J’AI PEU DE CHOSES A DIRE


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J’AI PEU DE CHOSES A DIRE

La résonance du sol que tes pas  soulève, j’imagine déjà la treille coiffant le droit de se vivre

soif du ventre qui a su ouvrir le torrent pour sa fraîcheur

De la haie qui borde le terrain  il me semble voir venir l’éclosion du nid caché

impression d’attente récompensée.

L’image précise l’emplacement des choses dans une sorte d’ordonnancement compatible avec l’acte amorcé. Le clou et la ficelle bien que majeurs ne sortiront pas de leur rôle. Le tableau ne sera pas preignant du cadre. Pendant que l’enfant joue tout seul un indien disparaît dans la fumée de son signal pendant que plusieurs cow-boys tournent autour sans le voir. Le dernier de la classe arrive souvent le premier dans la recréation d’un plaisir de comprendre l’intérêt de la connnaissance.

Comme s’ils avaient l’angoisse à la lunule

mes ongles repoussent les ciseaux

pour garder le fauve de tes pores

en remorque d’un grand voilier

Le marbre pose son rouleau et feuillette avec gourmandise la pâte d’une galette dans l’idée d’avoir la chance d’une fève. Avant qu’on aborde le sermon j’irais à la sortie de l’église voir la procession entrer dans l’enclos athée d’une fest noz. Il paraît que les cours d’école prônent le jeu à l’olive avec l’accord tacite des parents d’élèves bien que quelques uns font courir une rumeur d’attouchements à l’égard du pion de surveillance.

L’absence d’accordéon dans mes bretelles est une simple illusion d’optique , c’est le cheval ventriloque qui joue du piano sans cravate dans toutes mes histoires.

Niala-Loisobleu – 17/01/19

16 réflexions sur “J’AI PEU DE CHOSES A DIRE

  1. J’ai peu de choses à dire au fond je cherche peu de choses
    Et tout le reste c’est un habit sur moi à peu près ajusté
    Je peux bien partager votre combat vos certitudes : papier-buvard
    Le mal au fond le mien c’est ailleurs un fanal resté allumé
    J’écris, ma femme dort, je rassemble un maigre bagage
    Un maigre bien des idées vagues, des tentatives de notions
    Tout ce à quoi je souscris et qu’en bon entendement il faut admettre
    Des restes de vos garde-robes, des idées de révolution

    Qu’est-ce que j’ai à moi ? Ma mère le lundi qui lave
    Quand elle pleure, c’est qu’elle a les yeux pleins de savon
    Le linge sèche, la cuisine est humide, la radio couvre le cri des gosses
    Je n’ai rien qu’une enfance banale comme un cartable en carton

    O les appartements tièdes, les belles dames
    Messieurs qui parlez fort bien et lisez des journaux avancés
    Comme si le monde vous appartenait ô fils de familles
    Vous êtes les meilleurs jusque dans la révolte ô impeccables révoltés

    Qu’est-ce que c’est mon bien ? Qu’est-ce que je peux mettre dans la balance
    Je suis ce bateau à l’écart des routes échoué
    Dans une nuit où flottent des mots insaisissables
    Parfois ils frôlent les toits comme le bas des robes brodées

    Mère de mon ami madame des romans et des jardins à la française
    Cheveux tirés qui régnez sur vos bibelots et vos rendez-vous
    Que faites-vous ici ce soir, pourquoi vous déshabillez-vous
    Ici, chez ce jeune homme qui est un enfant et qui vous prend les genoux

    Parlez très vite et que s’effondre l’édifice
    Je pénètre dans le parc interdit, je brise tout
    Quand vous serez vaincue, votre monde souillé avec vous
    Je suis encore l’enfant qui s’excuse pour le désordre et pour tout

    Qu’est-ce que c’est mon bien ? le silence des enfants des pauvres
    Et deux ou trois détails à dire aux copains les jours d’abandon
    Un dimanche matin d’hiver, un jour, quand j’étais gosse
    Il fait chaud, dehors, j’entends passer les dynamos
    Qu’est-ce que j’ai à moi ? Qu’est-ce que je peux dire pour ma défense
    Un souvenir sans intérêt, une nuit de vendredi saint
    Nous allions boire un café à 25 francs sur une table de campagne
    En ville, des messieurs-dames parlent des poètes avec du maintien

    Qu’est-ce j’ai à dire On ne m’a pas donné la parole
    J’ai le manteau troué au vent des étoiles de la révolution
    Je suis sur mon vélo, je rentre à la maison par la croix-blanche
    O mon père et ma mère laissez le garage allumé, je rentre à la maison

    Procession d’amoureux dans la plaine,
    Beaucoup d’arbres naîtront demain
    Tu fais chemin aux bretelles de ta dégaine
    Sur le cadre de notre vélo commun…
    Mon Alain

    B.A

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  2. En tant d’aime
    nous voici bi-cycle être
    genre hydravion
    pour les endroits où trop de choses dites pour rien demandent à survoler
    gardant le rase-mottes pour le dessert…
    Merci ma Barbara c’est un jour où tu le sais je roule à toi avec joie…

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        • LA PISTE

          La piste que mangent des foulées et des trous,

          que tord la sécheresse harassée d’elle-même,

          va, hésite de toute sa largeur où cinquante bœufs

          peuvent avancer de front, et son souffle est coupé par mille crevasses comme par des hoquets, elle engendre des sentiers vite étouffés de chardons

          et de ronces puis follement pique un cent mètres et s’arrête un instant devant une flaque tarie ou naguère elle buvait un peu de ciel et du courage.

          Passe une tartane traversée par le vent,
          Chevaux, harnachements, et les sombres gauchos, traversés par le vent comme s’ils n’étaient plus depuis longtemps de ce

          monde.
          De chaque côté de la piste la pampa tire à soi sa maigre couverture desséchée

          et reprend encore une fois sa tâche de ménagère obligée de nourrir l’innombrable famille

          des vaches aux flancs pointus

          avec des chardons morts et de l’herbe posthume.

          Nous sommes là tous deux comme devant la mer sous l’avance saline des souvenirs.

          De ton chapeau aérien à tes talons presque pointus

          tu es légère et parcourue

          comme si les oiseaux striés par la lumière de ta patrie

          remontaient le courant de tes rêves.

          Tu voudrais jeter des ponts de soleil entre des pays

          que séparent les océans et les climats, et qui s’ignoreront toujours.
          Les soirs de
          Montevideo ne seront pas couronnés de

          célestes roses pyrénéennes, les monts de
          Janeiro toujours brûlants et jamais

          consumés ne pâliront point sous les doigts délicats

          de la neige française, et tu ne pourras entendre, si ce n’est en ton cœur,

          la marée des avoines argentines, ni former un seul amour avec tous ces amours qui

          échelonnent ton âme, et dont les mille fumées ne s’uniront jamais dans

          la torsade d’une seule fumée.

          Que tes paupières rapides se résignent, ô désespérée

          de l’espace!
          Ne t’afflige point, toi dont le tourment ne remonte

          pas comme le mien, jusqu’aux âges qui tremblent

          derrière les horizons, tu ne sais pas ce qu’est une vague morte depuis

          trois mille ans, et qui renaît en moi pour périr

          encore, ni l’alouette immobile depuis plusieurs décades qui

          devient en moi une alouette toute neuve, avec un cœur rapide, rapide, pressé d’en finir, ne t’afflige point, toi qui vois en la nuit une amie

          qu’émerveille ton sourire aiguisé par la chute

          du jour, la nuit armée d’étoiles innombrables et grouillante

          de siècles, qui me force pour en mesurer la violence, a renverser la tête en arrière comme font les morts, mon amie, comme font les morts.

          Jules Supervielle

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          • Montevideo
            Alain Bashung
            J’ai mis du vent
            J’ai mis du vent sous mon chapeau
            J’ai mis du tango sur ma peau
            J’ai mis du son
            J’ai mis du silence et de l’eau
            J’ai mis du sens à tous les mots
            Tu vois
            Ça fait longtemps que j’me déguise
            Là-bas
            J’ai laissé tomber mes valises
            Y avait des cerfs-volants
            Qui flottaient sur la mer
            Au sud de Montevideo
            Quelques milliers d’amants
            Qui s’embrassaient par terre
            Et j’ai failli tomber de haut
            J’ai mis du temps
            Pour oublier que j’t’aimais trop
            J’ai mis du temps à t’faire la peau
            J’ai mis du vent
            J’ai mis du vent sur ma moto
            J’ai mis du vertige et de l’eau
            Tu vois
            Ça fait longtemps que j’me fais peur
            Des fois
            J’me dis que j’vais m’enfuir avant l’heure
            Y avait des cerfs-volants
            Qui flottaient sur la mer
            Au sud de Montevideo
            Quelques milliers d’amants
            Qui s’embrassaient par terre
            Et j’ai failli tomber de haut
            Y avait des cormorans
            Qui fixaient les falaises
            Au sud de Montevideo
            Quelques milliers d’enfants
            Qui chassaient les sirènes
            J’ai dérivé jusqu’à Rio

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