PAQUET CADEAU


PAQUET CADEAU

Les quelques mètres qui séparent la maison de la rue garderont aujourd’hui tout effet de surprise

un halo et ce sera tout pour s’y reconnaitre

comme un caleçon long le brouillard colle à la peau des enseignes.

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Niala-Loisobleu.

6 Novembre 2024

CLÉMENCE


CLÉMENCE

Au bon étiage de la marée

la forêt s’offre à servir de quai

pour recevoir cet amour migrateur

non-inscrit dans un quelconque site de rencontre

Souviens-toi de la manière qui t’a rapproché de moi naguère

ce n’était que tout un manque d’être enfin toi

et d’écrire au lieu d’enseigner la grimace aux petits-singes

L’eau est passée sous les ponts de la scène à déborder du quai

qui l’eut crue qu’après Valence les ramblas de Barcelone ne seraient pas mordues ?

Aujourd’hui le risque dans sa totalité serait de ne plus se faire confiance, laissant les petites-culottes s’aligner sur les chaises vides à bout portant

Il bat à l’entendre ton coeur

malgré l’épaisseur du sein qui le recouvre en double

quand j’y pose ma main l’oiseau qui me fait coucou sait les rigueurs des attitudes du quotidien tout en gonflant d’espoir son plastron

Je n’ignore rien de ce qui nous attend, sans compter sur les citrouilles pour trouver carrosse, tu peux perdre une de tes godasses à la sortie du bal, ça ne te fera pas sortir du pied que t’aimer me donne et curieusement je remonte derrière ton genou saisir la confiance de vivre.

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Niala-Loisobleu.

5 Novembre 2024

DE CET LIEU OÙ TU ME BOTTES


DE CET LIEU OÙ TU ME BOTTES

L’amnésie d’une prostate qui accule à faire du stop

ne mènerait nulle part sauf à Roncevaux

appelle de tout son cor le bon acoustique

olé olé du Mont de Vénus

Allons z’enfants à grandes enjambées au Tropique du Cancer par les voix de Nin et Miller

sans avoir besoin de se faire refaire le né, ô les mains !

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Niala-Loisobleu.

4 Novembre 2024

nouvelle lune


NOUVELLE LUNE

La tempe au bord de l’Occident

j’hisse la voile de cette pensée qui bat au temporal

La mèche d’un toupet défie les moulinets du fléau pourchassant le grain

d’un reste de braise insolent narguant le fondu artistique du plomb tenant la lumière du vitrail

à grands gestes par une copie de Millet en embuscade sur le parvis d’un Angélus

Que sont devenus les manèges d’antan où les petits chevaux embrochés sur une torsade de rire

mettaient en ascenseurs la nacre des perles dans l’écrin de bouches aux joues roses

Rubans et costumes marins

meules de paille des chapeaux

carreaux des tabliers

Tandis que le pavé disjoint tremblait d’émotion

acérée par le rémouleur

le vitrier perçait l’idée crasse d’un cri des reins

qui retombait en potager sur l’étal ambulant

d’une quatre-saisons amarrée au trottoir

devant la porte d’un bougnat étranger à la mendicité organisée

du selfie du pique

Je n’ai pas conté hein par hein les nuages

j’ai partagé avec d’autres les maux de tête qui trépanent d’ô bue

l’ouverture des intestins sans anesthésie d’une région espagnole

au vif de l’héroïsme de légions d’inconnus lâchées au combat qui n’est pas le leur

Et alors… raconte…

Qu’en reste-t-îles de tes vingt-ans ?

La m’aime stupidité affirmée par les-moi-je-sais-tout

Une croyance absolue en l’Amour

Intégrale de tous les mouvements de salope que ça

engendre

inspire

initie

inutilement vu que l’en faire est bien l’opposé du pas radié

J’ai jamais eu la croix

mais j’ai rien raté des javelles

Que t’aies 5 ans où que t’aies pu pousser jusqu’aux 91 balais

c’est du pas raye au m’aime

La vie c’est plus noir que noir

Soulages en témoigne

mais à moins que tu te fasses pas repeigneur

Parce que quitte à traverser

mieux on s’épargne les genoux à gémir

plus on a la plante des pieds qui pousse et nourrit

J’ai du pot âgé dans ma cressonnière

qui rajeunit au fur et à mesure qu’arrive l’autre bord

Ma pensée se fout des sculptures des tombes orgueilleuses du 1er Novembre

elle est agapanthe

plus bleue que l’amer des sarcasmes séniles

folle herbe pucelle

et renoncule mature

cédant humblement le passage sans prétendre à la gloire.

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Niala-Loisobleu.

4 Novembre 2024

BRUITS DE NUIT PAR PIERRE REVERDY


PAUL GAUGUIN

Bruits de Nuit

par Pierre Reverdy

Au moment où les chevaux passaient, la suspension trembla. Le plafond menaçait de se pencher à droite, contre nos têtes; mais les fenêtres restaient d’aplomb avec le
ciel, et l’on voyait le paysage nocturne.

Il n’y avait plus de hiboux dans les ruines, plus de rayon de lune parmi les arbres, mais une cheminée d’usine et — autour — des maisons dont les toits avaient l’air de
grandir.

Et les chevaux — dont on entendait les pas précipités — transportaient dans la nuit complice des fourgons de mort en métal.

Pierre Reverdy

LES CARREAUX DU SEL


LES CARREAUX DU SEL

A l’écluse du marais

des bernaches de retour d’un lointain

s’approchent du gros sel du fond des cales

On verra tout à l’heure si du nouveau bouge aux hanches des clarinettes

à l’instant le vent n’a rien donné sur ses intentions

J’ai sorti une chemise propre sur la rosée à l’éclosion de fleurs.

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Niala-Loisobleu.

3 Novembre 2024

L’ECHAFAUDAGE – PAUL DELVAUX


L’ECHAFAUDAGE – PAUL DELVAUX

Les Amériques mises dans un retour

le coeur ne cherche plus l’hors des herbes plus vertes

il n’y a pas de précipice sur le versant des marguerites

Depuis la corniche d’un étage échafaudé

la rosace de tes seins colorés aspire une lumière de seconde vie

fécondée au creuset utérin du jardin où le cerisier a tenu son tant amarré

Les couloirs de la nuit trouvent la gare d’arrivée de ce jour où le génie a posé son cerf-volant par-dessus les rives cachées du brouillard…

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Niala-Loisobleu.

2 Novembre 2024

SOIR DE TOUSSAINT PERDU AU MILIEU DE MOI


SOIR DE TOUSSAINT

PERDU AU MILIEU DE MOI

A faire pâlir, Valence, montre son douloureux cauchemar

pendant que tout autour, le monde indécent se la joue Hallowween

Moi dans l’atelier je surfe sur mes années de surréalisme humaniste

en tenant le nouveau-né dans ce qui reste de moi, château-branlant d’où je repousse le siège barbare de la décadence

ils sont légion mes gisants sous leur pierre tombale que les mauvaises herbes cherchent à à faire oublier dans les tiroirs des objets perdus

Mais Sacré soleil qui défie les tristesses de 1er Novembre

Jacqueline, accrochée à l’arc-en-ciel tu atomises l’agonie climatique

j’ai mal de toi en soulevant chaque tableau comme on accroche ce qui n’existe plus,

ce qui explique l’idée folle de refaire un vernissage de l’atelier-fermé pour raisons gériatres.

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Niala-Loisobleu.

1er Novembre 2024

DES VIVANTS ET DES MORTS PAR ANDRÉE CHÉDID


DES VIVANTS ET DES MORTS

PAR

ANDRÉE CHÉDID

Nos morts

Se plaquent sans trace contre nos vitres

Gémissent sans voix dans nos accents

Oscillent

dans la frileuse poursuite

de leur chair abolie

Leurs cœurs s’endeuillent de la terre

Leurs mains se tendent vers nos lueurs

Le spectre de leurs bras cherche à nous retenir

Mais nos pas de vivants

déferlent sans leur escorte

Nos vies

survivent à leurs plaintes

Nos heures

consument leurs contours

Quelques images se souviennent

Les ravivant parfois d’une brève flambée!

Andrée Chédid