La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Ainsi dire Au fond de soi on écoute des conciliabules de sources ravivées des airs revus à la hausse comme disent les comptables au bout du train-train
quelqu’un parle en son for intérieur quelque bègue bavard sans doute qui des anges apprit le langage des gestes rabrouant le tribun perdu aux barbelés de sa harangue
entre dire et parler la langue s’émousse de message en boniment les hoquets de la pensée à tiroirs sans fin ramènent à la question Est-ce ma mère que j’entends prier en creux de conque
il arriva que l’on célèbre le silence comme germe fondateur d’une poésie à naître loin du cœur entre les pierres au-delà des arcanes et des sables où s’exila le verbe en chair de figue
c’était le temps des vagues en trompe-l’œil on s’entendait rêver de chambre en chambre en sommant le sommeil de s’arrêter au pli du paysage quand le chemin à l’invite du vent fait demi-tour
on espérait pouvoir amadouer la distance entre ciel et terre comme l’écimeur aux mains calleuses en avait convenu avec les corneilles incorrigibles prometteuses
tout cela a vécu tant sous les huées qu’à l’énoncé de nos pauvres mérites alors que nous aspirions à enseigner aux compagnons fourbus à voir plus loin que les bravos glanés au miroir patelin
un vœu persiste à la fenêtre matinale où la fillette assise au bord des larmes prononce bleu bleu pour dire violet « que désormais toute fleur meurtrie soit décrite en petites phrases sautillantes »
on s’adresse aux arbres une dernière fois on les étreint on leur parle tout bas pour leur faire dire et redire ce qu’ils savent d’en bas et qui hante ce qu’ils savent d’en haut et qui feint.
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