
ENTRE TIEN EMOI 51
Devant l’éventaire d’un moyen-âge où on est entre, plus d’un bord que de l’autre difficile de répondre présent. Les montres ça peut être mol (les). Comme un train de bourriquet se faisant pur-sang effrontément. L’été regorge de casquettes de capitaines sur des têtes de faux-marins. Bluff que l’incertain avance le plus souvent comme pour en finir avec la question. Parce que seul le sens donne à l’acte sa consistance tout comme il sort les pieds des tapis-volants de mauvais aloi.
L’EAU DE LA FONTAINE
La fontaine a de l’eau qui provient d’un ruisseau
Advenu d’une source
Sortie entre une pierre et un pied d’arbrisseau
Partie faire une course
Oh ! nonchalamment, presque paresseusement
En glissant sur la mousse
Qui lisse un caillou blanc tout amoureusement
De sa mèche si douce
Et le caillou voyou deviendra un galet
A la courbure ronde
Couché au fond du lit d’un lumineux palais
Caressé par une onde
Qui vogue en égayant la clarté du ruisseau
Menant à la fontaine
Dont le bébé est né au pied d’un arbrisseau
Pour sa gloire certaine.
Jean-Michel Bollet
Au moment où j’entendis sonner le quart, le chaudron était proche. T’es plus que brume à passage au rugissant, au point que t’imagines déjà la gueule de ton ex-voto avant qu’il soit le seul à sortir de ce putain de bateau au gouvernail en dérive. De vieux bagnards se faisaient tatouer sur le cou « A découper suivant le pointillé », bravade de monte-en-l’air qui ne s’empêchera jamais de tomber. A tout prendre admettre et revoir ça peut mener plus loin. Il faut marcher plus longtemps que sa nuit pour garder une chance de mettre son rêve à jour. On part du même point sans savoir, et puis…l’eau qui coule arrose en sous-terrain. Je vais envelopper quelques tableaux sur ma table d’opération. Je sais qu’en les emballant je tourne les pages d’une histoire vraie sortie d’une taille de pierre brute..
Niala-Loisobleu – 03/04/19
Mon,
A marcher plus loin que sa nuit on guérit de la cécité du jour et l’amour accouche d’écrits-respirés que plus rien n’essouffle, les petites affaires et les grandes, les floues les fébriles et les frivoles dans une lumière plus droite…
Tu m’écris d’un temps sans âge
à faire fuir l’effroi des journées,
à forger des couleurs inventées
à l’orange de nos visages .
Tu m’écris pour arracher à la fatigue de parler
le mot nu qui manque au langage
et qui reste à la palette inconsolé.
Tu m’écris contre les poussières éprises de peu
qui s’agrègent comme des sentences
au poumon en feu.
Et moi je peins
et crie à la porte fermée des hommes
et à la fleur de coton pendue à la fenêtre
qui avorte de son jour.
Je peins et crie à tromper la nuit économe
pour lui faire croire au matin,
pour mordre les douleurs sur les lits du passé
et faire renaître l’enfant lointain.
Je peins
et crie contre l’injure du banal
à en découdre sans fin
au miroir du double je.
S’il y a un vide
c’est qu’il est ardent
écris-tu.
Et c’est au pinceau d’un ciel qui s’était perdu
que nous accrochons des printemps
comme autant de ventres lavés de larmes.
Barbara Auzou.
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Un intestin de dédales et ses noeuds
des fenêtres borgnes
et des caillots de larmes
comment dire ce qu’il faut de misères pour entrer au soleil et sortir de l’ombre glaciale ?
L’enfant est à naître
à la source en remontant le caniveau
Le parallèle du rail est dur à avaler t’y crois pas
pourtant quand tes cris rebondissaient sur ton propre écho
les siens traçaient la portée musicale de l’encre indélébile…
N-L
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suis là
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Echolalie
le train qui nuit se répète en tunnel
attention au signal psychiatrique…
N-L
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(Le phénix 1951)
Toutes les choses au hasard
Tous les mots dits sans y penser
Et qui sont pris comme ils sont dits
Et nul n’y perd et nul n’y gagne
Les sentiments à la dérive
Et l’effort le plus quotidien
Le vague souvenir des songes
L’avenir en butte à demain
Les mots coincés dans un enfer
De roues usées de lignes mortes
Les choses grises et semblables
Les hommes tournant dans le vent
Muscles voyants squelette intime
Et la vapeur des sentiments
Le cœur réglé comme un cercueil
Les espoirs réduits à néant
Tu es venue l’après-midi crevait la terre
Et la terre et les hommes ont changé de sens
Et je me suis trouvé réglé comme un aimant
Réglé comme une vigne A l’infini notre chemin le but des autres
Des abeilles volaient futures de leur miel
Et j’ai multiplié mes désirs de lumière
Pour en comprendre la raison
Tu es venue j’étais très triste j’ai dit oui
C’est à partir de toi que j’ai dit oui au monde
Petite fille je t’aimais comme un garçon
Ne peut aimer que son enfance
Avec la force d’un passé très loin très pur
Avec le feu d’une chanson sans fausse note
La pierre intacte et le courant furtif du sang
Dans la gorge et les lèvres
Tu es venue le vœu de vivre avait un corps
Il creusait la nuit lourde il caressait les ombres
Pour dissoudre leur boue et fondre leurs glaçons
Comme un œil qui voit clair
L’herbe fine figeait le vol des hirondelles
Et l’automne pesait dans le sac des ténèbres
Tu es venue les rives libéraient le fleuve
Pour le mener jusqu’à la mer
Tu es venue plus haute au fond de ma douleur
Que l’arbre séparé de la forêt sans air
Et le cri du chagrin du doute s’est brisé
Devant le jour de notre amour
Gloire l’ombre et la honte ont cédé au soleil
Le poids s’est allégé le fardeau s’est fait rire
Gloire le souterrain est devenu sommet
La misère s’est effacée
La place d’habitude où je m’abêtissais
Le couloir sans réveil l’impasse et la fatigue
Se sont mis à briller d’un feu battant des mains
L’éternité s’est dépliée
O toi mon agitée et ma calme pensée
Mon silence sonore et mon écho secret
Mon aveugle voyante et ma vue dépassée
Je n’ai plus eu que ta présence
Tu m’as couvert de ta confiance.
Paul Eluard,
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La confiance c’est l’assurance que l’herbe tient le jardin ouvert au secret en l’absence certaine du serpent.
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