La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
« Le Marin-Jardinier » – En cours dans le Jardin de Niala ce 23 Octobre 2020
LE MARIN-JARDINIER
Dans l’équinoxial automne les fouissages profitent de la discrétion de l’époque pour s’implanter autour du soleil des crocus
Au sol les transpirations d’humus que la toile écope entraînent la pensée à planter de quoi garder les oiseaux en mesure de chanter
Dans le dévidoir de l’aspe à soie, si le jardinier s’éloigne des étocs cachés sous la surface ça n’est pas un refus d’accostage, bien au contraire, mais un pilotis qui se tape au chenal pour croire.
Cabrel nous chante la poésie sous tous ses angles et nous emmène à la rencontre de son moi passé pour faire le bilan de ses rencontres. « Les bougies fondues » nous raconte en musique comme on peut voir de la beauté partout, et surtout là où c’est le plus improbable !
Dans cette balade acoustique, l’artiste nous mène à la découverte de tous les événements qui ont pu l’inspirer au cours de sa vie. Des moments les plus banals aux plus dramatiques, il est constamment à la recherche de poésie, même quandil n’y en a jamais eu. La vie urbaine, la pauvreté ou encore la guerre, l’interprète de « Je t’aimais je t’aime et je t’aimerais » a passé sa vie à inventer de la poésie pour tout expliquer et enjoliver un monde trop vrai et trop froid.
Cependant, « Les bougies fondues » viennent lui rappeler que le temps passe malgré lui et quel que soit la beauté qu’il peut y trouver. Comme un memento mori, ces bougies qui se consument sont les témoins de cette seule vérité et cela même s’il préfère voir de la poésie dans les formes hasardeuses de la cire qui coule.
Pour cette chanson, Francis Cabrel partage ses moments de lucidité et en profite pour rencontrer son passé. En effet, il dresse un constat de sa vie et de ce qu’il est devenu en s’imaginant face au chanteur qu’il été. Bien que cela ne s’apparente pas à des regrets, cette version de lui, anonyme et insouciante, lui manque plus que tout.
Ce titre est extrait du quatorzième album studio de l’artiste du sud, « À l’aube revenant« . L’opus sort le 16 octobre 2020 et ses titres sont largement inspirés des troubadours du douzième siècle.
Introduit avec « Te ressembler » qu’il dédie à son père, Francis Cabrel revient avec cet album qui compte bien apporter son lot de réconfort dans cette année mouvementée. Après une absence de 5 ans depuis « In extremis », l’auteur de « Petite marie » retrouve son public. Pendant le confinement, il avait réuni plus de 100 000 spectateurs qui venaient profiter de ses lives sur les réseaux sociaux. Il ne fait aucun doute que ces derniers soient au rendez-vous pour découvrir la poésie dans ses 13 titres. Aux formes dessinées dans les bougies fondues La poésie où y’en a jamais eu
Sur mon grand canapé allongé sous la lune J’avais les bras croisés, j’attendais la fortune Entre deux cloisons vides et une ampoule nue, la poésie Ma vie allait passer paisible et sans histoires Mais tout était trop vrai et j’ai préféré croire
Une barre des meubles me barre l’horizon Ceux qui l’ont dessiné, toujours pas en prison L’enfant peut griffonner un graffiti de plus La poésie
Sur le trottoir mal fait qui se fend et qui craque Comme on marque un arrêt on se voit dans les flaques Qu’un morceau d’au-delà à nos pieds descendu La poésie où y en a jamais eu
La vie est un concours où personne ne gagne Un chemin qui s’enroule autour d’une montagne On se retrouve en haut tous, le moment venu, la poésie J’ai vu l’homme passer, armé comme à la guerre Mourir c’est son projet, il va falloir s’y faire On dansera plus tard, au calme revenu La poésie où y’en a jamais eu
Du gamin rescapé sous des tonnes de pierres Aux flocons envolés de leur boule de verre On pense que le ciel serait intervenu, la poésie Du tigre prisonnier elle écarte les grilles Les dix mètres carrés pour lui et sa famille Deviennent à chaque pas une immense étendue La poésie où y’en a jamais eu
Regarde elle a dix ans et vois comme elle est belle Elle est belle et pourtant elle ne sort de chez elle Qu’avec l’âme et le corps cachés sous des tissus, la poésie En retournant chez moi j’ai croisé des fanfares Des rangées de tambours, des grelots, des guitares Elle marchait devant, ses longs cheveux défaits La poésie où y’en aura jamais
Elle tourna à la radio la jolie ritournelle Elle est triste sans lui, il est triste sans elle
Si un jour je croisais au hasard d’un visage Le chanteur que j’étais dans les bals de village On se regarderait comme deux inconnus, la poésie Il me dirait sûrement t’as dû en voir du monde Il se pourrait pourtant qu’à la fin je réponde C’est celui que j’étais qui me manque le plus La poésie où y’en a jamais eu
Je m’abimais les yeux sous la voûte céleste Savoir où sont marquées les heures qu’il me reste Et chercher pour demain ce qu’il y a de prévu, la poésie Comme des vérités je n’en trouvais aucune Sur le grand canapé allongé sous la lune J’ai cherché dans les bougies fondues La poésie où y’en a jamais eu
A flancs de côteaux le chevalet est là pour retenir de ce qui glisse, un fruit de l’expérience. Le ventre vide la toile, ira aux tiroirs en garnir la palette. Ces tubes-là ont eu leur parade sans se perdre au hit. Tout soleil s’éclabousse de son eau. Le bleu que la mer a pris du ciel averse avec le sel gardé en bouquet. La vie qui inspire l’artiste nourrit bien des mots, que le peintre – lin comme dans l’autre – met en matière sur sa table. Sa guitare donnant libre-cours à ses rubans. Celui qui commence aujourd’hui , poétise pour justifier l’incompréhension qu’il suscitera, comme les autres. A croire.
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