L’EPOQUE 2020/39: LES ENFANTS DE GAÏA 5


L’EPOQUE 2020/39: LES ENFANTS DE GAÏA 5

 


Après les Époques 2018 et 2019, voici le trente-neuvième de cette nouvelle Époque 2020 avec BARBARA AUZOU : LES ENFANTS DE GAÏA 5  . Merci de considérer que le poème est indissociable du tableau et vice-versa…

 

 

L’EPOQUE 2020/39″Les enfants de Gaïa 5″ – Niala – Acrylique s/toile 61×50

 

 

Bleus pareils

On a d’abord crié pour dire le monde

Puis on a ri par insouciance on a multiplié les soleils

Fermé les yeux devant le déluge des fondations

Les saisons toujours précédant les saisons

D’un empan et d’une impermanence

De destins en glissades de glissades en trébuchements

Le monde avait vieilli ses instincts les meilleurs s’étaient tus

Et c’est vers toi que je suis venu comme un grand chien

Qu’interpelle la nuit définitive

Toi tu n’avais pas grandi et tu regardais tourner

L’autre douleur du vivre qui cultive la persistance

Des enfants tristes

Ensemble on a mendié les ardeurs oubliées du vert

Rappelé les passions premières laissées à l’écurie des hommes

Tu as levé des pommes sur l’arbre intercesseur

J’ai réveillé les tambours des rêves immodérés

Pour eux tu as renfloué le grenier de la peau

J’ai remis d’aplomb les jambes du cœur

Ô comme il nous aura occupé cet ici-maintenant de l’amour

Capable de tout donner dans une restriction qu’aggrave chaque jour

La disparition programmée des oiseaux !

 

 

Barbara Auzou.

TENTATION DE SAINT ANTOINE 60


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TENTATION DE SAINT ANTOINE 60

à Guy lmpériali

Un intérieur hétéroclite. Fauteuil dépenaillé, oiseaux empaillés. Dehors la rumeur de la grande ville: affiches lumineuses, rampes au néon, textes
publicitaires. Dans cette pyrotechnie de clameurs aiguës, Antoine, vêtu de bure, l’aspect lunaire, hélas, d’un solitaire.

Antoine. — 25 ans que j’habite ce désert.

Cris, flash. Un photographe bondit sur la scène. C’est Vincent, pantalon de velours et lavallière vieux jeu. Antoine est pris dans l’éblouissement du flash.

25 ans depuis mon avènement à la vie monastique.

Vincent. — Aussi avons-nous organisé une «surprise» en ton honneur! Un cocktail avec amuse-gueules. Il y aura la reine de Saba, Evelyne, ton ancien modèle dite Nelly
Bottine et Zenon. Zenon le raisonneur. Tu permets que je rassemble à cette occasion les documents photographiques indispensables?

Antoine. — Sur quoi, mon Dieu, sur quoi?

VINCENT. — Sur ton rayonnement intime, Antoine, sur ta résistance à la tentation. Tu es le saint qui s’est le mieux accommodé du diable.

Antoine. — Prenez les dix commandements à rebours et vous avez le diable.

VINCENT. — La ville est morte depuis que tu n’est plus là, Antoine. On n’attend plus que toi sur la Place du Tertre. Tous les copains…

ANTOINE (ironique). — Je suis devenu le sujet de prédilection des peintres, De Bekoring van Saint Antonius, même de ceux qui professent le mépris des aperceptions sensibles.
J’ai volé, j’ai forniqué, j’ai tué en peinture… Saint Antoine et son cochon dans la grotte des grotesques !

Ici un grognement.

Vincent. — Que veux-tu, la majorité des gens sont des crétins!

ANTOINE. — Nous sommes tous les échantillons d’une humanité plus ou moins caricaturale. Ne nous induis pas en tentation, donne à chacun sa vocation, dit la prière
dominicale.

Vincent. — Mais aujourd’hui, c’est la grande nouba, Antoine! Il y aura la reine de Saba. Un cocktail avec amuse-gueules, te dis-je, Evelyne et Zenon…

Antoine. — 25 ans que je me suis barricadé dans ce désert.

VINCENT. — 25 ans qu’on ne parle plus que de toi sur la place du Tertre, Antoine. C’est toi qui as orienté le théâtre…

Antoine. — …dans un monde tournant d’absurdes diableries.

Vincent. — Il existe de toi un opuscule:

Imagination plastique Erection maléfique Les objets qui se tordent dans un décor disloqué Antoine (méfiant). — Ce n’est pas vrai. J’ai tout

brûlé.

VINCENT. — Un exemplaire est resté entre les mains

d’Evelyne.

ANTOINE (s’emportant). — La garce! Dis-lui qu’elle me le rapporte, mille milliards de diables, ou je l’encu-curbite !

Vincent. — C’est grâce à Evelyne que tu es devenu le saint le plus en vogue, qui a le cochon pour totem.

Antoine. — Et après? Chaque peintre n’a-t-il pas son totem? animal, végéta], minéral? N’as-tu pas remarqué que tout visage humain est surchargé de
bestialité? Que d’hommes ont pour totem le lion, le tigre, le hibou, le renard, le morse, la grenouille. Que de femmes, la souris, la grue ou la chouette. J’en passe et des
meilleurs.

VINCENT. — Et tu rêves d’un théâtre tatoué comme un totem?

ANTOINE (soudain intéressé). — Le théâtre me tente beaucoup plus que le roman. Chaque scène est un petit tiroir où l’on peut glisser à sa guise tout ce
que l’on voudra. Mon théâtre pourrait s’appeler le théâtre du Tiroir…

VINCENT (satisfait). — Antoine n’est pas mort aux prestiges du théâtre. Viens retrouver dans Rome les enfants de volupté, à la manière dada…

ANTOINE. — Non, je suis l’homme qui a dit non à la vie mondaine.

VINCENT. — Après le dernier bateau, la nouvelle vague.

ANTOINE. — La vague la plus impétueuse se brise sur la vertu du roc.

VINCENT. — Antonin, rappelle-toi Dada, die beriimte kôchin von Bagdad, la diaspora disparue, un drolatique délire de microbe vierge.

ANTOINE. — L’arche de Noé est une construction dada.

Vincent. — Et Dalila, une petite claque sur les fesses de Dalila, la plus dada des Dalila…

ANTOINE (tenté). — Bossuet est certainement dada dans sa querelle avec Fénelon, lorsqu’il appelle la femme un os surnuméraire.

VINCENT. — Je m’en vais chercher la reine de Saba. Dada, marotte, idée fixe, cheval…

Exit Vincent.

ANTOINE (seul). —

Dada a bifurqué dans deux directions différentes: Surréalisme, Existentialisme.

Et voici qu’Antoine s’adresse maintenant directement à son cochon dont il caresse l’échiné:

L’art est toujours sacré lorsqu’il est efficace Espèce d’ignobe salaud d’assassin Y a pas de bon Dieu, la vie est dégueulasse et l’amour, tu le sais, est un tas de crottin

Une rame de papier pour écrire une strophe une rame de métro pour écrire un roman un roman long comme la rue La Fayette où tout adverbe ment interminablement

Difficulté du couple Eternelle maldonne Pour le petit fêtard du monde frelaté l’histoire se corsait d’un air de saxophone où sanglotait sa seule excuse d’exister

Retour de Vincent avec Balkis, la reine de Saba. C’est une belle grande fille, mais qui n’a rien des attributs d’une reine. Elle porte un sac à main qui contiendra sa tenue royale.

VINCENT. — Voici Balkis, majesté femelle devant qui nous n’avons plus qu’à faire comme la tour de Pise. nous incliner…

Balkis. — Bonjour, mon gentil petit anachorète, (confidentielle) tu sais, j’ai apporté en ton honneur ma robe d’or et ma couronne royale (elle montre son sac).

ANTOINE (haussant les épaules avec une grimace de mépris). — Arrière, impératrice des croulants.

Vincent. — Il faudrait persuader notre ami de reprendre ses anciennes activités.

(Balkis va s’asseoir sur les genoux d’Antoine.)

ANTOINE. — 25 ans que je n’ai plus touché une femme. Ça me fait l’effet de toucher un fil électrique. Aïe…

BALKIS. — Mon petit Antoine, rappelle-toi tes équipées dans le corps franc des courtisanes, ton amour des emmêlements fantastiques.

ANTOINE. — Non. La position prescrite pour la procréation est tellement indécente qu’elle fait ricaner les idiots.

Grognement du cochon.

Ici Balkis se déshabillera et la scène suivante se déroulera, sur un fond sonore harmonieux, à mesure qu’elle revêtira la robe d’or et ceindra le diadème
royal…

BALKIS. — Rappelle-toi notre bungalow.

ANTOINE. — C’était un bungalow isolé sous les arbres.

BALKIS. — Voici que te reprend l’allure alexandrine.

ANTOINE. — Fille de haute mer, hagarde et dénudée.

BALKIS. — Vous savez bien qu’Eros brûle l’enfant rebelle.

ANTOINE. — Quel piège de créer de semblables merveilles.

BALKIS. — 11 faut braquer sa vie sur un seul objectif.

ANTOINE. — Triste qu’un si beau corps doive pourrir sous terre.

Balkis. — Tu vois bien que nous nous entendions comme A plus B.

ANTOINE. — Non, non, non, la femme est une en-

J’ai beau mélanger de la cendre à ma farine de sauterelles Rien de tel que le désert pour changer l’eau en vin Mais voilà qu’un vent brûlant souffle sur ma cahute Sur
quel mirage s’est-elle encore entrouverte? sur quel potager charnu? Un vent vibrant de vivante vérité Rien de plus suggestif et de plus évocateur que le Sahara dans sa robe de
plissé soleil Comme saint Ex. j’aurai beaucoup aimé le Sahara Ce n’est pas mon cochon qui me contredira

Ici au grognement se substituera insensiblement le

bruit d’un moteur d’avion. Qu’est-ce que ce bourdonnement derrière la toile de fond? Un météore traverse le ciel Le péché se fabrique aujourd’hui dans les bureaux

industriels

Le voilà qui fonce sur ma cahute, se pose comme un

sphinx

sur le sable torride. Qui sort de ses flancs? Léviathan.

Léviathan saute sur scène. Un faux air de Méphisto

en plus up to date. Léviathan, absence de Dieu, que me veux-tu?

Leviathan. — Une relation succincte de ton voyage dans la ville des sept péchés avec la palette des sept couleurs.

ANTOINE. — Vais-je me laisser assiéger par une légion de démons étrangers?

LEVIATHAN. — Tout notre équipement est à ta disposition. Voici mon carnet de chèques, scapulaire américain, pour un film sur la reine de Saba avec, comme partenaire,
Gina Lolabrigibardotta.

ANTOINE. — Une Téniers en technicolor? tel que la légende m’a dénaturé?

LEVIATHAN. — Nous voulons au contraire rétablir la vérité, te laisser le soin de la mise en scène. Embarque-toi avec moi, Antoine.

Antoine. — Caricature pour crustacés du crétinisme crédule.

Leviathan. — Il nous faut un scénario taillé sur le modèle en vogue, préoccupé surtout de violence et de brutalité.

Antoine. — Un meurtre dans le désert!

LEVIATHAN. — Bravo! Épatant! Faire l’histoire naturelle de tes cauchemars. Il n’y a que toi, grand Saint Antoine, pour peindre ton propre désarroi avec cette horreur
fascinée.

Antoine. — Un écran nous sépare.

LEVIATHAN. — Il faut le crever comme un cerceau de papier. Sahara-Niagara, Niagara-Sahara. Il n’y a plus de distance entre nous. Un bataillon de girls effacera jusqu’au souvenir de tes
difficultés africaines. L’homme n’est pas fait pour vivre seul, avec le sentiment de son impuissance et la peur envahissante de la mort. Ton cochon peut d’ailleurs révolutionner
l’industrie du bacon, rivaliser avec le jambon d’York ou celui de Parme.

ANTOINE. — Jamais je ne me séparerai d’un compagnon si fidèle. Ce n’est pas un cochon comme les autres. Ce qui distingue mon pécari tropical, c’est que sa queue se termine
par une touffe de petits poils comme le pinceau d’un peintre. Je l’estime trop.

LEVIATHAN. — Le cochon n’est estimé qu’après sa

mort.

ANTOINE. — C’est un cochon propre… Leviathan. … à la tentation des formes aberrantes. Allons, c’est à prendre ou à laisser. Dépêchons-nous. On va baisser le
rideau. Cette farce n’a trop duré.

Ici l’on entend le chant du coq, un cocorico-mirage, et Leviathan aussitôt disparaît.

ANTOINE (seul). — Le chant du coq? le jour se lève O plages du sommeil ô collines du rêve

Je crois je crois je crois

qu’il faut accepter l’inintelligible comme tel

Truellée d’argile, là-bas, ou ici, grain de sable que sais-je sinon que je dois mourir?

Les tentations m’ont pourchassé sur ce rythme

démentiel

pour aboutir à l’ultime tentation du ciel

Quand le corps craque, l’esprit s’égare

Libido sentendi, sciendi, dominandi

Ce qui survit dans nos caresses c’est l’âme poétique

où sont mes frères, où sont mes fils?

et ce rire charnel parmi les lilas sveltes!

Un nuage un sourire un pays

Mesdames, Messieurs Ici finit la Tentation de Saint Antoine N’applaudissez pas trop à ses tribulations La-haut m’attend le Grand Copain

Envisager la mort comme une fête ramasser le temps en un instantané Sur une presqu’île presque irréelle Natal Fatal Total

Rideau

Le Carillon de Carcassonne 1960

 

Paul Neuhuys

ET TOUT MUNCH


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ET TOUT MUNCH

 

 

Un seul cri

d’Edward a rose

Il se peut que ça empêche pas l’épine

mais si je veux sentir un arôme dans ce jour, faudra que je bute la motte au pied pour faire monter l’humidité dans ce tant sec

Je l’ai dit et le répète la vie est belle sous condition de choisir la fenêtre

Il y a celle sur la mer, le large devant, des oiseaux aux cris goélands avec plumage d’île et celle qui donne sur l’arrière local des poubelles

Quelques marches, un perron et la porte

serrurier chante mon rossignol…

 

Niala-Loisobleu – 29 Août 2020

 

DERNIER DIMANCHE DE L’ETE


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DERNIER DIMANCHE DE L’ETE

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(Le ciel détruit, le pâle échafaudage en feu sur la vallée où les chemins, aux abords du village, rôdent comme l’idiot ; et le disque de l’étang mort haut
déjà sur les vignes dévoyées par cette brûlure : dimanche dans le long délabrement des cloches, le tonnerre muet du temps.)
Qui nous délivrera ; qui viendra nous chercher dans ces

décombres ?
Est-il vrai qu’au bas du jardin où l’on brûle des ronces
La fumée invisible a pressenti le vent d’automne
Et qu’un frisson de l’oseraie a desserré les dents
Qui traînent l’horizon dans sa propre poussière ?
Le jour aux yeux crevés reste seul assis sur la place ;
Durent jusqu’à la nuit sous les hangars méconnaissables
L’angoisse des enfants et la tristesse des outils.

 

Jacques Réda

LA LANTERNE SOURDE


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LA LANTERNE SOURDE

A
Aimé
Césaire,
Georges
Grattant,
René
Ménil.

Et les grandes orgues c’est la pluie comme elle tombe ici et se parfume : quelle gare pour l’arrivée en tous sens sur mille rails, pour la manœuvre sur autant de plaques tournantes de
ses express de verre !
A toute heure elle charge de ses lances blanches et noires, des cuirasses volant en éclats de midi à ces armures anciennes faites des étoiles que je n’avais pas encore
vues.
Le grand jour de préparatifs qui peut précéder la nuit de
Walpurgis au gouffre d’Absa-lon!
J’y suis!
Pour peu que la lumière se voile, toute l’eau du ciel pique aussitôt sa tente, d’où pendent les agrès de vertige et de l’eau encore s’égoutte à l’accorder des
hauts instruments de cuivre vert.
La pluie pose ses verres de lampe autour des bambous, aux bobèches de ces fleurs de vermeil agrippées aux branches par des suçoirs, autour desquelles il n’y a qu’une minute
toutes les figures de la danse enseignées par deux papillons de sang.
Alors tout se déploie au fond du bol à la façon des fleurs japonaises, puis une clairière s’entrouvre : l’héliotropisme y saute avec ses souliers à poulaine et ses
ongles vrillés.
Il prend tous les coeurs, relève d’une aigrette la sensitive et pâme la fougère dont la bouche ardente est la roue du temps.
Mon œil est une violette fermée au centre de l’ellipse, à la pointe du fouet.

 

André Breton

S.O.S. AMOR – ALAIN BASHUNG


S.O.S. AMOR – ALAIN BASHUNG

J’ai des faims de toi difficiles
des jours ça veut pas rentrer
T’as fouillé mon baise-en-ville
Ca je peux pas saquer
En voulant nettoyer mon fouet
Bêtement le coup est parti

Ton cri était presque parfait (Bis)

J’ai des faims de loop de loop
De shalala chaloupés
Quant à la péniciline
Je m’arrête quand je veux
Tous ces hommes qui te turlupinent
Et moi qui vis au milieu
De quoi perdre son self-control (Bis)

S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
Tu m’as conquis j’t’adore
Tu m’as conquis j’t’adore

J’ai des faims de lune de miel
A Los Angeles-sur-Yvette
T’as des faims de moi après l’after beat
Quatre et quatre ça fait coït S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
Tu m’as conquis j’t’adore
Tu m’as conquis j’t’adore

J’ai des faims de toi difficiles
Des jours ça veut pas rentrer
Quant à ma prochaine victime
Elle est sous ton nez
Toutes ces femmes qui se turlupinent
Et moi qui baragouinais
De quoi perdre son self-control (Bis)

S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
Tu m’as conquis j’t’adore
Tu m’as conquis j’t’adore

 

 

 

 

 

J’ART DINE ET ARBRE A TOI


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J’ART DINE ET ARBRE A TOI

 

L’oiseau au vent pousse  plus loin sa pensée

que d’une branche à l’autre

la plume dans le saut de l’ange s’est retroussée

le long du rang de moellons à pioche-surprise

Des pots de grès au sel que la fleur bleue tient sur l’étagère sortent mille et une nuits

ambiance seins tétiques, le rideau imprimé passe ses doigts dans la haute herbe, puis saisit le cordon de tirage du poil qui fait la classe, gros bonnet

quand l’odeur de prunes monta sur la tarte, l’ambré de ton corps n’avait aucune limite blanche, une même croûte autour de l’échelle de meunier monte à partir de la quatrième fenêtre, la robe accrochée au cintre à côté de la contrebasse me fait penser à toi de dos, face décolletée à ton départ repoussé

le chien doit en être au quart du tapi, ses ronflements m’arrivent par les spasmes du rêve après lequel il court

je remettrai les maisons blanches dans les fleurs pour qu’elles fassent une ronde et le cheval sera comme si labourer tenait debout dans une vie où s’aimer devient choquant

mes yeux ont gardé la graine , elle est ensachée dans tes poèmes , certaines peuvent difficilement se retenir de germer, elles percent le papier d’une envie

au bout commence toujours une histoire pas finie…

 

Niala-Loisobleu – 28 Août 2020

 

LE POEME TRAVERSE L’INSTANT (N0 2)


Gaia

LE POEME TRAVERSE L’INSTANT (N0 2)

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Sous la rigueur de l’instant
Ne meurt pas le souvenir
Toujours rejaillissant
Dans la fontaine
Des mots

Et – ne pas avoir à répéter
En est le signe
Occulte

Un temps dans le vide
Comme dans la fournaise …
Et se lance une voix
Comme une soudaine respiration
De l’impossible réel …

Battue en corps
Elle lui soutire le possible
En le chevillant à la vitesse d’une fulguration
Que l’on veut capter
Comme éclair
Illuminant un quartier plongé
Dans l’obscur

C’est incessamment
Que l’amour monte à sa renverse
En ordonnant le délié
D’un sens
Aux sons prolixes de la pensée
Faite langue

Et le souvenir se plie au proche
Il le féconde à partir
Du lointain
Puis … :
Ce que l’on a toujours vu :
Il se raye et s’enraye
Sous la plume
Vorace de
Nouveautés

La musique alors s’empare du hasard
Dirait-on qu’elle lui tord le cou ?
Non ! Elle chemine comme
La pensée dans
Les mains d’un poème …
Et c’est assez prendre l’imprévu
Assez mordu au réel

Qui dit : « Non !  Je ne l’ai pas vécu
Cet instant où le « Je pense »
S’enflamme sous
Le court-circuit
De l’instant »
Qui le dit peut voir – écouter –
Dans la fontaine des mots
Danser les feux follets
Du Verbe …

D’où l’on tire un flux qui déroule
La soif d’un sens orienté
Vers un horizon
Affranchi
Des lignes épaisses
Où insisterait la courbe non-délimitée
Du déjà vu – du paraître plein
D’habitudes insignifiantes

Car c’est à chaque fois que se lance un poème
Que se relance l’horizon à chaque fois
Nouveau
Foin de l’idée qui s’use dans l’instant
Foin de l’oubli qui meurt
A l’instant

On aura toujours pensé le lointain
Au fil déroulé de l’infini réel
D’une mathématique bleue
Pour toucher
L’autre bout de la courbe
Celui de l’asymptote
Où tout toujours
Évolue

On s’en va si loin dans l’écriture
Quand la voix s’arme
Du phrasé d’un sens…
Jamais plus on ne tranchera
Au creux de la chair
De l’âme
On lui dit : « Viens !
Modèle mon désir
Module-le
En chant »

Alors l’horizon s’éclaircit
On touche à l’aurore
Et on la remue dans sa main …
Chaleureuse intensité
De qui vient
Et s’abstrait
De la morne répétition…

Des voix multiples qui se donnent
Rendez-vous en concert
On tire le silence
Du quant-à-soi
Et puise
Plus allègrement à la fontaine des mots

Vous voulez vous saisir de la clef
De cet impossible devenu
Possible réel ?
Armez-vous plutôt
De la présence
Au monde !

Sortez de la survie où vous convie
Tout destin de Pouvoir !
Réinventez le monde
A partir de ce monde
Et démultipliez les figures dansantes
Du désir demeuré désir !

Cela aura été ce manque à être
Qui vous aura donné
L’être-même de
La Lettre
Et vous aurez vous aussi
Dansé avec les ailes
De l’éternité
Faite chair et corps de l’instant

La beauté alors en mille fleurs
Viendra s’épanouir sur
Votre chemin
Même s’il est entravé
Par votre misère
Même s’il semble borné
Par votre solitude

Voilà donc que l’on peut boire à la source du temps
Et sortir en même temps de toute promesse
Passée – présente ou à venir
Comme si l’on pouvait
Arracher l’horizon
D’un poème
A la porte
Des songes
Comme s’il avait toujours été question
De l’ouvrir en s’exposant
Aux courants d’air
Avec cette fenêtre du cœur
Elle aussi ouverte

Oui ! Sait-on bien cibler l’errance
Sur les vagues insistantes
De la parole faite
Voix ?
C’est peut-être en se séparant
Du règne de l’habitude
Même si elle insiste
A convoquer
La libre évolution de la pensée
Même si elle semble
Porter sa sécurité
Son aisance !
Tout le temps cependant
Y meurt à l’instant

Vague après vague les mots courent
Et peuvent vous blesser
Avec l’intensité
De leurs galops
Blesser la chair de l’âme
Et vous faire rentrer
Dans l’oubli
De l’oubli …

Lentement pourtant : vous passez ce risque
En réamorçant la musique
Du partage
Car on n’écrit pas sans elle
On pense aussi loin
Que l’on donne
Sa voix
A tout anonyme qui la prendra au vol
Et la recréera pour son concert
Personnel

Ainsi sans perdre le mouvement qui l’anime
On donne à sentir ce pas
Dans la fulgurance
D’un éclair
Initial

 

Alain Minod

LE HAUT DU BAS


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LE HAUT DU BAS

 

Pente savonnée

un jour et l’autre planche à laver

Munch

ou le cri qui grimpe

la maison-refuge est toujours au sommet

elle est bleue la colline

comme tes mauvais-sangs sortis de la machine

les hardes au traitement des déchets

 

Niala-Loisobleu – 28 Août 2020