faut intercepter et extraire des ténèbres primitives. Et le langage de Ritsos, dans la mine de notre nuit, me semble à coups de pic, à coups de mots et d’images inouïes, abattre des blocs de songe pareils à l’anthracite, des éclats de diamant pareils à ceux qui nous parviennent des plus lointaines étoiles comme un signe de la naissance de l’univers.

Et le poète grec Yannis Ritsos nous a donné cette joie-là, qui nous demeure comme un legs, d’assister, dans la poésie, à la naissance d’un univers. »

Le jour se lève.
La brume se retire.
Les choses
dures brillantes et non démenties.

Je ne sais combien de mois nous dormîmes.
Oubliés nous fûmes oublieux
dans un éblouissement dense
de nuit et de soleil.

Je ne pleure pas
parce que le sommeil m’a renié.
Derrière notre jardin
existent aussi d’autres jardins.

La mort gravit
échelon après échelon l’échelle
qui mène au ciel.

S’enfuit l’été
mais la chanson demeure.

Pourtant toi qui n’a pas de voix
où te réfugier à l’abri du vent ?
Comment accorderas-tu la lumière à la terre ?

Ouvre les fenêtres
qu’entre la lumière
l’indomptée rafale du vent
l’haleine âcre
des montagnes grandioses.

Regarde l’inépuisable sourit
devant les bras croisés.
Délie les bras.

Ouvre les fenêtres
afin de voir l’univers en fleurs
de tous les coquelicots de notre sang
– que tu apprennes à sourire.

Tu ne vois pas ?
Dès lors que s’éloigne le printemps
derrière lui arrive notre nouveau printemps.

Le voilà le soleil
par-dessus les cités de bronze
par-dessus les vertes terres
en nos coeurs.

Je sens aux épaules
le fourmillement intense
alors que poussent
toujours plus jeunes et plus larges
nos ailes.

Relève tes cils.

Le monde resplendit
hors de ta tristesse
lumière et sang
chant et silence.

Mes chers semblables
comment pouvez-vous
encore vous courber ?
Comment pouvez-vous
ne pas sourire ?

Ouvrez les fenêtres.

Je me lave à la lumière
je sors sur le balcon
nu
pour respirer à fond
l’air éternel
aux fortes senteurs
de la forêt humide
au goût salé
de la mer infinie.

Le monde resplendit
infatigable.
Qu’il soit regardé.

Ibid p. 133

 Source La Pierre et le Sel 10 Mai 2012

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L’Amitié – Pablo Picasso

Baiser d’un Dimanche


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Baiser d’un Dimanche

L’herbe dans son travail de fourmi en se roulant dans un soleil revenu, ne cesse de se dire des choses à voix haute. Des choses à toi de nous. C’est pas la chaleur, heureux qu’on soit là sinon ça craindrait. Temps genre vieux couple comme disent les vêtements ternes qui sortent que pour aller au boulot. Il y a la garenne et ses chênes-verts, parfois traversée par une poule faisane. Les traces de mon vélo ne s’effacent. Dans le lit des anciennes feuilles-mortes ton corps reste vivant. Mes yeux sont pareils. Dès que le buisson frissonne ils scrutent dedans pour chercher ce qui le gratte. Que de mots sont là dans le silence du chemin qui va de la cabane au tournant du premier moulin. Les intonations de ta voix en ce moment fleurissent. C’est rose-mauve chair et ça bouge comme du vert. La couleur ne stagne jamais. Elle tient ça de l’amour. Le vent a des envies. Il joue de tes cheveux à ta robe à trousse-poil. Si j’en arrive à ne plus voir ton nez en revanche j’ai une vue imprenable sur ta crique. D’ailleurs marchant dans le bord d’eau je chante sous ta pluie. La musique prend des pas de danse comme dans un film des années 50. Un truc en plumes qui déménage. J’aime tes fraises à m’en baver plein la goule. Tu pulpes le rôt marin comme je dis en te faisant remarquer que si j’avais gardé ma chemise elle serait dans un état pas à mettre. Le tablier du garçon-boucher au soir de la 36° heure. Non je ne m’arêterai pas le filet, n’aies pas peur, en brasse-moi toujours qu’on n’âge comme deux enfants qui sèment.

Niala-Loisobleu – 15/05/16

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La clef dans le serre hure


La clef dans le serre hure
Du jardin où le froid
la tenait
tête entre les épaules
j’ai traversé l’intention du jour
rien d’original
non
je n’ai rien oublié de cet amour
de dire simplement
Bon Jour
Les volets de l’atelier
en ouvrant les paupières
m’ont donné le réverbère à envoyer coucher
la couleur du jour
répand le cas fait
sans reverser de laid
Niala-Loisobleu
07/03/16