TOI EMOI  (L’Epoque 2019 – 2)


56960439801--78205b86-2a6f-44f2-9070-c5e0e906d29f (1) - copie

Toi Emoi (L’Epoque 2019 – 2) – 2019 – Niala – Acrylique s/toile 55×46

650,00 €

TOI EMOI

(L’Epoque 2019 – 2)

Posée contre le monde se dresse une échelle

Vespérale. Une lucarne qui tord l’espace

Pour vérifier l’aplomb du geste définitif

Et des destins à la couleur qui s’appellent.

Nous n’avons cherché ni le comment ni le pourquoi

De cette élévation. Conscients que la pierre franche

Au pied n’avait rien d’accidentel.

Il aura fallu attendre longtemps et sages

Sur des chemins d’échos qui purgeaient le langage

Et redonnaient aux murs une respiration

par l’oreille fugace et complice de la rosée ;

Par l’air défroissé à tout ce qui demeure invisible.

Le nom solaire que l’on se donne aujourd’hui

Va bien au-delà du domaine choisi .

Il relie à la faveur du sensible

Les points cardinaux de nos lieux familiers.

Le grand tétras à la roue de son infortune

Salue cette fleur non négociable

Et sur un ciel lavé de lunes

 Nous prie d ‘en disposer.

 

Barbara Auzou.

17 réflexions sur “TOI EMOI  (L’Epoque 2019 – 2)

    • LE SOURIRE

      Pourquoi faut-il toujours s’attacher à sourire ?
      Je ne me plierai pas au propos sibyllin,
      Tant à vouloir le bien on passe pour vilain,
      La fausse complaisance est un mal à proscrire.

      Pour m’être fourvoyé, léger mais imprudent,
      J’ai appris la réserve, et même s’il m’en coûte,
      Je me garde du rire et j’élude le doute,
      Car je ne puis risquer un effet impudent.

      Notre monde à souhait se sustente d’horrible,
      Les crimes et les dols, la souffrance d’enfants,
      Alors dans l’anecdote et les on-dit bluffants;
      Il semble malvenu le racontar terrible.

      Chacun à sa façon reste maître absolu,
      Prétend à se gérer, agir en autonome
      Expert en tout sujet, l’excellence de l’homme,
      Jaloux de son nombril, jamais irrésolu.

      Pourquoi faut-il toujours s’attacher à sourire ?
      Pour benêt satisfaire au réflexe courtois
      Qui désigne plutôt l’hypocrite matois
      Jouant l’émerveillé plus qu’on ne sait décrire ?

      Les yeux sont ainsi faits, surtout pour ne pas voir
      Le charmant, le hideux, mieux vaut faire l’autruche
      Et se montrer ravi, se révéler baudruche,
      Flatter « l’autre » innocent et ne pas décevoir.

      Pourquoi s’illuminer d’un intérêt factice
      Au récit d’un exploit médiocre ou banal,
      Feindre d’être témoin d’un trait phénoménal,
      Quand votre ennui s’installe appelant l’armistice ?

      Ce sermon, humble avis, n’engagera que moi,
      Ne vous obligez pas, car un discours utile,
      Séduit très rarement la démarche infantile,
      Il attise l’humeur et réveille l’émoi.

      Alors, oui, je me tais et même vous conforte,
      L’excès de politesse est un piteux respect,
      La fausse déférence enivre le suspect ;
      La bêtise commune est une place forte.

      Extrait de: L’époustouflant périple du banal ordinaire (Editions de la Pisselotte)
      Jo Cassen

      Aimé par 2 personnes

  1. Le regard dit tout de son intime espoir
    les yeux confiants entrent par la grande porte de L’Epoque nouvelle
    les fragrances montent en couleur
    à l’entrée du jardin…
    J’aime ce poème ma Barbara, graves et sereins ses mots sont porteurs de symboles de renaissance , un Grand Tétras chante le matin…je t’embrasse.

    Aimé par 1 personne

  2. LA SEMAISON

    I

    Nous voudrions garder la pureté, le mal eût-il plus de réalité.

    Nous voudrions ne pas porter de haine, bien que l’orage étourdisse les graines.

    Qui sait combien les graines sont légères redouterait d’adorer le tonnerre.

    II

    Je suis la ligne indécise des arbres

    où les pigeons de l’air battent des ailes :

    toi qu’on caresse où naissent les cheveux…

    Mais sous les doigts déçus par la distance, le soleil doux se casse comme paille.

    III

    La terre ici montre la corde.
    Mais qu’il pleuve un seul jour, on devine à son humidité un trouble dont on sait qu’elle reviendra neuve.
    La mort, pour un instant, a cet air de fraîcheur de la fleur perce-neige…

    IV

    Le jour se carre en moi comme un taureau : on serait près de croire qu’il est fort…

    Si l’on pouvait lasser le torero

    et retarder un peu la mise à mort!

    V

    L’hiver, l’arbre se recueille.

    Puis le rire un jour bourdonne et le murmure des feuilles, ornement de nos jardins.

    Pour qui n’aime plus personne,
    La vie est toujours plus loin.

    VI

    ô premiers jours de printemps jouant dans la cour d’école entre deux classes de vent!

    VII

    Je m’impatiente et je suis soucieux :

    qui sait les plaies et qui sait les trésors

    qu’apporte une autre vie?
    Un printemps peut

    jaillir en joie ou souffler vers la mort.


    Voici le merle.
    Une fille timide

    sort de chez soi.
    L’aube est dans l’herbe humide.

    VIII

    A très grande distance,

    je vois la rue avec ses arbres, ses maisons,

    et le vent frais pour la saison

    qui souvent change de sens.

    Une charrette passe avec des meubles blancs

    dans le sous-bois des ombres.

    Les jours s’en vont devant,

    ce qui me reste, en peu de temps je le dénombre.

    IX

    Les mille insectes de la pluie ont travaillé toute la nuit; les arbres sont fleuris de gouttes, l’averse fait le bruit d’un fouet lointain.
    Le ciel est pourtant resté clair; dans les jardins, la cloche des outils sonne matines.

    X

    Cet air qu’on ne voit pas porte un oiseau lointain et les graines sans poids dont germera demain la lisière des bois.

    Oh! le cours de la vie entêté vers en bas!

    XI

    Le fleuve craquelé se trouble.
    Les eaux montent et lavent les pavés des berges.
    Car le vent comme une barque sombre et haute est descendu de l’Océan, chargé d’un fret de graines jaunes.

    Il flotte une odeur d’eau, lointaine et fade…
    On

    tremble, rien que d’avoir surpris des paupières qui s’ouvrent.

    (Il y avait un canal miroitant qu’on suivait,

    le canal de l’usine, on jetait une fleur

    à la source, pour la retrouver dans la ville…)

    Souvenir de l’enfance.
    Les eaux jamais les mêmes,

    ni les jours : celui qui prendrait l’eau dans ses mains…

    Quelqu’un allume un feu de branches sur la rive.

    XII

    Tout ce vert ne s’amasse pas, mais tremble et brille, comme on voit le rideau ruisselant des fontaines sensible au moindre courant d’air; et tout en haut de l’arbre, il semble qu’un essaim se
    soit posé d’abeilles bourdonnant; paysage léger où des oiseaux jamais visibles nous appellent, des voix, déracinées comme des graines, et toi, avec tes mèches
    retombant sur des yeux clairs.

    XIII

    De ce dimanche un seul moment nous a rejoints, quand les vents avec notre fièvre sont tombés : et sous la lampe de la rue, les hannetons

    s’allument, puis s’éteignent.
    On dirait des lampions lointains au fond d’un parc, peut-être pour ta fête…
    Moi aussi j’avais cru en toi, et ta lumière m’a fait brûler, puis m’a quitté.
    Leur coque sèche craque en tombant dans la poussière.
    D’autres

    montent, d’autres flamboient, et moi je suis resté dans

    l’ombre.

    XIV

    Tout m’a fait signe : les lilas pressés de vivre

    et les enfants qui égaraient leurs balles dans

    les parcs.
    Puis, des carreaux qu’on retournait tout

    près, en dénudant racine après racine, l’odeur de femme travaillée…
    L’air tissait de ces riens une toile tremblante.
    Et je la déchirais, à force d’être seul et de chercher des traces.

    XV

    Les lilas une fois de plus se sont ouverts (mais ce n’est plus une assurance pour personne), des rouges-queues fulgurent, et la voix de la bonne quand elle parle aux chiens s’adoucit.
    Les abeilles travaillent dans le poirier.
    Et toujours demeure, au fond de l’air, cette vibration de machines…

    Philippe Jaccottet

    Bonjour Julie
    Les grisailles sont trop un aspect de ce que nos mains retiennent par négligence
    Redonnons-leur le pouvoir de leur choix
    Merci pour pour et bonjour avec…
    Alain

    Aimé par 2 personnes

  3. Serait-il honteux de prôner l’harmonie quand de si belle facture anime les yeux et l’esprit. Quand mon coeur vous voit tout deux, l’émotion en moi vous bénie. Je vous embrasse de la plus belle des folies, en équilibre à la vie. MERCI

    Aimé par 1 personne

      • Bâtir de l’harmonie ? oui, oui, oui. Nous nous tiendrons prêt, à la la découverte des nouveaux prêts, la belle excuse me diras-tu, je ne me battrais sûrement pas pour t’embrasser de nouveau dans ce temps qu’avec bonheur il nous est offert. A bientôt

        Aimé par 1 personne

Les commentaires sont fermés.