Jour : 14 février 2021
L’OISEAU-PLANTEUR

L’OISEAU-PLANTEUR
Se frondant d’elle-même
la pierre a libéré la pousse du passage en la dégageant de l’impasse
Une petite tête verte s’est mêlée au mélange glacé
hérissant un bleu prometteur
au corps de la branche orientée au sud d’un appareillage rose
Les Indes au Rameau on ne peut plus galantes
les amoureux du bas-relief ont entamé la parade
tout le temple s’est allumé en positions kama-sutra
encens musicaux accompagnés de mouvements de singes et de feulements de tigre.
Niala-Loisobleu – 14 Février 2021
CONTREBANDE

CONTREBANDE
L’écharpe d’enrouement glisse de son cravatage de mots qui seraient étrangers à la définition qualitative du cou. Nous étions une île. Un tsunami en a fait un in-continent
Entre le calice sacré et la partie florale d’un jour qui se fête comme aujourd’hui à grand frais et beaucoup moins d’amour, se balade une littérature de détournement
J’aime la verticale qui part du noyau vers la peau sans se fourvoyer dans l’appeau en embuscade
Être fendue est bien plus grand que de se vanter d’un appendice – ça ne s’arrête pas à la débandade après cocorico
Dire que des femmes s’en plaignent comme d’une infirmité ablative au couteau m’a valu dès ma prime jeunesse à aujourd’hui une incompréhension plus souvent méchante que comprise
Tiens je vois des tons francs se manifester
la palette donne des signes de métamorphose
Ceux qui échappent à toute imperméabilité de l’âme
Mourir d’amour ça n’existe pas on ne meurt que de sécheresse
Donner nourrit avec équilibre au contraire de prendre
Niala-Loisobleu – 14 Février 2021
PLEINE EAU

PLEINE EAU
Le cri d’un coq traîne par les rues vides, dans cette chaude après-midi de juin où il n’y a personne.
Le silence, profond comme un grenier à blé abandonné, gorgé de chaleur et de poussière.
Quel désœuvrement sous les voûtes basses de ces tilleuls, sur ces marteaux de portes où bâillent mille gueules de bronze !
Quel après-midi de dimanche distingué, qui fait rêver de gants noirs à crispins de dentelles aux bras des jeunes filles, d’ombrelles sages, de parfums inoffensifs, des
steppes arides du cinq à sept !
Seul un petit nuage, alerte, blanc, — comme le nageur éclatant porté sur l’écume ombre soudain de stupidité la foule plantée sur la plage — couvre de
confusion tout à coup le paysage endormi et fait rêver d’extravagance au fond de l’avenue un arbre qui n’a jamais encore volé.
Julien Gracq
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