La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Sombre ennemi qui nous combats et nous resserres, laisse-moi, dans le peu de jours que je détiens, vouer ma faiblesse et ma force à la lumière : et que je sois changé en éclair à la fin.
Moins il y a d’avidité et de faconde en nos propos, mieux on les néglige pour voir jusque dans leur hésitation briller le monde entre le matin ivre et la légèreté du soir.
Moins nos larmes apparaîtront brouillant nos yeux et nos personnes par la crainte garrottées, plus les regards iront s’éclaircissant et mieux les égarés verront les portes enterrées.
L’effacement soit ma façon de resplendir, la pauvreté surcharge de fruits notre table, la mort, prochaine ou vague selon son désir, soit l’aliment de la lumière inépuisable.
Je suis né en avril de l’an soixante-dix Sur une scène de Nantes, maudit que c’était bien D’une phrase lancée du fond d’une coulisse Autour de dix-sept heures, la guitare à la main
Il est venu de loin, chanter les grands espaces Les misères de l’homme et son frère le loup Il a dit la colère, il a donné l’audace Qui allait m’emporter dans l’aventure itou
Et sur notre sentier de neige et de froidure Entre lacs et forêts, montagnes et déserts Il a guidé mes pas à travers les mouillures Pour qu’à mon tour je puisse atteindre enfin la mer
Des années de départs et puis de retrouvailles De leçons engrangées malgré les poudreries C’est peut-être bien peu mais c’est mon héritage Mes seules vraies richesses, ma seule académie
Il faut vivre de rêves en étant bohémien Jamais oui, jamais non, plus souvent non que oui Jusqu’au soir de sa vie, rester un collégien Et ne rien accepter de facile, de gratuit
L’humour pour le voyage, l’arme la plus utile Défricher dans sa tête, toujours chercher sa voie Tous ces mauvais conseils seraient mon codicille S’il me fallait renaître une dernière fois
Depuis cette naissance d’avril soixante-dix Je me suis levé tôt pour inviter l’enfance Un peu comme un tzigane sur les pas de Francis La vie, l’amour, la mort sont au bout des errances
J’ai fait le tour de l’île en rêvant de Bozo J’ai pris le train du nord, remonté la rivière Pour voir si MacPherson était sur son radeau Ou s’il avait trouvé un abri pour l’hiver
Même s’il y a des amours, y a toujours un ailleurs J’ai vu la Gaspésie retrouver petit Pierre J’ai sali mes souliers pour des petits bonheurs Et pour la mort de l’ours, mis un genou à terre
À vivre mes saisons sur les traces d’un prince Restent les souvenirs, maudit que c’était bien Et ce grand sourire bleu, beau comme une province Qui me sont un fanal pour finir le chemin
Les rues qui n’auraient mené nulle part ça n’existe pas, j’en suis sûr, Les plus belles ont toujours des escaliers en chemin. Un fleuve aussi. Parce qu’une vraie source ça conduit nécessairement à un estuaire. Sinon, c’est du bateau. Tu commences à aborder la première page sur tes jambes. Retiens bien ceci: un caillou va vite se mettre à en sortir, alors prévois d’avoir la poche prête dès le départ. Le premier chapitre est pas écoulé, que le vélo s’est déjà mis entre les lignes. Et te voilà dans l’encrier. Des odeurs vont venir se coller aux consonnes et au voyelles, l’orthographe des mouvements sortira de la grammaire du tant. Ainsi parlait z’à ras…un être de montagne, épris des hommes à en dégueuler leur lumière mise en avant. Bien sûr, on échappe pas à la tromperie. En cette matière l’égalité est bien la seule entre les genres. Tu remarqueras que personne ne se plaint du manque de parité dans le baisage de son prochain. Ô Frères Humains ! Plus j’ai de kilomètres au Conteur, plus je trouve matière à veillées. L’esprit gardien ? Ouais on peut dire ça comme ça. La mémoire a le mérite de pouvoir déranger. Par exemple son absence, multiplie les retours à cogner à la porte avec avis de passage. Je dirai que dans l’histoire des poisons c’est certainement le vaccin qui doit être rendu obligatoire. On fait toujours des messes noires. Avec sacrifice. Le cul a ses raisons que la déraison exige. Quand les abeilles meurent par milliers, je m’inquiète. Les fleurs sont rendues vénéneuses, il n’y a pas d’autre explication. C’est grave. Mais ça n’affole personne, on est trop occupé avec la suite Hallyday. Si tu connais un acheteur de sa dernière demeure, fais vite, faut en sortir. T’as tout ? Ben, presque, le dragon qui me crache le feu du tatouage que j’ai par devant n’a pas en corps assez remonté jusqu’à mon coup. Tu veux que j’t’aiguille ? En allant huiler ma chaîne j’ai eu l’o live ! Un petit bonheur comme disait le clair canadien. T’es heureux ? Ah, t’auras pas assez de café dans ta machine à dose pour que je te réponde.
Comment laisser au sort de la remise le fond d’un vert, cette rouillure d’un été qui automne, crispé sur sa chaîne. Je n’aime pas avoir les doigts qui grincent, il suffit du vent chargé de bourrasques humides pour battre le volet sur ses gonds. Impossible dans un obscur ambiant de mesurer le diamètre de la quadrature du cercle.Pas plus que d’avoir soif ça pourrait rafraîchir d’ouvrir un flacon de musique baroque pour le boire en jam session. C’est la raison pour laquelle les journaux n’ont pas de fleur en bouton à leurs manchettes. Un bruit court, voilà que ça réduit le marathon.On a, ou on a pas, l’esprit du déménageur. La vieille maison disparait dans l’épaisseur de la réverbération des idées à dormir debout. Pourquoi aurait-on besoin d’une chambre à louer quand on dit du mal du lit ? Déjanter de nôtre sentier où tout dire sur l’absurdité galopante.
Notre sentier
Notre sentier près du ruisseau Est déchiré par les labours Si tu venais, dis-moi le jour Je t’attendrai sous le bouleau
Les nids sont vides et décousus Le vent du nord chasse les feuilles Les alouettes ne volent plus Ne dansent plus les écureuils Même les pas de tes sabots Sont agrandis en flaques d’eau
Notre sentier près du ruisseau Est déchiré par les labours Si tu venais, fixe le jour Je t’attendrai sous le bouleau
J’ai réparé un nid d’oiseau Je l’ai cousu de feuilles mortes Mais si tu vois sur tous les clos Les rendez-vous de noirs corbeaux Vas-tu jeter en flaques d’eau Tes souvenirs et tes sabots ?
Tu peux pleurer près du ruisseau Tu peux briser tout mon amour Oublie l’été, oublie le jour Oublie mon nom et le bouleau…
Félix Leclerc
Qu’est-ce qui pleut nom de dieu, y faut que j’me sauve les yeux, quand ça retrousse l’air d’une chanson d’amour, on voit plus que les dessous d’une valse à l’envers
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