Jour : 17 février 2021
HOMME ANNÉE ZÉRO

HOMME ANNÉE ZÉRO
Année
Zéro
Hurlant sur une banquise encore saignante, l’homme cherche sa couronne de soleil.
Tandis que le grès tiédit
l’enfer prend la forme du premier cercle.
Au-delà des paupières de lave, sécher les flèches cathédrales.
Rêver la peur.
Hélices d’une étrave immobile, les frondes poussent le cheval
vers un palimpseste de tibias éclatés, d’ivoires sans bouches.
Sous roche, les mains deviennent
ces parois magiques où chaque silhouette
gomme un lambeau de nuit.
Inventés, les dieux mangeurs de gui.
Adorées les étoiles que le sang désaltère.
Contre l’inconnu de l’éclipsé,
voici qu’une future prison
surgit sous les doigts du tam-tam.
Puis l’éclair, puis le buffle, rythment ce buisson d’instincts.
Aux lames nées d’un cataclysme l’homme, héritier des arbres, affûte la terre langage,
hésite devant les signes croisés qui transpercent le temps, et déchiffre, ébloui, l’énigme sur ses lèvres.
Maintenant la vision grandit mais vers quel pôle: cytoplasme ou planète larme ou pluie d’aérolithes?
Mécanique céleste en route pour l’opacité dans une orchestration de couleurs vénéneuses.
Tracés de villes pétries dans l’ocre.
Pyramides — boussoles de la mémoire.
Horlogère,
une civilisation ajuste sa puissance,
étalonne la magie de l’or,
et meurt empoisonnée par le plomb de ses aqueducs autant que par ses lances étouffées sous l’écaillé.
Longtemps, déluge polychrome.
Séchés, les temples d’os payent tribut aux astres.
A soutenir un ciel vide leurs colonnes ont tari.
Quand l’hémorragie marine investit le désert des socles, les dieux sombrent moutons.
Et le fer avale d’un coup les fleurs sans mâchoires: alliage pour mouvoir un monde qui doit remodeler ses masques,
de nouveaux démons voulant se glisser entre le visage et le masque.
Toccata nucléaire en mémoire de l’eau, montée chromatique essoufflant le cœur des anges.
Nous baignons dans leur sexe inexistant peut-être, voué aux explosions en chaîne ou déjà durci noyau.
Élucider, afin de la combattre,
toute explosion moins précieuse à la nuit.
Fête pour cerveaux-carton
craquelés dans les bals dominateurs d’empires,
dont la cire, au matin, oxyde le flambeau.
Les grands porteurs de germes consacrent une église nouvelle
où le plomb des vitraux devient cet or qui coule entre cuisses d’autoroutes, vers un musée aux précieuses menstrues.
A l’intérieur, les circuits intégrés pullulent sur chaque neurone où se titille le bonheur.
Enfin, la vie sait programmer la mort.
L’homme, plus assuré, divague entre les éveils
Microbe à des années-lumière de lui-même,
il immunise l’espace-temps mieux que toute existence.
Mais revienne l’année zéro pourra-t-il rajeunir l’oubli?
Jean Orizet
BORDE MER

BORDE MER
Propre paume de caillou
entre coude et pôle
un oeil passe
flac
l’ardoise de l’aile
parle sans rien écrire
Niala-Loisobleu – 17 Février 2021
PENELOPE’S SONG

PENELOPE’S SONG
Un jour que l’écume sort des calendes et que le sablier abandonne la plage
Le seau est plus que périlleux sans la pelle
Pénélope au placard des confitures tire l’haleine
Pendant qu’Ulysse à fort à faire pour raisonner le foutu dieu plus têtu qu’une rancune
Le cheval de Troyes passe pas dans le sillon
Les Gorgones en bord de route tout le long font du stop
Jupe fendue et décolleté abyssal
A l’abri dans le coquillage me reste en corps de l’iode sans oursin
C’est bon pour faire entrer du bleu à chaque prise d’air dans le tuba de l’arc-en-ciel
Entre deux véroniques la muleta rentre ses cornes pour donner le sein à l’enfant qui reste.
Niala-Loisobleu – 17 Février 2021
FRAGMENTS POUR ACCOMPAGNER LE VIVANT

FRAGMENTS POUR ACCOMPAGNER LE VIVANT
La cascade des plantes se déversant sur les murailles
C’est l’unique eau libre qui gronde dans le silenc
Puis la terre aussi
tire à elle le ciel et s’en couvre
pour chasser la solitude
Je connais une seule main
capable de dessiner les arbres avec leur bruissement
Mais regardez-les donc
C’est un vent particulier
qui remue chaque arbre
Désignez les planches
Désignez-les en brandissant vos entraves
dans la lumière qui ne trahit pas
Un oiseau traversera devant vous
que les arbres seuls ont prévu
Plantes qui s’étendent et couvrent tout comme l’oubli s’abattant sur la mémoire
Je crois toujours le lierre
n’a d’autre souci que le labyrinthe
Ne t’appuie pas sur l’air
ni sur moi. ô nénuphar
mais sur ce qui fera de toi le feu de l’eau
L’eau n’est-elle pas ton trône ?
Main jouant le vide et la couleur
Main jouée par le vide et la couleur suivant le penchant des plantes
Main blessant et cicatrisant apportant la preuve du paradis
Ah la terre
l’astre menteur !
Elle nous amuse avec la prodigalité de l’ivrogne
alors qu’elle prémédite les volcans.
Idris Issa
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