SUR L’ENVIE


SUR L’ENVIE

Derrière ce soleil d’hier, la pluie d’aujourd’hui me noie la parole

Le mal que ca chausse à mes jambes déplace un déséquilibre qui conduit à des envies de faire en sorte de peindre malgré tout

Laissant à l’incompatibilité un pouvoir que je trouve malfaisant

Enlever la lumière et mettre à la place ce glauque éclairage est un état de nuire qui rime au plaisir de déplaire un point c’est tout

Mon jardin est une friche agressive où les rosiers m’accrochent comme si j’étais un intru

C’est sale comme une de mes peintures à l’envers

De la vie qui perd tout intérêt

On dirait un bateau percé , c’est plein d’eau boueuse

Aussi mon envie est de renverser ce jour pour le voir tomber de la table.

Niala-Loisobleu.

27 Novembre 2023

PETITS CAILLOUX


PETITS CAILLOUX

Collée aux nervures de saison, l’oreille mâche la vibration pour avaler de quoi faire sans bruit

Le chemin ouvert en forêt est parti d’un gland que la nature avait mis là pour se rappeler

La hutte a cette odeur de transpiration fauve partie de loin du temps qu’il faisait ce jour-là

Nature, faute de vigne, tu n’as sur toi que ce qui fait le moine unisexe

Du loup un cri traverse pour rassurer la nuit

Je retrouve la direction bien fléchée au bruit de la mer qui tient la poignée de l’estuaire.

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Niala-Loisobleu.

27 Novembre 2023

LAISSE DIRE LES FLEURS


PIERRE BONNARD

LAISSE DIRE LES FLEURS

De ta ballade au Quai aux Fleurs, tu ramènes le bouquet de mots d’amour qui suffisent et qu’ignorent les grandes serres de Hollande

Il faisait nuit et tu pris la rampe du trottoir pour tenir sur tes jambes jusqu’à son sourire

Un chien traversa la rue, ton hésitation entre les dents

abandonnant le costume des dernières années, tu marches droit et tout nu dans le début des lendemains sans sentir l’agacement de l’attente au bout des doigts

Ce bouquet que tu vas peindre est inapte aux gerbes, les cloches qui remontent les rues sont Just Married…

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Niala-Loisobleu.

26 Novembre 2023

CONTRE LA GRANGE


CONTRE LA GRANGE

Contre la grange, dans ton odeur florale, ce cheval

En corps fringant

L’oiseau rase

Les vieilles charrues

Du fond du sol sa clef ouvre l’étui d’unE guinguette

Autour des tables les dimanches au bord de l’eau en brassées dans le cou, valsent

De vingt-ans j’arrive à quatre-vingt-dix, assis sur un bord de cheminée saisonnier

On est parti sur la plateforme de l’autobus sans demander l’arrêt au terminus en passant devant

Les moissons, les vendanges, les embarquements aux grandes pêches, dans l’odeur du dernier trèfle de ta fourche pour le saut à l’élastique se sont cochés à nos crosses sans saigner à la grimpée des années

La beauté du fado l’emportant sur le raté d’une histoire avortée, on continue la traversée…

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Niala-Loisobleu.

25 Novembre 2023

ÔTE TON CUL DE LA CHAISE


PIERRE BONNARD

ÔTE TON CUL DE LA CHAISE

A la vue du tas d’habits traînant au sol, la mesure de l’attente impressionne

ces heures à n’entendre que l’eau couler pour rien ont embué la salle de bains au point de ne même plus voir le lavoir

Hier soir au moment de pousser la porte des années le bateau s’est mis à quai

Les têtes connues qui sont descendues tiraient trop à elles de choses en cours qui rêvaient de la rencontre dans le lit faite pour continuer à laisser la chaise à l’entrée

Même l’aquarelle au plus fort de son eau finit par sécher

Vos regrets mes fils n’ont pas lieu d’être, vous en êtes devenus complices de votre mère voleuse d’enfants, le premier instant où vous avez franchi les culottes courtes

Les pierres des constructions savent toutes ça. Il faut écouter craquer les charpentes et les parquets les nuits où les Maîtres de Guerre s’en prennent aux sommeils pacifiques

Ce matin je traîne dans mon futur en oubliant de me faire prendre par le linge qui jonche le sol du passé.

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Niala-Loisobleu.

25 Novembre 2023

DU SOLEIL DANS MA NEIGE


PIERRE BONNARD

DU SOLEIL DANS MA NEIGE

De la pierre que le temps a bougé dans la nuit, ce qui s’est ouvert a repeint l’idée des choses

La voile est neuve, l’oiseau va chez le coiffeur retailler ses plumes

Sur le pas d’illusions traversées, un ciment retient les vieilles fondations

L’ami qu’on croyait et qui n’est pas resté n’a pas retiré avec lui l’envie de donner

On a modifié le sens de sortie dans les maternités, quand je pense à Port-Royal, je me reconnais quand même dans l’existence de Marthe

Quartier Latin, la Seine mouille le grand bassin des Tuileries de toutes ses femmes qui tiennent leur piedestal aux côtés des chevaux de Marly

Ils ont enlevé les Halles, j’ai gardé dans mon coeur le grand magasin du Bonheur des Dames

A force de se pencher, tes seins ont tellement grossi qu’ils débordent des bains de mère pour le plus grand plaisir de ton chien

Au pas de cette porte, il me semble que rien n’a d’intérêt à part laisser tout ouvert en permanence…

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Niala-Loisobleu

24 Novembre 2023

90 ans aujourd’hui

DEPART NOCTURNE


RICHARD TUSCHMAN

DEPART NOCTURNE

L’estuaire bat de yeux dans la nuit où la source raccroche sa clef au portail

Les pavés n’ont pas barricadé le prochain passage, la cloche du départ s’agite à la potence du quai

Dans les couleurs de ce pavois que le vent brasse à l’entrée du port, la silhouette qui encadre le seuil de sa présence est revêtue des signes distinctifs de son genre

Le chant d’un accordéon passe par la porte du restaurant qui, en dehors de la ville, est amarré au fleuve au milieu du bois. Le roi qui y goûtait sa tranquillité réputée, reste historiquement lié à la Renaissance

Tout un symbole

Des voix portent les plats loin de la table

Ce soir on garde du passé ce qu’il a eu de meilleur pour passer le pont, le rite y tient en tous points, pas de place au hasard, c’est écrit sur l’invitation

Que du silence qui parle chacun son tour à la fin d’une fine écoute.

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Niala-Loisobleu.

23 Novembre 2023

D’UNE RUE A L’AUTRE


D’UNE RUE A L’ AUTRE

Le laitier devrait traire l’instant où l’obscurité est censée être le plus favorablement tirée

C’est ce que disent les tireuses de cartes qui recommandent une marque de GPS

L’oiseau lui sait qu’en s’étirant l’aile il ira se poser sur la branche à l’abri des influenceurs

Pas loin d’ici, il y a un banc pour poser son coeur au bord de la mer. Des oiseaux blancs tournent autour les jours de non-ramassage scolaire. Le vieux cheval du poète s’attèle alors à cette carriole qui promène le rémouleur qui passe à domicile affuter les couples émoussés

Ce froid de marrons-chauds peut noircir les doigts comme il veut, il nettoie le coeur de la joie qu’il a à l’intérieur

Quand j’ai vu le petit-bateau de ta culotte se lancer dans le mouvement de la balançoire, j’ai eu dans la pensée, la vue de la petite tortue qui au bout du sable venait d’entrer dans la mer

C’est vrai que je rêve d’un rien

Mais qu’est-ce qu’on peut faire d’autre d’un rien ?

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Niala-Loisobleu.

23 Novembre 2023