JE GARDE LE CADEAU


JE GARDE LE CADEAU

A l’instant précis où les réverbères plongèrent dans le fleuve, la chanteuse sortie nue des bretelles des tenues de soirée

Quelque chose s’alluma dans l’angle des saillies de coude, cette envolée qui n’a nul besoin de s’enfoncer une aiguille de seringue pour rejoindre de quoi se sentir bien

Les danseuses du Moulin-Rouge prêtées par Lautrec à Georges Rouault avec leur tête de Pierrot, donnaient soudain confiance en assurant qu’il est possible de lever haut la jambe sans tomber dans un clandé à lanterne rouge

Un grand cheval de Parade nommé Cocteau poussa Picasso de derrière le rideau de scène d’où Orphée renaquit sans que Néron touche à Rome et tout au long de la ligne des chemins de faire de la Mythologie, les bras des dômes bleus recollés aux torses des statues tenaient des seins en équilibre au sommet des temples. Dans la mer, des îles, le Vésuve pas loin des Cyclades, au départ formait des réunions d’ateliers d’écritures qui laissaient aux murs des frissons d’étreintes poétiquement lubriques, Sous les égoûts une eau claire menait aux thermes pour sortir de cette saleté de fête organiséé. Marie-Laurencin au verger se laissait abricoter par un faune venu tout droit de La Ruche

Un remouleur de porcelaine entra dans la cabane foraine où les repasseuses défroissaient les peines de coeur. On entendit plus hurler Camille

Quand je dénouai le corsage de mon Noël, je tombai en jonglage sous le plus Grand Chapiteau, les deux fruits dans leur coupe avaient pour moi, le billet pour de quoi peindre

Sous la véranda de l’atelier la grisaille est restée dehors

A droite et à gauche, des choses comme des gens meurent. Moi, j’ai de quoi vivre au bout de mon pinceau.

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Niala-Loisobleu.

25 Décembre 2023

LA MAIN ET LE PIED SUR L’ECHELLE DU QUAI


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LA MAIN ET LE PIED

SUR L’ECHELLE DU QUAI

Dans l’extraction du temps passent ces moments où le monde s’engouffre en désordre

C’est Noël et je suis seul

le port lui, n’est allé nulle part ailleurs

il est là cernant de ses quais sa flotille amarrée

les oiseaux se sont tus, les portes se sont refermées sur ce qu’il ne faut pas perdre, les fêtards se sont rassemblés où bon leur a semblé, j’ai juste sorti ma première orange de circonstance de l’album du souvenir d’enfance

Pas de sapin

pas de cheminée et pas de sabots

le bruit est resté loin dehors

Dedans les images éparses de Noëls ayant eu lieu, avec des petits-enfants dedans sont passés en courant, je suis resté tout le temps seul avec Jacqueline

curieusement réunis dans notre dernier voyage plein de cette légende bretonne qui est ancrée à la pierre

A travers les grandes forêts, ce qui est sorti des fontaines ne tirait pas à lui de machines singulières faites pour la guerre

les côtes appuyaient à leur rivage les vieilles coques des chalutiers usés au bord de la Chapelle où s’accroche la mémoire des péris en mer

A travers les monts

nous avons regardé le temps dans ses pierres plantées à même le sol, puis plus loin dans les enclos paroissiaux, sans nous étonner de l’impression ressentie, pris tout entier dans la force du mystère ésotérique que la foi rassemble au bon endroit sans s’inquiéter de croire à la religion qui n’a pu nous convaincre

La vie n’a pas besoin du dogme pour s’établir

il lui faut juste de l’amour à la base

Et là, ma solitude m’a servi ce qui ne pouvait pas me faire douter, dans l’aigreur des plats qui sont passés, le miel des abeilles m’a sauvé de la méprise

De loin d’ici, ou plus près deux messages m’ont assurés qu’il y avait bien du bleu dans ma toile

Je terminerai donc ce jour sans répondre, je vais peindre en merci pour leur dire « Je vous aime… »

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Niala-Loisobleu.

25 Décembre 2023