NOUS AVONS


René Char

 

NOUS AVONS

 

Notre parole, en archipel, vous offre, après la douleur et le désastre, des fraises qu’elle rapporte des landes de la mort, ainsi que ses doigts chauds de les avoir
cherchées.

Tyrannies sans delta. que midi jamais n’illumine, pour vous nous sommes le jour vieilli; mais vous ignorez que nous sommes aussi l’œil vorace, bien que voilé, de l’origine.

Faire un poème, c’est prendre possession d’un au-delà nuptial qui se trouve bien dans cette vie, très rattaché à elle, et cependant à proximité des urnes de
la mort.

Il faut s’établir à l’extérieur de soi, au bord des larmes et dans l’orbite des famines, si nous voulons que quelque chose hors du commun se produise, qui n’était que pour
nous.

Si l’angoisse qui nous évide abandonnait sa grotte glacée, si l’amante dans notre cœur arrêtait la pluie de fourmis, le Chant reprendrait.

Dans le chaos d’une avalanche, deux pierres s’épou-sant au bond purent s’aimer nues dans l’espace. L’eau de neige qui les engloutit s’étonna de leur mousse ardente.

L’homme fut sûrement le vœu le plus fou des ténèbres; c’est pourquoi nous sommes ténébreux, envieux et fous sous le puissant soleil.

Une terre qui était belle a commencé son agonie, sous le regard de ses sœurs voltigeantes, en présence de ses fils insensés.

*

Nous avons en nous d’immenses étendues que nous n’arriverons jamais à talonner; mais elles sont utiles à l’âpreté de nos climats, propices à notre éveil comme
à nos perditions.

Comment rejeter dans les ténèbres notre cœur antérieur et son droit de retour?

La poésie est ce fruit que nous serrons, mûri, avec liesse, dans notre main au même moment qu’il nous apparaît, d’avenir incertain, sur la tige givrée, dans le calice
de la fleur.

Poésie, unique montée des hommes, que le soleil des morts ne peut assombrir dans l’infini parfait et burlesque.

Un mystère plus fort que leur malédiction innocentant leur cœur, ils plantèrent un arbre dans le Temps, s’endormirent au pied, et le Temps se fit aimant.

René Char

 

 

A la vérité, je choisis ce Char limpide à l’adresse d’égarés (ées) mais la vérité ne change rien à l’idée que l’on donne à ceux qui s’en font une de nous et qui n’a rien à voir avec ce que nous décidons d’être en tout état de cause. Les obstinés (ées) qui ne veulent que comprendre leur idée et la suivre à côté peuvent menacer, rien ne change au fait que nous savons que toute incurie ne mène à rien. Je ne fais rien sur ordre et sous pression quelconque, je fais de ma propre initiative.

Niala-Loisobleu – 23/06/19

SOIF D’AMOUR


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SOIF D’AMOUR

 

Les oreilles basses

une estouffade climatique assomme les plantes

la caresse en supplique elle en appelle de soif

l’être de jardin branché à ce courant

se tend

que la main porte l’arrose en mouvement

je te regarde

l’enfant ne sait pas ce qu’est ce monde

porte lui de toute ta vibration l’air qui lui manque et dis-moi

 

Niala-Loisobleu – 23/06/19

CYCLES


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CYCLES

 

Devant la maison personne ne passe encore

seule la mer va-et-vient de son rabot

en tirant la lune à la ficelle

Eteint le feu de St-Jean

reste un grillon à entrer dans la maison

Un jour des enfants nés d’hier

sauteront à leur tour

 

Niala-Loisobleu – 23 Juin 2019

ENTRE TIEN EMOI 108


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ENTRE TIEN EMOI 108

HISTOIRE  DE TERRE

Prenant la tuile faîtière pour rive j’ai vu par-dessus le mur l’envol sauvage d’un repaire de merles dans les brins les brins tressés qu’ils coupent du bouleau.

J’ai regardé tes marguerites se faire la montée vers la butte. Me suis assis sur une pierre à banc que le chèvrefeuilles avait en partie laissé de côté. Bien qu’il n’y en eu plus dessus, je t’ai prêté mon cerisier histoire d’avoir une raison de te manger le dessous d’oreille. Ta nuisette au jardin ça ne laisse rien en blanc sur la peau, surtout quand tu arraches la mauvaise herbe.

Ce soir ils vont nous faire le zim-boum-boum du feu de la St-Jean. Histoire de marier l’année avant sa fin, on ferait bien le sacrifice du dérangement de sono et de friture.

Me reste à revenir en arrière sur La clavicule de Salomon, figure toi qu’en me venant, ce titre à soulevé une émotion d’abondance en terre de sécheresse , alors j’ai suivi la force de cette pulsion pour repartir de zéro.

Niala-Loisobleu – 22/06/19

 

L’ENTRE-PEINT


L’ENTRE-PEINT

 

Pause sans modèle là où tu es restée

chevalet entre deux

entends l’odeur du cheval signaler sa présence

La chambre mangeoire ouverte est un roulis animal

où la grande fourche en bois d’un autre temps est à quatre mains

 

Niala-Loisobleu – 22/06/19

ENVOL MATINAL


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ENVOL MATINAL

 

Au matin d’une gueule de bois

la ville traîne en des bris de bouteilles

tu sais je suis passé du pied du lit

par le jardin dans la fenêtre

tu n’étais sur aucun piédestal

de voir autant de vie en des seins

m’a fait rentrer directement dans la boîte à couleurs

 

Niala-Loisobleu – 22/06/19

 

EXIT


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EXIT

 

Du tableau figé sort ce vouloir qui suspend l’extinction

L’oeil se fait doubler avant la ligne droite par le sens du sujet

Que les hennissements cognant aux bas-flancs répercutent à mots couverts

 

Des herbes la tige libère un suin d’haleine remuée

On distingue sur la façade ravalée les sens en fusion de l’assemblage

Alors que l’alambic du coup de chauffe ouvre à deux vantaux, le sens du toucher revient au regard allumé sortant  de la chandelle.

 

Niala-Loisobleu – 21/06/19

ILS DEPLOIENT DANS L’OMBRE DE LEUR LUMIERE


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ILS DEPLOIENT DANS L’OMBRE DE LEUR LUMIERE

 

Dans une clarté mesurée

se diaphragme le tracé à suivre

vrais cils de reconnaissance décodés

les globes reposent la canne blanche au rayon luminaires

déployés sur le taire au plus profond de sa fente transe posée

d’obscurs souteneurs de métempsychose déiste laissés en panne sèche

 

Niala-Loisobleu – 21 Juin 2019

PHOTOPHOBIE


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PHOTOPHOBIE

 

Aux extrémités de la vue les bords se confondent

le corps en quittant la mire perd toute mesure estimative

qu’est-ce qui cache la clarté

le feu dans le nuage rayonne  façon laser

la route sort de la chaussée

un raccourci se précipite tout droit

alors que les aiguilles qui tiennent les paupières rouillent dans les larmes

un mur qui se rapproche prend toute la place

 

Niala-Loisobleu – 21/0619

 

 

ANGELUS


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ANGELUS

 

Dans ses yeux de femme-saule

j’ai noué mes rivières

alors j’ai osier y tresser les corbeilles à nénés, le saut des grenouilles, l’écrevisse du cri quand le moulin pince Narcisse en flagrant-délit. Nous sommes passés de l’autre côté  de la serrure. Un train en gare.

Sur la berge un tissu traînait l’écume du cheval.

 

Niala-Loisobleu – 20 Juin 2019