AILES DU BORD DE MER


AILES DU BORD DE MER

Au milieu des granits que l’eau baigne

ce chant d’écume

qui tourne autour du phare

emmène l’englouti à la pointe de l’étoile

sans laisser tomber ses seins

ailleurs que dans la coupe des demains

Mas de pierres blondes à mi-chemin des tournesols

que l’abeille retient aux fleurs pour rucher son miel

Dans le bleu du loin, cette montagne se détache des frontières

par les hanches de sa jarre, bouche ouverte à l’essence ciel

bordée de palisses autour de ses dunes et l’empreinte de pattes d’oiseaux jusqu’au chant du dernier rouleau…

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Niala-Loisobleu.

3 Décembre 2024

LA LEÇON DE CHOSES


LA LEÇON DE CHOSES

Des années durant, à chercher les disparitions non résolues, ramènent toujours sur les lieux de la dernière trace laissée

je me souviens de cette chanson qui passait par le Triangle des Bermudes sans qu’on la voit ressortir

et creusant les abysses, on écope le fond de l’épave à la recherche de vestiges propres à expliquer le naufrage

La voix haute je lis et relis

puis notifie l’impression ressentie d’un commentaire avant de passer à table

Seuls les glaciers fondent, car en enfonçant le piolet, je ne trouve rien de mon écrit, les mots ont fondu de neige au soleil imaginé

Les remontées de plongée pour renflouer l’Époque boivent tant de tasses que les Ponts-et-Chaussées suppriment le pont comme le Mont-St-Michel coupe l’accès quand la marée haute arrive aussi vite qu’un cheval emballé

L’homme revient en pèlerinage sur la jetée, non comme on vient mettre des fleurs à la Toussaint, pour calmer ses remords

Juste pour réchauffer son coeur, tel un ex-voto suspendu aux poutres de la Chapelle des disparus en mer

Il repart à cheval vers l’énergie qui tient sans mourir, non-coupable d’avoir cru à l’impossible étoile…

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Niala-Loisobleu.

3 Décembre 2024

« LES YEUX VERS » – NIALA 30/11/24 – ACRYLIQUE S/TOILE 73X60


« LES YEUX VERS »

NIALA 30/11/24

ACRYLIQUE S/TOILE 73X60

Derrière le froncement des hennissements du cheval

avant d’avoir fini de traverser les tiges rigides de la steppe

j’ai gratté les balustres d’un parapet en corniche sur l’à-pic

le ventre face au vertige de l’exil

les lunettes bleues soulèvent une question

Alors l’écope renversant le seau sort la tête

ohé du bateau !

La barre des cailloux à fleur d’eau passée, je vois les poignets de l’île

il n’est pas trop tard, rectifie Barbara

le tant reste

nous y sommes dans cet absolu

ses us et coutumes et son code

les yeux vers la chair de tes mots, Ma

je presse sur les tubes de notre hit-parade de la main-gauche, sans faire glisser le sein que tu as mis dans ma paume.

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Niala-Loisobleu.

30 Novembre 2024

PREMIERS MOTS D’ECUME


PREMIERS MOTS D’ECUME

A la diagonale des premiers mots qui reviennent, l’estran ébranle la coque

cette marée qui s’approche déshiverne le guet du naufragé, une voile apparaît au large

Des cargos sont passés en laissant leur cargaison de containers poursuivre leur mépris

Signe avant-coureur, la hauteur de l’astre solaire s’est élevée de plusieurs étages à la veille d’allumer le phare

Sur le bleu pur du ciel, j’ai senti ton eau douce s’approcher de la cavité sèche que l’espoir avait creusé de ses mains

le Petit-Peintre est monté dans la forêt, cueillir les pigments qui redressent la toile dans les empreintes visibles.

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Niala-Loisobleu.

30 Novembre 2024

A FORCE D’AMOUR


Temoignage, ce tableau s’est fait source de celui en cours aujourd’hui

A FORCE D’AMOUR

Les jours sans et la plage anti-débarquement minée, des années laissent s’emplir toute force de vide

je vis, toujours aussi interloqué, devant cette méchanceté calomnieuse de personnes qui vous doivent tout

mais les guerres se montrent toujours les préférées des hommes. Une avidité chronique est en eux

Ma main a tremblé…aujourd’hui

la peinture allant à l’intérieur de la toile comme un soleil voulant revenir sur ses pas pour ranger le foutoir mis par certains

Le bétail est reparti aux prés, heureux de voir comment les arbres flambaient comme à la St-Jean, pendant que les chevaux pensaient au printemps, raides comme des saillies

Puis des oiseaux en accompagnant le char-à-bancs à la mairie, se sont offerts comme témoins au mariage. Dans la chambre, les draps fleuris d’une nuit nuptiale n’ont pas fermé la lumière en ouvrant le lit. Il aura fallu le temps de laisser à la nature la force de régénérer

Bleu, de la fraise des seins à la source abdominale, ce tableau de toi et moi, Ma, sera ma dédicace au mystère tout entier…

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Niala-Loisobleu.

29 Novembre 2024

SOMMET DE NOUS PAR BARBARA AUZOU


C’est bien là que le sommet des mots, est à sa place, les fourmis montrent par leur nombre, qu’ici l’herbe est un assemblage et non chant de foire

Le silence prend la forme d’un esprit entier, sans avoir à s’exprimer de façon carrée

j’en palpe le relief si différent de ces mornes plaines, où même un arbre est jugé exigeant

L’auto-portait vient d’être touché par ton code, Ma, l’information est entrée au chevalet, comme ce qui procède de l’instinct animal

J’hume le dehors pour oxygéner mes jambes, le tour du vendredi hors de la Chaume pour faire le plein

Ton coudrier greffé à cet ailleurs où te trouver dans ce mystère, sans vouloir le déflorer, bien au contraire

Rien d’étonnant à ce que l’ultra-son parvienne en clair au large de la baleine…

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Niala-Loisobleu.

29 Novembre 2024

NIALA OEUVRE EN COURS

LES RIVES


LES RIVES

D’une touffe d’iris un cygne sort, précédant les canards

d’aval en amont, à l’étiage du moment

nous nous retrouvons aux chambres des écluses

Sous la margelle, la corde tient le seau du passage à niveau

Tu aimes te baigner à la boucle des regards pour me laisser te voir

  • Devine avec qui Ondine ce soir

croisent et décroisent tes jambes, dans le langage des lèvres

Un martin-pêcheur plonge se nourrir

je m’amarre, tout-oreille à ton silence.

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Niala-Loisobleu.

28 Novembre 2024

NOUS VOICI MIS A L’AMBLE


NOUS VOICI MIS A L’AMBLE

Sans rien demander d’autre que la vie pousse en toute saison

les douleurs du dos ne pourront d’obscur, voiler mon envie de peindre

J’étais resté, durant quelques jours, dans la table des matières de mon histoire, aux abords de ma révolution

Faut croire

c’est ce que je me suis toujours dit, du moment qu’on a que d’yeux pour sa profession de soi

Plus je vieillis, et plus je ravale la façade mise par le pouvoir, à son incapacité de cultiver

Mon fils a mis 19 au gâteau au lieu de 91, voilà qui m’ôte toute envie de supputer

la métaphore est le bon sens à prendre

Et sur le trait que le juge trace au sol avant l’épreuve, je saute sans courir au beau milieu du bac à sable comme si c’était une marelle

Qu’est-ce que le ciel peut offrir en dehors du rêve ?

Ce que t’en vois par la fenêtre donne plutôt envie de déguerpir

Toi, Ma, tu m’as appris le silence de tes mots

Tes seins en ont grossi sans se cacher de donner

la vie a cru pouvoir nous atteler à l’impossible et nous sommes devenus deux geysers dans le désert, sans que cela devienne une raison de nous aigrir

De voir comme tu montes dans ce qui tombe, donne une dimension irréversible au quotidien, souviens-toi au tout début, je te parlais d’absolu, regarde l’erreur commise par ceux qui m’ont ridiculisé

Tu as déchiré le corset scolaire qui étouffe

respire

ta nudité n’a que faire des cosmétiques qui soi-disant font des miracles…

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Niala-Loisobleu.

27 Novembre 2024

VENTILATION DE TOI


VENTILATION DE TOI

Par la montée des marches, la rosace du plafond en tirant le cordon du baldaquin, laisse le lustre de côté pour te faire apparaître, nue de vérité

Qui aurait pu penser que le lit se tenait en sentinelle au large d’un repli de méandre

Il arrive que des chemins fassent étape dans un coin de l’histoire, le temps de laisser croître les nymphéas

La première grenouille qui sortit de la fosse, exhiba un concerto de violoncelle sans autre geste que celui d’avant la guerre. Comme on laissait porte ouverte aux enfants pour buis sonné leurs humanités

La couleur enjambée, se mit à niveler les trous et les bosses, envoyant Sisyphe au sommet du Mont-St-Michel en accommodant. un traité de paix avec l’estran

J’ai vu le funiculaire emprunter la rue Lepic entouré d’un sentiment aux peaux frottées

C’est « du sacré coeur », taguait un poulbot sur les lamentations du mur des fortifs

Mercredi, en fin sans école, laisse venir du fond de la cuisine , cette odeur croissante que ton ventre tient au four, le beurre et le miel se tartinent sur la langue, ces soupirs à la feuille d’or nappent ta poitrine page après page.

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Niala-Loisobleu.

27 Novembre 2024

Aux Confins des Bruissements et de la Rosee par jean-loup fontaine


Aux Confins des Bruissements et de la Rosee

par

Jean-Loup Fontaine

Nous avions nos jeux de paume, nos jeux de mains, nous avions nos serments au sommet des coteaux, nous commandions à des sections d’épouvantails et les assemblions aux marches des
palais.

Nous avions nos jeux de vilains,

et commandions à des armées de paille et de brindilles, et la mémoire

nous mettait en marche à grands coups de bâtons, la mémoire, la rage…

nous attroupions fourches et piques

pour des saisons de maraudages, et des marches forcées, des marches impossibles, sur des chemins

dont les milliaires étaient des ronces, des nids de guêpes, des souvenirs,

qui nous ramenaient invariablement

aux plus vieilles offenses.

Et les puissants étalaient leurs enfants sur des couvertures d’eau douce,

Ah ! ces regards tourmentés par l’âge,

verts

comme le vent dans nos tilleuls,

comme les chenilles sur la tiédeur de nos murs.

Ils étalaient leur peau de pêche sur nos colères,

ils étalaient leurs chenilles sur nos vergers, leurs pelures d’oignons sur nos yeux.

Oh ! c’étaient larmes d’impuissance,

de jeunes cormorans battaient déjà des ailés dans nos crânes,

de jeunes cormorans nichaient

dans nos crânes ouverts où le vent venait, chaque soir, exercer son droit de poursuite.

Des hommes puissants, leurs châteaux brûlaient dans nos veines, leurs carrosses versaient dans notre sang, dans notre boue.
Nous ne trouvions refuge, la nuit venue,

qu’aux confins des bruissements et de la rosée.

Nous nous endormions sur les plus hautes branches, comme les étoiles

et le bramement des grands cerfs.

Nous pénétrions le langage des ombres,

les craquements du bois,

nous nous lovions dans l’œil rond de l’effraie, jusqu’à ce que le plus âgé des cerfs revienne,

portant sur son haut chandelier les premières lueurs du jour

et dans son regard l’instant de l’embûche…

Nous savions de long temps la morgue de ces hommes,

leurs chiens avaient couru pendant des siècles dans nos entrailles, leurs meutes, leurs chevaux.
Leurs souliers de satin.

Des peuples de serfs avaient traîné leurs chaînes

sur nos langues, sur nos mots,

et nos têtes inclinaient vers la terre,

nos têtes

inclinaient vers la paresse

et les villes anciennes…

Nous lancions de grands cris dans la nuit, nous balancions

au-dessus des champs de batailles l’encensoir de nos peurs, et semions de petites lampes

dans les déserts…

Nous n’avancions que vers les profondeurs, pareils aux désordres de l’eau

dans la montagne,

et la nuit nous tirait des cris de bête blessée,

de ces cris d’où naquirent un jour

les orages,

de grands cris d’ure sous l’épieu.

On mettait le feu aux châteaux, aux nuages, on lâchait des salves de grives, nos places fortes étaient établies dans des mots, à ciel ouvert

dans des villes ouvertes,

des villes investies

par une incessante stridence.

Et le ciel était sur nos langues, avec ses bruits de chaînes, et nous croulions à chaque pas

sous des fardeaux d’oiseaux de proie.

Et la terre emplissait nos bouches,

ô ces martèlements de pas rythmant les guerres de cent ans, les guerres de mille ans !

Nous nous faisions, à qui mieux mieux,

détrousseurs de rosée, ‘pilleurs de sources

ou de pluies, nous exprimions aussi bien l’air de l’eau, le vent du feu,

que la cascade de sa chute ou le papillon de son vol…

Et les châteaux se consumaient, à l’intérieur de nos mains jointes,

dans des crépitements de hannetons,

L’aube enfin nous rendait justice : la mer y est à chaque fois nouvelle.

Nous entraînions vers les grands fonds les galions porteurs d’or, avec leurs capitaines rutilants,

et nos indéfectibles haines ;

combien vive alors, au fond de nos yeux,

la cicatrice des naufrages,

combien brûlante !

Nous coulions de pleines cargaisons d’or,

au large de nos cris,

et nous faisions des rêves emplumés, des rêves d’aigle et de serpent.

Alors nous écrivions nos noms, au flanc de la montagne,

à coups de pioche, à coups de foudre,

nous rejoignions la roche, l’aigle dans la roche avant qu’il ne vole,

nous rejoignions la lune, son souvenir dans la. montagne,

et le serpent avant qu’il devienne lumière..,

Nous réintégrions

notre corps ancestral,

nos millénaires de peau sous les névés.

C’étaient saisons de source et de jaillissements,

nous construisions dans la forêt

de vastes nids pour les tempêtes,

nous dressions, autour des maisons, le rempart de nos rondes d’enfants,

aucune attaque ne nous surprendrait car nos guetteurs étaient vêtus de vent, ils étaient

postés dans l’épi d’orge ou la ride de l’eau,

nos messagers accourraient toujours en temps utile, puisqu’aussi bien

nous les savions nés d’un long hurlement, d’un cri

poussé du fond des âges.

La nuit venait,

qui fut inventée pour les pauvres,

avec ses ricanements dans les ruisseaux aveugles,

ses jargons de bois mort et de mauvaises herbes, ses présences innombrables, et le poids, l’insupportable poids d’un silence toujours frémissant…

Nous savions bien

qu’elle est un œil immense,

et que c’était au centre de sa pupille que nous étions recroquevillés,

brandissant en bravaches, au-dessus de nos têtes, le frêle bouclier de nos rires.

C’étaient saisons d’apprentissage.

Nous protégions nos fiancées contre les morsures de la neige,

nous défendions notre nation à nous, dont les frontières bien souvent

tenaient dans un seul arbre,

nos maisons de brins d’herbe…

Une hirondelle nous tenait des jours entiers

sous l’auspice de sa trajectoire,

ou bien un galet

sous celui de ses ricochets.

Nous protégions nos fiancées contre le soleil

et la morsure de ses chiens, et le galop de ses chevaux au bord de l’eau,

au bord des larmes.

Nous franchissions les bornes

de très vieux pays de coutume, et la terre buvait dans nos mains,

étincelante et blanche, avec ses bois dormant dans la soie

d’une respiration,

avec ses aubes, qui s’ouvrent un chemin dans les prairies et semblent s’agrandir indéfiniment

comme un lit de premier amour.

Et nous retrouvions l’innocence du jour,

de la terre dans le jour, et de l’eau,

qui ne dort pas

mais promène ses paons au soleil.

La mer était dans nos mains, avec ses îles

auxquelles aucun dormeur n’a jamais accosté, avec ses bûchers de grands soirs, et plus bas, plus bas,

les fleurs très pures du sommeil, en eaux profondes…

Oh ! nous saurions bientôt de combien de milliers d’atolls

est faite une caresse.

Jean-Loup Fontaine