abat-JOUR PAR PIERRE REVERDY


ABAT-JOUR

PAR PIERRE REVERDY

Autour de la table

Au bord de l’ombre
Aucun d’eux ne remue beaucoup
Et quelqu’un parle tout à coup
Il fait froid dehors

Mais là c’est le calme
Et la lumière les unit

Le feu pétille
Une étincelle

Les mains se sont posées

Plus bleues sur le tapis
Derrière le rayon une tête qui lit

Un souffle qui s’échappe à peine
Tout s’endort
Le silence traîne

Mais il faut encore rester
La vitre reproduit le tableau

La famille
De loin toutes les lèvres ont l’air d’être ferventes et de prier.

Pierre Reverdy

au mocassin le verbe par robert desnos


AU MOCASSIN LE VERBE

PAR ROBERT DESNOS

Tu me suicides, si docilement.

Je te mourrai pourtant un jour.

Je connaîtrons cette femme idéale

et lentement je neigerai sur sa bouche.

Et je pleuvrai sans doute môme si je fais tard, même si

je fais beau temps.
Nous aimez si peu nos yeux et s’écroulerai cette larme sans raison bien entendu et sans tristesse.
Sans.

Robert Desnos

LA CHAMBRE SYMBOLIQUE D’ANEMONE


Alors qu’un feu est à la veille de prendre son image terrestre je tire les branches avant les cendres pour maintenir le dialogue en son état fusionnel

Où sont-ils passés ceux et celles qui se permettent quelque banal éloge funèbre comme on chante pour ramasser l’aumone en ignorant totalement ma qualité d’époux, le seul qui durant 39 ans à une semaine prêt a pu vraiment partager ses vertus indiscutables sans autre intérêt qu’en vivre intimement l’existence du détail

Je garde une douleur incommensurable de cette perte irremplaçable de ma Muse Authentique, intelligente humaniste dans l’ignorance où vous me mettez mais en sachant combien nous avons pu faire ensemble dans ce monde de rien

Notre chambre devient le lieu où la peinture dit sans jamais se taire ce qu’est l’amour dans la forme choisie parles deux acteurs en dehors de l’opinion étrange de gens de passage

Niala-Loisobleu.

18 Juillet 2023

DURER PAR PAUL ELUARD


DURER PAR PAUL ELUARD

D’horizon à horizon

Et ainsi sur toute la terre

Pour balayer la poussière

Les myriades de feuilles mortes

Pour dépouiller tous les arbres

Pour dévaster les cultures

Pour abattre les oiseaux

Pour éparpiller les vagues

Pour détruire les fumées

Pour rompre l’équilibre

Du soleil le plus chaud

Fuyante masse faiblesse

Monde qui ne pèse rien

Monde ancien qui m’ignore

Ombre affolée

Je ne serai plus libre que dans d’autres bras.

Paul Eluard

Dans l’évasement où tout se troue


Dans l’envasement où tout se troue

Dedans les choses essentielles se séparent aux croisées

Vitres lapidées par les pierres tombales d’un sacrilège

plus bonne qu’à des mots sans suite d’un nombril sectionné

C’est du détachement des charpentes que l’épine dorsale en se dévertébrant prononce des mots sans suite

A quoi sert d’être séparé du néant pour être mis dans un logement extra-terrestre excisé

J’ai froid d’un ciel détaché de base peuplé de zombies..

Niala-Loisobleu.

16 Juillet 2023

LA LANTERNE MAGIQUE


LA LANTERNE MAGIQUE

Dans la glissière de la chandelle les plaques de verre réunissent les images

Un éléphant sur le trottoir marche dans ma mémoire

Assis dans la barque

on suit la rivière de la Baie d’Halong-Terrestre

La buée commence à cogner aux ridelles

du marché flottant de la Plaine des Jarres

Même que ça déborde au soleil couchant

L’autre jour c’était en corps hier

Maintenant on a rouvert les frontières

Il va falloir se refaire une identité pour franchir la barrière

bien que j’ai gardé mes empreintes

Qu’il est lourd ton blanc-seing…

.

Niala-Loisobleu.

16 Juillet 2023

RESSAC


RESSAC

Repartie à l’assaut du large, la vague repart après le choc frontal au continent immobile

D’un cornet à plume me vient le solo de l’Ecume des Jours

non Boris je ne cracherais pas sur sa tombe

Elle va se faire l’escarbille de sa passion littéraire et suivre en procession du douro de Séville aux ramblas jusqu’à Gaudi

Plazza Mayor et les maisons blanches dans la traîne d’un filet de pêche de Federico

Jacqueline

label de Cadix

je colore toujours tes mots grand-large.

.

Niala-Loisobleu.

15 Juillet 2023

ICI J’HISSE…


ICI J’HISSE…

La veille de Fête Nationale

ELLE

mon Epouse

est partie du mal qui la rongeait

je lève les couleurs de sa plaine présence inspiratrice

en défilé sans fin

de l’Arc d’un triomphe

couleurs de peaux universelles

amour exceptionnel

hispanisante spirituelle

à la plume universelle portée par la colombe

que j’ai vu s’envoler hier

en baisant ta bouche et tes yeux fermés sur ton lit lit de mort

A bientôt, Jacqueline…

.

NIALA-LOISOBLEU.

14 Juillet 2023

L’ENVERS DE L’ENDROIT


L’ENVERS DE L’ENDROIT

Nous sommes

La voix qui tape à l’abat-jour s’affole

Les soins-palliatifs sont le dernier recours pour entourer la douleur dans un dessein animé genre Fantasia pour adoucir les effets égarés

Le ciel se fait oublier dans un ton neutre.

Niala-Loisobleu.

12 Juillet 2023

LA RENCONTRE – ROLAND DUBILLARD


LA RENCONTRE – ROLAND DUBILLARD

Il a fait semblant de ne pas m’avoir vue,
mais j’ai bien vu alors qu’il ne voyait plus rien ;
et quand je l’ai perdu de vue,
pendant des heures on m’a dit
qu’il a fait le tour de la ville.
Je l’ai vu revenir de très loin et tout droit,
à la façon de ceux qui savent bien mon nom ;
et il m’a dit aussi ce qu’ils me disent.
Mais je ne l’ai pas entendu.
Je me disais : que va-t-il devenir?
Combien de temps demanderont ses yeux?
Car ses yeux n’etaient pas de leur couleur encore ;
en sorte que ce n’est pas vraiment lui
qu’à cet instant j’ai vu venir,
mais sa main, qui venait la première.
Et tandis que cette main à la rencontre de la mienne
venait, pareille à des oiseaux,
j’aurais jure que je devenais pâle et trouble
comme font, lorsqu’on les approche, les nuages.
Et lui, voyant que je ne pensais plus à moi
que comme à des oiseaux qui s’eloignent,
il dit : je reviendrai.
Et il a redresse autour de moi les champs,
et remis le bois dans ses lignes.
Et les reflets des feuilles dans le fleuve
il les a replaces dans l’arbre avec les feuilles;
et sous ses yeux le fleuve a retrouve sa vraie couleur.
Et moi, quand il est revenu, j’etais très claire,
à cause de mes yeux qu’il regardait.
Et quand il m’a touchee, j’ai vu s’ouvrir,
à leur vraie place, et calmes,
les cailloux du jardin comme une maison blanche