Qu’est-ce qui passe ici si tard ? Jacques Bertin


Qu’est-ce qui passe ici si tard ?

Se demande la femme à genoux dans son âge
Est-ce que je vais me laisser glisser au sol
Les mains dans mon ventre serrées vers la cinquantaine ?
Est-ce que j’irai à nouveau seule
Dimanche dans ce restaurant de la gare ?
Qu’est-ce qui fait que les jours s’alignent comme des maisons
Bordées du petit jardin propre des pudeurs
Où l’on n’entre jamais ? Est-ce que personne ne voit
Tard le soir la fenêtre éclairée où je veille ?
Qu’est-ce qui passe ici si tard ?

Qu’est-ce qui passe ici si tard ?
Dans le silence impitoyable de cette chambre
Qui est comme un sanglot jamais crevé
Elle se regarde dans la glace et ne sait plus si elle est belle
Car la beauté réside dans la confiance que tu portes
À tes seins, à tes cuisses, à ton ventre et à cette
Lumière acide de ta bouche
À la vie qui, sur ta peau pourtant morte, pose
Des caresses car l’âge n’existe pas

 

Jacques Bertin

 

 

 

 

 

 

5 réflexions sur “Qu’est-ce qui passe ici si tard ? Jacques Bertin

  1. C’est beau, mon…

    Corps éclaté

    Sous la voix nulle
    dans le ventre
    crie l’espace
    à corps éclaté.

    L’arbre rejoint le sang transfère veine au bois
    qui monte dans la peau.

    Ce qui devait durer de nous?

    Pinceaux et branches
    Toutes choses minces
    entassées autour de nos mains par l’arbre et la maison

    Marie-claire Bancquart

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