MARGUERITE EN MUSIQUE DE CHAMBRE


MARGUERITE

EN

MUSIQUE DE CHAMBRE

2021

croise au large sa rupture d’amarre

plus un pétale ne retient la maison dans les arbres

marée-noire

où l’oiseau reste englué dans les ruines du naufrage

Le Peintre raciné à l’anémone protège la barrière de corail et cherche à rejoindre la côte

Remonte un appel du lointain dans les rugissants

un bateau-ivre

faisceau de lumière pure et sans fards qui balaie le ras d’eau

Portée par le vent hors des sirènes la voie ouvre en arrière sur l’avant

C’était Il était une Foi…

Niala-Loisobleu.

15 Novembre 2022

L’AMOUR – LEO FERRE


L’AMOUR – LEO FERRE

Quand y’a la mer et puis les ch’vaux
Qui font des tours comme au ciné
Mais qu’ dans tes bras c’est bien plus beau
Quand y’a la mer et puis les ch’vaux
Quand la raison n’a plus raison
Et qu’ nos yeux jouent à s’ renverser
Et qu’on n’ sait plus qui est
F patron
Quand la raison n’a plus raison
Quand on rat’rait la fin du monde
Et qu’on vendrait l’éternité
Pour cette éternelle seconde
Quand on rat’rait la fin du monde
Quand le diable nous voit pâlir
Quand y’a plus moyen d’ dessiner
La fleur d’amour qui va s’ouvrir
Quand le diable nous voit pâlir
Quand la machine a démarré
Quand on n’ sait plus bien où l’on est
Et qu’on attend c’ qui va s’ passer

Léo Ferré

La Sorgue – Paroles et musique de Léo Ferré


LA SORGUE – PAROLES ET MUSIQUE DE LÉO FERRÉ

Je suis le tapin de la lune
Sur le macadam à Greenwich
Et mes jupons troués de lunes
Se retroussent devant l’anglich

Je suis la copine à radar
Ce curieux ce flic ce voyeur
Et chaque fois qu’il est de quart
Je me mets à poil sans pudeur

Je suis la plage d’océan
Où je compte des grains de sable
Que je refile à un marchand
En société avec le diable

Je suis la gomme à effacer
Les gratte-ciel au crépuscule
Et le buvard qui vient sécher
Les mains moites des funambules

Je suis la couche du soleil
Qui ferme ses yeux dans mes mains
Chaque soir en grand appareil
Avec des étoiles (s) à mon sein

Je suis la voûte impénétrable
Des oiseaux fous volant de nuit
Et qui picorent à ma table
Des logarithme(s) et du défi

Je suis le jour des yeux crevés
Et qui regardent en dedans
Des couleurs à réinventer
Que ne voient jamais les voyants

Je suis l’orgue des anonymes
Qui me pelotent de leurs doigts
Avec des cris d’amour sublimes
Qui me jaillissent malgré moi

Je suis la femme du soldat
Sur un châlit de paille rêche
Qu’il prend perhaps pour de la soie
Tellement mes rêves le lèchent

Je suis la lame du bandit
Que le crime paie quelquefois
Et quand on parle de minuit
C’est en plein milieu de chez moi

Je suis la soie du condamné
Comme une araignée je déroule
La toile du remords et fais
Qu’au petit jour il perd la boule

Je suis la graine d’hôpital
Qui pousse des fleurs mécaniques
Pétales d’aube et de bocal
Où baignent mes nuits romantiques

Je suis la raison d’espérer
De l’anarchiste et du poète
Et je tiens leurs idées au frais

En attendant qu’on les achète


Léo Ferré - La sorgue

SOLEIL COUCHANT


SOLEIL COUCHANT

La poignée de cailloux ramassée, dans le vent qui la jette, casse la protection des vitres

Sur l’erre l’horizon dérive

On aurait dit un rire, ce n’est qu’un jappement de hyène qui finit de mordre la vie autour des façades d’un refuge où les langues étrangement se mignotent pour faire semblant d’exercer du sentiment

L’envie de feindre tend la main

Les trottoirs hébergent

Cézanne du haut de la Ste-Victoire aide Zola comme j’accuse

On demande à Gutemberg son impression sans succès

La dépression conduit aux feuilles blanches d’un automne qui ne sait pas comment faire et en corps moins comment dire

Ô soleil couchant les seins tombent dans une dernière prière au père des filles de Lesbos pour implorer un enfant de lui.

Niala-Loisobleu – 24 Octobre 2022

DU SURSAUT DE LA CAMPAGNE


DU SURSAUT DE LA CAMPAGNE

Restent assez de lauriers pas coupés pour renaître le cou vers

Le froid garde mieux que les grosses chaleurs qui sont étrangères aux choses du coeur

Léo en ouvrant le sien à la source a tenu l’herbe haute et touffue, grasse de vapeurs

Alpage vivifiant pour la transhumance loin des sécheresses

Fêtons-là sans puritanisme

Le beau ça ne s’habille pas d’hypocrisie, ça se montre humide, fausse-chasteté rangée dans le tiroir à culottes

Gustave, artiste jusqu’à l’os en a tiré l’origine sans raser la moelle arboricole, grâce lui soit rendue

J’y bois et trinque avec Léo.

Niala-Loisobleu – 22 Septembre 2022

Léo Ferré « Ta Source »


« L’ORIGINE DU MONDE » GUSTAVE COURBET

« Ta source »

Léo Ferré

Elle naît tout en bas d’un lieu géométrique
A la sentir couler, je me crois à la mer
Parmi les poissons fous, c’est comme une musique
C’est le printemps et c’est l’automne et c’est l’hiver

L’été, ses fleurs mouillées au rythme de l’extase
Dans des bras de folie accrochent les amants
On dirait que l’amour n’a plus besoin de phrases
On dirait que les lèvres n’ont plus besoin d’enfants

Elles coulent les sources, en robe ou en guenilles
Celles qui sont fermées, celles qu’on n’ouvre plus
Sous des linges qu’on dit marqués du sceau des filles
Et ces marques, ça me fait croire qu’il a plu

Qui que tu sois, toi que je vois, de ma voix triste
Microsillonne-toi et je n’en saurai rien
Coule dans ton phono ma voix de l’improviste
Ma musique te prend les reins alors tu viens

Ta dune, je la vois, je la sens qui m’ensable
Avec ce va-et-vient de ta mer qui s’en va
Qui s’en va et revient mieux que l’imaginable
Ta source, tu le sais, ne s’imagine pas

Et tu fais de ma bouche un complice estuaire
Et tes baisers mouillés dérivant de ton cygne
Ne se retourneront jamais pour voir la Terre
Ta source s’est perdue au fond de ma poitrine

Ta source… je l’ai bue

Léo Ferré

LEO FERRE – LA POESIE


LEO FERRE – LA POESIE

J’ai du savon qui lave
Les péchés capitaux
Un stylo-bille qui grave
Le goût d’un apéro
Un soutien-gorge à piles
Qui ne s’allume qu’aux beaux yeux
Un dentifrice habile
A blanchir les aveux
Un buvard facétieux
Qui sèche les chagrins
Un oeil pour lire à deux
Quand le jour s’est éteint
Un violon capital
Voilé de Chambertin
A faire sonner le mal
Plus fort que le tocsin

Si ça ne va pas
Tu peux toujours aller la voir
Tu demanderas
La Poésie
On t’ouvrira
Même si elle n’est pas là
D’ailleurs elle n’est pas là
Mais dans la tête d’un fou
Ou bien chez des voyous
Habillés de chagrin
Qui vont par les chemins
Chercher leur bonne amie
La Poésie

J’ai des bas pour boiteuse
A faire boiter l’ennui
Et des parfums de gueuse
A remplir tout Paris
Des pendules à marquer
Le temps d’un beau silence
Des lassos à lacer
Les garces de la chance
Des machines à souffler
Le vert de l’espérance
Et des vignes à chanter
Les messes de la démence
Des oiseaux-transistors
Qui chantent sur la neige
Garantis plaqués-or
Plaqués par le solfège

Si ça ne va pas
Tu peux toujours aller la voir
Tu demanderas
La Poésie
On t’ouvrira
Même si elle n’est pas là
D’ailleurs elle n’est pas là
Mais dans la tête d’un fou
Qui se prend pour un hibou
A regarder la nuit
Habillée de souris
Comme sa bonne amie
La Poésie

J’ai du cirage blond
Quand les blés vont blêmir
De la glace à façon
Pour glacer les soupirs
Des lèvres pour baiser
Les aubes dévêtues
Quand le givre est passé
Avec ses doigts pointus
J’ai tant d’azur dans l’âme
Qu’on n’y voit que du bleu
Quand le rouge m’enflamme
C’est moi qui suis le feu
J’ai la blancheur du cygne
A blanchir tout Saint-Cyr
Et sur un de mes signes
On meurt pour le plaisir

Si ça ne va pas
Tu peux toujours aller la voir
Tu demanderas
La Poésie
On t’ouvrira
Des fois qu’elle serait là
Elle te recevrait même pas
Elle n’est là pour personne
Elle n’aime pas qu’on la sonne
C’est pas une domestique
Elle sait bouffer des briques
Mais quand elle veut, Elle crie

La Vie d’Artiste – Léo Ferré


Léo Ferré

La vie d’artiste – Léo Ferré

É

Je t’ai rencontrée par hasard
Ici, ailleurs ou autre part
Il se peut que tu t’en souviennes.
Sans se connaître on s’est aimés
Et même si ce n’est pas vrai
Il faut croire à l’histoire ancienne.

Je t’ai donné ce que j’avais
De quoi chanter, de quoi rêver.
Et tu croyais en ma bohème
Mais si tu pensais à vingt ans
Qu’on peut vivre de l’air du temps
Ton point de vue n’est plus le même.
Cette fameuse fin du mois
Qui depuis qu’on est toi et moi
Nous revient sept fois par semaine
Et nos soirées sans cinéma
Et mon succès qui ne vient pas
Et notre pitance incertaine.
Tu vois je n’ai rien oublié
Dans ce bilan triste à pleurer
Qui constate notre faillite.
 » Il te reste encore de beaux jours
Profites-en mon pauvre amour
Les belles années passent vite. »
Et maintenant tu vas partir
Tous les deux nous allons vieillir
Chacun pour soi, comme c’est triste.
Tu peux remporter le phono
Moi je conserve le piano
Je continue ma vie d’artiste.
Plus tard sans trop savoir pourquoi
Un étranger, un maladroit
Lisant mon nom sur une affiche
Te parlera de mes succès
Mais un peu triste toi qui sais
 » Tu lui diras que je m’en fiche…
que je m’en fiche… »

Y a une étoile • Renée Claude (& Léo Ferré)


Y a une étoile • Renée Claude (& Léo Ferré)

25 DÉCEMBRE 2021

Renée Claude est morte l’an dernier. Son album d’hommage à l’œuvre de Léo Ferré, On a marché sur l’amour : Renée Claude chante Léo Ferré, paru au Québec en 1994, est une splendeur d’un bout à l’autre.

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Renée Claude (1939-2020) • Y a une étoile. Léo Ferré, paroles & musique.
Renée Claude, chant ; Philippe Noireault, piano. Enregistrement : Montréal (Québec), Studio Karisma Audio Post Video & Film, mai-juin 1994.
Extrait de l’album On a marché sur l’amour : Renée Claude chante Léo Ferré. Canada, Transit, ℗ 1994.

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Y a une étoile est une chanson de jeunesse de Léo Ferré. Il l’a lui-même enregistrée avec d’autres du même tonneau, en Italie où il résidait, pour son ultime album de studio : Les vieux copains (1990). Il avait alors plus de soixante-dix ans.

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Léo Ferré (1916-1993) • Y a une étoile. Léo Ferré, paroles & musique.
Léo Ferré, chant, piano ; Orchestre symphonique de la RAI-Milan [Orchestra sinfonica di Milano della RAI] ; Léo Ferré, orchestrations, arrangements & direction musicale. Enregistrement : Milan (Italie), Studio Regson, en octobre 1988, puis du 11 au 13 juillet 1990.
Extrait de l’album Les vieux copains / Léo Ferré. France, EPM, ℗ 1990.

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Salut, ma vieille copine la terre !
T’es fatiguée ? Ben nous aussi !
C’est pas des raisons pour faire des manières,
Tant qu’y a le soleil qui fait crédit.
Salut, ma vieille copine la terre !

Y a une étoile au-dessus de Paris
Qui m’a fait de l’œil la nuit dernière,
Ma vieille copine la terre !
Et pendant ce temps-là, tu dormais
Enroulée dans les bras de ma mélancolie,
Pendant que je déambulais
Comme un oiseau blessé dans la nuit si jolie.

Salut, ma vieille copine la terre !
Dans tes jardins y a des soucis
Qui font de beaux printemps à la misère
Et de jolies fleurs pour les fusils.
Salut, ma vieille copine la terre !

Y a une étoile au-dessus de Paris
Qui m’a fait de l’œil la nuit dernière,
Ma vieille copine la terre !
Et toi pendant ce temps, tu peinais
À charrier sur ton dos des continents de misère,
Pendant que le soleil se dorait
Dans sa maison toute bleue pour se refaire une lumière.

Salut, ma vieille copine la terre !
Y a des diamants qui font leur nid
En se fichant pas mal de tes frontières,
Qu’il fasse jour, qu’il fasse nuit.
Salut, ma vieille copine la terre !

Y a une étoile au-dessus de Paris
Qui m’a fait de l’œil la nuit dernière,
Ma vieille copine la terre !
Si tu voulais bien en faucher deux ou trois,
Ça pourrait faire une drôle de lumière
Et mettre au front de la société
Des diamants qu’on pourrait tailler à notre manière.

Bonjour ma vieille copine la terre !
Je te salue avec mes mains,
Avec ma voix,
Avec tout ce que je n’ai pas.
Léo Ferré (1916-1993). Y a une étoile

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Léo Ferré – C’est Extra


Léo Ferré – C’est Extra

Une robe de cuir comme un fuseau
Qu’aurait du chien sans l’faire exprès
Et dedans comme un matelot
Une fille qui tangue un air anglais
C’est extra
Un moody blues qui chante la nuit
Comme un satin de blanc d’marié
Et dans le port de cette nuit
Une fille qui tangue et vient mouiller

C’est extra
C’est extra
C’est extra
C’est extraDes cheveux qui tombent comme le soir
Et d’la musique en bas des reins
Ce jazz qui d’jazze dans le noir
Et ce mal qui nous fait du bien
C’est extra
Ces mains qui jouent de l’arc-en-ciel
Sur la guitare de la vie
Et puis ces cris qui montent au ciel
Comme une cigarette qui brille

C’est extra
C’est extra
C’est extra
C’est extra

Ces bas qui tiennent hauts perchés
Comme les cordes d’un violon
Et cette chair que vient troubler
L’archet qui coule ma chanson
C’est extra
Et sous le voile à peine clos
Cette touffe de noir jésus
Qui ruisselle dans son berceau
Comme un nageur qu’on attend plusC’est extra
C’est extra
C’est extra
C’est extraUne robe de cuir comme un oubli
Qu’aurait du chien sans l’faire exprès
Et dedans comme un matin gris
Une fille qui tangue et qui se tait
C’est extra
Les moody blues qui s’en balancent
Cet ampli qui n’veut plus rien dire
Et dans la musique du silence
Une fille qui tangue et vient mourir

C’est extra
C’est extra
C’est extra
C’est extra

Es extra
Leo Ferre
Un vestido de cuero como un huso
¿Qué haría un perro sin hacerlo a propósito?
Y por dentro como un marinero
Una chica lanzando una melodía inglesa.
Es extra
Un blues malhumorado que canta en la noche
Como un satén blanco nupcial
Y en el puerto de esta noche
Una chica que lanza y viene mojada
Es extra
Es extra
Es extra
Es extra
Cabello que cae como la tarde
Y música en el fondo de los riñones
Este jazz que jazzea en la oscuridad
Y este mal que nos hace buenos
Es extra
Estas manos que tocan el arcoiris
En la guitarra de la vida
Y luego estos gritos que suben al cielo
Como un cigarrillo que brilla
Es extra
Es extra
Es extra
Es extra
Estas medias que aguantan alto
Como las cuerdas de un violín
Y esta carne que viene a turbar
El arco que fluye mi canción
Es extra
Y bajo el velo apenas cerrado
Este penacho de jesus negro
que brota en su cuna
Como un nadador que esperamos más
Es extra
Es extra
Es extra
Es extra
Un vestido de cuero como un descuido
¿Qué haría un perro sin hacerlo a propósito?
Y por dentro como una mañana gris
Una chica que lanza y que calla
Es extra
El blues malhumorado que no les importa
Este amplificador que ya no significa nada
Y en la música del silencio
Una niña que lanza y viene a morir
Es extra
Es extra
Es extra
Es extra