QUE LA FIN NOUS ILLUMINE – PHILIPPE JACOTTET


QUE LA FIN NOUS ILLUMINE

PHILIPPE JACCOTTET

Sombre ennemi qui nous combats et nous resserres, laisse-moi, dans le peu de jours que je détiens, vouer ma faiblesse et ma force à la lumière : et que je sois changé en
éclair à la fin.

Moins il y a d’avidité et de faconde en nos propos, mieux on les néglige pour voir jusque dans leur hésitation briller le monde entre le matin ivre et la légèreté
du soir.

Moins nos larmes apparaîtront brouillant nos yeux et nos personnes par la crainte garrottées, plus les regards iront s’éclaircissant et mieux les égarés verront les
portes enterrées.

L’effacement soit ma façon de resplendir, la pauvreté surcharge de fruits notre table, la mort, prochaine ou vague selon son désir, soit l’aliment de la lumière
inépuisable.

Philippe Jaccottet

MON REFUS


MON REFUS

Cette marinade de l’aigri dans lequel la vie trempe

où qu’on se tourne aujourd’hui

est le plat sans relief qui gagne au fil des jours

en asphyxiant tout appétit de passer à table

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Peut-être mais en dehors d’émoi

n’avoir que la guerre pour vivre est un crime contre l’humanité

en jouir comme son pain quotidien est d’une pauvreté digne des plus riches

La mort sans le sens du blues où la vie se défend plus forte que tout

quelle névrose hérétique d’une santé en fin de parcours

gardez vos gémissements littéraires pour davantage de foi sans diplôme

ce n’est pas à vous entendre gémir que votre dernière pollution va guérir

Comment en pleurnichant sans agir aurait-on pu ne pas perdre l’amour ?

De ce qui me reste, je suis contre cet état de règlement judiciaire, c’est plus dur de peindre aujourd’hui mais ça n’est pas une raison pour encenser les pleureuses.

Ma Pierre d’Âtre n’est pas le bûcher de mes enfants.

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Niala-Loisobleu.

8 Octobre 2024