La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Il y a dans un coin de ma mémoire cette ville alerte dont je n’ai pas encore voulu jouir. Les boulevards tournent avec les rayons du soleil et l’ombre est de tout temps réservée aux rues de traverse et au quartier désuet des conspirateurs. C’est là que je m’achemine à midi sonné par des ruelles où le vent perpétuel rebrousse les herbes. De très vieux hôtels à baldaquins de pierre s’entremêlent çà et là à quelques-unes de ces charmantes gares de campagne désaffectées que la ville a avalées au passage — aussi bien conservées, ma foi, que Jonas dans sa baleine. Au coin de la rue se balance la pancarte bleue défraîchie de la salle d’attente des premières classes. Une maison hospitalière y donne — pourquoi pas ? — ses jeux folâtres; par la grille du guichet il m’est donné parfois de surprendre, au creux d’un ballot de cotonnades, les ébats les moins condamnables. On se croit tout à coup — dans une apothéose de madras de couleur et cette ombre, cette ombre fraîche ! — au cœur de quelle Caroline du Sud ! Et la poussière ! — cette fine poussière de charbon des gares très patinées, dont l’odeur enivre. Tout autour, un jardin, accueillant, — des colchiques, des bougainvilliers. Il est défendu de s’arrêter longtemps. L’ombre d’un gratte-ciel tout blanc éteint la petite gare, on pense tout à coup à la Sicile, aux rues en falaise de je ne sais quelle Salerne de béton où dans un ouragan de mouches l’ombre des loggias de l’Hôtel de ville haut perché écrase les maisons du port et leurs belles lingeries multicolores, leur grand pavois des jours de fête, qui sont tous les jours. Il y a aussi une débauche d’horloges de fer, comme de grandes araignées. Si débonnaires, si tranquilles. Le ferraillement énorme d’un tramway entre au cœur de tout cela comme un tremblement de terre, une explosion de vaisselle, ou le tintamarre réjouissant de ces tubes de métal accordés qu’ébranlent les portes des magasins pleins de pénombre où l’on marchande des bibelots d’osier, des porcelaines, des flacons treillissés de parfums exotiques. Pour en revenir à la petite gare, dans son jardin s’est réfugié un cèdre. Entre les murailles verticales qu’il touche et qui font sauter le cœur de joie à leur élan lisse, il étend ses branches comme ces niveaux d’eaux croupies des puits très profonds, les années de sécheresse.
On a du le descendre là au bout d’une corde, et c est dans cette galerie de forage, sous ce culot de verdure, sous ces clapets de verdure dormnés par cent trente-cinq étages et l’éclat neuf en plein jour de toutes les étoiles, c’est la que je donne mes rendez-vous d’amour et mes baisers voraces, mes premiers baisers.
Quien más, quien menos Pagó caras 500 noches baratas Y cambió a la familia por dos mulatas De culo obsceno
Pero yo fui más lejos Le adiviné las cartas al adivino Aposté contra mí por no hacerme viejo En la ruleta rusa de los casinos
Ni un paso atrás Mi espada de Damocles era afilada Cortaba en dos mitades la madrugada Un pie en la rumba y otro en el más allá
« Qui plus, qui moins »
Qui d’autre, qui moins Une fois jeté la maison par la fenêtre Une cible a été tatouée sur ses tempes J’ai goûté un poison
Qui plus, qui moins S’est pris en otage Et a une conscience hors route Du mal et du bien
Mais je suis allé plus loin J’ai mis un bâton dans la roue de la fortune Je suis descendu au sous-sol à la recherche de mauvais conseils J’ai utilisé tes coups comme vaccin
Pas un pas en arrière Mon épée de Damoclès était tranchante J’ai coupé l’aube en deux moitiés Un pied dans le tango et un autre dans l’au-delà
Qui d’autre, qui moins Payé cher 500 nuits bon marché Et il a changé la famille pour deux femmes mulâtres De cul obscène
Qui d’autre, qui moins Il s’est agrippé à un ongle brûlant pour ne pas tomber Truffé de bisous comme un John Lennon De Lavapiés
Mais je suis allé plus loin J’ai deviné les cartes au diseur de bonne aventure Je parie contre moi-même pour ne pas vieillir Dans la roulette russe des casinos
Pas un pas en arrière Mon épée de Damoclès était tranchante J’ai coupé l’aube en deux moitiés Un pied dans la rumba et un autre dans l’au-delà
« Qui plus, qui moins »
Qui d’autre, qui moins Une fois jeté la maison par la fenêtre Une cible a été tatouée sur ses tempes J’ai goûté un poison
Qui plus, qui moins S’est pris en otage Et a une conscience hors route Du mal et du bien
Mais je suis allé plus loin J’ai mis un bâton dans la roue de la fortune Je suis descendu au sous-sol à la recherche de mauvais conseils J’ai utilisé tes coups comme vaccin
Pas un pas en arrière Mon épée de Damoclès était tranchante J’ai coupé l’aube en deux moitiés Un pied dans le tango et un autre dans l’au-delà
Qui d’autre, qui moins Payé cher 500 nuits bon marché Et il a changé la famille pour deux femmes mulâtres De cul obscène
Qui d’autre, qui moins Il s’est agrippé à un ongle brûlant pour ne pas tomber Truffé de bisous comme un John Lennon De Lavapiés
Mais je suis allé plus loin J’ai deviné les cartes au diseur de bonne aventure Je parie contre moi-même pour ne pas vieillir Dans la roulette russe des casinos
Pas un pas en arrière Mon épée de Damoclès était tranchante J’ai coupé l’aube en deux moitiés Un pied dans la rumba et un autre dans l’au-delà
Barbara Auzou et Niala, « L’Époque 2018 », Éditions Traversées.
Publié par les Éditions Traversées, « L’Époque 2018 » (sous-titré Les Mots Peints), de Barbara Auzou et Niala (alias Alain Denefle), comprend une suite de trois cycles, intitulés « L’Époque 2018 », « Autan Occitan » et « Notre Jardin bleu ».
Il m’arrive très rarement de lire des recueils de poésie dans lesquels illustrations et poèmes soient aussi inséparables. Je veux dire par là que pour se pénétrer de l’ambiance des textes publiés ici, il faut déjà observer attentivement les illustrations avant d’aller lire les poèmes correspondants.
Le poème n’est d’ailleurs pas le décalque fidèle de l’illustration (acryliques sur toiles ou contrecollés). Cependant, il est la traduction fidèle de son univers.
Le monde de « L’Époque 2018 » peut être qualifié d’onirique, de consubstantiel à la nature (couleur verte dominante), de sensuel (représentation de nombreux nus féminins), voire de mystique (élévation des personnages et des choses).
Dans « Autant occitan » et « Notre jardin bleu », les représentations sont moins humaines, tandis que le soleil et l’eau se mélangent davantage à la nature.
Il résulte de ces univers peints des poèmes visuels résolument lyriques, aux images volontiers baroques, mais qui ne sont pas dépourvus de mouvements, ce qui donne à ces textes leur puissance, et une respiration ample.
Le résultat est un recueil ambitieux qui a su retenir mon attention de lecteur, car, mine de rien, il s’y passe plein de choses.
Extrait de « L’Époque 2018 », de Barbara Auzou, « Notre jardin bleu 1 » :
« Au bout de la route franche
qu’on ne foule que de l’âme
sur les courbes de l’unité et de la spontanéité du geste
se trouve un jardin bleu dont la hanche
tremble comme une mariée aux pieds nus
et qui s’émeut de la caresse
d’écume à ses cheveux et de la rondeur
de ses larmes quand le gant de lierre
qu’elle retourne la détrousse dodue
de ses solides trésors d’enfant
tressés sur les
d’un rire innocent.
Les arbres déroulent leurs arbres au flanc
d’un tendre abri. Que célébrer sinon la vie
et la pensée que l’on existe maintenant
la fleur le sein le fruit en leur juste poids
les mousses de la douceur sur le velours de l’appui ?
L’azur croît pour soutenir la lumière
des mains réciproques qui s’enroulent au hasard
saisonnier des moissons à venir.
Des greniers de la peau qui s’étonnent encore
de leur réserve de sel s’échappent des bourgeons de rires
et quelques boutons d’or. »
Si vous souhaitez en savoir plus sur « L’Époque 2018 » de Barbara Auzou et Niala, qui est vendu au prix de 20 €, rendez-vous sur le site de l’éditeur :
Accoururent lapins, bêtes à bonds d’yeux, genre plumitifs à échasses et gros becs, batraciens et en corps poissons comme avant l’évolution, sacrés têtards, secondés de vent ascensionnels pour faire la courte -échelle
Sans oublier l’élan qu’un brame rend plus amoureux qu’un bout de racine de ginseng
Ah c’est que pour l’argument t’es magistrale (voir Traversées)
que j’aime autant dire à la crise que son mur on va l’exploser.
la pandémie a trouvé de quoi se nourrir dans l’évolution de la décadence
les jours amoindrissent et pompent la personnalité en s’attaquant au caractère de chacun dans leurs combinaisons d’arrangements particuliers.
Le vrai geste barrière tient dans la résistance individuelle qu’on fait remonter de l’enfouissement où on est plongé sans le vouloir. L’imposition bricolée (plus en fonction d’une politique non pourvue de couilles) accomplit son travail de sape
J’ai peur de ne même plus me reconnaître et d’avoir une tête à tout le monde, masque oblige.
La difficulté matérielle accélère la chute. Pourquoi produire si on écoule pas ?
Le temps des Maudits renaît
L’Art est laminé
Je peins concomitamment pour et contre moi-même. Mais la vie doit être maintenue c’est la mort-fourbe qu’il faut tuer
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