L’EPOQUE 2020/6 -« FLEURS DE PAROLES »


L’EPOQUE 2020/6 – «  Fleurs de Paroles »

Après les Époques 2018 et 2019, voici le cinquième de cette nouvelle Époque 2020 avec BARBARA AUZOU :  « Fleurs de Paroles »  . Merci de considérer que le poème est indissociable du tableau et vice-versa…

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L’EPOQUE 2020/6 – FLEURS DE PAROLES

NIALA

Acrylique s/toile 61×50

Fleurs de paroles

D’un pont à l’autre de nos mots

Gorgés d’un soleil à engrosser toutes les flaques

Là le sang  la vitesse rouge de sa respiration

Là le détail qui approuve l’excès

Et l’avènement de l’essentiel

Le jardin s’est invité dans la maison

Avec le bagage des lèvres et le secret

De l’oiseau pour tout innocenter

Et les fleurs se mettent à caresser l’histoire

À son point d’origine

Au soupir du terreau on devine

Le sourire renversé de la corolle

Sur ses tiges de sel montant vers les contrées

Du midi toujours

Les volets se referment sur la plate poitrine

Des fenêtres et sur des rires d’enfants

Aux yeux tirant vers la mer

Aux yeux gonflés par l’amour

 

Barbara Auzou.

INCONNUE


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INCONNUE

 

Les pieds dans les clous d’une rue en chantier

et la tête coiffée d’une angoisse sans visage

tremblent les soucoupes

sous les coups du pouls des petites cuillères

Les mers gonflent d’un poids de granit sans corail

L’île de Sein aréole avec inflammation du périnée  à mobiliser les marabouts en offres de services toutes moins sûres les unes que les autres

Le jardin sous ta robe  tient à la vallée de toutes mes dents et roues libres, mouvement d’hors loge parlant en bon état de fonctionnement.

Niala-Loisobleu – 13 Mars 2020

 

L’UN ETANT L’AUTRE


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L’UN ETANT L’AUTRE

 

Un monstrueux engin à raboter avance

Les chevaux enlisés ne peuvent freiner son avance

J’ai seulement mis la seule présence indispensable dans le sac de voyage

La mâchoire du ciel, plombage en avant, dépose le moindre rai du vitrail pour enrayer la circulation du libre échange

A mon pied j’ai disposé assez de terre végétale pour fortifier le jardin sans diminution de la double branche

Que volent les parapluies administratifs dans l’espace incontrôlable, nous tiendrons l’arbre et ses fruits sous bonne garde, tes amphores pleines prêtes à nous maintenir hydratés

L’un étant l’autre

Cyan et outremer

versés

la sonde dit

courage

reste assez de bleu navigable

Par la fente naturelle les cellules projettent leur immunité, j’ai choisi un autre âge pour faire notre mise à jour, je pense qu’il te plaira sa faune et sa flore sont Seine tout court

 

Niala-Loisobleu – 13 Mars 2020

 

 

 

 

LES LUCIOLES


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LES LUCIOLES

A la nuit tombée elles gravissent tout enclos où la nuit vient veiller

Dans la transparence lunaire elles se montrent nues et bien vivantes au travers  de leurs longues chemises blanches

Gardiennes de toute une tradition elles sautent de pas en pas dans des chemins connus de soi seul

Et sème le silence de lumières vertes dans la protection du vers

La chaleur de seins que nos joues ont pressé, la paume de la main jointe, le dos faisant rempart et la profondeur de ces regards nous guident en lieu sûr

Les pierres du cimetière tiennent la vie à jamais entre leurs planches, que la lune lèche par le campanile dressé.

Niala-Loisobleu – 13 Mars 2020

ORAISON DU MATIN


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ORAISON DU MATIN

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(Oh manque initial, et retrait dans l’élan comme d’une pelletée de cendres.

Mais il y a lieu de se brosser les dents en fredonnant un air, et de nouer adroitement la cravate qui préserve de la solitude et de la mort.)

Jour, me voici comme un jardin ratissé qui s’élève
Tiré par les oiseaux.
Fais que je prenne l’autobus
Avec calme ; que j’allonge un pas sobre sur les trottoirs ;
Que j’ourle dans mon coin ma juste part de couverture
Et réponde modestement aux questions qu’on me pose,

afin
De n’effrayer personne. (Et cet accent de la province
Extérieure, on peut en rire aussi, comme du paysan
Qui rôde à l’écart des maisons sous sa grosse casquette,
Berger du pâturage sombre : agneaux ni brebis
Ne viennent boire à la fontaine expectative ; il paît
La bête invisible du bois et le soleil lui-même
Au front bas dans sa cage de coudriers.)

Mais jour
D’ici tonnant comme un boulevard circulaire
Contre les volets aveuglés qui tremblent, permets-moi

De suivre en paix ta courbe jusqu’au soir, quand s’ouvre

l’embrasure
Et qu’à travers le ciel fendu selon la mince oblique de son

ombre
Le passant anonyme et qui donne l’échelle voit
Paraître l’autre ciel, chanter les colosses de roses
Et le chœur de la profondeur horizontale qui s’accroît
Devant les palais émergés, sous les ruisselants arbres.

Jacques Réda