
LETTRE A MARIE – JACQUES REDA
| Vous m’écrivez qu’on vient de supprimer le petit train d’intérêt local qui, les jours de marché, passait couvert de poudre et les roues fleuries de luzerne. Devant le portail des casernes et des couvents. Nous n’avions jamais vu la mer. Mais de simples champs d’herbe Couraient à hauteur de nos yeux ouverts dans les jonquilles. Et nos effrois c’étaient les têtes de cire du musée, Le parc profond, les clairons des soldats, Ou bien ce cheval mort pareil à un buisson de roses. Des processions de folle avoine nous guidaient Vers les petites gares aux vitres maintenant crevées, Abandonnées sans rails à l’indécision de l’espace Et à la justice du temps qui relègue et oublie Tant de bonheurs désaffectés sous la ronce et la rouille. Depuis, nous avons vu la mer surgir à la fenêtre des rapides Et d’autres voix nous ont nommés, perdus en des jardins. Mais votre verger a gardé dans l’eau de sa fontaine Le passé transparent d’où vous nous souriez toujours Les bras chargés d’enfants et de cerises. Je pense aux jours d’été où vous n’osez ouvrir un livre À cause de ce désarroi de cloches sur les toits. N’oubliez pas. Dites comme nos mains furent fragiles dans la vôtre — Et qu’ont-ils fait de la vieille locomotive ? Jacques Réda |
Une procession de folle avoine que j’ai en plein cœur…
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Tu m’aurais vu bien marri du contraire. Surtout dans le virage à la sortie du tunnel. Des mimosas dans la vague de tes seins arrivent à la gare…
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