DERRIERE LE TINTEMENT DES CLOCHES


Katarina Vavrova

DERRIERE LE TINTEMENT DES CLOCHES

Au virage qui suit

des broussailles d’où sort la dernière syllabe, un tressaillement d’ailes inidentifiable disparaît sans avoir rempli le registre, la ligne qui borde le ru s’assèche au coeur du tartre . La maison du garde forestier pourrait être mise en location. Ces ouragans couchent tôt les arbres, en emportant les traces qui permettaient aux chiens de relever la fréquence du passage sauvage. Les hauts-bois se sont tus, l’âme de la nature s’est mise en arrêt médical. Il y aurait une troupe de louveteaux qui pourrait venir bivouaquer dans un centre de sinistrés juste le temps d’un atelier de noeuds marins. Dans les écoles les services techniques municipaux réapprovisionnent les toilettes des écoles en papier H. On verra bien combien de temps le masque attendra que le nouveau variant se fasse connaître et que l’abandon de tout geste barrière charge les insoumis de s’indigner.

Niala- Loisobleu -21 Août 2022

UN ASTRE PAR ANTONIO RAMOS ROSA


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Antonio Ramos Rosa

UN ASTRE

PAR

ANTONIO RAMOS ROSA

Entends la mémoire du sang qui s’éteint, la longue

incohérence de la parole. Entends la terre taciturne.

Tout est furtif, les ombres inaccueillantes. Nul jardin

de secrets. Nulle patrie entre les herbes et le sable.

Mais où donc jaillissent l’ombre et la clarté ?

Voici les coteaux de la terre aride et noire. Qui

reconnaît l’équilibre des évidences sereines ?

Ces mots ont une odeur de portes souterraines.

Comment dominer la démesure de l’absence et le vertige ?

Comment rassembler l’obscur dans l’évidence des mots ?

Ecoute, écoute la longue incohérence de la terre

et de la parole. Tout au long de la distance

murmure la monotone perfection d’une mer.

Par oublieuse pudeur un astre se fait velours

d’un bleu profond dans la corolle du silence.

Traduit du portugais par Michel Chandeigne

in, « Anthologie de la poésie portugaise contemporaine,1935 – 2000 »

Editions Gallimard (Poésie), 2003

António Ramos Rosa | [Il y a une terre qui halète dans la gorge]


NIALA


António Ramos Rosa | [Il y a une terre qui halète dans la gorge]





[HÁ UM OFEGAR DE TERRA NA GARGANTA]



Há um ofegar de terra na garganta,
há um feixe de ervas que perfuma a casa.
O ar é solidez, o caminho é de pedra.
Procuro a água funda e negra de bandeiras.

Encho a cabeça de terra, quero respirar mais alto,
quero ser o pó de pedra, o poço esverdeado,
o tempo é o de um jardim
em que a criança encontra as formigas vermelhas.

Vou até ao fim do muro buscar um nome escuro:
é o da noite próxima, é o meu próprio nome?



António Ramos Rosa, Ciclo do Cavalo, Limiar, Colecção Os Olhos e a Memória, Porto, 1975, pág. 36.






[IL Y A UNE TERRE QUI HALÈTE DANS LA GORGE]



Il y a une terre qui halète dans la gorge,
il y a un bouquet qui embaume la maison.
L’air est solide, le chemin pierreux.
Je cherche l’eau profonde et pavoisée de noir.

J’emplis de terre le crâne, je veux respirer plus haut,
je veux être la poussière de la pierre, le puits verdi de mousse ;
le temps est celui d’un jardin
où l’enfant rencontre les fourmis rouges.

Je vais jusqu’à la fin du mur chercher un nom obscur :
est-ce celui de la nuit proche, est-ce le mien ?



António Ramos Rosa, Le Cycle du cheval suivi de Accords, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 1998, page 43. Traduction du portugais par Michel Chandeigne. Préface de Robert Bréchon.

Relativité


Relativité

Durant des années ce qu’un seul pinceau a pu couvrir m’interpelle face au néant de moins d’une nuit d’un seul d’entre eux…

Niala-Loisobleu – 21 Août 2022