DEPAVEMENT DE BITUME
Le temps arrêté repart lentement, la lumière refaite à partir de soi pose les petits détails qui comptent, ce geste de main serrée, le battement de la carotide au bord du cou au moment ù on sent venir les langues au baiser, frisson du frôlé quand traversant pour entrer dans la salle-à-manger dos à ventre on se mange à la carte. Il se peut que la couleur des murs devienne de carreau, livrant ainsi un bord de bois qui n’y était pas avant. Le chien sent ce rapprochement, le fouet de sa queue dégage l’espace. On voit revenir sur le jasmin qui palisse le bas des fenêtres de la véranda, ces couleurs disparues des nombreux oiseaux qui s’y posaient avant qu’une mauvaise culture les oblige à migrer. Une mouvance débloque, l’inerte bouge, extraordinaire soulèvement d’odeurs particulières. L’environnement transpire, ça sent le corps de chaque chose qui se trouve dans le décor. J’ai le tien qui sort en bougeant de la photo. Au moment où tu t’es penché par la porte de ton décolleté j’ai trouvé que la pièce avait agrandi, l’air déplacé par tes bras levés quand tu as remonté tes mèches est devenu porteur de campagne. As-tu plongé tes cheveux dans l’herbe que je n’ai pas coupé, t’ai-je dit en cherchant un bout de ficelle en pensant qu’ils feraient un bouquet comme j’aime voir sur la table. Seul ton rire a répondu. J’en connais bien les paroles. Si tu ris c’est bon signe, signe que tu n’as pas de craintes, tu as la présence qui peint sans sécher, comme tu écris avec ce médium poétique étonnant assise sur ton tapis. Les murs de l’atelier ne nous ferment qu’au monde hostile, ils n’existent pas sur la plage qu’il étale. Espèce de musique de rue tirée de rien, loin, ô loin, si haut, que nos plafonds ont tous des échelles de corde. La rue brûle comme il y avait longtemps, je parle pas des fauteurs de troubles seulement destinés au néant, non je parle de l’esprit d’unité qui sort la tête du trou. Cette nudité à laquelle nous offrons joie de vivre à nos corps. Je dois dire que l’amour sait comment boucher le vide. Je t’offre une absence de fête systématique en gage de dense…
Niala-Loisobleu – 04/12/18






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