
I
LE MASQUE FUNÈBRE
Il était un homme, une fois, qui n’ayant plus faim, plusjamais faim, tant il avait dévoré d’héritages, englouti d’aliments, appauvri son prochain, trouva sa table vide, son
lit désert, sa femme grosse, et la terre mauvaise dans le champ de son cœur.
N’ayant pas de tombeau et se voulant en vie, n’ayant rien à donner et moins à recevoir, les objets le fuyant, les bêtes lui mentant, il vola la famine et s’en fit une assiette
qui devint son miroir et sa propre déroute
René Char
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