Harmonie du soir


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Harmonie du soir

 

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

Charles Baudelaire

Aux cernes de nos nuits le matin ajoute la marque de nos lèvres laissée dans nos odeurs de peaux . Ce qui reste incline à poursuivre, dans chaque doigt de nos mains il y a l’ongle du labour et le jeu de paume des phalanges.

Ton souvenir en moi chante le soleil de la rivière où je me baigne.

Niala-Loisobleu – 1er Juillet 2016

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Sexe ô phone


Sexe ô phone

Souffle de ta bouche joueuse
poumons en galipettes
au tuyau à musique sur lequel mes doigts vont et viennent
Tu montes et tu descends
ondulant de la hanche
lascive et rauque

au long du tube alambic

par lequel tu t’égouttes

Musique qui vit le jour en Afrique
j’ai les oreilles dans les cris
de ton ventre qui se tord
sous mes deux mains
le long des secousses courbes
lançant ses ors en éclairs
Saxophone tu me rends fou
les feulements jazz
de notre étreinte te font
Sexe ô phone
vaginal instrument
qui pleure sur la corolle
où je mord
à ras bord
de tribord à bâbord
jusqu’au port de Don Byas
Chant qui fleurit le soir monotone
d’une musique sauvage

Niala-Loisobleu – 29 Juin 2016

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L’ECHOTIER DU VERGER DU BORD DE MER


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L’ECHOTIER DU VERGER DU BORD DE MER

 

Calots roulant d’une case à l’autre

 Cheveux blancs filant l’haleine

Ma crinière galope enfant

T’auras sur ta route le soleil que t’y naîtras

Soufflé nez pas jouet

Au piano des bretelles s’épaulent

Le rêve herbe air borde le chemin de faire

Quelques pieds d’oiseaux pattent la neige

Modelés printemps qui se la joue d’hiver

Des fumets de nos cheminées

Frottons nos doigts sur la glace dont nous sommes miroir

Une sente mène plus loin qu’un boulevard

Echine

Vertèbre

Hume et russe

Home eau plate

L’intestin de la nature gazouille

Sa tripe pousse et repousse

Né nu phare

Pieds des stalles

D’une fesse un soupir rejoint l’autre

A travers seins

Je me tais d’ô rayé

Pore débarque au marais tous les matins du monde

Sur la leçon de choses ton étreinte m’a fait sentir l’odeur de ton pistil

L’histoire remonte les chemins dans sa roulotte

On était partis d’un dessein rupestre

Quelques bisons, une arbalète, des chevaux sauvages demeurent l’empreinte de mes mains dessineuses qui t’ont laissée éternelle de nos cendres, sanguine et ocre de roux sillons de ton tronc de bois flotté

Sur l’échelle de corde on a grimpé en voyage lunaire un chant d’étoiles

Bassin de marelles, cabanes ostréicoles, dunes piquées d’oyats, ta moule a le charnu de l’huître autour de ces longs cils

Je l’entends tant qui perle

Echos, échos, échos

Voguant sur les vagues des draps bleus

Tels des oiseaux blancs

Niala-Loisobleu – 14/06/16

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CARTELES HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC


 

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CARTELES HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC

 

Photo du profil de Jose Luis de Paul de la Serna
Pendant que la Mancha fête Cervantes et le Don Quijote
Jose Luis kaléidoscope le Moulin-Rouge
Aristide Bruant
écharpé rouge
pousse
la goualante à Jane Avril
T’as un beau Chat Noir
déballe tes cancans
Ma Goulue
Le Désossé
pédale en chaîne Simpson
au petit-casino
Quel catalogue
pluie de confetti
Henri de Toulouse-Lautrec
estampe
c’est beau le grand art
quand ça sort de la souffrance physique
d’un nabot
dans le grand-écart du manque d’ô
dense de l’alcool
Niala-Loisobleu _ 13/06/16

NÔTRE TAIRE QUI EST Ô CIEUX


 

NÔTRE TAIRE QUI EST Ô CIEUX

Nous avons une terre avec nos paysages qui ne sont a personne d’autre qu’à nous.Nos petits vélos font l’à cheval sur mon bidet qui s’en balance de la gueule de circonstance qui  fait pencher le ciel du côté qui pourrait vomir. En face des fois, plus souvent m’aime qu’on voudrait, l’icelle ou i-celui qui a une moitié de l’ensemble et plus que ça subséquemment, n’est plus bon. Un signe d’erreur non dissimulé. Se refaire les paramètres à la taille de nos ambitions en voilà une idée qu’elle est bonne. Qui que tu sois tu referas pas le monde.

Une seule solution vivre dans le sien mis en jardin dans la friche collective.Je suis venu ce matin, encore pas lavé d’hier. Au moment plein qu’on passait entre deux cabanes, dans les fleurs où jamais personne n’entre. Elles sont là. Devant tout l’monde. Vécues comme le mauvais trottoir d’une rue commerçante.

Avec du papier ciel

j’ai frotté un bout de bois flotté

d’où qui venait, j’en sais rien

je l’ai entendu parler

Quand j’ai posé l’oeil sur le son

j’ai entendu que t’avais rien sur la peau

On cause en corps à l’heur qu’il est

Quand je regarde l’eau aller d’un bout à l’autre du sel, je mélange tout de mon âge. La peur pousse ma témérité à se prendre pour un flibustier. J’aborde ta coque par les deux bords, faut dire que ton architecture navale me transforme en bouteille de champ boulimique de baptême. Tu vois ces vignes de sable font peut-être une mauvaise piquette, on s’en fout, parce qu’à courir sans palisses on a les pinèdes qui rendent bon le pin quotidien.

Niala-Loisobleu – 08/06/16

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TOI EMOI


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TOI EMOI

 

Le tant au poignet

frappe à la porte

c’est toi qui

je t’entends qui dis c’est moi

comme si ça pouvait être qui d’autre bordel ?

Dans la rue

la vie triée

cherche la pièce qui éclaire

à foutre dans le sombre puzzle

Y aura toujours un effroi dans le show

comme du chaud parce que t’es là

mon Moineau

Et que quitte à savoir qu’on mourira

on va d’abord vivre

cet amour si simple

qu’il fait pas de bruit

en passant d’une rive à l’autre

Niala-Loisobleu

3 Juin 2016

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Libre-Attitude


 Libre-Attitude

A vous tu

dernier bouton

échancrure naturelle

ah ces penchants

qui causent librement

ballant

m’allant

si mieux

cul nu

sans ficelles ni bretelles

naviguant

poils à l’erre !

Niala-Loisobleu – 29/05/16

 

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Pensées Vagabondes en Cabane le Temps d’une Marée Basse


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Pensées Vagabondes en Cabane

le Temps d’une Marée Basse

 

« …J’imagine que les mots ont de petits bonheurs quand on les associe d’un genre à l’autre—de petites rivalités aussi dans les jours de malice littéraire. Qui de l’huis ou de la porte ferme mieux le logis? Que de nuances «psychologiques» entre l’huis rébarbatif et la porte accueillante. Comment des mots qui ne sont pas de même genre pourraient-ils être synonymes. Il faut ne pas aimer écrire pour le croire.

Comme le fabuliste qui disait le dialogue du rat des villes et du rat des champs, j’aimerais à faire parler la pampe amicale et le stupide lampadaire, ce trissotin des lumières du salon. Les choses voient, elles parlent entre elles, pensait le bon Estaumié qui faisait raconter, comme des commères, le drame des habitants de la maison. Combien les discours seraient plus vifs, plus intimes entre les choses et les objets si «chacun pouvait trouver sa chacune». Car les mots s’aiment. Ils ont été, comme tout ce qui vit, «créés homme et femme».

Et c’est ainsi que, dans des rêveries sans fin, j’excite les valeurs matrimoniales de mon vocabulaire. Parfois, dans des rêves plébéiens, j’unis le coffret et la terrine. Mais les tout proches synonymes qui vont du masculin au féminin m’enchantent. Je ne cesse d’en rêver. Toutes mes rêveries se dualisent. Tous les mots, qu’ils touchent les choses, le monde, les sentiments, les monstres s’en vont l’un cherchant sa compagne, l’autre son compagnon: la glace et le miroir, la montre fidèle et le chronomètre exact, la feuille de l’arbre et le feuillet du livre, le bois et la forêt, la nuée et le nuage, la vouivre et le dragon, le luth et la lyre, les pleurs et les larmes…

Parfois, lassé de tant d’oscillations, je cherche un refuge dans un mot, dans un mot que je me prends à aimer pour lui-même. Se reposer au cœur des mots, voir clair dans la cellule d’un mot, sentir que le mot est un germe de vie, une aube croissante… Le poète dit tout cela en un vers:

un mot peut être une aube et même un sûr abri

Dès lors, quelle joie de lecture et quel bonheur d’oreille quand, lisant Mistral, on entend le poète de Provence mettre le mot «berceau» au féminin.

L’histoire serait douce à conter dans la beauté des circonstances. Pour cueillir des «fleurs de glais», Mistral qui a quatre ans est tombé dans l’étang. Sa mère l’en retire et lui met des vêtements secs. Mais les fleurs sur l’étang sont si belles que l’enfant pour les cueillir fait encore un faux pas. Faute de nouveaux vêtements, il faut lui mettre sa robe des dimanches. En robe des dimanches, la tentation est plus forte que toutes les défenses, l’enfant retourne à l’étang et derechef tombe à l’eau. La bonne mère l’essuie dans son tablier et, dit Mistral, «de peur d’un effroi, m’ayant fait boire une cuillerée de vermifuge, elle me coucha dans ma berce où, lassé de pleurer, au bout d’un peu, je m’endormis».

Il faut lire dans le texte toute l’histoire que je résume, ne pouvant retenir que la tendresse qui se condense dans un mot qui console et qui aide à dormir. Dans ma berce, dit Mistral, dans une berce quel grand sommeil pour une enfance:

Dans une berce, on connaît le vrai sommeil, puisqu’on dort dans le féminin.

* * * * *

Un des plus grands travailleurs de la phrase a fait un jour cette remarque: «Vous avez certainement observé ce fait curieux, que tel mot, qui est parfaitement clair quand vous l’entendez ou l’employez dans le langage courant, et qui ne donne lieu à aucune difficulté quand il est engagé dans le train rapide d’une phrase ordinaire devient magiquement embarrassant, introduit une résistance étrange, déjoue tous les efforts de définition aussitôt que vous le retirez de la circulation pour l’examiner à part, et que vous lui cherchez un sens après l’avoir soustrait à sa fonction instantanée?» Les mots que Valéry prend comme exemples sont deux mots qui, l’un et l’autre, depuis longtemps, «font l’important»: ce sont les deux mots «temps et vie». Retirés de la circulation l’un et l’autre de ces deux mots font immédiatement figures d’énigme. Mais pour des mots moins ostentatoires, l’observation de Valéry se développe en finesse psychologique. Alors les simples mots—des mots tout simples—viennent se reposer dans le gîte d’une rêverie. Valéry peut bien dire «que nous ne nous comprenons nous-mêmes que grâce à la vitesse de notre passage par les mots», la rêverie, la lente rêverie découvre les profondeurs dans l’immobilité d’un mot. Par la rêverie nous croyons dans un mot découvrir l’acte qui nomme.

Les mots rêvent qu’on les nomme

écrit un poète. Ils veulent qu’on rêve en les nommant. Et cela, tout simplement, sans creuser l’abîme des étymologies. Dans leur être actuel, les mots, en amassant des songes, deviennent des réalités. Quel rêveur de mots pourrait s’arrêter de rêver quand il lit ces deux vers de Louis Émié:

Un mot circule dans l’ombre
et gonfle les draperies.

De ces deux vers j’aimerais faire un test de la sensibilité onirique touchant la sensibilité au langage. Il faudrait demander: ne croyez-vous pas que certains mots ont une telle sonorité qu’ils viennent prendre place et volume dans les êtres de la chambre? Qu’est-ce donc vraiment qui gonflait les rideaux dans la chambre d’Edgar Poe: un être, un souvenir, ou un nom?

Un psychologue à l’esprit «clair et distinct» s’étonnera devant les vers d’Émié. Il voudrait qu’on lui dise au moins quel est ce mot qui anime les draperies; sur un mot désigné, il suivrait peut-être une fantomalisation possible. En demandant des précisions, le psychologue ne sent pas que le poète vient de lui ouvrir l’univers des mots. La chambre du poète est pleine de mots, de mots qui circule dans l’ombre. Parfois les mots sont infidèles aux choses. Ils tentent d’établir, d’une chose à une autre, des synonymes oniriques. On exprime toujours la fantomalisation des objets dans le langage des hallucinations visuelles. Mais pour un rêveur de mots, il y a des fantomalisations par le langage. Pour aller à ces profondeurs oniriques, il faut laisser aux mots le temps de rêver. Et c’est ainsi qu’en méditant la remarque de Valéry, on est conduit à se libérer de la téléologie de la phrase. Ainsi, pour un rêveur de mots, il y a des mots qui sont des coquilles de parole. Oui, en écoutant certains mots. comme l’enfant écoute la mer en un coquillage, un rêveur de mots entend les rumeurs d’un monde de songes.

D’autres rêves naissent encore quand, au lieu de lire ou de parler, on écrit comme on écrivait jadis au temps où l’on était écolier. Dans le soin de la belle écriture, il semble qu’on se déplace à l’intérieur des mots. Une lettre étonne, on l’entendait mal en lisant, on l’écoute autrement sous la plume attentive. Ainsi un poète peut écrire: «Dans les boucles des consonnes, qui jamais ne résonnent, dans les nœuds des voyelles, qui jamais ne vocalisent, saurais-je installer ma demeure?»

Jusqu’où peut aller un rêveur de lettres, cette affirmation d’un poète en témoigne: «Les mots sont des corps dont les lettres sont les membres. Le sexe est toujours une voyelle.»

Dans la pénétrante préface que Gabriel Bounoure a mis au recueil des poèmes d’Edmond Jabès, on peut lire: le poète «sait qu’une vie violente, rebelle, sexuelle, analogique se déploie dans l’écriture et l’articulation. Aux consonnes qui dessinent la structure masculine du vocable se marient les nuances changeantes, les colorations fines et nuancées des féminines voyelles. Les mots sont sexués comme nous et comme nous membres du Logos. Comme nous ils cherchent leur accomplissement dans un royaume de vérité; leurs rébellions, leurs nostalgies, leurs affinités, leurs tendances sont comme les nôtres aimantés par l’archétype de l’Androgyne».

Pour rêver si loin, suffit-il de lire? Ne faut-il pas écrire? Écrire comme en notre passé d’écolier, en ces termes où, comme le dit Bounoure, les lettres, une par une, s’écrivaient ou bien dans leur gibbosité ou bien dans leur prétentieuse élégance? En ces temps-là, l’orthographe était un drame, notre drame d’écriture travaillant dans l’intérieur d’un mot. Edmond Jabès me rend ainsi à des souvenirs oubliés. Il écrit: «Mon Dieu, faites qu’à l’école, demain, je sache orthographier «Chrysanthème», qu’entre les différentes façons d’écrire ce mot, je tombe sur la bonne. Mon Dieu, faites que les lettres qui le livrent me viennent en aide, que mon maître comprenne qu’il s’agit bien de la fleur qu’il affectionne et non de la pyxide dont je puis à volonté colorier la carcasse, denteler l’ombre et le fond des yeux et qui hante mes rêveries.»

Et ce mot chrysanthème avec un intérieur si chaud, de quel genre peut-il être? Ce genre dépend pour moi de tels novembres d’autrefois. On disait dans mon vieux pays soit un, soit une. Sans l’aide de la couleur comment se mettre le genre dans l’oreille?

En écrivant, on découvre dans les mots des sonorités intérieures. Les diphtongues sonnent autrement sous la plume. On les entend dans leurs sons divorcés. Est-ce souffrance? Est-ce une nouvelle volupté? Qui nous dira les délices douloureuses que le poète trouve en glissant un hiatus au cœur même d’un mot. Écoutez les souffrances d’un vers mallarméen où chaque hémistiche a son conflit de voyelles:

Pour ouïr dans la chair pleurer le diamant

En trois morceaux s’en va le diamant qui révèle la fragilité de son nom. Ainsi s’expose le sadisme d’un grand poète.

En lisant trop vite, le vers est un décasyllabe. Mais quand ma plume épelle, le vers retrouve ses douze pieds et l’oreille est obligée au noble travail d’un rare alexandrin.

Mais ces grands travaux de la musicalité des vers dépasse le savoir d’un rêveur. Nos rêveries de mots ne descendent pas en la profondeur des vocables et nous ne savons dire des vers que dans une parole intérieure. Nous ne sommes décidément qu’un adepte de la lecture solitaire. »

* * * * *

Ayant avoué—sans doute avec trop de complaisance—ces pensées vagabondes qui tournent autour d’une idée fixe, ces vésanies qui se multiplient dans les heures de rêverie, qu’il me soit permis d’indiquer la place qu’elles ont tenu dans ma vie de travailleur intellectuel.

Si je devais résumer une carrière irrégulière et laborieuse, marquée par des livres divers, le mieux serait de la mettre sous les signes contradictoires, masculin et féminin, du concept et de l’image. Entre le concept et l’image pas de synthèse. Pas non plus de filiation; surtout pas cette filiation, toujours dite, jamais vécue, par laquelle les psychologues font sortir le concept de la pluralité des images. Qui se donne de tout son esprit au concept, de toute son âme à l’image sait bien que les concepts et les images se développent sur deux lignes divergentes de la vie spirituelle.

Peut-être même est-il bon d’exciter une rivalité entre l’activité conceptuelle et l’activité d’imagination. En tout cas, on ne trouve que mécompte si l’on prétend les faire coopérer. L’image ne peut donner une matière au concept. Le concept en donnant une stabilité à l’image en étoufferait la vie.

Ce n’est pas moi non plus qui tenterai d’affaiblir par des transactions confusionnelles la nette polarité de l’intellect et de l’imagination. J’ai cru devoir jadis écrire un livre pour exorciser les images qui prétendent, dans une culture scientifique, engendrer et soutenir les concepts. Quand le concept a pris son essentielle activité, c’est-à-dire quand il fonctionne dans un champ de concept, quelle mollesse—quelle féminité!—il y aurait à se servir d’images. Dans ce fort tissu qu’est la pensée rationnelle interviennent des inter-concepts, c’est-à-dire des concepts qui ne reçoivent leur sens et leur rigueur que dans leurs relations rationnelles. Nous avons donné des exemples de ces inter-concepts dans notre ouvrage: Le rationalisme appliqué. Dans la pensée scientifique, le concept fonctionne d’autant mieux qu’il est sevré de toute arrière-image. Dans son plein exercice, le concept scientifique est débarrassé de toutes les lenteurs de son évolution génétique, évolution qui relève dès lors de la simple psychologie.

La virilité du savoir augmente à chaque conquête de l’abstraction constructive, dont l’action est si différente de celle décrite dans les livres de psychologie. La puissance d’organisation de la pensée abstraite en mathématiques est manifeste. Comme le dit Nietzsche: «Dans les mathématiques… la connaissance absolue fête ses saturnales.»

Qui s’adonne avec enthousiasme à la pensée rationnelle peut se désintéresser des fumées et des brumes par lesquelles les irrationalistes tentent de mettre des doutes autour de la lumière active des concepts bien associés…

—Gaston Bachelard (Extraits La Poétique de la Rêverie)

 

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N’aimer plus vivre que les doigts dedans !


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N’aimer plus vivre que les doigts dedans !

Jeter par dessus bord

le sirop des mots emporte-pièces

ce sparadrap du vif

qui coud ta blessure

et t’ablatère l’esprit clitoris

d’hypocrisie de la chair

qu’un puritanisme d’église

invite à la la prière

Impudique contrefaçon

répandue de haut au bien bas

des nouvelles régions françaises

T’es percée

j’en suis mort aise et j’y tenon

Ô Vie

Ô Amour

cri qui gerbe pour occire le dernier souffle

et laisser place à l’Être Pur

Ecorché-Vif !

Niala-Loisobleu – 09/05/16

Allain Leprest, ce géant à la poésie écorchée