PARADIS PERDU


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PARADIS PERDU

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Les branches s’écartaient pour nous

laisser passage en retenant

délicatement nos cheveux

et nous proposaient des cerises

dont le jus coulait sur nos joues

C’était il y a si longtemps

à peine si je me souviens

il a fallu qu’on me raconte

et que je retrouve des traces

dans les peintures et chansons

J’étais un enfant mais j’avais

toutes les forces d’un adulte

et tous ses désirs je passais

de mère en fille et déposais

des bébés poisseux dans leurs bras

Tout cela semble disparu

et pourtant tout cela perdure

entre le miroir et l’image

entre le rêve et le réveil

entre la page et l’impression

Les ronces nous griffaient sans nous

infliger la moindre souffrance

dessinant des fleurs sur nos peaux

que les amoureux effaçaient

en buvant les perles du sang

La main dans la main nous courions

entre les déserts et les sources

choisissant les uns pour les autres

les fruits des arbres du savoir

dont nous comparions les saveurs

J’étais à l’aise dans mon corps

j’en connaissais tous les organes

les maladies étaient amies

je goûtais fièvres ou frissons

dans des lits de boues et de feuilles

Où était-ce ne saurais dire

si loin de tout si près de toi

jouissant du chaud comme du froid

j’ai perdu la clef de la grille

et j’erre comme une âme en peine

 

Michel Butor

AU FOND DE TOUTE BEAUTÉ GÎT QUELQUE CHOSE D’INHUMAIN


Albert Camus

 

AU FOND DE TOUTE BEAUTÉ GÎT QUELQUE CHOSE D’INHUMAIN

 

Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d’arbres, voici qu’à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu’un paradis perdu. L’hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu’il redevient lui-même. Ces décors masqués par l’habitude redeviennent ce qu’ils sont. Ils s’éloignent de nous. De même qu’il est des jours où, sous le visage familier d’une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu’on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n’est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c’est l’absurde.

Extrait de:

1942, Le mythe de Sisyphe

 

Albert Camus

FUGUE DE MORT, PAR PAUL CELAN.


FUGUE DE MORT, PAR PAUL CELAN.

 

Lait noir du petit jour nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler ses chiens
il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse

Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete
Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Il crie creusez plus profond la terre vous les uns et les autres chantez et jouez
il saisit le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus
creusez plus profond les bêches vous les uns et les autres jouez encore qu’on y danse

Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents

Il crie jouez la mort plus doucement la mort est un maître d’Allemagne
il crie plus sombre les accents des violons et vous montez comme fumée dans les airs
et vous avez une tombe dans les nuages on y couche à son aise
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit
nous te buvons midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons soir et matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne ses yeux sont bleus
il te touche avec une balle de plomb il te touche avec précision
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
il lâche ses chiens sur nous et nous offre une tombe dans les airs
il joue avec les serpents il rêve la mort est un maître d’Allemagne

tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith

Bucarest, 1945.

Traduction Olivier Favier.

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 Todesfuge, lu par Paul Celan en 1958.

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TODESFUGE

Schwarze Milch der Frühe wir trinken sie abends
wir trinken sie mittags und morgens wir trinken sie nachts
wir trinken und trinken
wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng
Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt
der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland dein goldenes Haar Margarete
er schreibt es und tritt vor das Haus und es blitzen die Sterne er pfeift seine Rüden herbei
er pfeift seine Juden hervor läßt schaufeln ein Grab in der Erde
er befiehlt uns spielt auf nun zum Tanz

Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich morgens und mittags wir trinken dich abends
wir trinken und trinken
Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt
der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland dein goldenes Haar Margarete
Dein aschenes Haar Sulamith wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng

Er ruft stecht tiefer ins Erdreich ihr einen ihr andern singet und spielt
er greift nach dem Eisen im Gurt er schwingts seine Augen sind blau
stecht tiefer die Spaten ihr einen ihr andern spielt weiter zum Tanz auf

Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich mittags und morgens wir trinken dich abends
wir trinken und trinken
ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete
dein aschenes Haar Sulamith er spielt mit den Schlangen
Er ruft spielt süßer den Tod der Tod ist ein Meister aus Deutschland
er ruft streicht dunkler die Geigen dann steigt ihr als Rauch in die Luft
dann habt ihr ein Grab in den Wolken da liegt man nicht eng

Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich mittags der Tod ist ein Meister aus Deutschland
wir trinken dich abends und morgens wir trinken und trinken
der Tod ist ein Meister aus Deutschland sein Auge ist blau
er trifft dich mit bleierner Kugel er trifft dich genau
ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete
er hetzt seine Rüden auf uns er schenkt uns ein Grab in der Luft
er spielt mit den Schlangen und träumet der Tod ist ein Meister aus Deutschland

dein goldenes Haar Margarete
dein aschenes Haar Sulamith

Bucarest, 1945.

FUGA DI MORTE

Nero latte dell’alba lo beviamo la sera
lo beviamo a mezzogiorno e al mattino lo beviamo la notte beviamo e beviamo
scaviamo una tomba nell’aria là non si giace stretti
Nella casa abita un uomo che gioca con i serpenti che scrive
che scrive all’imbrunire in Germania i tuoi capelli d’oro Margarete
lo scrive ed esce dinanzi a casa e brillano le stelle e fischia ai suoi mastini
fischia ai suoi ebrei fa scavare una tomba nella terra
ci comanda ora suonate alla danza.

Nero latte dell’alba ti beviamo la notte
ti beviamo al mattino e a mezzogiorno ti beviamo la sera
beviamo e beviamo
Nella casa abita un uomo che gioca con i serpenti che scrive
che scrive all’imbrunire in Germania i tuoi capelli d’oro Margarete
I tuoi capelli di cenere Sulamith scaviamo una tomba nell’aria là non si giace stretti

Lui grida vangate più a fondo il terreno voi e voi cantate e suonate
impugna il ferro alla cintura lo brandisce i suoi occhi sono azzurri
spingete più a fondo le vanghe voi e voi continuate a suonare alla danza

Nero latte dell’alba ti beviamo la notte
ti beviamo a mezzogiorno e al mattino ti beviamo la sera
beviamo e beviamo
nella casa abita un uomo i tuoi capelli d’oro Margarete
i tuoi capelli di cenere Sulamith lui gioca con i serpenti

Lui grida suonate più dolce la morte la morte è un maestro tedesco
lui grida suonate più cupo i violini e salirete come fumo nell’aria
e avrete una tomba nelle nubi là non si giace stretti

Nero latte dell’alba ti beviamo la notte
ti beviamo a mezzogiorno la morte è un maestro tedesco
ti beviamo la sera e la mattina beviamo e beviamo
la morte è un maestro tedesco il suo occhio è azzurro
ti colpisce con palla di piombo ti colpisce preciso
nella casa abita un uomo i tuoi capelli d’oro Margarete
aizza i suoi mastini contro di noi ci regala una tomba nell’aria
gioca con i serpenti e sogna la morte è un maestro tedesco

i tuoi capelli d’oro Margarete
i tuoi capelli di cenere Sulamith

Bucarest, 1945.

Paul Celan, Poesie (a cura di Giuseppe Bevilacqua), Mondadori, Milano, 1998.

 

 

 

Parler de guerre pour moi ça résonne uniquement en termes de résistance, chacun étant responsable de lui et de l’autre.

Mais pour ça il faut un mental débarrassé de ses petits soucis, c’est un vrai combat et l’ennemi est souvent soi

Je ne pense qu’à ceux qui ont une part active dans la lutte au contact de la pandémie

Internet est saturé

internet peut servir à sauver

je me sentirai coupable d’y faire de l’embouteillage

 

Vive la VIE !!!

 

 

Niala-Loisobleu – 23 Mars 2020

 

 

ROUX COULEMENTS


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ROUX COULEMENTS

Au moment prêt, où ça bouge

doucement de nouveau se pose

la feuille multiple

sur tout l’arbre

le rose à coeur jaune d’une fleur porteuse

l’accompagne

d’une grande coiffe blanche

Un oiseau sur les genoux

 la femme plume son ventre

puis couve

sous ses seins poires

et la pluie solaire

jute de fruit plein le vers

Niala-Loisobleu – 21 Mars 2020

AU FEU !


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AU FEU!

J’enfonce les bras levés vers le centre de la
Terre
Mais je respire, j’ai toujours un sac de ciel sur la

tête
Même au fort des souterrains
Qui ne savent rien du jour.
Je m’écorche à des couches d’ossements
Qui voudraient me tatouer les jambes pour me

reconnaître un jour.
J’insulte un squelette d’iguanodon, en travers de

mon passage,
Mes paroles font grenaille sur la canaille de ses os
Et je cherche à lui tirer ses oreilles introuvables
Pour qu’il ne barre plus la route
Mille siècles après sa mort
Avec le vaisseau de son squelette qui lait nuit de

toutes parts.
Ma colère prend sur moi une avance circulaire,
Elle déblaie le terrain, canonne les profondeurs.
Je hume des formes humaines à de petites distances

Courtes, courtes.

J’y suis.

Il n’y a plus rien ici de grand ni de petit, de liquide

ni de solide,
De corporel ni d’incorporel;
Et l’on jette aussi bien au feu une rivière, où saute

un saumon, et qui traversait l’Amérique,
Qu’un brouillard sur la
Seine que franchissent les

orgues tumultueuses de
Notre-Dame.
Voici les hautes statues de marbre qui lèvent l’index

avant de mourir.
Un grand vent gauche, essoufflé, tourne sans trouver

une issue.
Que fait-il au fond de la
Terre?
Est-ce le vent des

suicidés?
Quel est mon chemin parmi ces milliers de chemins

qui se disputent à mes pieds
Un honneur que je devine?

Peut-on demander sa route à des hommes considérés comme morts
Et parlant avec un accent qui ressemble à celui

du silence.
Centre de la
Terre! je suis un homme vivant.
Ces empereurs, ces rois, ces premiers ministres, entendez-les qui me font leurs offres de service
Parce que je trafique à la surface avec les étoiles et

la lumière du jour.
J’ai le beau rôle avec les morts, les mortes et les

mortillons.
Je leur dis : «
Voyez-moi ce cœur,
Comme il bat dans ma poitrine et m’inonde de

chaleur!
Il me fait un toit de chaume où grésille le soleil.

Approchez-vous pour l’entendre.
Vous en avez eu

un pareil.
N’ayez pas peur.
Nous sommes ici dans l’intimité

infernale ».

Autour de moi, certains se poussent du coude,

Prétendent que j’ai l’éternité devant moi,

Que je puis bien rester une petite minute,

Que je ne serais pas là si je n’étais mort moi-même.

Pour toute réponse je repars

Puisqu’on m’attend toujours merveilleusement à

l’autre bout du monde.
Mon cœur bourdonne, c’est une montre dont les

aiguilles se hâtent comme les électrons
Et seul peut l’arrêter le regard de
Dieu quand il

pénètre dans le mécanisme.

Air pur, air des oiseaux, air bleu de la surface,
Voici
Jésus qui s’avance pour maçonner la voûte

du ciel.
La terre en passant frôle ses pieds avec les forêts les

plus douces.
Depuis deux mille ans il l’a quittée pour visiter

d’autres sphères,
Chaque
Terre s’imagine être son unique maîtresse
Et prépare des guirlandes nuptiales de martyrs.
Jésus réveille en passant des astres morts qu’il secoue,
Comme des soldats profondément endormis,
Et les astres de tourner religieusement dans le ciel
En suppliant le
Christ de tourner avec eux.
Mais lui repart, les pieds nus sur une aérienne
Judée,
Et nombreux restent les astres prosternés
Dans la sidérale poussière.

Jésus, pourquoi te montrer si je ne crois pas encore?
Mon regard serait-il en avance sur mon âme?

Je ne suis pas homme à faire toujours les demandes

et les réponses!
Holà, muchachos!
J’entends crier des vivants dans

des arbres chevelus,
Ces vivants sont mes enfants, échappés radieux de

ma moelle!
Un cheval m’attend attaché à un eucalyptus des

pampas,
Il est temps que je rattrape son hennissement dans

l’air dur,

Dans l’air qui a ses rochers, mais je suis seul à les voir!

 

Jules Supervielle

CANTIQUE DU PRINTEMPS


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CANTIQUE DU PRINTEMPS

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Ce matin la rose Eclate comme le cri du coq Le silence des choses Partout se fend les vieux mots Ont fleuri sur toutes les collines L’eau prise au piège S’échappe et court divine
Entre les herbes vierges

Oh ! quel vent quel soleil

Dans la nuit renversa

Les ombres toucha le sommeil

Mit son doigt

Sur la source empourpra

La mort fit sauter la lumière

De pierre en pierre

Et comble de folie

Alluma l’incendie

Dans toutes les artères

Le ciel comme un grand oiseau

Vole nu

Le cœur prisonnier n’en peut plus

Et brise les barreaux

L’âme bourdonne dans la ruche

L’esprit monte et trébuche

Sur mille pensées mortes

Que le temps les emporte

Ce matin la vigne

Eclate au bord de la ravine

Va cœur d’hiver Longtemps pris dans les glaces Te souvient-il d’avoir souffert Les saisons passent Va l’heure est venue Aujourd’hui de courir A la rencontre de l’été Mais les
chemins de naguère Se sont perdus dans la lumière Est-ce mûrir est-ce mourir Cette douceur inconnue

Qui tombe des pommiers

O papillons de l’enfance

Ne touchez pas à l’ombre des pétales

Leur seule transparence

Me sépare de l’ineffable

Clarté

Ne me conduisez pas

Vers les fleuves d’été

Que faire de tout l’éclat

De juillet

Quand c’est la douce la

Douce éternité

Qui traverse le jour

Quand c’est l’amour

Pommiers pommiers et roses

O simples cerisiers

Quand c’est l’amour qui pose

A la ronde son pied

Limpide fontaine

L’heure de midi

Coule dans mes veines

Le ciel est pris

Comme une tourterelle

Endormez-vous parfums et chants

O rossignols de mon sang

Eteignez vos prunelles

Plus un bruit

Sous l’immense soleil

La bouche à l’oreille

A tout dit

Que vienne la moisson Que tombent les fruits mûrs Sous les arbres profonds Le temps saute le mur Rassemble les saisons Sonne la trompette royale J’écoute au loin la houle des vallons
Les grands troupeaux qui vont S’abreuver aux étoiles

O vigne ô fleur de lait

Ensorcelez l’abeille

Luzerne et serpolet

Pampres et treilles

Et vous gardiens du jour

Lumineux tournesols sans paupière

Ne laissez pas ne laissez pas l’amour

Repasser la rivière

Retenez-le couleur d’été

Couleur d’automne

Son pas résonne

Déjà comme un adieu l’éternité

Ferme les yeux mon cœur est-ce la fin

Du dimanche

Une pluie tombe des branches

Pétales pleurs

L’odeur du foin

Là-bas fait rêver les granges

Le temps meurt

Un ange

Mais d’où ? me prend la main

 

Anne Perrier

LE BISET BLEU



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LE BISET BLEU

 

Un silence à tenir la mer pour soi et prolonger l’intime pendant que les baveux dorment encore

La plage au sable neuf

sans trace de pas

Regarde en veille au trou du rocher, le biset découvre la première vague rincer l’horizon

Tout sent la peau partagée

pour un petit-déjeuner ça dresse les premières fleurs au-dessus d’un entre-deux avant la reprise

Les mauvaises nouvelles du journal n’ont pas franchi la radio, le phare les a balayé d’un dernier regard. Pendant cette trêve on peut croire que la nudité rend l’homme propre, l’enfant peut sourire du haut de son palier

Je t’apporte un printemps frais cueilli, prends-le et laisse tes mains t’en frotter toute entière pour que tu sentes l’herbe remuée la première

J’abois  à la joie

 

Niala-Loisobleu – 21 Mars 2020

 

GENITALE EMBOUCHURE


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GENITALE EMBOUCHURE

Dans ce que tu es ouverte mes demains grainent

le champ à perte de vue

Au chien qui court nous avons ôté la laisse

le facteur à bicyclette rayonne

la menthe de la vallée plein la remorque

Au point d’eau tu n’attends pas la nuit pour m’abreuver de ce suint qui depuis nombre de matins me navigue en felouque

par-dessus les cataractes

Nil

ne peut donner plus de soleil que toi

Niala-Loisobleu – 20 Mars 2020