DANS LE SILENCE DE LA MAISON – CHANTAL COULIOU


DANS LE SILENCE DE LA MAISON – CHANTAL COULIOU

Clair de lune sur le jardin. Les arbres s’affolent blanchis par la nuit. La veilleuse ne suffit pas à calmer les battements de mon cœur.
Par la meurtrière, les éclats de lune lacèrent mon sommeil.

Dans le jardin
l’épouvantail, seul sous l’orage
et sans parapluie

* * *

Pas à pas, prendre toute la mesure de la vie sur l’île. Petites plages abritées, dolmens, menhirs semés au gré du vent. Au loin, un fouillis d’îlots et un morceau du continent.

Cercle de pierres
et palabres des ancêtres
– les pieds dans l’eau

* * *

Le cimetière a des allures fantastiques, illuminé par les faisceaux de l’orage. Les sépultures blanchies à la chaux. Même la chouette du clocher n’ose plus hululer. Le laisser-aller de l’orage l’effraie et l’ossuaire tremble.
Au petit matin, pas d’Angélus. Le clocher est resté muet.

La lumière du jour
joue sur les toits d’ardoise
à cloche-pied

* * *

La course folle des jours sur la table de la cuisine. Le calendrier qui ne veut plus s’arrêter de courir. Ecrire debout, tout en surveillant la cuisson du bœuf bourguignon dans le tranchant du soir quand le corps se vide de son énergie et se délivre de ses incertitudes dans l’errance d’un verre de vin.

La liste des courses
sur l’ardoise
– pas de volontaires

* * *

Tout le monde s’agite autour du cimetière. Sur les tombes fraîchement nettoyées, lavées et briquées, l’uniformité des chrysanthèmes. Bientôt la Toussaint. Même l’orage s’en mêle. Quelques coups de tonnerre retentissent. Des éclairs zèbrent le ciel au regard sombre.

Une veste oubliée
au milieu du cimetière
celle du jardinier ?

Chantal Couliou

POURQUOI, SEULS LES RIDEAUX TREMBLENT ?


POURQUOI,

SEULS LES RIDEAUX TREMBLENT ?

Depuis qu’en plein jour, on n’aperçoive plus un bout du soleil

je laisse les volets ouverts des fois qu’une visite se risquerait à venir

mais à part l’eau et la neige, peu viennent s’asseoir sur le remonte-pente

Je n’ai pas croisé un lézard sur le plafond bas depuis je me rappelle plus quand

au point que le dépôt de colis d’en face a demandé un déplacement n’importe où…

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Niala-Loisobleu.

13 Février 2025

SANS UNE CÔTE EN VUE, LA MER EST SOUVENT TROP LONGUE


PABLO PICASSO

SANS UNE CÔTE EN VUE

LA MER EST SOUVENT TROP LONGUE

A l’exemple du vieux toro andalou

partir naviguer les cales vides s’avérait imprudent

Sans herbe fraîche à brouter

le risque de scorbut devenant endémique

Les vagues défilent sans que la prochaine apporte une nouvelle image

au point qu’aujourd’hui où l’on envisage de détruire le Phare de la Coubre

sans les naturistes que l’hiver camoufle

qu’apercevrons-nous de charnel vers la Pointe Espagnole

qui écarte la peur de vivre en toute absence de pelage ?

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Niala-Loisobleu.

8 Février 2025

PICASSO A L’HEURE DE LA TOURTERELLE


PICASSO A L’HEURE DE LA TOURTERELLE

La côte est sauvage comme une dune passée par-dessus la palisse

et le bruit que les vagues ne demandent qu’à laisser traîner

s »étale de toute la place prise par ce corps nu exposé en toute indépendance

C’est un heureux présage à l’heure où les baleines s’échouent

voir cet innocent oiseau débusquer

au milieu de l’invasion de méduses sur les plages

Bien que consigné à domicile pour cause de canicule

ça m’éventaille un brin l’imaginaire

ce souvenir revenu de traversée atlantique.

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Niala-Loisobleu.

31 Juillet 2024

ANDALOUSES VOLUPTES


ANDALOUSES VOLUPTES

On l’a senti avant l’heure, la place exhalait déjà les chaleurs torrines en avance sur les arènes

il est des jours quand Pablo laisse libre-cours à ses mains

où les éventails ne peuvent réprimer le feu qui sort du flamenco en déshabillé.

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Niala-Loisobleu.

7 Juin 2024

UNE FEMME M’ATTEND PAR WALT WHITMAN


PABLO PICASSO

UNE FEMME M’ATTEND

PAR

WALT WHITMAN

Une femme m’attend, elle contient tout, rien n’y manque;
Mais tout manquerait, si le sexe n’y était pas, et si pas la sève de l’homme qu’il faut.

Le sexe contient tout,
Corps, âmes, Idées, preuves, puretés, délicatesses, fins, diffusions,
Chants, commandements, santé, orgueil, le mystère de la maternité, le lait séminal,
Tous espoirs, bienfaisances, dispensations,
Toutes passions, amours, beautés, délices de la terre,
Tous gouvernements, juges, dieux, conducteurs de la terre,
C’est dans le sexe, comme autant de facultés du sexe, et toutes ses raisons d’être.

Sans douté, l’homme, tel que je l’aime, sait et avoue les délices de son sexe,
Sans doute, la femme, telle que je l’aime, sait et avoue les délices du sien.

Ainsi, je n’ai que faire des femmes insensibles,
Je veux aller avec celle qui m’attend, avec ces femmes qui ont le sang chaud et peuvent me faire face,
Je vois qu’elles me comprennent et ne se détournent pas.
Je vois qu’elles sont dignes de moi. C’est de ces femmes que je veux être le solide époux.

Elles ne sont pas moins que moi, en rien;
Elles ont la face tannée par les soleils radieux et les vents qui passent,
Leur chair a la vieille souplesse divine, le bon vieux ressort divin;
Elles savent nager, ramer, monter à cheval, lutter, chasser, courir, frapper, fuir et attaquer, résister, se défendre.
Elles sont extrêmes dans leur légitimité, – elles sont calmes, limpides, en parfaite possession d’elles-mêmes.

Je t’attire à moi, femme.
Je ne puis te laisser passer, je voudrais te faire un bien;
Je suis pour toi et tu es pour moi, non seulement pour l’amour de nous, mais pour l’amour d’autres encore,
En toi dorment de plus grands héros, de plus grands bardes.
Et ils refusent d’être éveillés par un autre homme que moi.

C’est moi, femme, je vois mon chemin;
Je suis austère, âpre, immense, inébranlable, mais je t’aime;
Allons, je ne te blesse pas plus qu’il ne te faut,
Je verse l’essence qui engendrera des garçons et des filles dignes de ces Etats-Unis; j’y vais d’un muscle rude et attentionné,
Et je m’enlace bien efficacement, et je n’écoute nulles supplications,
Et je ne puis me retirer avant d’avoir déposé ce qui s’est accumulé si longuement en moi.

A travers toi je lâche les fleuves endigués de mon être,
En toi je dépose un millier d’ans en avant,
Sur toi je greffe le plus cher de moi et de l’Amérique,
Les gouttes que je distille en toi grandiront en chaudes et puissantes filles, en artistes de demain, musiciens, bardes;
Les enfants que j’engendre en toi engendreront à leur tour,
Je demande que des hommes parfaits, des femmes parfaites sortent de mes frais amoureux;
Je les attends, qu’ils s’accouplent un jour avec d’autres, comme nous accouplons à cette heure,
Je compte sur les fruits de leurs arrosements jaillissants, comme je compte sur les fruits des arrosements jaillissants que je donne en cette heure.
Et je surveillerai les moissons d’amour, naissance, vie, mort, immortalité, que je sème en cette heure, si amoureusement.

Walt Whitman

Extrait de: 

 Feuilles d’Herbes, traduit par Jules Laforgue

LA MULETA EN CORNEE


PABLO PICASSO

LA MULETA EN CORNEE

Du haut de Ronda je plonge mon regard

l’infini se découvre

puis refoule les effluves qui montent du labyrinthe

Au retourné de l’aisselle Angèle

chante sa bi-sexualité laissant le choix au toro de charger

ou de passer la main comme on descend de voiture en marche

C’est la mode de la tripe de quand

l’escort comble le poignet de la veuve

que l’entorse est admise

comme palmade

Si Bardot m’était contée je trouverai bien un coin où St-Tropez avait l’arène sur sa langue

en toute tolérance

mais c’est encore une question de culture qui suit un rite ésotérique que l’ oficionado du jour non averti juge

Ah les petites maisons-blanches accrochées à flan de montagne m’évoquent une sorte d’escalade où avant de s’encorder à la connerie humaine on apprenait à s’initier avant d’ouvrir sa gueule

Le fond des choses quand ça reste accroché à la crémaillère, dans la marmite la soupe ne demande qu’un bout de l’art et des légumes pour beaucoup d’ô chaque jour

L’être retrouve une raison de vivre normalement

Ole, ole !!!

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Niala-Loisobleu.

16 Février 2023

LE SOLEIL LUI FAIT L’AMOUR


PABLO PICASSO

LE SOLEIL LUI FAIT L’AMOUR

Debout sur le balcon de la mer

elle s’ouvre au soleil

regardant l’âne qui traverse le désert

comme l’envie qui la réchauffe

d’un trait de plume.

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Niala-Loisobleu.

9 Février 2023

BLOG-NOTES A L’ENCRE 1


BLOG-NOTES A L’ENCRE 1

Sans qu’un bruit de rideau de fer trouble la pensée, si ma main tremble c’est de voir le chien empli de compagnie

Y aurait-il dans la rage à effacer la nature un os à moelle gardé au Muséum ?

Ce vieux taureau espagnol qui a perdu une de ses filles aujourd’hui, est à mes côtés toujours en érection. Sûr que dans l’Histoire qui est la sienne il reste bien vivant

Lui derrière elle, toute ouverte, en position d’ajouter des notes aux pages

Comme la Saint-Jacques en saison favorable

De quoi me donner de l’idée pour continuer à peindre le fond de la nature où rien ne meurt, preuve la connerie

En revanche si l’anémone a choisi cet endroit de la Femme pour battre des zèles, là c’est preuve d’intelligence

Ah si j’ai moins allumé de cierges que pris de départs aux aisselles pour franchir le Rubicon, il se trouve que la lumière n’a pas connu de crise

Que les canards continuent d’avoir la palme érotique

et les cygnes la marque évidente que c’est en haut du col que l’orgasme trouve naissance.

Niala-Loisobleu.

22 Décembre 2022

OUVRAGE DE DAME DU ROI


OUVRAGE DE DAME DU ROI

Se laver la bouche pour que la laine réchauffe mon temps d’arrêt de peinture, provoque une sortie au Musée Picasso. Et voyant Olga cousant tranquillement dans l’assurance d’un dessin du Maître ça me réconforte comme vous n’imaginez pas. L’inutile qui fait fureur se désagrège de lui-même comme après lecture du message de mission impossible. C’est calme et serein au point d’apporter le truc qui vous tient sur les jambes et non sur la tête. Pas grand-chose, une bistouquette ordinaire sans le remède développeur menteur. Les yeux de taille humaine. Les mains honnêtes. Puis une foi sacrée qui se passe des évangiles. Loin mais plus près qu’on pense une pensée pour quelqu’un…

Niala- Loisobleu – 10 Décembre 2022