RETOUR EN SCENE


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RETOUR EN SCENE

 

Cette mer fermée laissée

le fleuve originel sort

mon père

pincèle, c’est la bonheur

le remorqueur crache à sirène

des lacets la toupie routière dépose son cavalier du manège

 

Normandie

un transatlantique

 

Ne me demandez pas d’être surpris de me voir de retour au point de départ

il faut plus de temps pour arriver que pour partir

j’ai les mains prises dans l’entrée

par l’anneau

 

On y allait regarder du haut des Andelys voir les méandres, déjà j’étais à cheval en passant par Vernon

 

La catapulte tient la pierre sans la jeter

Normandie autour du monde

paumes plaines me voici aux pores

Un Bonnard dans le judas qui ouvre devant sur la route ma croisade

 

Les oliviers restent dans l’herbier, croque-note au déroulé de notre route, verte et noire

que le vent en porte pour la défatigue de tes seins par l’éclat de tes yeux branchus.

 

Niala-Loisobleu – 11 Juin 2019

 

JE T’AIME PAR LES CHEMINS NOIRS


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JE T’AIME PAR LES CHEMINS NOIRS

 

Je t’aime par les chemins noirs comme ceux-là qui n’ont demeure
Et qui marchent toute la nuit toute part à se dépenser
J’inscris ton nom sur tous les murs qu’avec moi mon amour ne meurt
Qu’ils soient mémoire à mon murmure et preuve par où j’ai passé

Où j’ai perdu mon ombre humaine où j’ai mêlé vivre et mes rêves
Où j’ai pris ta main dans ma paume et croisé tes pas de mes pas
Tant qu’enfin le temps qui se lève ainsi qu’un parfum parachève
L’aube de nous dont la merveille est que nous ne la verrons pas

Je t’aime au-delà de mon âme au-delà des soirs et des jours
M’entends-tu quand je dis je t’aime à t’’enlacer à t’en lasser
Je suis la faim que rien ne comble et la soif que rien ne secourt
Et pas un instant de ma chair assez ne t’aura caressée

Je t’aime au-delà d’être un homme au-delà de toucher et voir
Au-delà des mots qui me font au profond du cœur ce grand bruit
Au-delà même du vertige où tes yeux m’étaient seuls miroirs
Je t’aime au-delà de moi-même où même t’aimer me détruit

Je t’aime comme d’épouvante et comme de mon ventre ouvert
Je ne suis que le cri terrible où tu t’éloignes de ma plaie
L’arrachement de ta présence et le péril de ton désert
O toi mon éternel partir toujours de moi qui t’en allais

 

Louis Aragon

 

 

L’EPOQUE 2019/27 – « LUNDI DE PENTE CÔTE »


L’EPOQUE 2019/27 – « LUNDI DE PENTE CÔTE »

Nous sommes le Lundi 10 Juin 2019, c’est Pentecôte. Niala peint et écrit le 27 ème tout seul. Il fait froid et sale. Le vent a brisé la couleur verticale. Le jardin déplacé de sa racine boîte. Quelque idée funeste se serait glissée à contre sens dans le calice.

L’oiseau rentre dans l’eau jusqu’à la ceinture . Il soulève les pierres non-à-construire en tue les serpents, arrache les algues au rythme du détournement auquel elles s’évertuent de conduire, prend le tamis et passe le sable jusqu’à voir le chenal ressortir de la vase.

Jaillissant la concrétion montre sa marque de naissance. Baie d’Haïphong les grottes ont la chauve-souris prête à tisser le fil solaire. Les jonques tendent la grande voile rouge, sur le pont le coquillage est comestible. La joie marguerite.

 

 

Mardi 11 Juin 2019

Des langues de brume qui courent sur le flot la vois de Barbara chante la mise à jour de L’Epoque.

 

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« LUNDI DE PENTE CÔTE »

Regarde

Sur la pente douce du congé la mort repoussée avec son cri

Et tous ses beaux naufrages

Et la vie têtue concentrée vers les tempes

Ne pleure plus

Viens pieds nus et à la nage

Toi qui a toujours dans la larme bleue

De ton œil marron cet entre-deux tremblant

Au bord de comprendre ce que personne ne comprend

Et sur la langue un seul oiseau nichant

Comme le souffle

Regarde encore

C’est sur la rampe de ton sein

En son insensé abandon

Que s’érige le sommeil de tous les ports

Barbara Auzou.

LUNDI DE PENTE CÔTE


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LUNDI DE PENTE CÔTE

(L’Epoque 2019/27 – Niala – Acrylique sur toile 46×33)

 

Vent sur lui-même

Une concrétion surgie brise le tain du ciel

les pontons comme des bers qui chôment sont en pause

L’Île St-Louis écumée la fondation de Notre-Dame demeure

sauf la justice et le chêne

Rive-Gauche

l’Ecluse garde Barbara vivante comme cette marguerite qui tient l’effeuillage passionnément dans l’égarement d’Aragon pris entre deux genres sexuels et une politique sacrilège de foi abusive

À CHAQUE »PAS
À »chaque »pas »lent »hors »des »pas
hors »des »pas »hors »du »paysage
on »tire »à »chaque »pas »trop »lent
hors »de »soi »toute »l’image
pour »aller »vers »le »souvenir
voyageur »qui »recule »en »avant
sans »bouger »de »l’énorme »instant
dont »chaque »pas »à »chaque »pas »nous »sépare

Ludovic Janvier

Paris gisant, la pierre granite sa rosace anale à l’horizontale d’un roi dément

J’ai la main gauche bisexuelle de l’Androgyne et les deux pieds dans L’Epoque 2019 pour un 27ème à deux en solo

Le dos en taire battu de la cathédrale enfouie sous la mer de Porto-Cristo, village natal de Rafael Nadal

Obstination insoumise et irrévérencieuse du cheval qui laboure en vers et contre tout un lundi de congé.

 

Niala-Loisobleu – 10 Juin 2019

IN MEMORIAM LUDOVIC JANVIER


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IN MEMORIAM LUDOVIC JANVIER

 

Le poète Ludovic Janvier vient de disparaître, ce 20 janvier 2016.
On peut lire plusieurs extraits de ses œuvres dans Poezibao, ici repris partiellement (pour les lire en entier cliquer sur le lien) et augmentés de deux nouveaux textes.

extrait 1 :
Neige dehors neige dedans
neige lente sur les frissons
neige noire à crever les yeux

extrait 2 :
il y a la Manse et il y a l’Amance
émincés d’aube au rythme du sang
il y a la Sombre il y a la Sambre
tranchées de jour où la nuit fait fleur
il y a Dourdon il y a Dordogne
où le clair enfoui sonne caverne
il y a la Glane et il y a la Grane
où l’eau simple est gravière d’éclats

extrait 3 :
Ramuz écrit que la pensée remonte les fleuves. Qui les descend, c’est la rêverie.
Sans doute quelque part un gourmand de rivière et de langue aura-t-il déjà dit que rivière et rêverie (presque anagramme et mieux qu’anagramme) sont comme les deux faces opposées d’un bruit semblable et qu’on aurait accolées pour jouer avec. Mises en regard pour se laisser descendre au fil du rêve.

extrait 4 :
on est fendu par la frontière
entre balance et suspens
le secret s’avance d’un pas
le jour se lève sur parler

ext. 5 :
La Loue à Quingey, La Loue à Ornans
claire et noire en même temps
gorgée de silence et gorgée d’herbe

ext. 6 :
Pont du Nord ou pont de Nantes ou pont d’Avignon, le bal dessus la mort dessous, c’est la fête à l’aplomb du noir qui passe, être puni pour ça, tomber, tomber à l’eau, la rivière est un lit pour les pucelles et les rieuses, celles qui dansent et celles qui chantent sans écouter la loi qui range ni sans entendre la fin venir.

Voyez le matin comme il me prépare
et l’herbe du pré si elle m’attend
voyez l’eau du lac comme elle me pense
et le bleu du ciel s’il donne à vouloir

voyez le chemin comme il part de moi
si l’eau du ruisseau promène ma soif
voyez comme l’ombre a choisi mes mots
et si le caillou me ramène au temps

voyez l’horizon comme il me rattache
si les vols d’oiseaux m’apprennent partir
voyez la forêt comme elle m’écoute
et si le silence est fait de ma voix

Ludovic Janvier, Une Poignée de monde, Gallimard, 2006, p. 22

4.
A moins qu’en tout dernier lieu je me renverse
– est-ce qu’il va s’arrêter choisir – me renverse
dans le lac en regardant les montagnes bleuir
disant Après tout non c’est plutôt là
calmement sur le dos que je vais attendre
le coup de grâce en faisant quoi la planche
l’œil au ciel et sinon l’œil au ciel
du moins l’œil au plafond son ersatz
toi qui rêvais de pardon en écoutant Mozart
plus de Mozart rien que le bruit du sang
accompagnant le bruit du sang rien que le clapotis
du lac bleu qui vous vide en douceur
Annecy le monde et la vie à venir
disparus tout là-bas de la mémoire enfin légère.

Ludovic Janvier, La Mer à boire, Poésie/Gallimard, 2006, p. 76.

Source Poezibao

OUÏ DIRE


OUÏ DIRE

Le poète de profil

Le poète à l’équerre de corps et d’ombre sur les seuils

Le poète
Gulliver qui retrace un roncier d’hiver avec

la pointe de
Hopkins
Ou décroît pour accorder l’herbe au zodiaque avec

compas de
Gongora
Génie des contes perses car il refuse l’indifférence

Il entretient la lymphe bleue dans le réseau des ormes
Veille zêta epsilon delta d’Orion sur la branche basse Œil triple posé de witch witch witch
Qui s’envole constellation subtile de corbeaux

Il est ici pour inventer quelque chose d’aussi beau qu’un mot saxifrage inventé par personne

S’il cherche un trésor il le trouve

(Imagine un poisson cherchant un poisson dans l’obscurité des mers…)

Quand il revient parmi nous dans la transparence

d’hiver où les choses sont des lignes
Quand il rouvre le filon des couleurs à ciel ouvert
Quand il revient sur l’étroite digue hospitalière et

Et quand poussé aux épaules par
Comme un transféré
Il longe la rivière invitée au moulin
Le coq sa crête de lilas son cri à travers


L’aveugle

Il se gante de saule

Il endosse la rivière

Et voici tâtonnant

Sa main prolongée

S’avance dans un monde étrange
Il se hâte vers le désert
Un plateau où la flèche est

gnomon
Le vide est sa force
Le soleil passe comme un anneau

nuptial
Entre les arbres généreux il appartient à la déception Émigré que scalpe un âge il travaille pour une absente

sous ses pieds qui dort quand il se lève
Pour regagner l’absente de son pays qui veille quand

il dort
Le temps est celui qu’il n’a pas de penser à elle

Il émigrait l’hiver dans les branches pieuses

L’hiver d’une seule manière multipliée

— les os les mots l’amplitude les pas les voix l’espace

occupé les voyages la justice —

Épiant le visible où les figures muent

Il émigrait faune serrant un pipeau de veines

Syrinx étouffée les vaisseaux creux ramassés devant soi

Où le sang prolonge sa peine
Le cœur venait contre l’oreille

On veut le faire roi !

La clientèle des vents le serre
Les cris le portent

Toute voix veut à nouveau se faire entendre
L’hiver expose lés litiges
Un groupe de fleurs attend son tour
Il y a ces écrouelles de lisière
II y a ces ruines
Un joug un front de buffle brûlé

Qui t’a fait ruine?

La crase des mains apaise droite et gauche

Une pierre attendit cent mille ans
II exauce le silex

Un jouet d’ébonite sur un sillon quoi d’autre

Car les adunata quittant le rêve atterrissent

Tout le réel est possible

Les fables parlent comme des animaux

Ombre de
Virgile devenue voix de
Virgile

Voix de muse devenue désir et obéissance

Je te suis écoutant la plainte donnant voix à

l’enfer fraternel
Je t’écoute ta voix décapitée

attentif au silence continue sous le treillis pareil au

vengeur qui canne la vengeance

Je reconnais la souffrance grâce aux lieux
L’herbe ici n’a pas crû
La bête est restée
Toi je t’écoute
Que dis-tu de ta saison?
Je descends la vallée partageant

Une feuille
Remonte vers le village

Les stères d os rassemblez-les au feu
Le tort?
Mais l’homme vous donne la place
Les oiseaux ont des chemins
Qu’on relève cette borne
L’eau qu’elle se dessèche en cette place usurpée
Dénouez les andouillers des acacias lutteurs
Retirez doucement le bleu cosmos
Qui s’est pris aux pals d’hiver

Les fleuves la perspective

Les versants le fagot des chemins

Il guide vers un lit de syllabes

Le vent est son fouet

Il favorise la transhumance des terres

Appelle bruit le grondement des sols

Longeant l’arc où le ciel

A centré ses lumières

Cyprès de paroles alors

Se dressent et oscillent

Par ceux qui marchent ici comme dans galerie à ciel ouvert (parois d’ormes piliers de grès sol de terre ciel de ciel) par ceux qui disent

Voici lisière

Le monde avait besoin d’être annoncé

«
Le royaume est semblable au chemin par exemple

Extérieur au mur bas du château grillagé

Le royaume est semblable à ce lieu

Qui a besoin de parabole pour demeure »

Un homme las du génitif et las

De l’histoire du même divisé contre lui-même

— ô femmes répudiées —
Portant les faisceaux du savoir
Mais en forme des faux sur le champ

Apostrophes sur les tempes

Près des bêtes tachées qui mourraient jusqu’au bord

Le vent repasse
Par des chenaux sans métamorphoses
Un géomètre le soleil reprend les verticales

Phares lents d’ombre

Quel est ton héritage?

Entre audience et décret le suspens

Royal comme la dot des
Phéaciens

L’accueil à mots couverts de ressemblance errante

La vengeance son change en manne

Le remembrement des tropes

Le baptême des noms après les noms

O mer limitée!
Ignorance des ronces!
Sous les paupières nous nous rapprochons
Pour parler en secret à son insu à mon insu
Je prends le masque de la terre sous la peau
L’herbe envahit mes os

Barque exaltée en pavois où le corps
Se vêt de l’impatience qui lui ressemble
Et sa pensée alors conduite aux entrailles
Connaît ceci :

Profond mime du départ

L’artère émue le bras

L’os étrave à sillage de sang

Syntaxe comme
Varies

Au laps d’engagement

Lit de justice entre

Ce qui monte et ce qui vient

Psyché double où les entrailles

Font le tain pour les arbres

Et pour le sang le phosphore des

Visage comme il sort des broussailles

Dédoré végétal

Paré de lichens laid de terre

Terrestre un paysage avec jachère

Du chaume ça pousse

Ainsi la peau c’est le sol

Les yeux coulent encaissés
Passage de l’âme en ce défilé
Remontant de la perte à fleur d’être
Fontaines comme à
Vaucluse
Inattendus paisibles
On les voyait passer tout le jour
Presque sans bruit

Des maux secrets comme des hauts-fonds
Nous guérissions sans les connaître
Parfois au verso des paupières
Dans les plis de l’aveuglement
Les veines d’une vierge prévalent

Et comme il y a rivière il y eut corps à genoux
Les cailloux affleuraient le derme rapide Éburnéennes apophyses sondant l’eau tendue
Ou pliée remontent vers la source

gestes des amants
Et rythme de leurs feintes
Portés sur larmes aux longues tiges
Les amants froids tournent la face à leur chaleur
Et comme d’un feu l’hiver ils s’éloignent insuffisant

Ceux que le deuil adoucit
Vieillards devenus poètes au soleil
Confiants dans l’hiéroglyphe ici
Comme d’avoir mâché une herbe
Qui change l’amitié même

Fonte en retour pressée de s’infiltrer
Pareille à la foule des âmes que son grand
Nombre attarde une par une triée vêtue
Mais vers le visible où les morts remontent
Et nous devant la terre dressée attendant
Ainsi notre tour comme si là-bas pouvait
Nous absorber la lumière

Il est divers miroitements

entre le derme incisé des champs Échange et

le visage aux couloirs de vent

Emboîtement les rues s’encombrent comme l’ancien parvis

car les hommes agencent un gigogne

Tout se tolère et se juxtapose nombres et hortensias
Les bleus et verts dans le spectre du jour
Cependant que du balcon parfaitement mobile
Véloce l’homme arthropode se penche à travers
L’âme à facettes sur toutes choses

L’homme héliotrope
L’homme anthropoïde

Voleur mal assuré qui tend sous les arbres son dol
Homme dans l’âge qui penche sous un seuil

L’homme peut-être étant

L’homme peut-être lisant

En chaque ce qui est ce qu’il est

Bêtes son bestiaire feuilles son herbiaire jour son diaire

Jubarte épervier tortue lynx

Et mangouste il résume

Son blason ses armes la terre héraldique

Homme invisible l’homme

Tâte le vert qui s’interpose

Il descend quand le ciel le précède

L’homme demi-sang

Hissé dans le van terrestre

Il blesse l’homme

Il laisse sa momie parler sur son silence

Fatigue
Jachère
Le deuil nous conduit «
Tout » revenait comme un setter
Dans les phrases des enfants

Quand le vent pille le village

Tordant les cris

L’oiseau

S’engouffre dans le soleil

Tout est ruine

Et la ruine

Un contour spirituel

Soufflet de nuit baguée contre la joue
Le haut du haut descendit dans les places

Tout vient nuisible
Et proche heureusement

L’arbre éclaire les tempes du ciel
Le cheval engloutit la source
La couleur prend sur les animaux
Laissant l’homme

Ma vie

Le mystère du comme

Puis l’ombre se fait lumière

Les jours ne sont pas comptés

Sachons former un convoi de déportés qui chantent

Arbres à flancs de prières

Ophélie au flottage du temps

Assonances guidant un sens vers le lit du poème

Comment appellerons-nous ce qui donne le ton?
La poésie comme l’amour risque tout sur des signes

Les pierres mises aux fers

Un s’élève dans la maison
Bruit de femmes déchirant les taies
Et raies dans l’aquarium des peintres
En poulpe les veines sur le divan jusqu’à l’anus
L’eau joviale à côté du sommeil tandis que

Prévenu par l’âme prise

II lègue ses derniers moments

Le cygne dressé
Recommence à parler
Poète qui préfère
Dire comment c’est
Ronde des choses
Par les doigts du génitif
Sorite du poème

Michel Deguy

 

 

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Un moineau dans le poing

les langues du trottoir rasent

l’enfant s’est vêtu de ses ailes

la statue aux seins de pierre est répudiée

elle ne sera jamais sa mer

cette fleur que le vent n’avale

a dépassé ma paume d’Adam

je la sens faire ma tripe en grand-huit

une famille de papier aux murs solides s’écrie en bleudurable

Niala-Loisobleu – 8 Juin 2019

L’EPOQUE 2019/26: « UN MOINEAU DANS LE POING. »


L’EPOQUE 2019/26: « UN MOINEAU DANS LE POING. »

 

Voici UN MOINEAU DANS LE POING  le vingt-sixième de cette nouvelle Epoque 2019 avec Barbara Auzou.

C’est un travail à quatre mains , merci d’en tenir compte dans vos commentaires.

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Un Moineau dans le poing

Niala/ 2019

Acrylique s/toile 46×38

 

 

Depuis longtemps déjà

nous avions convenu de bâtir

un monde clair sur la beauté du geste

et dans notre lit aux draps défaits

s’étirait tiède la tendresse

du lin et du chaume réunis

que l’arche parfaite de nos jambes

avait bâtie

Tu avais des globes blancs dans tes mains lestes

J’avais un moineau dans mon poing sans adresse

et ce fut bonheur que de remettre la vie d’aplomb

de creuser le nid à petits coups de talons

à grands coups de reins

On a dévêtu la nuit

On a revêtu les matins

L’usage des robes n’était plus de mise au jardin

Et parce qu’il est des lieux où s’accomplit d’emblée

et avec sérieux la culture du sacré

l’âme des petits à nos pieds a pris ce tour câlin

de ceux que la vérité a caressés

 

 

Barbara Auzou.

CE QUE DIT LE TABLEAU


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CE QUE DIT LE TABLEAU

Le sol écarté par le pouvoir de nos ailes quel espace aurait pu s’opposer au dépassement illimité

Des tiges la courbe droite du pétale qui aurait osé en interdire la nage. Un poisson plus long qu’une clef à sardine tient ferme ce qu’il faut garder de sel pour le mascaret

Les maisons comme des herbacées en milieu désert tiennent le feu des soupirs. Les chiens allongés aux pieds des portes, tenant l’entrée des chambres. C’est écrit lisais-je dans sa pupille, oui et sans besoin de majuscule, la nature de ce qui gonfle son sein est d’un autre composant gazeux.

 

Niala-Loisobleu – 7 Juin 2019

A CEUX POUR QUI RIEN NE VA JE DIS


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A CEUX POUR QUI RIEN NE VA JE DIS

 

Je ne regarde pas la vague qui stationne, le ponton qui fait embarcation n’entre que dans l’espace sec

Le vent recule face au vol de l’épervier

Sur le rocher qui dépasse j’arrose la poignée de terre pour mettre la graine de marguerite

Un long fleuve traverse

Ton tronc renversé au dévissé du bassin

J’oeuvre à l’élargissement de son estuaire. Une fleur de chair au pouls.

 

Niala-Loisobleu – 7 Juin 2019

Brise marine – Mallarmé – Jacques Bertin


Brise marine – Mallarmé – Jacques Bertin

La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !

Stéphane Mallarmé, Vers et Prose, 1893