Jacques Bertin – Le Cheval


 Jacques Bertin – Le Cheval


Le cheval a le temps de mesurer la terre
Il tire au râtelier la paille du soleil
Sur son ventre un tracé de rivières amères
Où déferle le sang innocent des sueurs
Cheval

Cheval cloué vivant sur l’arbre de la faim
Ton œil veilleur est doux sur nos mains pardonnées
Cheval jusqu’au poitrail dans la houle du pain
Éclaboussé de vent et frotté de fumée
Cheval

Cheval mal dégagé des brumes du matin
Somnambule avancé sur le bord du ciel vide
Une voix te hasarde, une voix te retient
Usée par le vin fort, l’amour et l’eau des larmes

Le cheval a le temps de mesurer la terre
Il tire au râtelier la paille du soleil

LE SEMAPHORE


LE SEMAPHORE

Grand format à désemplir de vide pour que reste du soleil en partage

l’arbre court d’une branche à l’autre à saute-mouton sur le vague

Celui-ci recommence au métier pour tisser

visage tout de bleu

la laine serrée du signal vers

L’anémone à bord en console la perspective que le paysage guette du large.

Niala-Loisobleu – 23 Octobre 2021

BÂT TISSEUR


BÂT TISSEUR

La mer déferle

bien des naufrages au Cap de Bonne-Espérance

D’un outre noir rien ne me Soulages

Aux torts comme aux raisons je bois l’alligot bite au vent sans pisser dans l’haricot

Le fond de l’humanise et le goudron nicotineux d’une rancune ne m’ont jamais couché ensemble

Comprendre est souvent difficile mais tout refuser comme tout accepter est d’une facilité lamentable

Le lierre qui s’en prend au mur pour vivre m’afflige

Le jasmin qui s’agrippe en revanche montre le creuset qui est sous sa jupe

L’âne et la noria c’est dur mais en définitive ça fait monter l’eau

J’épope

je tisse

d’un amour qui sans tendre la joue s’en prend plein la gueule sans amertume, l’espoir c’est l’ortie où j’ai jeté mon aube…

Niala-Loisobleu – 23 Octobre 2021

LEO FERRE – LOVE


LEO FERRE – LOVE

Cette parole
Que j’attendais sans te connaître
Que j’accrochais à ma fenêtre
Qui traînait pas dans les affaires
Des gens qui me faisaient la guerre
Cette parole
Qui met dans mon vocabulaire
De quoi t’apprendre les manières
Cette parole

Love… Love… Love… Love

Cette parole
Qui traîne au nez des catastrophes
Qui vaut bien cent dix mille strophes
Qui te suffit quand je la chante
Qui coule en toi quand je t’enchante
Cette parole
Qui fait du vice la vertu
Qui met le pouvoir dans la rue
Cette parole

Love… Love… Love… Love

Cette parole
Que tu syllabes après la fête
Qui met la fête dans ta tête
Et puis ta tête dans la mienne
Et puis ma tête dans la tienne
Cette parole
Qui s’est barrée du dictionnaire
Où elle n’avait plus rien à faire
Cette parole

Love… Love… Love

{Parlé :}
Cette parole
Qui peuple notre solitude
Qui meurt au seuil de l’habitude
Qui se fait avant de se dire
Qu’on dit quand y a plus rien à dire
Cette parole
Qui fait les hommes fraternels
Qui sort les filles du bordel
Cette parole

Love… Love… Love… Love… Love… Love

Cette parole
Comme une arme contre l’offense
Comme un sourire du silence
Comme un passeur de l’autre monde
Comme un destin qui fait sa ronde
Cette parole
Comme la raison qui pâlit
Comme le prix de la folie
Cette parole

Love… Love… Love… Love… Love… Love

Cette parole
Comme une porte sur le large
Comme mon texte dans ta marge
Comme tes yeux dans mon ramage
Comme moi dans ton fuselage
Cette parole
Comme le salaire du rêve
Et comme le pavé qui lève
Cette parole

Love… Love… Love… Love… Love

« FLORALE » – NIALA 2021 – ACRYLIQUE S/VERRE 40X50


« FLORALE »

NIALA

2021 –

ACRYLIQUE S/VERRE 40X50

Froissements de soie

Derrière quoi as-tu enfermé ton corps ?

Je tâtonne aux murs

L’oreille à la porte qui se tient quelque part dans le trompe-l’oeil

Le chien s’éveille

Je dis bonjour et enfile sa truffe pour tout vêtement

Puis pars au marché aux fleurs cueillir l’anémone du matin

Niala-Loisobleu – 23 Octobre 2021