DERRIERE EUX, LUMINEUSE


DERRIERE EUX, LUMINEUSE

Lapidairement poncifs

ils érodent l’animal

nitratant le végétal

genre « c’est la nuit »

Pomper la mer, faut-le faire

plus rien derrière

à part toi qui renaît sans tes cendres

du le seul arbre qui demeure éclairé

l’oiseau jabot plein rêve herbérant.

Niala-Loisobleu – 17 Novembre2020

LA BASILIQUE DE PYTHAGORE


LA BASILIQUE DE PYTHAGORE

Il y a dans un coin de ma mémoire cette ville alerte dont je n’ai pas encore voulu jouir.
Les boulevards tournent avec les rayons du soleil et l’ombre est de tout temps réservée aux rues de traverse et au quartier désuet des conspirateurs.
C’est là que je m’achemine à midi sonné par des ruelles où le vent perpétuel rebrousse les herbes.
De très vieux hôtels à baldaquins de pierre s’entremêlent çà et là à quelques-unes de ces charmantes gares de campagne désaffectées que la
ville a avalées au passage — aussi bien conservées, ma foi, que
Jonas dans sa baleine.
Au coin de la rue se balance la pancarte bleue défraîchie de la salle d’attente des premières classes.
Une maison hospitalière y donne — pourquoi pas ? — ses jeux folâtres; par la grille du guichet il m’est donné parfois de surprendre, au creux d’un ballot de
cotonnades, les ébats les moins condamnables.
On se croit tout à coup — dans une apothéose de madras de couleur et cette ombre, cette ombre fraîche ! — au cœur de quelle
Caroline du
Sud !
Et la poussière ! — cette fine poussière de charbon des gares très patinées, dont l’odeur enivre.
Tout autour, un jardin, accueillant, — des colchiques, des bougainvilliers.
Il est défendu de s’arrêter longtemps.
L’ombre d’un gratte-ciel tout blanc éteint la petite gare, on pense tout à coup à la
Sicile, aux rues en falaise de je ne sais quelle
Salerne de béton où dans un ouragan de mouches l’ombre des loggias de l’Hôtel de ville haut perché écrase les maisons du port et leurs belles lingeries multicolores,
leur grand pavois des jours de fête, qui sont tous les jours.
Il y a aussi une débauche d’horloges de fer, comme de grandes araignées.
Si débonnaires, si tranquilles.
Le ferraillement énorme d’un tramway entre au cœur de tout cela comme un tremblement de terre, une explosion de vaisselle, ou le tintamarre réjouissant de ces tubes de métal
accordés qu’ébranlent les portes des magasins pleins de pénombre où l’on marchande des bibelots d’osier, des porcelaines, des flacons treillissés de parfums
exotiques.
Pour en revenir à la petite gare, dans son jardin s’est réfugié un cèdre.
Entre les murailles verticales qu’il touche et qui font sauter le cœur de joie à leur élan lisse, il étend ses branches comme ces niveaux d’eaux croupies des puits très
profonds, les années de sécheresse.

On a du le descendre là au bout d’une corde, et c est dans cette galerie de forage, sous ce culot de verdure, sous ces clapets de verdure dormnés par cent trente-cinq étages et
l’éclat neuf en plein jour de toutes les étoiles, c’est la que je donne mes rendez-vous d’amour et mes baisers voraces, mes premiers baisers.

Julien Gracq

Quien Más, Quien Menos – Joaquin Sabina



Quien Más, Quien Menos – Joaquin Sabina

Quien más, quien menos
Tiró una vez la casa por la ventana
Se tatuó en las sienes una diana
Probó un veneno

Quien más, quien menos
Se ha tomado a sí mismo como rehén
Y tiene una conciencia todoterreno
Del mal y el bien

Pero yo fui más lejos
Metí un palo en la rueda de la fortuna
Bajé al sótano en busca de un mal consejo
Usé tus puñaladas como vacuna

Ni un paso atrás
Mi espada de Damocles era afilada
Cortaba en dos mitades la madrugada
Un pie en el tango y otro en el ojalá

Quien más, quien menos
Pagó caras 500 noches baratas
Y cambió a la familia por dos mulatas
De culo obsceno

Pero yo fui más lejos
Le adiviné las cartas al adivino
Aposté contra mí por no hacerme viejo
En la ruleta rusa de los casinos

Ni un paso atrás
Mi espada de Damocles era afilada
Cortaba en dos mitades la madrugada
Un pie en la rumba y otro en el más allá

« Qui plus, qui moins »

Qui d’autre, qui moins
Une fois jeté la maison par la fenêtre
Une cible a été tatouée sur ses tempes
J’ai goûté un poison

Qui plus, qui moins
S’est pris en otage
Et a une conscience hors route
Du mal et du bien

Mais je suis allé plus loin
J’ai mis un bâton dans la roue de la fortune
Je suis descendu au sous-sol à la recherche de mauvais conseils
J’ai utilisé tes coups comme vaccin

Pas un pas en arrière
Mon épée de Damoclès était tranchante
J’ai coupé l’aube en deux moitiés
Un pied dans le tango et un autre dans l’au-delà

Qui d’autre, qui moins
Payé cher 500 nuits bon marché
Et il a changé la famille pour deux femmes mulâtres
De cul obscène

Qui d’autre, qui moins
Il s’est agrippé à un ongle brûlant pour ne pas tomber
Truffé de bisous comme un John Lennon
De Lavapiés

Mais je suis allé plus loin
J’ai deviné les cartes au diseur de bonne aventure
Je parie contre moi-même pour ne pas vieillir
Dans la roulette russe des casinos

Pas un pas en arrière
Mon épée de Damoclès était tranchante
J’ai coupé l’aube en deux moitiés
Un pied dans la rumba et un autre dans l’au-delà


« Qui plus, qui moins »

Qui d’autre, qui moins
Une fois jeté la maison par la fenêtre
Une cible a été tatouée sur ses tempes
J’ai goûté un poison

Qui plus, qui moins
S’est pris en otage
Et a une conscience hors route
Du mal et du bien

Mais je suis allé plus loin
J’ai mis un bâton dans la roue de la fortune
Je suis descendu au sous-sol à la recherche de mauvais conseils
J’ai utilisé tes coups comme vaccin

Pas un pas en arrière
Mon épée de Damoclès était tranchante
J’ai coupé l’aube en deux moitiés
Un pied dans le tango et un autre dans l’au-delà

Qui d’autre, qui moins
Payé cher 500 nuits bon marché
Et il a changé la famille pour deux femmes mulâtres
De cul obscène

Qui d’autre, qui moins
Il s’est agrippé à un ongle brûlant pour ne pas tomber
Truffé de bisous comme un John Lennon
De Lavapiés

Mais je suis allé plus loin
J’ai deviné les cartes au diseur de bonne aventure
Je parie contre moi-même pour ne pas vieillir
Dans la roulette russe des casinos

Pas un pas en arrière
Mon épée de Damoclès était tranchante
J’ai coupé l’aube en deux moitiés
Un pied dans la rumba et un autre dans l’au-delà

EDITIONS TRAVERSEES


Éditions Traversées.

AuteurPar lievennPublié dans Chronique de Patrice MaltaverneChroniques

Chronique de Patrice Maltaverne

Barbara Auzou et Niala« L’Époque 2018 », Éditions Traversées.

Publié par les Éditions Traversées, « L’Époque 2018 » (sous-titré Les Mots Peints), de Barbara Auzou et Niala (alias Alain Denefle), comprend une suite de trois cycles, intitulés « L’Époque 2018 », « Autan Occitan » et « Notre Jardin bleu ».

Il m’arrive très rarement de lire des recueils de poésie dans lesquels illustrations et poèmes soient aussi inséparables. Je veux dire par là que pour se pénétrer de l’ambiance des textes publiés ici, il faut déjà observer attentivement les illustrations avant d’aller lire les poèmes correspondants.

Le poème n’est d’ailleurs pas le décalque fidèle de l’illustration (acryliques sur toiles ou contrecollés). Cependant, il est la traduction fidèle de son univers.

Le monde de « L’Époque 2018 » peut être qualifié d’onirique, de consubstantiel à la nature (couleur verte dominante), de sensuel (représentation de nombreux nus féminins), voire de mystique (élévation des personnages et des choses).

Dans « Autant occitan » et « Notre jardin bleu », les représentations sont moins humaines, tandis que le soleil et l’eau se mélangent davantage à la nature.

Il résulte de ces univers peints des poèmes visuels résolument lyriques, aux images volontiers baroques, mais qui ne sont pas dépourvus de mouvements, ce qui donne à ces textes leur puissance, et une respiration ample.

Le résultat est un recueil ambitieux qui a su retenir mon attention de lecteur, car, mine de rien, il s’y passe plein de choses.


Extrait de « L’Époque 2018 », de Barbara Auzou, « Notre jardin         bleu 1 » :


« Au bout de la route franche

qu’on ne foule que de l’âme

sur les courbes de l’unité et de la spontanéité du geste

se trouve un jardin bleu dont la hanche

tremble comme une mariée aux pieds nus

et qui s’émeut de la caresse

d’écume à ses cheveux et de la rondeur

de ses larmes quand le gant de lierre

qu’elle retourne la détrousse dodue

de ses solides trésors d’enfant

tressés sur les 

d’un rire innocent.


Les arbres déroulent leurs arbres au flanc

d’un tendre abri. Que célébrer sinon la vie

et la pensée que l’on existe maintenant

la fleur le sein le fruit en leur juste poids

les mousses de la douceur sur le velours de l’appui ?


L’azur croît pour soutenir la lumière

des mains réciproques qui s’enroulent au hasard

saisonnier des moissons à venir.

Des greniers de la peau qui s’étonnent encore

de leur réserve de sel s’échappent des bourgeons de rires

et quelques boutons d’or. »


Si vous souhaitez en savoir plus sur « L’Époque 2018 » de Barbara Auzou et Niala, qui est vendu au prix de 20 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur : 

https://traversees.wordpress.com/a-propos/

©Patrice Maltaverne

VUE EN ROUGE


VUE EN ROUGE

Ils ont écopé le reste de salive du chant

l’herbe en s’écaillant

écobuait le rouge-queue sur un dernier perchoir

quand, ultime tic-tac qui regimbe

tes seins ont trépigné

refusant de produire du laid

Accoururent lapins, bêtes à bonds d’yeux, genre plumitifs à échasses et gros becs, batraciens et en corps poissons comme avant l’évolution, sacrés têtards, secondés de vent ascensionnels pour faire la courte -échelle

Sans oublier l’élan qu’un brame rend plus amoureux qu’un bout de racine de ginseng

Ah c’est que pour l’argument t’es magistrale (voir Traversées)

que j’aime autant dire à la crise que son mur on va l’exploser.

Niala-Loisobleu – 16 Novembre 2020

ROUX DU BONHEUR


ROUX DU BONHEUR

Traversée du lapin battant

la garrigue en ce Novembre remonte son col fauve

et de son sceau rouge

emboîte ses roux à mon essieu pour la course à l’échalotte

de ma fenêtre l’espoir s’émancipe.

Niala-Loisobleu – 16 Novembre 2020

SURSAUT DE COMBAT POUR SE SENTIR


SURSAUT DE COMBAT POUR SE SENTIR

A priori tout pousse à rien

la pandémie a trouvé de quoi se nourrir dans l’évolution de la décadence

les jours amoindrissent et pompent la personnalité en s’attaquant au caractère de chacun dans leurs combinaisons d’arrangements particuliers.

Le vrai geste barrière tient dans la résistance individuelle qu’on fait remonter de l’enfouissement où on est plongé sans le vouloir. L’imposition bricolée (plus en fonction d’une politique non pourvue de couilles) accomplit son travail de sape

J’ai peur de ne même plus me reconnaître et d’avoir une tête à tout le monde, masque oblige.

La difficulté matérielle accélère la chute. Pourquoi produire si on écoule pas ?

Le temps des Maudits renaît

L’Art est laminé

Je peins concomitamment pour et contre moi-même. Mais la vie doit être maintenue c’est la mort-fourbe qu’il faut tuer

Rester chien.

Niala-Loisobleu – 16 Novembre 2020

GRANDS-FONDS 8


GRANDS-FONDS 8

Proches les unes des autres

les amphores

gisent près des restes de l’épave en tenant le vin infusé à la résine de pin, le retsina millénaire

les anémones d’un rose tendre qui s’y sont fixées n’ont pas déclaré d’adresse, l’endroit est inconnu des chasseurs de trésor

intime secret

que le sel conserve

même pas un crabe

mais des bancs multicolores de poissons frais qui nagent autour

Je nagerai là à mon tour avec mon Capitaine, bercé par cette lyre du grand silence de la mer

d’immortelles roses jaunes quelque part à la surface.

Niala-Loisobleu – 15 Novembre 2020