
AUX JOUES CREUSES
Rien que le vent pour pousser
le froid aussi loin qu’on peut voir venir…
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Niala-Loisobleu.
28 Mars 2024

AUX JOUES CREUSES
Rien que le vent pour pousser
le froid aussi loin qu’on peut voir venir…
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Niala-Loisobleu.
28 Mars 2024

L’EVIER BLEU – EDOUARD VUILLARD
Plongée jusqu’à la bonde, la vie écoule ses eaux grasses sur les sécheresses inopportunes en triant ses lentilles
Il y a eu les passages où la laitue croquait entre les dents
aussi les cressonnières entre l’entrée des champs et les dépendances des propriétés de famille dans l’angle d’un rôti pommes-frites du dimanche
les écoles séparant les garçons des filles comme un caleçon long d’un petit-bateau à l’écart de l’eau, recentraient le regard sur les mouvements de jambes de la maîtresse et boostaient les fausses confidences aux récréations
A l’arrière des églises on apprenait à faire du vélo à la fille qu’on avait descendue de balançoire, quelque chose de différent des tournantes d’aujourd’hui au plus profond de la cave
Cet Evier Bleu qu’Edouard a mis sur le gris de sa cuisine me ramène aux Nabis qu’il a créé dans l’extase d’une maturité acquise à l’écoute de la beauté
Je sais que je viens de mourir à la laideur, remis sur les rails de ma traversée
sans compter sur ce qui reste
juste en sortant le rêve des tiroirs, c’est le tout que j’ai bonheur à dire dans ton image qui me saute d’un oeil à l’autre
C’est vrai, j’ai fait ce que je voulais de ma vie.
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Niala-Loisobleu.
9 Janvier 2024

L’ELEGANTE – EDOUARD VUILLARD
Aux fenêtres restées à la croisée, l’élégante passe
tirant sur l’obscur actuel une lumière renaissante
Des fruits rouges sortent du sommeil des vergers
pour remettre le goût aux chairs pulpeuses
Aux salons les petites robes noires manifestent l’odeur des cimaises
la couleur éclate aux joues des murs en s’inspirant de l’enfant
Creusant dans la main symbolique de la métaphore
de quoi afficher sa foi particulière
Ô Femme originelle
statuant l’érection de l’Île sur la flaque glauque
tu restes l’ultime creuset de mon ô fourneau
Laisse périr la tendance féministe en voulant supplanter le machisme
sauve ta classe du vulgaire
que je me sente propre à peindre, comme à t’écrire.
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Niala-Loisobleu.
9 Janvier 2024

EDOUARD VUILLARD
DANS LE NID DES MURS
Sur le tapis-volant de la chambre où tu voyages, les pieds nus, épaule contre épaule
des forêts de pins maritimes, tiennent le sable hors du marchand de sommeil
Une vague au corps souple a mis ton corps à l’amble sur la cadence de l’anémone
et dans le roulement du bas de ton dos, tes seins rattrapent les épices et les ensachent
Le passage en baie est à ce point libre entre nos balises que je garde la chambre sans descendre du train de plaisir
Les bêtes à cornes qui bordent la voie nourrissent un climat onirique propice au lieu qui fait l’herbe douce et grasse
Sur les consoles de l’étable se tisse ce langage des amants que le verbe conduit aux étages de l’érotisme
Edouard est de ces enfants qui saisissent le caractère de l’instant pour l’éternité..
Niala-Loisobleu.
14 Décembre 2023

SANG NOUVELLES
Penché aux genoux de sa conscience, l’homme note ses instructions pendant que la femme lit les petites-annonces d’emploi du temps pour choisir sa robe du jour
Le paysage est ouvert aux perpectives
des animaux domestiques sont en train de courir sur internet
un oiseau de sa branche, pense aux peintures de son existence, peut-être ira-t-il s’en rapprocher pour ne pas perdre la femme nue qui se tient à sa fenêtre, d’où l’intérêt de vivre.
Niala-Loisobleu – 18 Octobre 2022

Mariage d’amour, mariage d’argent
J’ai vu se marier toutes sortes de gens
Des gens de basse source et des grands de la terre
Des prétendus coiffeurs, des soi-disant notairesQuand même je vivrais jusqu’à la fin des temps
Je garderai toujours le souvenir content
Du jour de pauvre noce où mon père et ma mère
S’allèrent épouser devant Monsieur le MaireC’est dans un char à bœufs, s’il faut parler bien franc
Tirés par les amis, poussés par les parents
Que les vieux amoureux firent leurs épousailles
Après longtemps d’amour, longtemps de fiançaillesCortège nuptiale hors de l’ordre courant
La foule nous couvait d’un œil protubérant
Nous étions contemplés par le monde futile
Qui n’avait jamais vu de noce de ce styleVoici le vent qui souffle emportant, crève-cœur!
Le chapeau de mon père et les enfants de chœur
Voilà la pluie qui tombe en pesant bien ses gouttes
Comme pour empêcher la noce, coûte que coûteJe n’oublierai jamais la mariée en pleurs
Berçant comme une poupée son gros bouquet de fleurs
Moi, pour la consoler, moi de toute ma morgue
Sur mon harmonica jouant les grandes orguesTous les garçons d’honneur, montrant le poing aux nues
Criaient: « Par Jupiter, la noce continue! »
Par les hommes décriés, par les Dieux contrariés
La noce continue et vive la mariée!

INVENTE AIR
Le froid s’est intensifié
j’ouvre grand les fenêtres pour renouveler l’air
Nabi
le mouvement postimpressionniste aspire a plus de clarté
Paul a quitté la France pour les Marquises
Sérusier verdit la ceinture de Paris
Edouard Vuillard pénètre à l’intérieur
et Bonnard chrome solaire d’un jaune la souricière des ténèbres
tout change
je précurse avec art
la Pleine-Lune de ce jour est déménageuse
laisse la mue aux vieilles-peaux et marche
la route est ouverte…
Niala-Loisobleu – 30 Novembre 2020
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