PREMIERE MAIN


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PREMIERE MAIN

 

Remplir le poumon de fraîcheur

déjà

le bulldozer se fait entendre à la toise du soleil

tracer un drain mental

à l’entrée vitale

Les oiseaux ne se retournent pas

L’harmonica d’une fois dans l’ouest se brûle aux lèvres des rails rougis. Le soleil arrive à toute vapeur. Garde une goutte dans ton oreille, langue humectée au baiser.

 

Niala-Loisobleu – 5 Juillet 2019

L’EAU DANS LES DOIGTS


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L’EAU DANS LES DOIGTS

 

Cogne le marteau du jour à l’enclume des heurts

Vulcain défie la pierre au feu de l’instinct guerrier

En traversant la sierra entre deux mers par la porte branlante de la maison abandonnée on entend en corps le roulement haletant de la noria qu’un âne tire à dévider le ressort

L’humide  d’une ancienne fontaine où la faim d’un lion demeure actuelle, la brume qui avale l’Alhambra redoute la cisaille des guitares. Enfantement à cordes

Un if en marque-page, ses chants creusent les rides d’un ciel qui se décolle. j’attrape l’ancienne colline pour construire un climat qui ne bloque pas la peinture dans le tube d’un hit pédant, outrage à l’Art. La poésie ne souffre aucune prétention . Je suis sûr qu’au moment de la genèse c’est à partir d’elle qu’on a généré, dans l’ordre, en premier  la nature, l’homme en second. D’une paume castor la retenue en faisant réservoir inverse le sens des orages.

Et puis y a les mille

et plus qui nuient

pour n’avoir pas compris que l’éternité c’est un patchwork de vie cousues ensemble.

 

Niala-Loisobleu – 04/07/19

 

 

 

LES FENÊTRES


Au fil des pages l’espace de présence diminue. Les mots écartent l’intervalle intime par des commentaires insidieux , ou parlant de ce qui n’a jamais été écrit à se demander la raison

apparaît un ton d’écart entre le dit et le fait. Comme la distance décrit l’inverse du près. L’enfant retrouve étrangement la forme cynique apportée en allégeance à son innocence. Comme on retend les draps au fer à repasser le matin dans les hôtels de passe. Abus de confiance. On ne peut jamais oublier le mauvais rire dont on a fait l’objet dans son enfance

LES FENÊTRES

Guillaume Apollinaire

 

 

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Quand chantent les aras dans les forêts natales

Abatis de pihis

Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile

Nous l’enverrons en message téléphonique

Traumatisme géant

Il fait couler les yeux

Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes
Turinaises

Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche

Tu soulèveras le rideau

Et maintenant voilà que s’ouvre la fenêtre

Araignées quand les mains tissaient la lumière

Beauté pâleur insondables violets

Nous tenterons en vain de prendre du repos

On commencera à minuit

Quand on a le temps on a la liberté

Bigorneaux
Lotte multiples
Soleils et l’Oursin du couchant

Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre

Tours

Les
Tours ce sont les rues

Puits

Puits ce sont les places

Puits

Arbres creux qui abritent les
Câpresses vagabondes

Les
Chabins chantent des airs à mourir

Aux
Chabines marronnes

Et l’oie oua-oua trompette au nord

Où les chasseurs de ratons

Raclent les pelleteries

Étincelant diamant

Vancouver

Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l’hiver

O
Paris

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Paris
Vancouver
Hyères
Maintenon
New-York et les

Antilles
La fenêtre s’ouvre comme une orange
Le beau fruit de la lumière

 

Guillaume Apollinaire

 

 

La chaleur ôte à  la peinture son principe tempéré, quelque chose en séchant trop vite sort l’humide, cassant la respiration de la vérité.

 

Niala-Loisobleu – 4 Juillet 2019

DE MIRLITON


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DE MIRLITON

Fendant le sol sec de sa langue le ru remonte

des cubes à l’image décollée se superposent

façade

un bougnat enseigne

une ficelle, un bout de bois et t’habite

comptent de faits

La moelle sortie du sureau

un papier de peau ficelé aux extrémités

perce et des doigts

bouche

en soufflant

Ton saut rempli

tu ne te demanderas jamais plus pourquoi tu vis

 

Niala-Loisobleu – 03/07/19

L’EPOQUE 2019/32 – « SANGLOTER D’EXTASE LES JETS D’ EAUX »


L’EPOQUE 2019/32 – « SANGLOTER D’EXTASE LES JETS D’ EAUX »

 

Voici « SANGLOTER D’EXTASE LES JETS D’EAUX » le trente-deuxième de cette nouvelle Epoque 2019 avec Barbara Auzou.

C’est un travail à quatre mains , merci d’en tenir compte dans vos commentaires.

 

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L’Epoque 2019/ Niala

Acrylique s/ toile

116×81

 

 

Ce fut dur ce fut doux

Sur nos genoux brisés d’aiguiser

Nos refus au caillou

Et à la chaux de notre maison blanche

Rouler dans leurs nerfs

Les questions excédées

Qu’on ne se poserait plus guère

Des armoires lourdes libérer

Notre nudité légère avec toute l’eau de ses habitudes

Et de l’être-là dont les choses seules jusqu’ici avaient le privilège

Nous épouserions la similitude franche

Et fêterions sans fanfare à l’épaule nue

Le retour en arpèges de l’unité perdue

 

Combien faut-il d’amours rudes

Et que faut-il qu’on s’impose

Pour égaler en puissance

La simple beauté des choses

Pour initier l’enfant du silence

à la subtilité de tous les échos

Celui de ma tremblante chambre d’écriture

dont tu soupèses le fruit immédiat

au bout de sa branche ivre

Cet autre encore où je bois trempée

de tous tes ciels la couleur rose de tous tes bleus

 

Regarde son sourire d’aurore nous éclabousser le cœur et les yeux

Regarde avec l’humilité de celui qui sait et qui ose

sangloter d’extase les jets d’eaux* dans la fleur primitive

 

 

Barbara Auzou

*  Paul Verlaine, Clair de Lune.

LA CHUTE


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LA CHUTE

 

Cette nuit dans laquelle nous tombons

pareils à de longues larmes disparates

ne sera-t-elle jamais assez épaisse pour ralentir cette descente

glu noire marne sanglante que parfois liquéfient des volcans

d’intensité multipliée par les grondements les battements d’ailes

hors de la bouche livide dont les ruisseaux de pierre mesurent l’effort

fait pour contenir ce cataclysme dans des limites à peu près souriantes

semblables aux jambages passionnés qu’inscrit l’index humide et doux d’un vampire ou d’une reine

sur les cartouches

les papyrus de poudre noire sèche dure

de la mort?

Ici

ce ne sont plus des yeux de filles

des doigts énamourés mais l’air

qui comme une bière lourde se prolonge

en mousse opaque malgré les rues mangées de lueurs
Grande lépreuse de lumière tu te promènes accompagnée du cliquetis de tes ongles et tes colliers s’agitent comme les fruits de phosphore de l’arbre qu’à grands coups
les
Fils du
Vent font trembler puis se déraciner

L’Univers est un orgue aux tuyaux qui s’éraillent dans cette église monstrueuse bâtie par les truelles de

la folie sans même une franc-maçonnerie pour unir les visages par des signes inconnus mais qui pourraient transparaître parfois comme les couches souterraines que
révèle la coupure des ravins

Ses tubes d’acier sont ravinés et s’amollissent

détestables entrailles

canaux sordides entrelaçant leur labyrinthe

aux trajectoires des fusées à peine incandescentes

que lâchent des prêtres à soutanes déchirées au fond de caveaux pleins de boue

Les viscères sont moins noirs perdus au ventre d’un cheval

que ce bouquet de tiges funestes plus creuses que le sureau

Us sont moins sales et forment un moins ignoble carnaval

mais ô ma douce lèpre que ne cueilles-tu leurs rameaux ?

Tu te ferais ainsi un beau diadème sonore une couronne perlée de mots

Il est vrai que tu n’as pas besoin de cette tiare animale
Tu es trop souterraine pour cela et trop hallucinée par les seuls vrais émaux

ceux de tes pas ma jolie lèpre

plus sûrs que toutes les paroles et les incantations magiques

 

Michel Leiris

FOND DE JARDIN


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FOND DE JARDIN

 

Ces murs d’herbes gardent au frais l’absence arrogante des fleurs délavées

confié à leurs parfums d’arômes forestiers ton corps s’embaume

On vit un enfant se blottir dans le bassin de sa mère

un petit-bateau au doux nom de fille est à quai

Sur leurs échasses de longs becs puisaient par l’école de signes – le sémaphore corrigeait l’épreuve

La claire proche baille l’huître sans détartrer la coquille qui carrosse le chemin du marais. Sous l’aisselle du buisson fluvial j’ai posé la dernière algue à reproduire. Lâche pas ta barque j’entends venir l’éclusier.

 

Niala-Loisobleu – 03/07/19

MYSTIQUE AUTRE CHAMBRE


A l’horizon de l’autre musique je vois Barbara sans besoin d’étiquette riant au nu du rosier grimpant

L’autre côté des portes

Dépassement atteint

Mon encre de Chine bave en bulles sur le tapis-volant

Sampan de chemise

Les majorettes ont levé la jambe

Le tambour-major avale sa canne

On voit à l’intérieur du mystère

Eclairé par une reconnaissance non exhaustive du possible

Je t’ai

Permis

De dire

La vision de nos choses

Tu n’écris plus Barbara tu es le réel

ce que le tableau dévoile à nos sens

L’accès à l’Autre Chambre

Niala-Loisobleu – 02/07/19