La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Toi qui dans la halte d’une journée peut-être difficile As choisi de lire Plutôt que d’écouter, ou de voir N’as-tu pas la télévision Je veux que ce soit donc par amour De ce pays à l’extrême-ouest de l’Europe De cette Europe fatiguée Dans les restes prestigieux de laquelle Les hommes se tuméfient Se heurtent, se font mal Comme papillons en folie Que menace l’obscurité Les lampes du bonheur d’être homme S’éteignent une à une Soufflées par le mauvais vent de la mort D’une mort que nous ne voulons pas Puisque nous respirons toujours Puisque nous avons des amis Avec lesquels ne pas tuer le temps Cet immortel Mais le fondre A la chaleur humaine Puisque les femmes nous sont toujours désirables Et qu’avec elles pas mal d’entre nous Faisons encore des enfants A tout le moins européens Pourquoi ce deuil prématuré ? Je t’invite à te recueillir A t’introduire A l’intérieur de cette région en toi Restée vierge Cette région de confidence indicible Que le rêve habite Où il vient faire son lit Ou son nid car il est oiseau Au rythme de la pulsation horizontale Quand le sablier se retourne du bon côté Quand cesse le bruit De ce langage de politesse et d’ennui Qui nous va si mal et si bien Cela dépend des circonstances Et dans les rets duquel le suicide File sa quenouille empoisonnée Que la mort prend le plus souvent à son compte Par instinct de conservation Si tout le monde se suicidait Elle n’aurait plus qu’à rendre son tablier La mort Elle ne servirait plus à rien Ce langage inoffensif et roucoulant Que l’on connaît : « J’ai vraiment été très heureux de vous connaître… Vous avez le téléphone ? Il faudra que vous veniez avec votre femme un soir. Vous jouez au bridge ? Vous travaillez en ce moment ? On devrait vivre six mois à Paris et six mois à la campagne. Je me demande s’il a vraiment quelque chose à dire… On ne voit pas assez, mais Paris. Il faut absolument que je vous le fasse connaître, un type délicieux. Et le prochain livre, il avance ? On vit vraiment comme des fous… Téléphonez-moi, téléphonez-moi… » Et ce langage chuchoté Dans la chambre à côté Qu’on entend sans le faire exprès Ce langage des couples chez eux… « Tu n’aurais pas dû lui raconter çà, il a fait une drôle de tête. Elle est plus sympathique que lui, tu ne trouves pas ? Dans le fond, on ne devrait recevoir personne … Le gigot était un peu trop cuit… Je me demande s’il m’aime toujours… Qu’est-ce qu’elle racontait dans la cuisine ? Il a pris un coup de vieux, tu ne trouves pas ? » La vie est longue ainsi parlée Ô le froissement des mots Et des vêtements que l’on retire Avec difficulté Le bruit des chaussures qui tombent Sur le parquet Le bruit que font les ressorts du lit Quand les corps s’y couchent ensemble Et qu’un grand soupir salutaire Vient sonner le carillonnement De la journée enfin finie Ô le sommeil tonitruant Des deux corps comme deux semelles Sous les draps à la nuit tombée Ô les corps que nous transportons… Je t’invite à chercher avec moi A chercher à gratter à palper A mettre l’aiguille adéquate Sur la cire molle De cette carte encore imaginaire Dont je te propose l’exploration Dont je te demande de parcourir Les lieux de haute sensibilité. Que mes faibles mots Profitent un peu du miracle De nos mémoires conjuguées Nous entendrons battre le cœur Fût-ce faiblement De ce pays à l’extrême-ouest de L’Europe Qu’on appelle la Bretagne, Ou plus précisément, L’Armor. Il est long à se déclarer, ce pays On n’en perçoit pas tout de suite Le tressaillement organique On le trouve généralement beau C’est une manière De s’en débarrasser. Il faut s’y enfoncer s’y perdre Comme dans l’amour justement, En connaître toutes les saisons Et surtout celle-là où l’homme Perd un peu de son ombre Et surtout celle-là l’hiver Qui rend les choses à leur nom Oui, Mallarmé, l’hiver lucide, Et qui n’a pas connu l’hiver D’un homme, D’une femme D’un pays, D’une pensée, En ignore plus que la moitié. Peut-être y es-tu venu toi aussi Peut-être en gardes-tu la nostalgie violente Et que dans le silence De tes quatre murs retrouvés Le disque breton reprend sa course Se remet en branle marine Aux dépens de tous les autres Et que c’est tout à coup des plages de lumière noire Des ciels, des odeurs, de vieux saints Moisissant dans un coin d’église Qui prennent possession de toi Et déracinent un peut ta vie A la quotidienne engagée. Pense si tu la connais A cette petite chapelle A ce dernier refuge occidental Du bon Dieu, mort paraît-il Peut-être bien assassiné Allez chercher le criminel Elle passe son purgatoire A la pointe du Van, là-bas Bien sûr elle ne sert plus à rien Elle a de la barbe d’écume au menton Un pêcheur retraité En fait visiter les absences Quand il y a beaucoup de monde En état de curiosité. Elle ressemble à quelque chose D’infiniment solitaire Elle doit penser que les hommes Qui l’ont construite Elle doit penser, et pourquoi Les pierres ne penseraient-elles pas, Que c’étaient de braves gens Un peu fous Qui voyaient des saint partout Les Bretons en furent prodiges Et des diables et des sirènes Alors que nous dans ce vieux monde On ne voit plus rien du tout Sinon les faubourgs de la lune Puisse le cercle refermé sur lui-même Au bout de ses périphéries T’avoir un peu rendu à cette enfance Jamais assez lointaine Ou vaincue Pour que le présent n’en soit parfumé. Il y a des réalités Qui ressemblent au rêve qu’on en fait Avant de les connaître Ainsi certains lieux de la terre Avant même d’en avoir souffert la dureté Le bien et le mal La fragile éternité Mais c’est nous qui sommes fragiles Des lieux entr’aperçus Dans le plus jeune de nos âges Nous en avons plus qu’il ne faut Ou antérieur A notre premier regard sur le monde Des lieux où la vie et la mort Battent les cartes du grand jeu Et qui grandissent avec nous, Nous envahissent A tel point que si l’on me demandait Comment est fait l’intérieur de mon corps Je déplierais absurdement La carte de la Bretagne Je te propose ce fugitif compagnonnage Entre le chien et le loup De l’aboiement crépusculaire Je te demande de m’aider A extraire de nos solitudes jumelles Un peu de cette magie Grâce à laquelle se renouvelle le bail Se rafraîchissent nos tristes idées Qui sont comme pierres dans un désert- sans oasis Stupidement debout contre le mur du néant Comme lorsqu’on attend quelqu’un Qui ne viendra pas Qui ne viendra plus Le rendez-vous n’aura pas lieu Les pierres de Carnac sont comme ces idées Muettes pour l’éternité Justes bonnes à attirer ceux qui veulent savoir tout Par le biais de qui ne sait rien Ô l’histoire, belle paresse, Mais vivre en est une autre, histoire, Rempli d’épines, le chemin, Et n’ignore-t-on pas encore L’étrange énigme d’ici-bas ? Il faut que je te retire de moi, la Bretagne, Que je t’arrache comme une grosse dent, Que je me fasse mal, essayant De m’oublier pour que tu vives Sans moi, sans moi, qui ne peut plus te suivre Dès lors que je t’aime au présent, Que je t’ouvre comme un éventail Comme un ventre de bœuf Comme une huître Et que par la grâce de cette effraction Un peu de la vie même Se jette au vent Avec tes hommes et tes femmes Tes colères et tes langueurs Avec tes grand-mères, si nombreuses Qu’on pourrait croire que ce sont elles Qui naissent ici chaque jour, Tes vieilles à coiffe Ô ces coiffes les Bigoudens Combien d’épingles Pour les faire tenir Ces gracieuses cheminées sur vos crânes Dans le pays le plus venteux Le plus plat du monde Dans le plus grand des courants d’air Avec cette coiffe suprême Le phare d’Eckmülh érigé Comme un sexe ami des pêcheurs Qui lance sa bonne lumière Dans le ventre ouvert de la nuit Quel hurlement Quand la détresse prend la mer Comme un mari fou les cheveux De sa femme adultère Les vieilles à coiffe Qui font du vélo sous la pluie Mais pleut-il vraiment en Bretagne ? La légende le dit, mais quoi Le crachin c’est une rosée Qui vient de là-haut, qui s’enroule Autour de nos fronts fatigués Cela nous fait du bien à l’âme C’est à peine si la route s’en trouve humectée Le crachin ne va pas jusqu’à terre Il est volatil, émulsion, neige d’été Son bruit est doux, c’est de la ouate Dieu se fait Breton à ce bruit Mobile est frais Avec tes jeunes filles Aux jambes fuselées Au bas-ventre très en avant Comme celui des Anglaises Quand elles jouent du Shakespeare ou du Ford Tes jeunes filles qui vont bras dessus bras dessous Dans la rue principale A l’heure où chacun se promène Elles vont et viennent Comme des oies charmantes Sous l’œil trouble des jeunes gens Qui les invitent le dimanche A danser le twist, quoi encore Qui fait l’érotisme primaire. Elles ont une diction chantante Un peu moqueuse Et l’œil bleu ciel, bleu d’acier Bleu fou lumineux Ou noir d’ébène, noir mauresque Dangereux velours sous les cils Taches de rousseurs en vadrouille Sur leur visage un rien mongol Pommettes d’api prononcées A moins qu’espagnol andalou D’où viennent-elles ? A combien de races mélangées Doivent-elles d’être ainsi faites ? Elles sont coquettes Il n’y a jamais assez de vitrines à lécher Et Paris la grande ville En attire plus d’une hélas On les retrouve bonne chez un dentiste Ou dans les contributions Ou pire, doctement mariées Avec un homme à large panse Qui les a trop civilisées Où sont leurs belles couleurs ? J’ai remarqué, c’est à mes risques et périls Que le mariage ne leur réussissait qu’à moitié, Sans trop savoir pourquoi, mais vrai Les voilà fanées Du jour au lendemain Comme si je ne sais quelle funeste hérédité S’était déclaré dans le spasme En tout bien tout honneur répété. Il es est peu qui passent le cap Du lit conjugal en beauté. Elles aiment encore se déguiser En reine, en duchesse en page Comme si les temps n’avaient pas changé Elles aiment encore jouer A n’être pas tout à fait ce qu’elles sont Et leur théâtre est plus vivant, Vivant, ça se dit dans les livres Que celui-là qui mime tout A l’italienne vous savez Les coulisses sont toujours prêtes A recevoir les naufragés Qui se démaquillent bien vite Non certes ce n’était pas vrai. Mais avec ces jeunes filles Qui gardent vaches dans les prés Il en reste encore quelques-unes Ou mettent en conserves Des poissons au profil déçu On se laisse bien prendre au jeu De ces coutumes d’autrefois Et leurs jupes longues, leurs châles Que des anges auraient brodés Leur manière d’être naturelles En ces moment privilégiés Laissent rêveur l’homme actuel Qui les regarde ainsi passer Et s’étonne enfin d’une grâce Qui leur vient de la nuit des temps Dont le jour cruel atténue Le provisoire enchantement L’amour qu’on éprouve pour un pays Cela ne tient à rien A un bout de ciel détaché Qui vous prend le cœur en écharpe Les hommes s’éloignent un peu L’homme que l’on sent parfois être On se hait plutôt que l’on s’aime Entre nous, entre soi et soi C’est grand dommage Mais comment faire pour s’aimer Plus qu’il n’est permis entre humains ? A une rue très mal pavée Au coin de laquelle il est sage De rester muet, à la porte De l’impensable éternité A une odeur, une fontaine Dans le secret d’un chemin creux Un lavoir où tout le linge du quartier Depuis des siècles Vient se faire battre en mesure Sous l’œil vicieux des korrigans Il y a toujours un peu de paradis Sur notre boule terrestre La Bretagne en a gobé une bonne partie Et pourquoi y viendriez-vous Vous dites qu’il y fait froid Que ses hommes sont brutes épaisses Qu’il y pleut quatre jours sur trois Gens des mois de juillet et d’août Dites, y reviendriez-vous ? Mais ne s’y sent-on pas Moins déserté qu’ailleurs On s’y arrête Au gré de je ne sais quel bon vertige Entre la mort et la vie brève Entre la mer et le soleil Qui l’éclabousse en branle-bas Quand il se lève, à l’Est, là-bas Ensanglanté royal Et que des feux de sa crinière Oui l’image a déjà servi Il secoue les yeux du jour endormi Et les crible de sa poussière d’or massif Quel vertige qui vient de loin Et de tout près, que l’on peut toucher de la main La mer est jeune, quel âge a-t-elle Elle est ce mur horizontal Où s’appuyer quand rien ne va Et rien ne vas plus trop souvent Cette béquille infatigable Qui n’en finit pas de jeter Sa parabole au fond des sables Dans le cœur mat d’un coquillage On l’entend encore chanter Elle est terrible aussi, traîtresse Qui ne le sait ? Elle vous flanque par-dessus Ceux qui l’aiment jusqu’à la mort Et les poissons croisent alors Un équipage qui descend Les mains crispés dans le néant. La mer s’en lèche les babouines Comme un tigre après avoir bu Tout le sang d’une chair humaine Elle est extraordinairement monotone Comme tout ce qui est important La vie l’amour Jean-Sébastien Bach La mort j’imagine… Il y a un proverbe breton Qui dit que la poésie est plus forte Que les trois choses les plus fortes Le mal le feu et la tempête Et c’est bien la poésie Qui s’est enfoncée jusqu’à la garde Dans la gorge de la Bretagne De la baie du Mont Saint-Michel A Locmariaquer Mais qu’est-ce que la poésie Le proverbe ne le dit pas Elle est peut-être je m’avance Les sables ici sont mouvants Elle n’est peut-être Que ce qui ne s’oublie pas Ce qui ne se découvre que les yeux fermés Le jour et la nuit ensemble Derrière une porte condamnée Qui ne peut jamais s’ouvrir Que si on ne la force pas Le poète est celui-là qui ne cherche pas mais trouve Par haute fidélité A ce qui n’existe pas Comme l’homme existe et s’en va. Qu’elle nous soit présente, la Bretagne Dans ses humeurs, ses élans, son mystère, Son mystère surtout Approchons-nous-en-doucement Laissons-nous faire et défaire Par cette magie enfantine Qui vient des mots tout simplement Laisse-toi guider, conduire, vivre Je veux dire rêver tout haut Grâce à ses mots qui savent être durs comme le granit Entre avec moi dans cette brume Toujours provisoire ici La tête de l’homme, fragile sémaphore, Comme la tête du vent, ce buffle aveugle Ecoute ces mots qui ont des gueules terribles Comme on en voit sur les calvaires Ou dans les romans de Victor Hugo Ecoute : Grouannec Coz Kerhornaouen Boudoushin Treouergoat Louxourougoen Couxenzen Keralleunoc Stangkergoulas Enfonce – toi plus en avant dans ce pays Qui est comme une pince jamais refermée Pour que l’océan ne s’y engouffre En conquérant, ou en flâneur Dans les anses par-delà Brest Viens et vois comment au fur et à mesure Que tu marches Ton rêve se déploie se déplie Se métamorphose en un réel drapeau géant Qui serait planté au sommet brut Des monts d’Arrée Cette Egypte sans Nil et sans Rois Où le diable fait la grimace Il a dû se pendre par là Et ressusciter dans la mer Où sa queue fait encore peur Aux marins quand ils le rencontrent. Un drapeau à la gloire duquel Se libère le ciel, soudain immense Plus spacieux que n’importe où On a l’impression que tous les saints du monde L’ont choisi pour y faire la sieste, Quand il est doux Que les démons mangent les restes Du repas des saints, et se battent Quand il s’échelonne en hurlant Comme un fou qui renie son âme Se libère la terre Qui n’en peut plus de s’étirer Comme tu fais toi-même Homme heureux d’être loin des hommes De tes hommes particuliers D’affaire ou de triste commerce Et qui te mets les bras en croix Dans le bâillement de l’espace La terre aussi semble se plaire A ces jeux de respiration Au fur et à mesure que l’homme se raréfie L’homme taupe L’homme rat L’homme puce Qui saute ici et puis ailleurs Dans son délire quotidien Ce parasite qui suce le sang de la vie Mais il en perd toutes couleurs, ainsi Finissent pas mal d’hommes. Alors voilà que c’est assez Que c’est dans notre dos Les entrevues jusqu’à nausée Sur l’ennui d’être plutôt ceci que cela Les amours propres qui sont sales Les susceptibilités l’oeil en coin Les défilés de mannequin Qui portent la mort sous leur masque Les petites bicoques loi Loucheur Où les dimanches de l’ennui S’écoulent près de la grand-route Où l’on se tue à perdre haleine Les conversations au sommet Les grands coups de poing sur la table Les politiques infernales Les gratte-ciel ongles de nuit Où l’on brasse L’horreur d’être homme en ce monde Foutez-moi tout çà dans la mer Foutez-moi tout dans l’eau salée Que la terre ouvre ses veines Et se refasse en nouveauté En compagnie tourbillonnante De ces tziganes de poissons. Respire ami et songe encore à d’autres mots Ceux-là câlins, mots de laine Oiseaux sous la langue Qui disent le printemps marin La gentillesse armoricaine Qui tutoie l’univers entier A ces mots : Forest Fouesnant Lannilis Landudal Landevennec Saint-Guennolé Plouhinec Clahars carnoët Rozermeur A ces noms de rivière aussi Ces rivières qui viennent doucement mourir Dans l’énorme cuve qui bout de peur Comme disait je ne sais plus qui : Aulne Aven Odet Ellern Ellé Blavet Goyen Laïta Laisse-toi prendre dans ces mots Comme dans une algue marine Qui va sa vie au gré des flots Mots de granit et mots de laine Entre le sauvage et le tendre Entre le roc contre lequel La mort elle-même Se fracasserait son crâne stupide Ce crâne dont nous entrevoyons l’horreur Quand on se lave les dents Quand nous embrassons d’un peu près Notre prochaine Ce crâne décharnélisé Qui rend nos soupirs ridicules Mais il faut bien en supporter La fétide arrière-présence Et cogito ergo sum Il est vrai que l’homme pense Avec ce crâne en location Avec ce sourire ces yeux Autant de trous dans les ténèbres Mais elle est là, la vraie propriétaire Elle n’en perd pas une bouchée parle toujours et dis je t’aime Mon beau pantin Que je vais désarticuler La bourse de l’éternité est plus inflexible que l’autre Qui change au gré des jours argentés Et nous finirons tous ensemble Et vous nous marcherez dessus Hommes de demain, vos pas lourds Berceront nos destins brisés Trop vite interrompus peut-être Chi lo sa ? Entre ce grand crâne idiot Et la fleur des champs Et les ajoncs genêts bruyères Et le laurier-rose, le mimosa Entre l’effroi Et le plaisir d’être vivant D’être là, comme on dit De se sentir en mesure d’homme Sous ce ciel qui change de couleurs Comme les gens riches de chemises Ce ciel où l’hirondelle attrape le vertige Et la fauvette l’alouette le roitelet Et la mésange charbonnière Baigne-toi d’abord dans ces mots Qui sentent bon la terre humide, Mots qui braconnent Quand la merveille recommence A l’aube d’un jour nouveau-né La merveille de figurer Dans ce drame abracadabrant Dans cette féerie sublime Que la Bretagne rentre Dans les mille pores de ta peau Dans les mille rues de ton âme Rues mal famées Rues douloureuses Rues clandestines Interdites à l’étranger Rues qui montent, montent, et soudain Tout l’horizon sous ta paupière Qu’un bon ouragan les anime Tu ne pourras plus te passer De cette musique obsédante Qu’elle sécrète, la Bretagne Je ne parle pas seulement De ce vent grognon dans une outre Qui sait exploser comme le tonnerre Sur le front moite de l’été Les touristes en rang l’écoutent Tu la connais cette musique Elle prend à la gorge Elle t’agrippe la glotte Tu y vas de ta larme aussi bien Elle t’arrive du fond des siècles C’est Purcell et tous les élisabéthains Tout à coup dans la rue, qui passent Ô les bannières dans l’azur Et je te souffle là-dedans Les joues en poire Les hauts genoux Comme s’ils massaient les deux hanches Et les poignets qui virevoltent Et les pipeaux et les tambours Les Bretons sont au garde-à-vous Je te souffle dans mon biniou. Point trop n’en faut, c’est fatigant Le pathétique folklorique Retournons vers la naturelle La musique des doigts de l’eau Qui se font les ongles en silence Au contact rugueux des galets De ces galets que l’on ramasse Que l’on caresse de la paume Que l’on regarde sur la table Quand on est loin de leur pays Ils font se lever la mémoire Comme un spectre de bon aloi. Qui dit que la mer est à boire ? Elle est trop salée Mais l’homme a toujours besoin d’elle Besoin de la savoir présente Irréductible au pas humain. Jésus, dans sa paire de sandales, ou pieds nus Je n’étais pas là pour le voir Marcha sur les eaux. Je le crois. Mais c’est un rien blasphématoire De pousser le pouvoir divin Jusqu’à piétiner la baignoire Ce miracle-là, doux Jésus N’est-il pas indigne de vous ? Basse est la marée Noire l’eau Cette eau fiévreuse qui rabote Le sable sale fatigué Cette vase gélatineuse, la grève Où viennent s’enfoncer Les vieilles boîtes de conserve Hier j’ai vu un chat crevé Les coquilles d’huître, les pneus Les caisses, les culs de bouteille Les pots de chambre Tout ce que l’homme casse ou renie, La ferraillerie quotidienne Tout ce que l’homme mange et laisse Pour les chiens, laborieux clochards Avec poubelles attitrées, Sans parler du reste Qui ne sent pas toujours très bon On y va le soir, d’un grand geste Jeter ce à quoi vous penser L’hygiène est encore en retard Dans nos pays civilisés Afin que la mer en reprenne Large possession Qu’est-ce qui pourrait la salir ? Les mouettes y font repas froid L’œil de profil cisaillant l’air Et cette voix rauque, ce rire Qu’ont-elles avalé, c’est pire Que le cri quand nous en rêvons, Que le cri de la mort qui passe. Lui préfère la naturelle Sous les coups de trois heures du matin Les cloches se dandinent au vent D’un christianisme mourant Mais têtu Une musique qui s’infiltre Dans les plis mouvants du sommeil Une étrange combinaison De bois et de bitume Dans l’air pain béni moisi Un bruit mat On sent que l’homme de ce bruit Ne tient à réveiller personne Qu’il vient de sortir de chez lui Comme un enfant qui s’en va à l’école Avec son panier sous le bras Sa chique au bec Ou dans une petite boîte Ou dans sa casquette A quoi pense-t-il dans la nuit ? Il va travailler voilà tout Comme tant d’autres Qui dégringolent vers la mer Et se retrouvent sur le quai Silencieuse foule bleutée La lune fait ses dernières chinoiseries L’obscurité craque comme une étoffe que l’on fripe Cette forme blanche là-bas Qui émerge dans un coin de grève Cette rondeur couleur locale N’allez pas vous en offusquer Ce n’est que l’un de ces messieurs Qui pose culotte. Et dans la barque du passeur Ils gagnent leur bateau Par petits groupes Graves, au garde-à-vous Debout l’un derrière l’autre On dirait des condamnés à mort Qui mijoteraient encore Je ne sais quel crime Ce ne sont que des ouvriers Ils sont nés près de leur usine Qui s’ouvre sur le monde entier. On n’imagine pas un pêcheur Loin de la mer ou en vacances Et depuis quand je le demande A-t-on pu prendre l’océan Pour une partie de plaisir ? Leurs bateaux ont toutes couleurs Rouges jaunes noirs A nom de femme ou de déesse Amphitrite ou Marie-José Ils se font du ventre amical Jouent d’un coude désabusé En attendant de lever l’ancre Les poissons somnolent encore Dans les songes de l’aventure La mer tremble très doucement Comme les entrailles D’une femme enceinte au repos Qui protège son petit nageur La nuit s’allume, japonise Des moteurs se mettent en branle Ces gens-là vont gagner leur vie Entre la pointe du Raz et le cap de la Chèvre Ou au-delà, dans l’Iroise. La pointe du Raz où l’été L’horizon se trouve bouché Par les amoureux en tous genres La pointe du Raz où l’hiver On marche à quatre pattes Pour ne pas s’envoler Du côté de l’île de Sein. On dit que la terre finit là C’est faux La terre prend des vacances Elle va se refaire dans les caves Par-dessous le phare de la Vieille Sur son rocher Gorlebella Beau nom pour mourir. On raconte qu’un des gardiens de ce phare Fou de jalousie Y enferma sa femme et l’amant Qu’elle s’était choisi Jusqu’à ce que mort s’ensuive Pour les trois Car il se jeta dans la mer Pour y noyer son grand malheur. On raconte beaucoup de choses A propos de ce passage haineux Où la mer est tuberculeuse Avec des cavernes des trous Des toux de sa poitrine en feu Entre le nid de roches brunes. L’île de Sein qu’on voit au loin Assiette plate au ras des eaux Avec le poivre nécessaire A faire éternuer le soleil Et le gros sel en ses ruelles Où l’on marche l’un derrière l’autre Merlin l’enchanteur y naquit C’est ce qu’on dit Elle fut lieu de féerie De nymphes et de dryades On en parle généralement Comme d’une île triste Un rien damnée Dont les habitants sont sinistres Et le furent bien davantage. J’y ai trouvé de braves gens Qui n’ont de soucis que les nôtres Les hommes y vont aux travaux que la mer propose Les femmes tout de noir vêtues Comme portant deuil éternel Y prennent soin de leur maison De leur minuscule jardin De leurs gosses heureux d’être là Où nul accident de voiture n’est à craindre Il n’y en a pas. Ni de gendarmes C’est appréciable. On y regarde sans envie Le continent, masse indistincte Sans trop penser à ce qu’il cache De milliers d’individus Assez étrange de se dire Qu’on peut aller De la pointe du Raz à Moscou Sur ses deux pieds Avec des villes des villages L’avenue des Champs-Elysées A traverser Mais vous connaissez le chemin. Ce qu’il n’y a pas au-delà De cette terre menacée De ce désert en pleine mer C’est une gaieté particulière Une bonne humeur Sans rien d’exubérant Une gaieté tranquille Une façon d’être sur la terre Comme si elle n’existait pas Et certes on pourrait en douter Quand le soir tombe au cœur de l’île Et que la mer ronge son os Sur les grèves, zones pierreuses Marchés aux puces océanique Que lèche avec voracité La langue tranchante des phares Qui patrouillent l’obscurité. Armen, la dernière lumière Avant la grande plaine folle Qu’on mit huit années à construire. Tévennec. Son premier gardien Devint fou. Il entendait dire Va-t’en va t’en Pas en français mais en breton Kerscuit kerscuit Toutes les nuits Et ceux qui vinrent après lui Le même bruit les effraya Phare de la malédiction Entre nous ce n’étaient que mouettes Par centaines dans le rocher Il est feu fixe maintenant Et plus personne n’y habite. Plus loin vers le nord, Ouessant, Et ses pupilles dans le noir Le Stiff, Créac’h et la Jument Nividic, Men Tensel, et d’autres Ouessant dont les hommes et femmes Passent pour avoir été les meilleurs du monde… « Le vol y était aussi inconnu que la mauvaise foi. La pureté paraissait au premier abord y avoir trouvé un asile assuré contre la corruption universelle. Les jeunes gens gardaient publiquement dans leurs paroles la réserve la plus sévère. Un travail opiniâtre et continu en même temps qu’il bannissait la pauvreté, devenait la sauvegarde de l’innocence et de la santé. On y vivait jusqu’à cent ans, cent vingt ans, quelquefois même cent quarante. Un octogénaire venait-il à décéder on pleurait sa perte comme celle d’un homme qu’une mort prématurée vous aurait ravi. Le bétail était nombreux dans l’île, mais nul arbre, nul serpent, en sorte que la mère du genre humain était à l’abri de la tentation… » Ils étaient même si gentils Qu’ils composaient des prières Pour leurs voisins de Molène Dans le genre que voici : « Madame Marie de Molène Envoyez un bon naufrage à mon île Et vous Monseigneur saint Ronan N’en envoyez pas un seulement Mais plutôt deux et même trois Afin que chacun en ait sa part. » Ouessant Où l’on parle encore aujourd’hui De la jeune fille héroïque… Une nuit en 1905 Un vapeur marseillais Vesper Se prit dans le nid de vipères Que forment les rochers d’Ouessant. Quatorze d’entre ses marins Parvinrent sur une chaloupe A se sauver, mais la furie Les empêcha de débarquer. Une jeune fille une îlienne Elle s’appelait Rose Héré Entendit leurs cris de détresse Comme elle allait vagabondant Sur la falaise. Elle se laissa Glisser jusqu’à la grève Le granit est dur, et sa jambe En fut bien vite ensanglantée Jupe en l’air mais quelle pudeur Résisterait à cette quête Que font les hommes quand leur vie Ne tient plus qu’à celle de ceux Qui vont les tirer de la mort Elle rentra dans l’eau mauvaise Trébucha en voulant saisir La corde désespérée. Et la voilà bouchon fragile Un filin lancé la sauva Et la voilà dans la chaloupe Conduisant les hommes au port. Dans l’île sa voix retentit L’air aura sculpté l’innocence De ce grand cri : « Ils sont sauvés », Quelle proféra en breton Car elle ignorait le français. On lui décerna des médailles La presse dit son beau courage On la reçut même en Sorbonne La pauvre n’y comprenait rien. Elle est morte il y a dix-sept ans Près de sa vache et de ses poules Un Allemand se servit d’elle Pour écrire un très beau roman Mais pourquoi l‘avoir magnifiée ? C’était une clocharde, errant Sans qu’aucun amour lui rappelle Que l’être humain peut être aimé Par autre chose que le vent. Paix à toi par-dessous la terre Rose Héré, fille de brume Dans ton cimetière d’Ouessant. Sans doute est-il bien imprudent De vivre longtemps sur les îles Sans y être né Sans en avoir connu enfant La merveilleuse absurdité. Elles semblent ignorer tout De l’ambition de l’homme adulte Qui veut convaincre son prochain De l’anarchisme apprivoisé Du citadin dans une cage Qui exalte la liberté, qui vote pour elle Enfermé Dans ce qu’il nomme sa vertu Raymond Queneau dirait mon cul Mais le temps des îles est ainsi Qu’il y faut faire son devoir Qu’il crée le vide si l’on ne va Au bar, c’est un gros poisson argenté A la vieille, au homard Il faut mettre sa montre à l’heure D’une éternité toute plate Dont l’unique obstacle serait Les caprices de la lune Cette folle à tout jamais Qui fait de la mer une femme Aux menstrues quotidiennes Si j’ose dire. Cette gaieté dont je parlais S’y manifeste dans des rires A réveiller l’âme des morts Autour d’une table où le beurre salé Fait boire un vin très fort qui noie Les soucis dans son encre rouge Sans doute ce rire est précaire Car l’océan fait sa rumeur Mais c’est la vie guerre pour guerre Moi je m’amuse quand tu pleures Quand tu mugis je me réveille Quand tu fais mal à mes amis Je vais me battre en ta fournaise Grand œil pour œil et dent pour dent Œil de la mer Dent de la vie… Les îles ne sont qu’un tableau Où l’enfance du monde Trace à la chaux un mot sans fin Que le temps trouble et qui revient Dans le vent qui meurt et qui passe Car tout ici meurt et s’efface Ne seraient-elles pas un rêve Que la mer aurait fait bouche ouverte ? On y vient en foule l’été Y déposer son air urbain Ah c’est là que je voudrais vivre Dit la demoiselle à son chien Puis on repart. Déjà si loin Le paradis. Mais on prend garde A s’émouvoir de moins en moins. Nous retournons sur la grand’terre Après tout une île aussi Et l’homme redevient une île Au contact froid de son prochain Dans les souterrains de la ville. Ô Concorde Solferino Ô Vaugirard, Sèvres-Lecourbe Lèvres se courbent disait Fargue Les visages crus de vos lignes Me sont à tout jamais restés Visages au moins pathétiques De ceux qui rentrent enfin chez eux L’œil mangé de cernes mauvais Le métro je l’aime au matin Quand les ouvriers s’y rassemblent Rasés de frais, silencieux Comme le sont dans la nuit bleue Ceux que j’entends de ma fenêtre Vers les trois heures du matin Qui s’en vont pêcher la sardine Ou plus loin le thon, ou encore Beaucoup plus loin Ceux-là sont les Mauritaniens. Ils reviennent trois mois après Leurs casiers remplies de langoustes Roses et vertes qu’on envoie Dans les restaurants fruits de mer Des grandes villes. D’être restés longtemps en mer Les fait bégayer quelque peu Comme si le rythme des vagues Les empêchait d’aller plus loin Qu’une syllabe ou deux. Ils butent Sur les rochers de leur histoire A force anecdotes salées. Dans les rues du port retrouvé Ils tanguent mais aller me dire Si c’est le vin d’un bon retour Où l’océan qui leur donne cet air penché Leur démarche dit leur pensée Elle va d’un côté de l’autre Jambes arquées mains dans les poches Les pêcheurs ne sont pas pressés Et le dimanche à trois ou quatre Ils goûtent peu la solitude Ils font les cafés de la ville Trop bien vêtus, ils se balancent Comme des pingouins engoncés Sans se parler beaucoup Il n’y a rien de plus difficile Que de tenir, je dis tenir Une conversation avec un pêcheur. Il est fuyant ou il se tait Ou parle sans penser à l’autre On le dirait happé par l’horizon L’hameçon du ciel dans la langue Le langage ne l’intéresse pas A-t-il tort avons-nous raison De vouloir parler à tout prix Allez le dire ? Avec lui on peut se payer De belles parties de silence A ne rien faire qu’écouter Le métal marin en fusion La mer ne rend pas intelligent Mais elle empêche la bêtise Je ne connais ni ne conçois De pêcheurs bêtes comme peuvent l’être Un avocat, un docteur és lettres Par exemple, et certes C’est bien autre chose Que ce qu’on apprend dans les livres Qui les empêche de l’être Je ne sais quelle connaissance Toute nue toute crue Qui ne touche pas à la parole Le plus souvent source de ruine Quand on la prend comme elle vient Une connaissance qui laisse son homme Intact, tranquille Tout à fait indifférent aux autres hommes sur la terre A moins qu’ils ne soient en danger Indifférents à leurs tourments Plus ou moins métaphysiques Un homme en état de sauvagerie, un peu Comme Rimbaud souhaitait de l’être Mais il connaissait trop bien la langue Française et latine Pour en oublier les détours Un homme en posture d’enfance Qui n’a strictement rien à dire A son prochain d’autre métier Un homme avec la ruse la brutalité La susceptibilité animale Qui le rend parfois bagarreur Mais aussi cette ingénuité Cette bonne franquette du cœur Ce goût de vivre Je vous défie de rencontrer un pêcheur triste C’est un mot qui n’existe pas Dans son vocabulaire organique Mais aussi cette étrange soumission A la femme à l’épouse Car la femme d’un pêcheur C’est elle qui porte culotte Son homme est en mer Mais c’est elle qui lui conserve la terre Sentinelle attentive Dans une pièce ou deux On y mangerait par terre Tant c’est généralement propre C’est elle qui tient les cordons de la bourse Et donne à son homme le dimanche Ou les jours de fête De quoi s’amuser un peu Aux boules à la belote au stade Et boire un petit coup ou plus Du gwinn ru qui râpe la langue Et leur inspire des refrains Que le soir dans les rues brumeuses Leur grosse voix clame à tue-tête On en ramasse quelquefois, c’est rare On les accompagne chez eux Leur femme dit : « Merci monsieur Ah ma doué si c’est pas honteux Va te coucher mon pauvre vieux. » Quand la retraite aura sonné Il viendra s’asseoir sur le quai Les mains tordues de rhumatismes L’oreille rongée par le sel L’œil blanc d’avoir trop navigué Dans la nuit, d’en avoir scruté La menace dans les étoiles Il regardera immobile Comme ces Bédouins du désert Sa belle usine sa maîtresse Sa vie Qui reviendra de très loin, là-bas Lui rire doucement au nez Sans rancune au moins sans rancune Et son sang n’est-il pas salé A force d’en avoir vaincu plus d’une Dans ses tours d’un monde marin Mais que d’amis perdus aussi, que d’ombres funestes Au souvenir. La mer est broyeuse d’histoire Nulle trace humaine sur sa peau Elle n’est pas comme la terre Avec ses monuments commémoratifs Ses statues. Les hommes ont besoin De savoir que d’autres hommes Sont morts avant eux Pour la patrie ou par l’esprit Ca leur donne cœur à l’ouvrage Et combien ne vivent encore Les malheureux Qu’en vue de la postérité Une belle croix sur le ventre Et grands discours dessus leur boîte. La mer s’en moque La mer se moque des trophées Des médailles sur la poitrine Elle prend les hommes au début De leur vie et les retient jusqu’à la mort. Le passé d’un pêcheur dit bien Son mouvement inéluctable Il est très rare est-ce possible Qu’un pêcheur n’ait pas eu pour père Un autre pêcheur On ne s’improvise pas Homme sur la mer sur ses reins Pas plus hélas que fonctionnaire C’est dans le sang Plus ou moins pâle impatient Et puis mon Dieu Il faut de tout pour faire un monde Autant en emporte le vent.
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