TELLE FEMME
Que tous ces regards que l’eau des caniveaux noie, prennent chacun l’instant d’arrêt nécessaire au retour sur soî-même. Pour entendre avec les yeux d’aujourd’hui, les mots qui, hier, ont mis au monde la réalité-vraie de son rêve. Au hasard des pages, ils retrouveront sans peine, ici et là, les traits précis de la condition souscrite. Se reconnaître dans son espace temps, sentir qu’aux rides des jours la profondeur du sillon a fait germer le grain sans qu’il pourrisse. En dépit des orages, de toutes les dépressions du terrain comme celles du ciel, chaque mur soudain érigé par le sort, du manque au premier degré qui tiraille l’épiderme d’un processus biologique auquel on ne peut se soustraire, cette absence physique bruyante qui dérange la raison du silence. Sans goût de chasteté, de réclusion, d’ermitage.
Ils sont toujours là les êtres qui n’ont toujours fait que se servir sans rien donner. Démons, d’une lutte récurrente. qui ont le don de l’importunité, toujours à revenir quand on croyait tout à plat. Non le rose n’est pas la bonne couleur des lunettes. Il n’y a qu’au travers du prisme, que l’on voit juste.
Deux choix s’offrent, laisser glisser, dériver selon, se laisser mener, préférer l’errance à toute forme de combat, au prix d’une souffrance masochiste, ou bien gravir la paroi la plus difficile qui conduit à son sommet spirituel. Gagner son Absolu.
Ce chemin là est dépourvu de plaisirs fugaces, de petites jouissances, ce n’est que de la grande bouffe, du vent, du moulin blablabla…Quel beau terrain pour que l’esprit de vengeance développe tous ses virus, il ne fait que rendre amour et haine suite logique de l’autre. La vie si elle se veut salope, méchante en la personne d’un ballet à chiottes qu’elle reste au fond de sa crasse. J’ai que du propre à donner.
Comment est-il possible d’aimer pareille infamie ?
Plafond percé d’une lucarne je suis lumière.
Les guerres ne m’ont pas amputé. De tout ce qui est amour tout demeure, la mort aussi atroce qu’elle ait pu être, en tous ses visages, ses situations, ses circonstances n’a fait que donner vie à mon espoir, par le combat maintenu de sa parole donnée.
Veux-tu voir
La forme obscure du soleil
Les contours de la vie
Ou bien te laisser éblouir
Par le feu qui mêle tout
Le flambeau passeur de pudeurs
En chair en or ce beau geste
L’erreur est aussi inconnue
Que les limites du printemps
La tentation est prodigieuse
Tout se touche tout te traverse
Ce ne fut d’abord qu’un tonnerre d’encens
Ce que tu aimes le plus
La louange belle à quatre
Belle nue immobile
Violon muet mais palpable
Je te parle de voir
Je te parlerai de tes yeux
Sois sans visage si tu veux
De leur couleur contre le gré
Des pierres lumineuses
Décolorées
Devant l’homme que tu conquiers
Son enthousiasme aveugle
Règne naïvement comme une source
Dans le désert
Entre les plages de la nuit et les vagues du jour
Entre la terre et l’eau
Nulle ride à combler
Nul chemin possible
Entre tes yeux et les images que j’y vois
Il y a tout ce que j’en pense
Moi-même indéracinable
Comme une plante qui s’amasse
Qui simule un rocher parmi d’autres rochers
Ce que je porte de certain
Toi tout entière
Tout ce que tu regardes
Tout
Ceci est un bateau
Qui va sur une rivière douce
II porte des femmes qui jouent
Et des graines qui patientent
Ceci est un cheval qui descend la colline
Ou bien une flamme qui s’élève
Un grand rire pieds nus dans une cour misérable
Un comble de l’automne des verdures amadouées
Un oiseau acharné à mettre des ailes à son nid
Un matin qui disperse des lampes de rosée
Pour éveiller les champs
Ceci est une ombrelle
Et ceci la toilette
D’une dentellière plus séduisante qu’un bouquet
Au son des cloches de l’arc-en-ciel
Ceci déjoue l’immensité
Ceci n’a jamais assez de place
La bienvenue est toujours ailleurs
Avec la foudre avec le flot
Qui s’accompagnent
De méduses et d’incendies
Complaisants à merveille
Ils détruisent l’échafaudage
Surmonté d’un triste drapeau de couleur
Une étoile limite
Dont les doigts sont paralysés
Je parle de te voir
Je te sais vivante
Tout existe tout est visible
Il n’y a pas une goutte de nuit dans tes yeux
Je vis dans une lumière exclusive la tienne.
Paul Eluard
Je veux tremper mes doigts dans ton corps pour tenir les pensées de ton âme, ta chair vibrante rouleaux de mer pendulant la lune en mouvements d’harmonie de ton derrière. La Beauté c’est un ensemble dépourvu de paroles dressé sur le piédestal du silence. Fumante de tous tes pores je me complais à paître aux herbes odorantes de tes prés, alpes-là, sans réintroduire l’ours aux cirques du bord des lacs. Tes points d’eau me retrouvent sans attendre que la nuit tombe. Faut dire que j’aime à te boire, embrassée.
Derrière la mauvaise langue du serpent qui ne se trouve que dans l’ombre, j’ouvre ma bouche à ton soleil. N’en déplaise au venin du puant reptile. Le chevalet dit ton nom à chaque mouvement de manivelle, on dirait un poème-peint de ta main.
Ô ma Muse, femme habitée d’une sensibilité colorée de pouls vif, ce que nous faisons ensemble acte d’âmes et de corps mêlés, grand-oeuvre poétique sans but de gloire, une seule voix commune, un seul émoi nourri de bleu…
Niala-Loisobleu – 2 Octobre 2018

Si beau….
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Comme un dire à Muse
sans rire…
Merci Delphine.
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« Je voulais l’enrichir de n’être qu’une image
Pour que lui n’en soit qu’une et que le feu
Du temps, s’il prend aux corps, aux cris, aux rêves même,
Laisse intacte la forme où nous nous retrouvions,
Aussi je me faisais sa réserve d’eau pure,
J’illimitais ses yeux qui se penchaient sur moi,
Ma bouche aimait sa bouche aux hâtives confiances
C’était ma joie d’attendre et de lui faire don. »
Yves Bonnefoy.
Ce que je sais des âmes jumelles, c’est qu’elles se côtoient depuis toujours et que les mêmes fleurs, bleues, poussent sur leur imaginaire commun. Célébrer le monde c’est offrir.Toujours.
J’embrasse tes paumes émues mon Alain.
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Toujours offrir, opposer le sourire à la douleur, serrée dedans, oui à l’intérieur en ne pensant qu’à la chaleur de peau que l’on a contre la sienne, peau vivante de sang sans sans qui coule, il est immense le sentiment d’amour absolu, les pauvres malades qui s’en prennent à lui n’en savent rien.
Je t’embrasse d’ô pur ma Barbara.
C’est bien à ton image ce que tu as choisi, merci…
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Merci à TOI…
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