A PLUS


À PLUS

Vider l’armoire du trop-plein de choses calomnieuses

Il faut faire place à la verticale

Renvoyer les pourvoyeurs de mépris dans leurs cordes d’ingratitude

Tout remettre en peinture de l’œil à l’orteil, des seins au nombril, de la coulée du lit à l’estuaire

Changer de chenal

Dresser le périscope au-dessus de la ligne de flottaison…

Niala -Loisobleu.

24 Décembre 2023

LA BATAILLE DE NOËL


LA BATAILLE DE NOËL

Autour des reins cette serinette qui secoue ses boules sans parvenir à faire naître, dans l’invention d’une étable-utérus où l’haleine dans sa jazz-session pousse un boeuf pour enfanter le mythe, bat son plein

Face à face, flanc contre flanc, les vaisseaux de l’armada du business enrôle la family, les sabords ouverts des tiroirs-caisses

Un temps de cartes de voeux prétend mettre du soleil sur les plaines inondées

Remplissant trains et routes comme pour un rencart à la Mecque

Mais putain, moi peintre, jure n’avoir jamais vu de rouge aussi gris, M. le Président

D’un fond de caverne, une horde joyeuse bouscule et renverse le fauteuil où on vient se faire prendre en photo avec le profiteur

Je repeins, une grande-toile (100×73) pour renouer avec le bon motif. Voilà quelques jours que j’étais tenu en dehors de l’atelier pour cause d’emballage. Mais le papier-cadeau me gonfle à souhait pour me ramener sur mes bases et servir la cause. Les gens sont devenus fous, on risque de se faire piétiner pour s’approcher d’une gondole n’ayant rien de Venise, à part le masque qui la caractérise

Il faut que je purifie l’embrouille

Peindre le dernier qui lui rendra hommage, à Jacqueline, l’âme droite, debout, pas à genoux en pensant comme l’a écris Grindel à Joë, qu’on ne doit pas enfariner les enfants pour les racoler dans un système de piratage…

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Niala-Loisobleu.

23 Décembre 2023

LETTRE DE PAUL ELUARD A JOË BOUSQUET


LETTRE DE PAUL ELUARD

A

JOË BOUSQUET

20 décembre 1928

Mon cher ami,

Noël ? Je hais Noël, la pire des fêtes, celle qui veut faire croire aux hommes « qu’il y a quelque chose DE MIEUX sur la terre », toute la cochonnerie des divins enfants, des messes de suif, de stuc et de fumier, des congratulations réciproques, des embrassades des poux à sang froid sous le gui. Je hais les marchands de cochon et d’hosties, leur charcuterie, leur mine réjouie. La neige de ce jour-là est un mensonge, la musique des cloches est crasseuse, bonne au cou des vaches. Je hais toutes les fêtes parce qu’elles m’ont obligé à sourire sans conviction, à rire comme un singe, à ne pas croire, à ne pas croire possible la joie constante de ceux que j’aime. Le bonheur leur est une surprise.

Et puis, votre lettre me désole. Comment n’avez-vous pas pu vous procurer les disques que je vous indiquais. N’importe quelle maison un peu moderne de disques de Marseille, de Paris, vous les procureraient [sic] en quelques jours. Et j’y tenais tant. Enfin, dites-moi tout de suite si je dois vous les faire envoyer par des amis ? Si votre gros Dumont s’adresse à ses fournisseurs habituels, il est peu probable qu’on les lui procure. Il y a partout, dans les Cahiers du Sud, N.R.F., Variétés, etc., des annonces de marchands « à la page », comme on dit.

Mais je dois avoir ces jours-ci la visite d’une amie très au courant de ce genre de recherches et qui m’est très dévouée. Elle sera sûrement très heureuse de vous les trouver tous. Et très vite. Sinon, vous allez vous ruiner en achats au petit bonheur. Tous les petits marchands à la Dumont tiennent à se débarrasser de leur stock et laissent en panne, intentionnellement, les nouvelles commandes.

J’ai eu la visite ces jours-ci de Arp et de Max Ernst. Entendu pour votre tableau. Nelli m’a écrit. Il fait un froid solide.

Vous ne me dites pas si vous avez Les Malheurs des Immortels. Chantiers est bien long à paraître. J’en suis fort curieux.

Croyez-moi très affectueusement vôtre,

Paul ELUARD.

[En marge de la première page] :

Pourquoi faut-il que la joie des enfants soit pour ce jour-là et souvent ce jour-là seulement et souvent jamais.

(Source Des Lettres)

Ras l’bolduck


Ras l’bolduck

La belle campagne pour des fêtes loin des villes allons-y nous laver dés nos soucis. La route est toute verte

Du Nord à la Gironde la façade Atlantique est plaine d’eau

Niala-Loiseaubleu.

23 Décembre 2023

S’ALLUME AU LOIN CE QUI VIENT


S’ALLUME AU LOIN CE QUI VIENT

Jacqueline, il faut que je cause avec toi

Tu sais combien je déteste Noël depuis qu’en me volant mes enfants, leur mère m’a insurgé contre l’usage qui est fait de la vérité. J’ai du mal à supporter ce temps sans toi, ma peine à tenir debout m’afflige, aujourd’hui Michèle en déjeunant avec moi m’a dit ce que représente l’oeuvre que je m’apprête à exposer à Châteaubernard. Cet hommage que je t’ai rendu durant 39 années, pour t’être incarnée en dehors des normes qui nous gouvernent. A l’approche du vernissage, je me sens plongé dans le dérapage du monde, pour avoir fui la gloire et pas transiger sur ce choix

Je ne sais pas où part le monde. Je vois juste qu’il se joue la comédie, jamais de face, toujours selon la loi du nombre. J’ai mis mon art au milieu, jamais en dehors, comme un devoir naturel

Que cela éclaire sans tricher

Et je ne fais qu’en voir qui suivent aveuglément ce parcours délétère en se détruisant après s’être adulés au-delà du bien-fondé

La vie n’est pas un vedettariat à gagner mais un rôle à jouer.

La gloire est détestable.

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Niala-Loisobleu.

22 Décembre 2023

L’ATTEINTE FAITE A L’ECORCE


L’ATTEINTE FAITE A L’ECORCE

Dans le sillage des mouettes où j’avais lâché mon coeur librement, une pieuvre balaya la surface d’un tentaculaire piratage la sincérité de mon engagement

Cette vague depuis déborde des jetées au point d’engloutir les pilotis dressés sur les dénivelés marins dans l’intention de traverser pour rejoindre

Vive l’illusion en tous points semée, mais ce retour au cuissage royal doit être révélé dans le bon sens

La poésie pâlit de son imposture, ses belles demoiselles en étant les vraies maraudes

L’huître souveraine en est retirée des claires pour usage obscur

Les petits-bateaux ne vont plus à la pêche, on traque le gros pour finir par s’en prendre au renom qu’on lui a donné pour en faire le monstre qui lui est reproché

Gérard te voilà où tu t’es laissé conduire de toute ta meilleure volonté, au départ tu avais mis cartes sur table avec les Valseuses, mais ce temps là voulait que la majorité des femmes se fassent empalées par ton dard, à présent tu les forcerais

Le coeur qui grave les arbres finit par les faire pourrir

Ce monde est coupable de ses actes , je le condamne sans hésiter.

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Niala-Loisobleu.

22 Décembre 2023

DU HAUT DE MON ARBRE


DU HAUT DE MON ARBRE

L’alouette en regagnant son miroir a laissé la place nette

Le héraut s’est vu reprendre sa trompette

La belle a reconduit le faux-marin chez les parisiens par le premier train

Marre du style gonflé vahyné

Niala-Loisobleu.

22 Décembre 2023

BLEU EN VERT


BLEU EN VERT

Un clin d’oeil fébrile sur le numérique

met les boules et cette guirlande en branle

au prétexte de converser

dans le cochon paraît que tout est bon

Chet attrape sa corne et souffle de quoi denser proprement

Noël version blues voilà de quoi allumer plus que le sapin

la pluie a repris position

mais laissant croire que ça mouille pour une bonne action

voila ton ange en gardien qui se découvre le don de stripteaseuse-maison

je reconnais que dans l’intention douteuse

le génie de Baker sort de l’ornière et monte à jouir du rêve

la plage se retouve vraiment dans UN HOMME ET UNE FEMME au volant !

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Niala-Loisobleu.

21 Décembre 2023