Catégorie : Louis Aragon
JE TIENDRAIS

NIALA 100X73 EN COURS
JE TIENDRAIS…CE SERA MON NOUVEAU-NE DE 2024
Je ne veux pas que tout ce qui n’aboutit qu’au vide
vienne se coller à moi pour me dire
« BONNE ANNEE »
Moi j’enfante, comme l’arbre, qui possède le double-sexe
Rose à la volée du semeur
Jaune le geste déployé
dans l’éteint de la friche du temps présent
La vie dans chaque mur au sein de ses fenêtres
en corps construire
en éjaculant mon sperme bleu de nouveau
Jacqueline au-delà
par tout ce qui poursuit sa suite
je leur renvoie la triste nouvelle reçue aujourd’hui maintenant que la jeunesse me redonne de quoi refuser…
.
Niala-Loisobleu.
26 Décembre 2023
MA PEINTURE EN COURS DE CE JOUR -DEVINE – LOUIS ARAGON

MA PEINTURE EN COURS DE CE JOUR
100×100
DEVINE – LOUIS ARAGON
Un grand champ de lin bleu parmi les raisins noirs
Lorsque vers moi le vent l’incline frémissant
Un grand champ de lin bleu qui fait au ciel miroir
Et c’est moi qui frémis jusqu’au fond de mon sang, devine
Un grand champ de lin bleu dans le jour revenu
Longtemps y traîne encore une brume des songes
Et j’ai peur d’y lever des oiseaux inconnus
Dont au loin l’ombre ailée obscurément s’allonge, devine
Un grand champ de lin bleu de la couleur des larmes
Ouvert sur un pays que seul l’amour connaît
Où tout a des parfums le pouvoir et le charme
Comme si des baisers toujours s’y promenaient, devine
Un grand champ de lin bleu dont c’est l’étonnement
Toujours à decouvrir une eau pure et profonde
De son manteau couvrant miraculeusement
Est-ce un lac ou la mer les épaules du monde ? Devine
Un grand champ de lin bleu qui parle rit et pleure
Je m’y plonge et m’y perds dis-moi devines-tu
Quelle semaille y fit la joie et la douleur
Et pourquoi de l’aimer vous enivre et vous tue ? Devine.
Louis Aragon
JEAN FERRAT – LES OISEAUX DEGUISES
QUE LA VIE EN VAUT LA PEINE – LOUIS ARAGON

QUE LA VIE EN VAUT LA PEINE
LOUIS ARAGON
C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes
Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix
D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages
Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant
C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre
Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement
Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche
Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et
Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie
Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre
Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon
Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font
Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indiffèrent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche
La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri
Cet enfer
Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.
Louis Aragon
COQ – LOUIS ARAGON

COQ
LOUIS ARAGON
Le coq
Oiseau de fer qui dit le vent
Oiseau qui chante au jour levant
Oiseau bel oiseau querelleur
Oiseau plus fort que nos malheurs
Oiseau sur l’église et l’auvent
Oiseau de France comme avant
Oiseau de toutes les couleurs.
Louis Aragon
ACROBATE PAR LOUIS ARAGON

ACROBATE
PAR
LOUIS ARAGON
Bras en sang
Gai comme les sainfoins
L’hyperbole retombe Les mains
Les oiseaux sont des nombres
L’algèbre est dans les arbres
C’est Rousseau qui peignit sur la portée du ciel
Cette musique à vocalises
Cent À Cent pour la vie
Qui tatoue
Je fais la roue sur les remparts.
Louis Aragon
Recueil: Feu de Joie
La Comptine du Quai Aux Fleurs -Jacques Marchais/Aragon

La Comptine du Quai Aux Fleurs
Jacques Marchais/Aragon
La comptine du Quai aux Fleurs
C’est ici que la légende
A mûri comme un grain lourd
Et que l’univers m’entende
Quand je chante mes amours
C’est ce peuple qui commence
Son histoire à Roncevaux
Roland l’ancienne romance
Et Fabien le chant nouveau
Comme on tresse avec la paille
Des paniers de deux couleurs
Je mêle aux noms de batailles
Les brins noirs de nos douleurs
La Bastille et la Commune
Les Bouvines et les Valmy
Jeanne et Péri ce n’est qu’une
Longue histoire mes amis
Châteaubriant Timbaud tombe
Brulez enfants d’Oradour
Au soleil des hécatombes
Sur la France il fait grand jour
Paris sonne sa revanche
Que de roses dans Paris
Dans Paris que de pervenches
Et le Luxembourg est pris
Pour achever ma comptine
Je marie en un bouquet
Au romarin l’églantine
La marguerite au muguet
De l’Etoile à La Vilette
Et de Montrouge aux Lilas
Violettes violettes
Je vous donne à ces gens là
Louis Aragon
Tu avais beau faire et beau dire – Marc Ogeret/louis Aragon

Tu avais beau faire et beau dire
Marc Ogeret/Louis Aragon
Tu avais beau faire et beau dire
Tu avais beau faire et beau dire
Je fus cette ombre qui te suit
Le temps par tes doigts qui s’enfuit
Comme le sable noir des nuits
Le soleil brisé dans la pluie
Tu avais beau faire et beau dire
Je fus là l’hiver et l’été
Un air dans la tête resté
D’avoir été sans fin chanté
Ou simplement d’avoir été
Tu avais beau faire et beau dire
Sur tes pas où tu vas je veux
Être ce bruit que fait le feu
Cet écho qui semble un aveu
L’Ave du vent dans tes cheveux
Tu avais beau faire et beau dire
Tu ne te parvins démêler
De ce qui fut ou m’a semblé
De ce amour dont j’ai tremblé
De ce bonheur que j’ai volé
Tu avais beau faire et beau dire
Te fermer à ce que je dis
Jurer Dieu que j’en ai menti
Détourner tes yeux vers l’oubli
Nier mon cœur et ma folie
Tu avais beau faire et beau dire
Voici venu les jours sans nous
Et pour les gens de n’importe où
Je demeure sur tes genoux
Comme un bouquet qui se dénoue
Tu avais beau faire et beau dire
Louis Aragon
LE FEU – MARC OGERET/ LOUIS ARAGON

LE FEU – MARC OGERET/LOUIS ARAGON
Mon Dieu, mon Dieu, cela ne s’éteint pas
Toute ma forêt, je suis là qui brûle
J’avais pris ce feu pour le crépuscule
Je croyais mon cœur à son dernier pas.
J’attendais toujours le jour d’être cendre
Je lisais vieillir où brise l’osier
Je guettais l’instant d’après le brasier
J’écoutais le chant des cendres, descendre.
J’étais du couteau, de l’âge égorgé
Je portais mes doigts où vivre me saigne
Mesurant ainsi la fin de mon règne
Le peu qu’il me reste et le rien que j’ai.
Mais puisqu’il faut bien que douleur s’achève
Parfois j’y prenais mon contentement
Pariant sur l’ombre et sur le moment
Où la porte ouvrant, déchire le rêve.
Mais j’ai beau vouloir en avoir fini
Chercher dans ce corps l’alarme et l’alerte
L’absence et la nuit, l’abîme et la perte
J’en porte dans moi le profond déni.
Il s’y lève un vent qui tient du prodige
L’approche de toi qui me fait printemps
Je n’ai jamais eu de ma vie autant
Même entre tes bras, aujourd’hui vertige.
Le souffrir d’aimer flamme perpétue
En moi l’incendie étend ses ravages
A rien n’a servi, ni le temps, ni l’âge
Mon âme, mon âme, où m’entraînes-tu ?
Où m’entraînes-tu ?
Louis Aragon
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