POUR QUE CHANTENT LES LILAS EXTRAIT Aurélia LASSAQUE


POUR QUE CHANTENT LES LILAS

EXTRAIT AURÉLIA LASSAQUE

Une maison de pierre…

Une maison de pierre et des rideaux de lin colorés par la lumière et la poussière mêlées.
L’océan, jusqu’à l’horizon, regarde par la fenêtre.
Dans la maison, une femme encore vierge ; ses cheveux de cendre que taquine le vent de la haute mer dansent avec le soir.
Sur la table, son vieux trousseau bien plié attire son regard quand les oiseaux de nuit se mettent à chanter.

Comme un jardin à l’abandon

Ta peau
Comme un jardin à l’abandon
Avec beaucoup de fleurs dedans.

Tu dis ? J’aime tes longs cheveux ?

Dans le creux de ta main
La clé d’une maison inconnue ;
Celle de tes ancêtres.

Tu dis que les volets ont perdu leur couleur,
Comme les vieilles tortues qui encombrent la mer.

Tu as dénudé tes yeux
Sur mon épaule.

A l’heure de la prière,
Nous avons dessiné des oiseaux
Avec l’ombre de nos mains.

Tu me parlais d’arbres
Qui ouvrent leurs feuilles

Au clair de lune.

Et je ne t’écoutais pas.
Je ne voyais déjà plus tes mains
Qui ouvriraient
Bientôt loin de moi
Les volets ternes d’une maison
Au bord d’une rivière
Dont tu ne m’as jamais donné le nom.

Aurélia Lassaque

RETOUR AU COEUR DU MATIN


RETOUR AU COEUR DU MATIN

De retour sur les doigts

ce goût de ta peau qu’une barrière séparait comme un précipice tient deux montagnes à l’écart

Mimétisme de corps connu qui attire comme au premier jour battant d’un temps non engrené aux horloges

Les rouages des réverbères qui avaient perdu la souplesse de l’humide, s’emboîtent sans que l’ombre intervienne

Cri des étoiles de l’avenue cosmique

le geste  de la première étincelle

n’a pas pris le temps d’être mental

unique vérité du non-dit du langage humain

Native manifestation

une eau innocente gazouille

mains tendues au-dessus du berceau d’un désert

Je t’aime oui je t’aime

d’un tout ébarbé de ce qui serait demeuré caché

Mémoire-vive

de ce premier matin qui apparut au tombé des poussières du big-bang sur les rangs de vignes

Nous sommes restés androgynes sous la pierre du dolmen

indissolubles autour de l’envolée de l’Abbaye de Châtres

inséparables comme les branches de la fourche

siamois comme ces ventres

du premier matin d’amour nu né de l’impossible.

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Niala-Loisobleu.

16 Octobre 2024