JACQUES BERTIN – BAR DE LA JETEE A 20 HEURES


JACQUES BERTIN

BAR DE LA JETEE A 20 HEURES


Suis-je si vieux, marin sans mer ?

Toutes les révoltes éteintes

Achèveront de charbonner comme cet amas de vieux pneus

Marin sans vents. Il faudrait se battre pour des causes.

Défuntes Les causes. Morte l’époque

Suis-je déjà vraiment si vieux ?

Ce bijou, ce soleil levant, marin souviens-toi, c’est ton âme

Battue d’averses, c’est ton âme, cette joue propre, de vent

« Il rêvera en couleur, celui qui aura bu dans la flamme ! »

On se jouait des points cardinaux, des peurs et des quatre éléments

Il y avait aussi, marin !

Ces lettres peintes sur des toiles

Belles comme les lèvres des filles peintes, blanches les dents

Nous attendions, bateaux échoués, mais des désirs éperdument

Tendus, souviens-toi et des pleurs de tendresse tissés pour voiles !

On a trahi très peu et puis on a très peu laissé filer

On fait du cabotage.

Allez !

On fait quand même sa carrière

Mais il y a des tempêtes dans le calme plat des derniers verres

Et des soleils couchants intraitables qui vous feraient chialer

Un bistrot d’un port en hiver…

Il pleut dehors et pleut dedans

Et vissé au bar, le fantôme inquiétant du quadragénaire

Qui, pour des adolescents nuls programmés dis donc ! en binaire

Parle du seul rythme -du seul !- qui les soulèverait vraiment

L’ordre règne !

Les rêves, surtout cette année, ne sont pas chers

Les petits hommes sont conformes, et voyez s’ils sont astiqués !

Oh, jeunes gens, le mal qu’on se donne pour vous domestiquer

Pour vous conduire ici, enfin, où tout se brise sur la mer

Quand la seule richesse au monde c’était la sainte chimère !

Quand les seules vraies amoureuses sont les cent révoltes-mères !

Quand le galion aux cent étendards n’en finit pas de sombrer

Si l’on est vieux, marin sans joie, flamme sans futur, sans été !

Jacques-Bertin

GARE DES PARTS


GARE DES PARTS

Entre deux chaises

le ciel fourni par la Suisse reste neutre

pas question de troubler l’orgue établi

On a gardé les enfants de choeur à l’office

pour éplucher la soupe populaire

l’homme porte le chapeau

comme ça le symbole reste sauf

Aucune femme proteste en affichant ses seins

l’inégal reste planqué quelque part.

Niala-Loisobleu –

7 Novembre 2021

RÉGNER PAR GEO NORGE


Norge

RÉGNER PAR GEO NORGE

Chacun se regardait vivre
Et disait : ce n’est pas moi.
Je me suis trompé de livre.
C’est
Jules.
Paul ou
François

Je me suis trompé de lune,
O présence, faux témoin.
Si ce n’est l’autre, c’est l’une
Qui me ressemble le moins.

Es-tu seul, suis-je plusieurs
A peupler ce corps fidèle.
Ce front, ces tempes, ce cœur
Où la bise bat de l’aile ?

Qui vient brouiller les saisons
Quand je sens mes mains naïves
S’acheminer à tâtons
Vers un ciel à la dérive ?

«
Travaille, oublie et travaille ! »
Conseillaient de vieux rochers ;
Eux priaient vaille que vaille
Quelque dieu toujours fâché.

On tend la bouche à l’amphore
Où luisent des soleils sourds.
Et parfois les carnivores
Trouvent du goût à l’amour.

Mais moi. la rage que j’ai
Veut un sang qui reconnaisse
Mon anneau, mon droit d’aînesse.
Je suis roi. je veux régner.

Géo Norge

OMBRES PALISSES


OMBRES PALISSES

Drapeau vers raplapla, le bain pique encore du sable reçu plein les yeux

le bon coeur reste étendu dans l’ondule de l’ombre d’un soleil factice

Le club Mickey multiplie son artifice

en retenant quelques touristes au bar à teint

Derrière l’aéroplane du journal quotidien l’amour est tiré en banderole

Publicité mensongère

que le coq hue en adultère Monsieur le Commissaire

Oyats, oyats !!!

Niala-Loisobleu – 7 Novembre 2021