HARRY SZPILMANN


HARRY SZPILMANN

À la façon d’un ciel inassouvi
ou d’une source balbutiante,

et sous l’égide toujours
des oiseaux conciliants,

je vise l’énigme
du corps chantant.

Vivant
qui s’efforce vers l’éclat.

Dût-il chemin faisant
se découvrir

désert sans bord,
nuit sans rivages,

silence sans fond.

La nuit auréolant chaque geste,
embuant chaque silence,
leste l’écoute et obstrue le regard.

Mais l’influx qui des fleuves
aux volcans se partage et se répand,
incessamment nous renvoie

à cette musique de terre
qui persiste et vrombit et fait
voler l’Obscur en éclats.

Quel amour
ne nous fut à la fois
dévastateur et revitalisant,
nous qui de toute éternité fêtons
les noces du vent avec la flamboyante
folie des giroflées ?

À travers pierres
comme à l’entour des roseaux,

à la suite des ruisseaux
comme en orbite des abeilles,

en voisinage d’éclair
comme aux pourtours des primevères,

et même
dans le sillage de l’Obscur,

le jour ne se peut décliner
que par les vocables du feu.

Océan à elle seule cette alouette
qu’enfièvre le printemps, le prolongeant
jusqu’à ton ciel natif.

Ainsi sommes-nous liés
à l’insondable qui nous révèle
et nous relie.

Cette inconnue
que le jour tente d’assimiler
continûment exile dans l’invisible
la flamme dont s’alimente sa persistance.

Tandis qu’au large
patiente le passeur d’ombre,

vivant relais de l’Innommable.

Écrire –

ne pouvant vivre
que conjugué,

par le corps et son souffle,
par le silence et son signe,

à l’accroissement du respirable.

Rien ne s’écrit ici
que la fêlure d’une vie
qui brûle à travers signes
de sonder sa soif
jusqu’à la mise à nu
de sa source inaugurale.

Harry Szpilmann