POUR RENOUER PAR RENE CHAR


POUR RENOUER PAR RENE CHAR

Nous nous sommes soudain trop approchés de quelque chose dont on nous tenait à une distance mystérieusement favorable et mesurée.
Depuis lors, c’est le rangement.
Notre appui-tête a disparu.

Il est insupportable de se sentir part solidaire et impuissante d’une beauté en train de mourir par la faute d’autrui.
Solidaire dans sa poitrine et impuissant dans le mouvement de son esprit.

Si ce que je te montre et ce que je te donne te semblent moindres que ce que je te cache, ma balance est pauvre, ma glane est sans vertu.

Tu es reposoir d’obscurité sur ma face trop offerte, poème.
Ma splendeur et ma souffrance se sont glissées entre les deux.

Jeter bas l’existence laidement accumulée et retrouver le regard qui l’aima assez à son début pour en étaler le fondement.
Ce qui me reste à vivre est dans cet assaut, dans ce frisson.

René Char

Un crin passe


Un crin passe

Voie rouillée d’une gare laissée en route

où les vaches vont-elles voir un film ?

Une gardienne au passage fouille dans ses tiroirs à la recherche d’un chemin de traverse

Des pas perdus attouchent une charentaise.

Niala-Loisobleu – 8 Février 2022

BOUT DE TABLE


BOUT DE TABLE

Sur la grande table les cendres débordent des vers vides

Où est le Phénix cherchent les mots du discours pour faire croire qu’on transporte la paix sur des colonnes de chars?

La guerre prend son tant comme une première victoire.

Niala-Loisobleu – 8 Février 2022