J’AI PEINT POUR LA TOILETTE


Paul-Delvaux-The-Sleeping-Venus-I

J’AI PEINT POUR LA TOILETTE

 

Dans la terre cassante remettre ce filet de voix qui dans l’extinction dit je demande la parole

Un poisson qui marche ne peut aller que vers l’eau proche

Ils ont tremblés les grands arbres quand leur chapeau de feuilles s’est mis à tomber en Juillet, comme un homme au regard si doux qui sent le coup passer près

Au soir d’hier, à la nuit paresseuse, j’ai causé aux plantes sans penser qu’à part elles personne ne m’aurait compris, nus face à face d’une glace hôte nous nous sommes reconnus

Sans doute derrière le mur les pas des derniers jours sentent encore le passage assez fort pour retrouver la piste du caillou mis en balise

Collés à la vitrine les redresseurs de l’oeil voient à contre sens, cette femme n’est pas morte et encore moins l’objet décrié. Elle vit seule loin des gisants-debout, à pouls battant

Au rouge désert dresser l’oasis à dos de chameau, l’outre-mère pleine, puis de tous ses doigts remettre au nombril le liquide de survie, il possède l’impensable possible volonté de vivre. Entends les meuhs se diriger vers l’entrain.

Niala-Loisobleu – 12 Juillet 2019

4 réflexions sur “J’AI PEINT POUR LA TOILETTE

  1. Seule l’impensable volonté de vivre fait lever le matin dans la fleur, Mon…

    Guido la serra alors contre son bras. « Toi, tu n’es pas l’été. Tu ne sais pas ce que c’est que de faire un tableau. Il faudrait que je devienne amoureux de toi, pour devenir intelligent. Et alors je perdrais du temps. IL faut que tu saches qu’un homme ne travaille que s’il a des amis qui le comprennent.
    Extrait de Le Bel été de Cesare Pavese

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    • AU GRAND JAMAIS

      A la grande nuit au petit jour au grand jamais au petit toujours je t’aimerai
      Voilà ce qu’il lui chantait

      Son cœur à elle lui battait froid
      Je voudrais que tu n’aimes que moi

      Il lui disait qu’il était fou d’elle

      et qu’elle était par trop raisonnable de lui

      Au grand jamais au petit toujours au grand jour et à la petite nuit

      Bien sûr

      si je te dis je t’aime

      je t’aime à en mourir

      c’est un peu aussi pour en vivre

      Et je ne veux pas dire que je n’aime que toi

      que je n’aime pas partir

      partir pour revenir

      que je n’aime pas rire

      et qu’à tes tendres plaintes je ne préfère pas ton sourire

      N’aime que moi

      dit-elle

      ou alors ça ne compte pas

      Essaie de comprendre

      Comprendre ça ne m’intéresse pas

      Tu as raison il ne s’agit pas de comprendre il s’agit de savoir

      Je ne veux rien savoir

      Tuas raison

      il ne s’agit pas de savoir

      il s’agit de vivre d’être d’exister

      Tout ça n’existe pas

      je veux que tu m’aimes

      et que tu n’aimes que moi

      mais je veux que les autres t’aiment

      et que tu te refuses à elles

      à cause de moi

      Terriblement avide

      Est-ce ma faute je suis comme ça

      Bon dit-il et il s’en va

      Au grand jamais au petit jour à la grande nuit au petit toujours

      Ce n’est pas la peine de revenir

      Elle a jeté les valises par la fenêtre et il est dans la rue seul avec les valises

      Voilà maintenant que je suis tout seul comme un chien

      sous la pluie puis il constate qu’il ne pleut pas c’est dommage c’est moins réussi enfin on ne peut pas avoir tous les soirs une tempête de

      neige et le décor n’est pas toujours dramatique à souhait
      L’homme laisse tomber les valises les chemises le rasoir électrique les flacons

      et les mains dans les poches le col de pardessus relevé il fonce dans le brouillard il n’y a pas de brouillard mais l’homme pense

      J’abandonne les bagages je fonce dans le brouillard

      Alors il y a du brouillard

      et l’homme est dans le brouillard

      et pense à son grand amour

      et remue les riolons du souvenir

      et presse le pas parc© qu’il fait froid

      et passe un pont et revient sur ses pas et passe un autre

      pont et ne sait pas pourquoi
      Des hommes et des femmes sortent d’un cinéma où

      derrière une affiche il y a un prélat
      Et la foule s’en va la lumière s’éteint le prêtre reste là

      Qu’est-ce qu’il peut bien foutre derrière cette affiche ce prêtre-là

      Comme l’homme le regarde le prêtre disparaît

      mais passe de temps en temps la tête

      comme le petit capucin de la petite maisonnette des très

      rustiques baromètres une tête plate et livide comme une lune malade comme un trop vieux blanc d’œuf sur une assiette très

      sale
      Et puis après tout qu’est-ce que ça peut me foutre
      Ce cinéma

      c’est peut-être sa boîte de nuit à ce prêtre

      Jacques Prévert

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