La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Les beaux moments sont trop courts : Francis Cabrel
Est-ce que c’est Lilas ou Jonquille Mais son parfum me joue des tours Sous des gouttières qui scintillent Elle serre dans son cœur de fill Le monde avec tout ce qui tourne autour Hey, hey, hey-ouh, autour, hey, hey
Dehors une averse crépite Sur les pavés gris de la cour Mais nos rêves sont sans limites La jolie dame qui s’abrite Porte à ses pendants d’oreille, du soleil Hey, hey, hey-ouh, du soleil, hey, hey
Dans un mouvement de bottines Et le frôlement du velours Elle part, comme tu l’imagines Et l’eau de la flaque assassine Elle l’évite d’un délicieux détour Hey, hey, hey-ouh
C’était une pluie de passage Le vent tiède est venu, dommage Sécher les pavés de la cour, hey-ouh La dame est partie un peu vite, hey-ouh Mes rêveries de terre cuite Toutes éparpillées sur le parcours Hey, hey, hey-ouh, le parcours, hey, hey
L’averse a terminé sa route Quelque part dans les alentours Accrochés aux dernières gouttes Ces mots que personne n’écoute Disent que les beaux moments sont trop courts Hey, hey, hey-ouh, trop courts, hey, hey Les beaux moments sont trop courts Hey, hey, hey-ouh, Hey, hey, hey-ouh
Goût cathare et accent occitan, le père à vélo, le cheval au piano le méplat se prend à monter, derrière ses lunettes Francis nous la joue Cabrel. Sûr que ça coule à « bougies fondues », on pourrait pas chauffer plus le lit avec l’ancien ocre des briques. Drôle d’Epoque. Le paradoxe est permanent genre virus qui profite de l’incohérence et particulièrement de l’incapacité à décider. L’école-garderie emploie des puériculteurs diplômés en plusieurs matières on se demande pourquoi faire. C’est finement con au point de perdre la tête, Samuel en premier et pour rien. Nous voilà chasseurs de d’extrémismes religieux en foutant le feu sans que ça règle quelque chose. Quelle caricature..
J’ai fait un grand pas dans le fond du jardin pour cueillir du légume ancien. De quoi sauver le beau sans passer la soupe. Quand j’ai vu comme t’étale la menthe et la dernière rose, j’ai sauté avant le chien . Puis avec un reste de sel j’ai dit si on fait de la mer on sauvera des enfants du désastre politique. Rien qu’à voir comme Valls se prostitue je me dis qu’en premier faut fermer la frontière, en deuxième remettre les lampions aux bals populaires et en troisième faire l’amour comme on le crée avec le sentiment qu’à part y a rien qui vaille
Sur la toile ton corps que j’ai peint dit sa poésie en ayant complètement relevé l’encre. Au point que du pied de l’obélisque on voit plus loin que l’étoile. On a dépassé Zanzibar, les Célèbes et leurs Claudettes, Alexandrie restera au fond comme un symbole. J’te felouque en gardant ton soleil à rive pour bourlinguer.
Niala-Loisobleu – 28 Octobre 2020
Peuple des fontaines par Francis Cabrel
J’ai confié ma peine au Peuple des fontaines Pour qu’un jour tu reviennes te pendre à mon bras Dimanche et semaine ne sont qu’une chaîne De ces jours gris qui n’en finissent pas
Des rues où je traîne toujours, toujours Toujours me reviennent ces instants trop courts Le Rhône, ou la Seine, Rimbaud ou Verlaine Rien ne m’en consolera
Princеs et souveraines, simplеs comédiennes Comme des dizaines d’amants maladroits Ont gravé les mêmes stupides rengaines Les mêmes soupirs aux mêmes endroits
Des rues où je traîne toujours, toujours Toujours me reviennent ces instants trop courts Les seules qui comprennent qui sachent où ça mène Fontaines, dites-moi
Vous qui avez tant écouté Vous qui ne sauriez pas mentir Est-ce qu’elles savent pardonner Ces belles pour qui l’on respire
Les avez-vous vues s’approcher Penchées sur vos reflets saphir Dire qu’on peut tout recommencer Cherchez bien dans vos souvenirs
J’ai confié ma peine Au Peuple des fontaines
Pour qu’un jour me revienne le bruit de tes pas
Je donnerais tout Göttingen Toutes les Suzanne de Cohen Pour ce jour béni où tu me reviendras
Je donnerais tout Göttingen Toutes les Suzanne de Cohen Pour ce jour béni où tu me reviendras
C’est normal qu’au début ça puisse surprendre On part de tellement loin qu’il faut tout reprendre Ca peut même pas mal bousculer du monde Il n’est même pas certain que l’on nous réponde Tant pis, parlons-nous Parlons-nous, rien qu’un mot, ça va c’est la forme Un sourire à moitié c’est déjà énorme Même si ça ne va pas plus loin qu’un signe de tête Ça dit, tu es là, je t’ai vu, je te respecte Alors, parlons-nous
Ça peut presque avoir l’air de chosеs insipides Allez-y, après vous, d’un gestе timide Un salut d’une main sortie de la poche On va pas pour autant, non, devenir des proches Alors parlons-nous, parlons-nous
Commencez doucement, bientôt les vacances Rentrez-vous vers chez vous, restez-vous en France Pourvu que le beau temps veuille vous sourire Parlons jusqu’à trouver quelque chose à dire Mais surtout parlons-nous
Dire n’importe quoi, des lapissades T’es plutôt TFC, ou t’es plutôt le Stade Il paraît que demain la chaleur remonte J’ai perdu quatre points sans m’en rendre compte Parlons-nous
Allez-y, perdez-vous dans des balivernes Des mots qui sonnent creux comme des cavernes On bégaye, on s’en fout puisqu’on en rigole Voyez comme on s’éloigne, voyez comme on s’isole Alors parlons-nous
Moi aussi par moments je veux voir personne J’ai des sentiments pour mon téléphone Je vis juste à côté de gens qui s’inquiètent Je devrais plus souvent relever la tête Alors parlons-nous
T’as jamais eu mon âge T’as travaillé trop dur pour ça Toutes les heures du jour à l’usine À l’entrée du village Le soir, deux jardins à la fois Et tout ça pour que tes enfants mangent Ça, je le sais bien, j’étais là
Ça en prenait du courage Pour se lever, à ces heures là Bien avant le jour et partir Dans le pas d’éclairage À mains nues sur le guidon froid Et tout ça pour que tes enfants dorment Ça, je le sais bien, j’étais là
J’aurais voulu te ressembler, je le jure Mais voilà, il suffit pas de vouloir, c’était pas dans ma nature T’as vraiment dû t’interroger, je suis sûr Et un jour, j’ai croisé une guitare, j’ai vécu comme on s’amuse T’avais les pieds sur terre Et, j’étais tout le contraire
On s’est pas dit « Je t’aime » On s’est pas serré dans les bras Concernant l’amour, il fallait Tout deviner nous même On nous laissait grandir comme ça Et, tu vois, on a grandi quand même Je le sais bien, j’étais là
D’avoir eu tant de chance Quelques fois, je me sens fautif Je regarde autour Ma maison est immense et mon jardin décoratif Et, je sais depuis ton lointain au-delà T’as gardé un œil sur moi
J’aurais voulu te ressembler, je le jure Mais voilà, il suffit pas de vouloir, c’était pas dans ma nature T’as vraiment dû t’interroger, je suis sûr Et un jour, j’ai croisé une guitare, j’ai vécu comme on s’amuse T’avais les pieds sur terre Et, j’étais tout le contraire
Tout le contraire
T’as jamais eu mon âge T’as travaillé trop dur pour ça T’as jamais eu mon âge T’as travaillé trop dur pour ça
Devant le peu qu’il reste de banquise De respirer nos chances se réduisent Notre climat se dérègle et s’affole Je sais pourquoi la Terre se réchauffe C’est quand t’as sur toi de moins en moins d’étoffe Et qu’une bretelle tombe de ton épaule Et là, les glaces glissent et fondent jusqu’aux pôles
Nos déjeuners aux particules finеs Dans les fumées de l’Indе ou de la Chine Sous le ciel noir qui descend jusqu’au sol Partout ça cuit, ça grille et ça déboise Je sais ce qui fait déborder le vase C’est quand doucement tes pudeurs s’envolent Et là, les glaces glissent et fondent jusqu’aux pôles
Tous accusés d’agresser la nature Chacun son train, son avion, sa voiture Jusqu’au Lapon et sa lampe à pétrole S’il est trop tard autant trouver ça drôle Très drôle
Quand y’aura plus de plages en Atlantique Et qu’on surfera par-dessus les boutiques Qu’on n’ira plus nulle part sans nos gondoles S’il reste un moyen d’éviter le pire En bon citoyen je veux bien le dire Mais déjà tu t’approches et tes mains me frôlent Et là, les glaces glissent et fondent jusqu’aux pôles
Tous accusés d’agresser la nature Chacun son train, son avion, sa voiture Jusqu’au Lapon et sa lampe à pétrole Tous promis à une fin suffocante Il n’y a pas d’urgence plus urgente S’il est trop tard autant trouver ça drôle Très drôle
Devant le peu qu’il reste de banquise J’essaye l’humour, je tente l’esquive Je vois bien que tout se dérègle et s’affole Ces quelques mots pour dire pardonnez-moi De vous laisser la Terre dans cet état Dans ce fracas de glaciers qui dégringolent Très drôle
Comme un ami le printemps est venu lui-même Charger de fleurs les premiers vers de mon poème Où je bénis ses yeux, son corps, sa chevelure Et tout ce qui fait vibrer mes pages d’écritures
À chacun de ses pas elle parfume l’espace C’est ma chanson pour dire comment elle se déplace Les plis de son manteau où je voudrais m’étendre Les colliers à son cou où je pourrais me pendre
Du bout des lèvres Dans ces milliers d’oiseaux que la matin soulève Dans le doute et la fièvre Je murmure un prénom qui n’existe qu’en rêve Mais elle reste de glace, elle ne répond rien, rien
J’invente des rêves sans fin, des nuits torrides Chaque matin l’aube revient sur mes mains vides S’il reste un paradis au fond du ciel immense C’est probablement entre ses bras qu’il commence
Qu’importe les mauvais chemins s’ils vont vers elle J’en finirai mieux ce refrain où je l’appelle On y entendra mes yeux couler, mon cœur se fendre Et s’ouvrir ce manteau où je veux tant m’étendre
Du bout des lèvres Dans ces milliers d’oiseaux que le matin soulève Dans le doute et la fièvre Je murmure un prénom qui n’existe qu’en rêve Mais elle reste de glace, elle ne répond rien,rien Et je reste à ma place, mais tout le monde voit bien, bien Que de tous les jours qui passent, je préfère, et de loin
Les jours où je la vois Comme un ami le printemps est venu lui-même…
Elle écoute pousser les fleurs Au milieu du bruit des moteurs Avec de l’eau de pluie Et du parfum d’encens Elle voyage de temps en temps Elle n’a jamais rien entendu Des chiens qui aboient dans la rue Elle fait du pain doré Tous les jours à quatre heures Elle mène sa vie en couleur Elle collectionne Les odeurs de l’automne Et les brindilles de bois mort Quand l’hiver arrive Elle ferme ses livres Et puis doucement
Derrière les double-rideaux de la clôture du jardin l’oiseau dépose son bonjour dans la boîte avant la venue du coq
Le parking est désert, pas d’odeurs d’essence, la lune l’éclaire sans recharge électrique de centrale à charbon
A la coquille le jardinier-pêcheur, drague le chemin de St-Jacques, étape dans ses mains, sans autre purgatoire que celui des « Bougies fondues » à la chaleur de poésie allumée dans les maisons blanches, le cheval attelé autan cathare tire des corps billards à effets, bleu à l’aqueux
M’aime si le cercle mondain quadrature par préférence, on peut poser son Centre en brassée, à la tangente de l’extérieur.
Cabrel nous chante la poésie sous tous ses angles et nous emmène à la rencontre de son moi passé pour faire le bilan de ses rencontres. « Les bougies fondues » nous raconte en musique comme on peut voir de la beauté partout, et surtout là où c’est le plus improbable !
Dans cette balade acoustique, l’artiste nous mène à la découverte de tous les événements qui ont pu l’inspirer au cours de sa vie. Des moments les plus banals aux plus dramatiques, il est constamment à la recherche de poésie, même quandil n’y en a jamais eu. La vie urbaine, la pauvreté ou encore la guerre, l’interprète de « Je t’aimais je t’aime et je t’aimerais » a passé sa vie à inventer de la poésie pour tout expliquer et enjoliver un monde trop vrai et trop froid.
Cependant, « Les bougies fondues » viennent lui rappeler que le temps passe malgré lui et quel que soit la beauté qu’il peut y trouver. Comme un memento mori, ces bougies qui se consument sont les témoins de cette seule vérité et cela même s’il préfère voir de la poésie dans les formes hasardeuses de la cire qui coule.
Pour cette chanson, Francis Cabrel partage ses moments de lucidité et en profite pour rencontrer son passé. En effet, il dresse un constat de sa vie et de ce qu’il est devenu en s’imaginant face au chanteur qu’il été. Bien que cela ne s’apparente pas à des regrets, cette version de lui, anonyme et insouciante, lui manque plus que tout.
Ce titre est extrait du quatorzième album studio de l’artiste du sud, « À l’aube revenant« . L’opus sort le 16 octobre 2020 et ses titres sont largement inspirés des troubadours du douzième siècle.
Introduit avec « Te ressembler » qu’il dédie à son père, Francis Cabrel revient avec cet album qui compte bien apporter son lot de réconfort dans cette année mouvementée. Après une absence de 5 ans depuis « In extremis », l’auteur de « Petite marie » retrouve son public. Pendant le confinement, il avait réuni plus de 100 000 spectateurs qui venaient profiter de ses lives sur les réseaux sociaux. Il ne fait aucun doute que ces derniers soient au rendez-vous pour découvrir la poésie dans ses 13 titres. Aux formes dessinées dans les bougies fondues La poésie où y’en a jamais eu
Sur mon grand canapé allongé sous la lune J’avais les bras croisés, j’attendais la fortune Entre deux cloisons vides et une ampoule nue, la poésie Ma vie allait passer paisible et sans histoires Mais tout était trop vrai et j’ai préféré croire
Une barre des meubles me barre l’horizon Ceux qui l’ont dessiné, toujours pas en prison L’enfant peut griffonner un graffiti de plus La poésie
Sur le trottoir mal fait qui se fend et qui craque Comme on marque un arrêt on se voit dans les flaques Qu’un morceau d’au-delà à nos pieds descendu La poésie où y en a jamais eu
La vie est un concours où personne ne gagne Un chemin qui s’enroule autour d’une montagne On se retrouve en haut tous, le moment venu, la poésie J’ai vu l’homme passer, armé comme à la guerre Mourir c’est son projet, il va falloir s’y faire On dansera plus tard, au calme revenu La poésie où y’en a jamais eu
Du gamin rescapé sous des tonnes de pierres Aux flocons envolés de leur boule de verre On pense que le ciel serait intervenu, la poésie Du tigre prisonnier elle écarte les grilles Les dix mètres carrés pour lui et sa famille Deviennent à chaque pas une immense étendue La poésie où y’en a jamais eu
Regarde elle a dix ans et vois comme elle est belle Elle est belle et pourtant elle ne sort de chez elle Qu’avec l’âme et le corps cachés sous des tissus, la poésie En retournant chez moi j’ai croisé des fanfares Des rangées de tambours, des grelots, des guitares Elle marchait devant, ses longs cheveux défaits La poésie où y’en aura jamais
Elle tourna à la radio la jolie ritournelle Elle est triste sans lui, il est triste sans elle
Si un jour je croisais au hasard d’un visage Le chanteur que j’étais dans les bals de village On se regarderait comme deux inconnus, la poésie Il me dirait sûrement t’as dû en voir du monde Il se pourrait pourtant qu’à la fin je réponde C’est celui que j’étais qui me manque le plus La poésie où y’en a jamais eu
Je m’abimais les yeux sous la voûte céleste Savoir où sont marquées les heures qu’il me reste Et chercher pour demain ce qu’il y a de prévu, la poésie Comme des vérités je n’en trouvais aucune Sur le grand canapé allongé sous la lune J’ai cherché dans les bougies fondues La poésie où y’en a jamais eu
Elle était déjà là bien avant
Que les camions ne viennent
Elle tournait comme une enfant, une poupée derrière la scène
C’était facile de lui parler
On a échangé quelques mots
Je lui ai donné mon passe pour qu’elle puisse entrer voir le show
Elle s’est assise à côté de moi sur des caisses de bière
Pendant que je mixais le son pour le groupe sur la scène en arrière
Elle les fixait à s’en brûler la peau, moi, je la trouvais
Tellement belle
Après le dernier morceau
Le batteur est parti avec elle
Rosie, tout est blanc
Tes yeux m’éclairent
De t’avoir eue un instant, j’étais tellement fier
Tout ce qu’il me reste à présent
L’envie de tout foutre en l’air
Et de recommencer la nuit
Rosie
Je suppose j’aurais dû deviner
Qu’elle venait pour les stars
Et m’empêcher…
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